. HOMO HABILIS, 2.4 à 1.6 millions d'années, Afrique HOMO SAPIENS, 200 000 ans, Monde entier HOMO FLORESIENSIS, 95 000 à 13 000 ans, Indonésie HOMO ERECTUS, 1.8 millions d'années à 100 000 ans, Afrique et Eurasie PARANTHROPUS BOISEI, 2.3 à 1.4 millions d'années, Afrique HOMO HEIDELBERGENSIS , 700 000 à 300 000 ans, Afrique et Europe HOMO NEANDERTALENSIS, 250 000 à 30 000 ans, Europe et Asie.
Ce classement comme les précédents est sujet à caution, de nouvelles découvertes reculent toujours les dates de notre apparition sur la planète qui a, elle, 4, 5 milliards d'années. Nous voyons que nous sommes les petits derniers arrivés. D'autres part de nouvelles découvertes infirment la disparition totale des Néandertaliens.. Ceux-ci contrairement aux premières thèses se seraient métissés avec sapiens. Des traces de son ADN a été retrouvé dans les populations hors d'Afrique, c'est à dire sur son territoire, en Europe.
La première famille humaine, sans père ni mari
Depuis, notre apparition la première famille humaine consistait en une femme et ses enfants. “La famille patriarcale était totalement inconnue”, écrit Lewis Henry Morgan. “Ce ne fut qu’avec l’arrivée de la civilisation attestée qu’elle s’établit”. La paternité et l’idée d’un couple permanent apparurent très tard dans l’histoire humaine. Si tardive, en fait, fut l’idée de paternité que le mot père n’existait pas encore dans la langue indoeuropéenne originelle, comme le fait remarquer le philologue Roland Kent. Même aujourd’hui il y a des peuples qui pensent que le sexe et la grossesse n’ont rien à voir. Bronislaw Malinovski décrit des tribus qui croient qu’un homme doit ouvrir le vagin d’une vierge pour faciliter l’entrée dans l’utérus de l’esprit du futur enfant ; mais l’idée que l’homme ait quelque chose à voir avec la conception du bébé dépasse l’entendement des indigènes.
Les invasions patriarcales
L’éducation de l’enfant par le père biologique (patriarcat) est une révolution relativement tardive dans l’histoire de l’humanité, qui semble avoir commencé au moyen-orient (Sumer-Mésopotamie) en 3500 avant Jésus-Christ (épopée de Gilgamesh), et qui s’est ensuite répandue à travers le monde (invasions aryennes) en écrasant, métissant et assimilant progressivement les civilisations matriarcales. La patriarcalisation des sociétés a commencé par les élites citadines, et faute de registres d’état civil, s’est donc maintenu plus longtemps dans les campagnes (païens), comme en témoigne les vestiges de cultes de déesses-mères : adoration de la Vierge Noire, "mère de Dieu", plus populaire que Jésus; ou encore Hamsa, la main de Fatima ou plutôt de la déesse Allat, dans les pays arabes…
La déesse civilisatrice
Dans la mythologie sumérienne, la déesse créatrice Tiamat sortit des vagues de la mer d’Érythrée (le Golfe Persique actuel), sous la forme d’une “femme-poisson” et enseigna aux hommes les choses de la vie : “construire des cités, fonder des temples, élaborer des lois, en bref, leur apprit tout ce qui pouvait adoucir les moeurs et humaniser la vie”, comme le rapporte Bérose de Babylone au 4ème siècle A.C. “À partir de ce moment, ses instructions étaient tellement universelles que rien de concret n’y fut ajouté”, dit Polyhistor. On pense que cet évènement se passait en 16 000 A.JC. approximativement, mais une date beaucoup moins éloignée serait plus raisonnable.
Les nouveaux dieux-pères
La déesse-mère, de l’amour et de la fécondité, fut la première des divinités. Elle fut brutalement détrônée par le premier dieu patriarche Enlil, descendu du ciel (dynastie Annunaki) pour régner sur la Terre et enseigner la civilisation (Sumer – Mésopotamie) à ses créatures esclaves, les humains. Le demi-dieu sanguinaire Gilgamesh conquit la ville d’Uruk, et jeta sa reine prêtresse Inanna aux enfers, avant de l’en sortir contre un mariage forcé. Dès lors rayonna le culte du sang paternel à travers le monde, imposé de force par les dieux-serpents blancs civilisateurs venus de la mer céleste (Oannès, Cécrops, Ea… rois dragons et nâgas de Chine et d’Inde…), traversant les océans jusqu’en Amérique (Viracocha, Quetzalcoatl…)…
Les anciennes déesses diabolisées
Ces luttes anti-matriarcales deviennent manifestes dans les mythes qui racontent comment un dieu ou un héros détruit ou esclavage un monstre féminin (océanides) ou un monstre masculin (titans) qui obéit à l’ordre d’une déesse (leur mère, Gaïa, Thétis…). Zeus tue Typhon, "le plus grand monstre que le monde ait jamais aperçu et qui fut engendré par Gaïa pour se venger sur le père des dieux olympiques. Persée décapite Méduse, la déesse des gorgones. Apollon assujettit l’oracle de la Mère Terre, le serpent Python, et le met à Delphes sous son service. Ces mythes étaient déjà forgés dans la genèse de Babylone qui raconte comment le dieu de la lumière Marduk tua Tiamat, la monstrueuse déesse de la mer, originellement la Vache Céleste (vaches sacrées de l’Inde), et fit de son corps divisé notre monde terrestre. Il est aujourd’hui incontesté parmi les orientalistes spécialistes du monde antique que les animaux mythiques, qui sont combattus et vaincus par les dieux et les héros de sexe masculin, symbolisent l’ancien ordre social de la déesse, ressenti comme monstrueux. Le mythe de l'aigle et du serpent, d'Ethana est un de ces contes fondateurs attestant de l'attribution de la maternité aux pères : Etana est dans la Liste royale sumérienne un roi de Kish, réputé pour être monté au Ciel. Le récit commence par l’histoire d'un serpent et un aigle, liés d'amitié avant que le second ne mange les enfants du premier. Celui-ci va chercher conseil auprès de Shamash, le dieu-soleil, qui lui dit de piéger l'aigle en se cachant dans le cadavre d'un boeuf, et d'attendre que le volatile s'approche, pour le capturer. C'est ce que le serpent fait, avant de jeter l'aigle dans un trou après l'avoir molesté pour l'empêcher de s'envoler, et il dépérit. C'est alors qu'entre en scène Etana, le roi de Kish, premier roi apèrs le Déluge. Celui-ci désire ardemment un fils, et prie Shamash, qui est aussi prié par l'aigle de lui venir en aide. Faisant d'une pierre deux coups, il dit à Etana que sa solution se trouve dans "une plante d'enfantement" au Ciel. Il lui conseille de sortir l'aigle du trou, de le soigner, et qu'alors celui-ci l'aiderait à ,la trouver. Mais l'aigle ne veut pas l'aider, et il ne cède qu'après que Etana l'ait longuement imploré. Celui-ci s'envole donc sur le dos de l'aigle. Aprs un long vol, il ne voit plus la Terre, et s'approche du Ciel, où résident les dieux. Mais l'altitude l'effraie, et il prie l'aigle de stopper l'ascension. Il tombe alors du dos de l'aigle, qui réussit à le rattraper avant qu'il ne touche le sol. La suite de la tablette est brisée. La Liste royale sumérienne disant que Etana a eut un fils comme successeur semble indiquer que la fin de ce mythe doit être heureuse pour son héros. Mais on voit que Etana veut s'approprier "la plante d'enfantement" habituellement dévolue à la déesse mère et à la nature féminine. C'est à cette même époque que dans les fouilles disparaissent les statues et représentations de la déesse, ou qu'elles sont brisées. Les innombrables lieux de cultes de la déesse se transforment en lieu de vénération à de nouvelles divinités, toutes masculines et guerrières.
Un antéchrist matriarcal ?
Dans l’apocalypse de Saint Jean, le monstre matriarcal reviendra sous l’allégorie de la grande prostituée de Babylone, chevauchant sa bête immonde, vénérée par toutes les nations, et qui sera terrassée par le retour du Christ et de sa mère la sainte vierge Marie mère de Dieu…
La nouvelle civilisation, proxénète et guerrière
Aujourd’hui l’Irak, Sumer, une des plus vieilles sociétés connues, semble avoir institué le mariage aux environs de – 3 000 ans, après des siècles de "gentilité", sans état et sans mariage. En même temps que l’instauration d’un pouvoir fort, de type tyrannique, Sumer connaît la naissance de quelques unes des institutions attachées pour nous à la "civilisation" : la conquête, la sujétion du peuple vaincu, la religion de masse, la construction de villes fortifiées, l’institution d’une armée, du mariage et du travail forcé. Cette réorganisation de la société par les premiers souverains connus, passe par le remaniement du panthéon où règne désormais le dieu Enlil en lieu et place de l’ancienne déesse Ishtar. Le mariage y est alors établi par un contrat en bonne et due forme conclu par une " lettre nuptiale". La prostitution y apparaît également, sous une forme dite "sacrée" c’est-à-dire organisée dans les temples par les prêtres; ces " proxénètes sacrés" qui gèrent les bénéfices de ce lucratif commerce, reçoivent également les futures mariées qu’ils déflorent et initient aux "jouissances de l’amour". Les textes de "L’épopée de Gilgamesh" laissent entendre – explicitement, entre les lignes et par allégories – que l’instauration de ce pouvoir coercitif déclencha des rébellions et de terrifiantes représailles. La violence sexuelle y est également très présente, de même que la terreur légale et la répression des insoumis.
Le développement historique de cet arrangement social, qui eût lieu durant le deuxième millénaire avant Jésus-Christ, est ainsi décrit par Dr. Gerda Lerner, historienne de l’université du Wisconsin :
"Si nous comparons la position légale et sociale des femmes Mésopotamiennes et celles issues des sociétés Hébraïques, nous notons des similitudes dans la réglementation stricte de la sexualité des femmes et dans l’institutionnalisation d’un double standard sexuel dans les codes de loi. En général, une femme juive mariée occupe une position inférieure comparée à celle de ses consœurs des sociétés Mésopotamiennes. Les femmes babyloniennes pouvaient posséder des biens, signer des contrats, entreprendre des actions judiciaires, en plus d’avoir droit à une partie de l’héritage du conjoint. Mais nous devons également noter une nette amélioration du sort des femmes devenues mères dans l’Ancien Testament … Ceci est tout à fait conforme à l’emphase généralement placée sur la famille à titre d’unité de base de la société, phénomène également observé dans la société Mésopotamienne à l’étape de la formation de l’État. "
LE FEMININ SACRE ET LA QUETE DE L’UNITE PERDUE Par Jean-BernardCabanes
. A L’AUBE DE L’HUMANITE Aux origines de l’histoire de l’humanité le sacré était féminin : Les chasseurs-cueilleurs ont associé les rythmes de la nature, l’abondance de ses dons nourriciers, la magie de la naissance et de la vie, avec la femme et son pouvoir de procréation auquel ils se sentaient étranger. La perception intuitive de ces hommes immergés dans la nature et soumis à ses cycles leur avait fait prendre conscience des faisceaux d’énergie qui sous-tendent le vivant et animent le monde naturel. La Terre elle-même leur apparaissait comme un être vivant qui les abritait, les nourrissait et déterminait leur vie et leur mort. Elle était parcourue d’ondes de vie, parfois terribles, elle avait tout pouvoir sur eux, un pouvoir qui dépassait leur compréhension. L’ivresse de vivre des premiers hommes dans leur fusion perpétuelle avec les rythmes de la nature leur rappelait sans doute l’extase vécue dans l’accouplement avec leurs compagnes. Et de plus, elles donnaient la vie, tout comme la Terre elle-même. Ils n’avaient alors aucune conscience de leur rôle procréateur, ils accordaient alors toute la magie de la naissance aux seules femmes. C’est sans doute ainsi que la fascination et le mystère de la vie prirent dans la conscience des enfants de la Terre une forme féminine : Le sens du sacré fut paré des formes et des attributs de la femme, car Nature et Femme appartenaient au même monde magique des ondes et des forces de Vie, un monde qui échappait à la compréhension de l’homme mâle. Le mythe de la création apparut alors et donna un ancêtre unique à l’ensemble de l’humanité et au monde : La Grande Mère Cosmique. L’apparition de la Grande Déesse dans la conscience magique est l’élément fondateur de toute religion, avec ses rituels chamaniques et magiques
.L’EMPIRE DE LA DEESSE-MERE
Dès le paléolithique, on voit apparaître des représentations stylisées, sous la forme de statuettes d’argile ou d’ivoire, de la femme dans toute sa splendeur féconde ; elles témoignent d’un culte naissant de la fécondité incarnée par la femme. En ces temps anciens la société était régie par les femmes, les chasseurs étaient soumis à un régime matriarcal. Le Féminin sacré des origine était solaire, source de vie la grande Déesse était associé à l’astre car les hommes avait perçu sa nature ignée : l’énergie de vie qu’ils portaient en eux était feu, (nous retrouverons cette symbolique dans les enseignements ésotériques de l’Inde) elle était issue du soleil lui-même. Dans les langues celtiques et en allemand, le Soleil est féminin, la Lune masculin. A Babylone le dieu Sin était lunaire, tout comme Osiris en Egypte (c’est Isis qui arborait alors l’emblème solaire sur sa coiffe), tout comme Shiva, le plus antique dieu de l’Inde (qui porte un croissant de lune sur son chignon) La Grande Déesse était aussi associée à l’arbre de vie car elle présidait à l’abondance de la Nature, à la procréation et aux plaisirs qui y sont associés. Mais, associée aux courants et aux forces telluriques, elle prit alors les formes symboliques du serpent chtonien et du dragon, alors considérés comme des entités positives associées à la Vie elle même. La femme était alors considérée comme l’incarnation dans la matière de la grande déesse, elle représentait le pouvoir créateur de la déesse mère et elle était l’instrument de son pouvoir dans le monde. Elle seule pouvait communiquer avec l’invisible, le sacré. Aussi la femme antique était elle chamane, guérisseuse, magicienne et prêtresse. Cette époque révolue fut celle du triomphe de la femme ; incarnation du sacré, elle dominait la société humaine et présidait à la naissance de la conscience religieuse. Elle était le seul lien entre les mâles et l’invisible qu’ils pressentaient avec respect et crainte.
LA REVOLTE DES MALES et la NAISSANCE DES DIEUX
Vint le jour où les hommes s’aperçurent qu’ils n’étaient pas étrangers à la procréation. La naissance des cités et l’organisation militaire de la société leur firent prendre conscience de leur propre pouvoir créateur et de leur force. Il fallut des rois pour diriger tout cela. (De droit divin) Il leur fallut alors des dieux dominateurs à leur image…Pour justifier leur prise de pouvoir. Des dieux qu’il fallait craindre ! Les femmes devinrent garantes de la procréation de nombreux guerriers ; dispensatrices d’un indispensable plaisir, elles devinrent au sein de certaines civilisations, un bien précieux, une marchandise, une servante. Apparition du Dieu Mâle : Tout s’est joué en Mésopotamie il y a 6000 ans ; c’est là que cette dramatique mutation culturelle semble avoir pris naissance : Le dieu Mardouk en vient à tuer sa mère Tiamat (un serpent gigantesque…) et s’empare du pouvoir et du sacré qu’elle détenait jusqu’alors. Issue des traditions sumériennes, la Genèse biblique demande à l’homme de dominer et d’exploiter la Nature ; donc ses forces vives, donc la femme elle-même. D’autre part le serpent y sera présenté comme l’ennemi, le corrupteur ; il y est associé à la femme : d’abord Lilith puis Eve. La Grande Déesse solaire devient lunaire, un pale reflet d’ellemême. Elle est alors associée au dieu, son amant ou –et- son fils, auquel elle transmet son pouvoirs solaire. La Déesse des origines devient la Mère de Dieu, ou sa parèdre. Son faire valoir…Reléguée sous le masque de la lune par l’homme, la déesse des origines devint alors le miroir dans lequel il se cherche toujours, désespérément.C’est ainsi que la Déesse a perdu son trône. Le Féminin sacré, expression même de l’inconnu, du mystère de la Nature indomptée, et détentrice des secrets de la Vie, sera bafouée pendant les millénaires qui suivront par les dieux mâles … et les femmes par les hommes. Domination du sacré viril : L’homme s’est donc crée des dieux à son image, capables de justifier sa prise de pouvoir sur l’univers féminin. Incontrôlable était la Nature, incontrôlables étaient par là même les femmes. En prenant le contrôle de la société organisée, aux yeux du nouveau pouvoir mâle, la Nature devenait l’élément chaotique, hostile, qu’il fallait tenir à distance ou apprendre à dominer ; elle en devint par la suite, au sein des religions judéo chrétiennes, la porte des enfers. Il en fut de même pour la féminité qui, ayant perdu sa couronne sacrée, n’était plus qu’un cortège de provocations, fauteuses de troubles et de désordre social, incarnant les énergies libres, la magie et les pouvoirs occultes qui échappaient encore au contrôle des mâles. Les antiques déesses sont chassées du panthéon judéo-chrétien alors que le Yaweh primitif avait une parèdre, tout comme le Allah préislamique. Le monde Judéo chrétien se méfie de la nature libre, celle-ci incarnera dans le christianisme le mal, la perdition le chaos, l’antique paganisme auquel on associera le Satan aux pieds de bouc. Les déesses seront alors occultées, leurs prêtresses combattues, persécutées, brûlées (chasse aux « sorcières ») La féminité et les femmes seront associées aux œuvres du diable. Lilith, la première femme d’Adam et réminiscence de la déesse mère, sera associée à l’aspect négatif du serpent. Diabolisée par le pouvoir mâle, elle représente, aux temps bibliques, le matriarcat révolu, la féminité libre et dominante par trop dangereuse pour le pouvoir des hommes. Rejetée par Adam, chassée du Paradis, Yaweh interdit à l’infortunée Lilith le monde céleste et la relègue dans les abîmes sous marins de l’inconscient collectif ; où elle sera la compagne de Lucifer ou de Samaël. Ce mythe, associé à la « faute » d’Eve qui suivra, va contribuer à dévaloriser la féminité en lui ôtant tout caractère sacré. Il va justifier la domination et le contrôle rigoureux de l’homme sur la femme dans les 3 religions du Livre. Elle en perdra même son âme … C’est ainsi que la première femme solaire devint la première démone active et dangereuse sous la pâleur de la lune. Telle Kali, Lilith était noire et elle est associée à la lune noire en astrologie.
SORT FUNESTE ET RESURGENCES De la GRANDE DEESSE CELTE LA DEESSE MERE CELTIQUE ET L’EGLISE
Chez les anciens celtes le monde fut crée par la Mère des dieux et des hommes : Dana, ou Anna. Elle incarnait la fertilité, le pouvoir et l’opulence de la Nature. Elle était aussi le Terre Mère nourricière en tant qu’être vivant. Tout comme Gaïa en Grèce ou Lakshmi en Inde. Dana s’est démultipliée en une quinzaine de divinités féminines : Telles Birgit, Morgane, Epona, Rihannon etc. dont la plus part sont toujours présentes dans les légendes et les rites d’Irlande et de Bretagne. La position dominante de la déesse offrait aux femmes une place élevée et respectée dans la société celtique ; (voir : « la femme celte » de Jean Markale) elles avaient accès à la prêtrise et dirigeaient les rituels de fécondité. . L’Eglise et ses missionnaires ont eu fort à faire avec la grande déesse celte et ses représentantes, prêtresses et magiciennes, et le combat n’est toujours pas gagné. La lutte fut âpre, les bûchers ne suffisant pas à éradiquer l’ancien culte, il fallut user de la ruse. C’est ainsi qu’Anna devint la mère de la Vierge, sainte Anne, particulièrement vénérée en Bretagne. Et Birgit enfila la robe de sainte Brigitte tout en conservant ses prérogatives sur la fécondité et les naissances. Les lieux de cultes antiques furent récupérés par l’Eglise : nombre de chapelles et de cathédrales furent bâties sur d’anciens sanctuaires de la déesse, où l’on trouve encore vierges noires, fontaines miraculeuses ou menhirs. (St Anne la Palud, Locronan, Chartres, etc.) La Grande Déesse est donc toujours présente en terre celtique, cachée sous des habits et des rituels chrétiens.
PERMANENCE DE LA DEESSE DES ORIGINES DANS LES RELIGIONS ANTIQUES.
La déesse devient la compagne du dieu, ou sa mère, dépouillée de son caractère solaire elle va cependant conserver une fonction sacrée essentielle : Elle sera la garante du pouvoir du dieu, voir son origine même. La mort saisonnière du fils-amant va conduire la déesse à descendre dans le royaume de la mort afin de la ramener à la vie : le dieu mort sera ressuscité par la déesse qu’il a détrôné, le dieu mâle ne survit que grâce à elle et à son pouvoir sur la mort : Le féminin Sacré tient entre ses mains l’existence du dieu : En Mésopotamie : Ashera sera la parèdre de Yaweh jusqu’à la reforme de Josué, associée à l’arbre de vie elle génère 70 dieux ; sous le nom de Ishtar elle descendra aux enfers pour ramener son époux Tammouz, dieu des moissons, à la vie. Sous le nom d’Inana elle offrira sa vie au royaume des morts pour ressusciter Damuzi . Ishtar devra traverser 7 portes en abandonnant à chaque passage, sa couronne, ses bijoux, sa robe etc. (symbolisant la traversée des 7 chakras par Kundalini Shakti qu’elle doit purifier des vasanas qui en voilent la lumière ; si l’on se réfère au sens ésotérique de la traversée des plans de l’inconscient tel que l’enseignent les yogas hindous) Seul le héros Gilgamesh, en quête d’immortalité, lui refusera ses faveurs, afin de ne par mourir comme Tammouz. Réminiscence de la déesse dans le judaïsme : Ashera évincée par Josue, Yaweh se retrouve célibataire. Cependant, dans le judaïsme gnostique on voit apparaître la figure de Shekina, incarnant la sagesse, telle la Sophia hellenistique. Cette divinité aurait crée le monde et les hommes ; elle assure ainsi la persistance de la déesse originelle au sein du judaïsme. Alors que le Coran proscrit le culte de la déesse des arabes : Alat ; entraînant le statut déplorable des femmes en Islam privées de soutien du féminin sacré. Constance de la déesse en Egypte ancienne : En Egypte, la Déesse sous des formes variées est omniprésente, même si elle a perdu son caractère dominant solaire au profit de Atoum, de Ptah et de Râ, voire d’Aton. Le pharaon ne saurait régner sans sa sœur-épouse et la femme y a toujours conservé un statut enviable et la possibilité de fonctions élevées. En Scandinavie : Freya descend au royaume des morts sauver Baldur Le mythe se retrouve en Grèce, patrie des super héros mâles et des dieux solaires (Apollon), avec Aphrodite et Adonis. Persistance active et pouvoirs de la Déesse en Inde : Lorsque Shiva était immergé dans sa méditation sur le mont Kaïlash, les dieux lui envoyèrent Parvati afin qu’il entre en action ; sans elle il serait resté immobile pour l’éternité : la déesse est l’énergie du dieu ; la conscience mâle immobile ne peut rien sans l’énergie sacrée et active de la féminité cosmique. Aucun pouvoir divin mâle n’est actif s’il n’est mu par le pole sacré de la féminité. Tout le panthéon de l’Hindouisme est bâti sur ce modèle : Brahmâ, le créateur, est flanqué de Sarasvatî, protectrice des arts. Vishnou, le conservateur, a pour parèdre Lakshmi, déesse de l’opulence et des richesses. Et il en est de même pour tous les autres dieux. En Inde la Devi continue de jouer un rôle cosmique majeur, elle est l’expression de la Mère Divine et reçoit un culte particulier des adorateurs de la Shakti, parfois sous la forme de Kali la noire. Aussi la féminité y est elle épanouie, magnifiée et sacralisée à travers les nombreuses héroïnes des textes sacrés et les grandes épopées. (Mahabaratta, Ramayana) ( Draupadi, Radha, Sita etc.) Savitri n’hésitera pas à suivre Yama, le dieu de la mort, pour lui arracher son époux Satyavan et le ramener à la vie. L’Inde a connu un grand nombre de saintes femmes et en connaît encore ; elles sont alors considérées comme des incarnations de la Mère Divine, des avatars. La déesse est toujours présente au coeur de la féminité indienne L’Inde elle-même n’est elle par nommée par ses habitants : « Mother India » Elle est le dernier bastion de la femme sacrée.
LA QUETE DU FEMININ SACRE : ESOTERISME D’UNE QUETE DE L’ABSOLU LE RETOUR A L’UNITE ORIGINELLE La quête du Graal et le cycle Arthurien : Le Graal est un symbole féminin, il est porté par une femme. L’épée de pouvoir, Excalibur, est le symbole de la puissance du féminin sacré entre les mains du roi, elle est donné par la dame du lac, celui qui peut la brandir devient roi, il ne règne que par le pouvoir du féminin sacré. Lorsque la reine Guenièvre se retire, elle emporte l’épée, le pouvoir d’action, et le royaume se meurt, lorsque le roi Arthur se réveille enfin de sa torpeur, il va trouver Guenièvre qui lui rend Excalibur, il peut repartir au combat. Lorsque le roi meurt sur le champ de bataille, l’épée est rendue à la Dame du Lac, sa véritable détentrice. Le pouvoir de l’homme, sa royauté même, provient du féminin sacré. La reine Guenièvre est, ainsi que l’ensemble des dames du Graal, une femme solaire, réminiscence médiévale de la femme celte que le christianisme n’a pu faire disparaître. Les femmes du cycle sont des initiatrices solaires des héros en quête d’absolu ; Viviane, Morgane , la porteuse du Graal, sont la survivance des antiques prêtresses celtes, avec toute la magnificence solaire que l’Eglise refusa aux femmes. En définitive, la Quête du Graal est celle de la Féminité sacrée : Dans la geste Arthurienne, comme dans d’autres épopées médiévales européennes, les chevaliers et les héros en quête sont le plus souvent poussés à se mettre en route par une femme, guidés par des femmes sur leur chemin, mis à l’épreuve par une femme (parfois sous l’antique forme du Dragon) et le but à atteindre est parfois une princesse endormie, ou captive, ou encore un symbole féminin comme la coupe du Graal. Ces figures de femmes statiques incarnant l’aspect féminin de la quête sacrée sont autant de rencontres du héros male solaire avec sa féminité cachée (qui, étant occultée, en est devenue lunaire)Ce sont des aspects variés, des reflets, de son Anima (selon Jung) ou de l’expression symbolique de sa Shakti intérieure (selon les tantras hindous) Lorsque le héros délivre la jeune fille captive, il libère sa féminité secrète, qui épouse enfin sa conscience ; il retourne à l’unité de l’Etre, à la qualité androgyne originelle. Selon l’évangile de Thomas, Jésus dit que le royaume de Dieu ne peut s’ouvrir qu’à ceux qui ont unit en eux même le mâle et la femelle… Le héros mâle solaire devient alors un homme accompli : un homme lunaire (Pierre Solié : la femme essentielle ; Paule Salomon : la femme solaire) Symbolique du mariage alchimique entre les opposés : La fusion du masculin et du féminin, dépouillement des vêtements suivi de la mort des partenaires, de l’élévation au ciel puis renaissance sous la forme d’un être double, androgyne. Doté de l’or alchimique, l’or spirituel. Sophia hellénistique : la sagesse est femme. Muses et inspiratrices des artistes et des créateurs : L’énergie créatrice de l’homme lui vient d’un principe féminin, incarné ou non. Sans la muse, l’homme est à cours d’inspiration. Son œuvre est en réalité celle du féminin sacré ; qu’il soit éveillé en lui-même, ou qu’il soit le reflet de la présence d’une femme solaire à ses cotés. L’Amour courtois et les fidèles d’Amour : Le retour du féminin sacré bafoué par l’Eglise est manifeste dans tout le courant de l’amour courtois où la femme est sublimée, solarisée, par le chevalier ou le troubadour. La sublimation de l’amour qu’il porte à sa dame l’élève vers son Etre et éveille son ardeur au combat. Ce mouvement de sacralisation de la Dame délivrait l’homme de sa virilité primaire et l’élevait spirituellement en réveillant sa propre féminité : « C’est par la femme que l’on atteint Dieu » écrivait le trouvère Uc de Saint Circ. Dante appartenait au mouvement italien des fidèles d’Amour : Amoureux de Béatrice, qui mourut très jeune sans lui avoir accordé un regard, il en fit l’Initiatrice spirituelle et le guide capable de le conduire jusqu’aux sphères paradisiaques : elle devint, sous sa plume, l’incarnation du féminin sacré, celle qui pouvait le conduire jusqu’à Dieu par l’amour qu’il lui portait. Pour les fidèles d’Amour, la femme est l’initiée par excellence ; elle est celle qui connaît les portes des mondes cachés, elle détient les clefs du sacré, de la sagesse, de l’Amour absolu ; elle est l’énergie d’agir et de créer. Esotérisme du féminin sacré en Orient : Le « Jasmin des Fidèles d’Amour » de Ruzbehan Baqli Shirazi, soufi persan du douzième siècle ; L’enseignement de la théophanie : Dieu se révèle dans la beauté de la femme aimée : garder la flamme et oublier le miroir révélateur de l’Amour en soi. La femme est pure féminité sacrée à la fois témoin et miroir, pour l’homme, de sa propre qualité spirituelle. La beauté que l’homme perçoit sur le visage de la femme aimée est Présence divine dans la matière, c’est par sa contemplation fascinée que l’amant de cœur prendra conscience du rayonnement de Dieu dans le monde manifesté. Shiva-Shakti en Inde : L’inde a su conserver le caractère sacré de la féminité cosmique. Les dieux ne peuvent agir sans leur énergie personnifiée par la déesse. Les enseignements spirituels des yogas et des tantras proposent un éveil du féminin sacré sous la forme de la Kundalini shakti, énergie de nature féminine, lovée à la base de la colonne vertébrale et destinée à être éveillée, par les pratiques de yoga et de méditation, afin de rencontrer la Conscience et de réaliser ainsi le mariage sacré de Shiva et de Parvati, en soi même. Le symbole de ce mariage est le Shiva Arnadeshwara réunissant en un seul corps le dieu et la déesse : le dieu Androgyne, but de toute ascèse. L’éveil de la Kundalini shakti, énergie du féminin sacré, est la condition essentielle de l’éveil spirituel et de l’illumination de la Conscience ; cette énergie est ignée, elle est flamme, comme l’Esprit Saint chrétien (c’est là en effet qu’Elle s’est cachée, dans le christianisme de Dieu le Père) Cette énergie cosmique est donc solaire. LE RETOUR DU FEMININ SACRE EN OCCIDENT
La Grande Déesse et le caractère sacré de la féminité n’ont jamais disparus : sa survie souterraine, nous l’avons vu, malgré les persécution et l’obscurantisme de l’Eglise, lui permets depuis quelques décennies de réapparaître au grand jour sous des formes inattendues et variées : Réhabilitation de la Grande Déesse Mère, au moyen age, sous la forme de la Vierge Marie, mère de Dieu, la Bonne Mère, debout sur le monde ; figure divine et cosmique, mais encore associée à la Lune. Un nouveau regard sur la Nature et une prise de conscience que la Terre est un être vivant : le retour de Gaïa. Développement des mouvements écologistes. Résurgence des antiques prêtresses : mouvement Wicca ; celtiques, chamaniques, et retour d’un néo paganisme dans la jeunesse actuelle accordant à la Nature l’incarnation de l’énergie divine ; néo panthéisme. Un nouveau regard porté sur le personnage de Marie de Magdala (dont les Evangiles n’ont jamais dit qu’elle était une prostituée…) Ce, à partir de l’Evangile gnostique « de Marie » où elle est présentée comme la disciple favorite de Jésus : celle qui en reçoit les enseignements les plus secrets ; au grand dame des disciples mâles qui s’insurgent . Marie de Magdala aurait elle été la compagne ou l’épouse du célèbre rabbi ? Évincée ensuite par une Eglise misogyne engluée dans la peur de la féminité. Le retour en grâce du Dragon : Il devient l’ami, l’allié, celui avec lequel on doit composer et non plus combattre, la monture du héros (dans la littérature d’heroïc fantazy) L’apparition, dans le cinéma et la littérature, des héroïnes en quête d’absolu : Des femmes exprimant librement leur énergie et leurs désirs d’accomplissement : des héroïnes solaires et combattantes.
LE RETOUR DU FEMININ SACRE SERAIT IL NOTRE SALUT ET LA CLEF DE NOTRE EVEIL INTERIEUR ? Par : Le mariage alchimique des forces opposées qui nous constituent. La rencontre du féminin sacré en soi. La réconciliation avec les forces de vies, le corps, le plaisir, la Nature. L’acceptation pour l’homme de sa part féminine sans laquelle aucun dialogue ne saurait être possible avec la femme (et inversement pour la femme) Accomplir la mutation permettant la naissance de l’homme lunaire conscient de la présence du féminin sacré en lui-même, et des forces de vie de nature féminine qui l’animent. Permettre à la femme lunaire, asservie et réduite à sa nature femelle primaire par des millénaires de pouvoir viril, de retrouver sa nature solaire, celle de la déesse des origines. Mais qu’en est il de la quête de la femme ? Nous n’avons parlé, à travers les mythes et les contes, que de la quête du héros mâle à la recherche de sa féminité cachée, du féminin sacré. MAIS, Qu’en est il de la quête de la femme ? Jamais mise en relief dans la littérature virile de nos cultures ? Chercherait-elle son « masculin Sacré » ? Il semblerait que non… « J’attend qu’un homme fasse de moi une flamme… » M’a dit un jour une amie : Donc : « qu’il me rende à me véritable nature ignée, solaire » ….. « Qu’il me libère de ma « femellité », prison de chair dans laquelle il m’a si longtemps tenue captive, afin qu’il permette l’expression de ma féminité profonde et qu’il me rappelle le caractère fondamentalement sacré de ma nature » ….. « Qu’il me révèle ma propre féminité sacrée. » semblait attendre cette femme. L’homme, comme la femme, sont en quête d’un unique Graal : la féminitude intérieure ; L’Energie de Vie qui les guide et les sous-tend.
La guerre actuelle que les religions mènent contre les femmes et du même coup contre les sociétés occidentales sont probablement le chant du signe qui précède la paix. C'est là le sens de l'histoire. L'union, le respect et l'estime commune que proposent les sociétés actuelles sont le désir de refermer ce court épisode brutal, il faut dire que tirer la charrue à deux est plus judicieux. Avons nous les moyens devant les défis futurs de la vie sur terre, de nous disperser dans la violence et de faire fi de cinquante pour cent de notre énergie, de notre intelligence ?
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