Le reste de la nuit se déroule sans autre incident majeur, du moins, à l’intérieur du château du comte de Lamoricière. Et le lendemain soir, les Personnages, quel que soit le moyen qu’ils utilisent pour quitter les lieux, peuvent retourner à la librairie de Laurent. Ils frappent donc à la porte de sa boutique. L’homme leur ouvre précipitamment en leur disant d’entrer le plus vite possible. En même temps, il jette des coups d’œil encore plus inquiets que la veille aux alentours, pour voir si personne ne les a vu pénétrer chez lui. D’un pas pressé, il les conduit jusqu'à son bureau. Durant le trajet jusqu'à cette pièce, les personnages peuvent d’ailleurs se rendre compte que Laurent a les yeux exorbités, les traits fatigués et inquiets, les cheveux en bataille, et qu’il porte les mêmes vêtements que la nuit précédente. Il s’assied immédiatement derrière son bureau encombré de documents divers et variés ; apparemment, ils s’entassent encore plus nombreux que la première fois où ils sont venus. Puis, Laurent se met fébrilement à leur expliquer qu’il n’a pas compris grand-chose au sens des phrases latines inscrites sur le parchemin qu’ils lui ont remis. Tout ce qu’il a réussit à saisir, c’est qu’elles évoquent de mystérieuses Reliques, des sortes de Cubes. Il dit qu’il aimerait bien, si cela est possible, les examiner de près, car elles ne cessent pas de se référer à eux. Il leur tend ensuite un feuillet rédigé en français. Et il raconte qu’il s’agit de la traduction du document qu’ils lui ont remis : Document 9. Il poursuit en avouant que, d’après lui, il s’agit d’un antique Rite d’Initiation. Il n’en comprend pas véritablement le sens. C’est d’ailleurs pour cela qu’il aimerait rencontrer le comte de Lamoricière au plus tôt. Il aimerait avoir une discussion approfondie concernant cette énigme avec lui. Il est en effet très intrigué par ces phrases énigmatiques. Il souhaite aussi savoir où il a trouvé les Reliques auxquelles se réfèrent le texte. Il explique encore que, dans les jours qui viennent, et jusqu'à ce qu’il voit le comte, il va poursuivre ses investigations au sujet des Cubes. Grace à certains amis ayant accès à d’autres ouvrages évoquant l’Antiquité, il va tenter d’en apprendre davantage. Puis, il l’informera de ce qu’il a mis au jour. Il termine en disant que, d’ailleurs, il est prêt à participer à des fouilles archéologiques éventuelles avec le comte de Lamoricière, afin d’essayer de percer le mystère de leur découverte. A l’issue de cet exposé, les Personnages n’apprennent finalement rien de plus, et ils peuvent quitter cet endroit. Mais, avant de partir, Laurent insiste encore une fois sur le fait qu’il faut qu’il rencontre le comte le plus vite possible ; et il compte sur les Personnages pour appuyer sa requête auprès de lui. Une fois de retour au château du compte de Lamoricière, les Personnages sont libres de leurs mouvements. Dans ce cas, comme dans le cas où la nuit précédente ils n’aient pas accompagné Jacques dans son périple en ville, ils ont la possibilité d’explorer la citadelle à leur guise. Malgré tout, ils se doivent de rester discrets et de ne pas alerter d’une manière ou d’une autre le maitre des lieux. Chambre du comte de Lamoricière : La porte de la chambre du Comte de Lamoricière est cadenassée. Sa clef se trouve dans le trousseau de Jacques. Lorsque les Personnages y pénètrent, ils découvrent une grande pièce aux murs et au sol somptueusement décorés de riches tapis. S’y discernent également des meubles ornés de sculptures finement ouvragées ; sur l’un de ces derniers est d’ailleurs déposé un livre à serrure dont le comte de Lamoricière possède la clef. Au centre de la salle, y apparaît aussi un lit à baldaquin décoré sur les cotés de bas reliefs représentant des félidés de toutes espèces ; majoritairement des chats. Aux murs sont accrochés des tableaux montrant le comte alors qu’il avait une petite trentaine d’années. Il y pose, alors que des batailles font rage dans son dos. Enfin, dans un coin de la pièce, se révèle une armure de plaques complète accompagnée d’une épée à deux mains. Toutes deux sont délicatement émaillées de Symboles entremêlés les uns aux autres, et enrichies d’or et d’argent. En s’aventurant également plus avant dans cette chambre, au bout d’un instant, les Personnages se font attaquer par une vingtaine de chats reposant sur le lit du comte de Lamoricière. Ils défendent alors les lieux avec acharnement, jusqu'à ce qu’ils ne soient tous tués, ou que les Personnages se mettent à fuir la chambre. En examinant les tableaux de plus près, les Personnages découvrent que l’un d’eux dissimule un mécanisme. En appuyant dessus, celui-ci permet à un pan de mur situé juste à coté du lit de s’ouvrir. Et en s’en approchant, ils peuvent dès lors pénétrer à l’intérieur d’un sombre corridor. Ce dernier est rempli de toiles d’araignées et de poussière. A intervalles réguliers, des torchères sont accrochées aux murs ; des flambeaux les illuminent. Les parois sont recouvertes de fresques représentant des hordes de chats en train de se ruer dans les rues d’une cité aux maisons biscornues et enveloppée de brouillard. Les félidés qui y sont dessinés se précipitent sur les personnes qui se trouvent dans les ruelles de la ville, et les dévorent vivants. Au bout du couloir se discerne finalement une porte fermée à clef. Celle-ci se trouve, une fois encore, en possession du comte de Lamoricière. Les Personnages peuvent dès lors tenter de la franchir d’une manière ou d’une autre, mais elle est protégée par un mécanisme envoyant une flèche empoisonnée à l’imprudent qui tente de la crocheter. Malgré tout, s’ils parviennent à la forcer, ils ont la possibilité de pénétrer à l’intérieur de ce qui semble être une salle secrète. Cette dernière a les murs recouverts de textes hiéroglyphiques incompréhensibles. Le sol laisse apparaître des Symboles Magiques, ainsi que des Pentacles aux contours sanglants. Au centre de la pièce se discerne un piédestal dont les contours sont sculptés de formes félines. Un peu plus loin de là se trouve un autel dont le orné de motifs à peu près équivalents. Et, enfin, un peu plus loin encore, dans un des recoins les plus sombres de la salle, se devinent quatre autres piédestaux. Au sommet de chacun d’eux repose un des Cubes. Au cas où les Personnages décident de s’approcher de ces quatre piédestaux, à mi-parcours, alors qu’ils contournent un des pentacles dessinés sur le sol, des volutes de fumées blanches surgissent progressivement du néant en tournoyant sur elles mêmes ; d’abord lentement, puis, de plus en plus vite. En fait, plus les Personnages avancent en direction des Cubes, plus les serpentins brumeux deviennent nombreux, se métamorphosent. Et, finalement, quand ils n’en sont plus qu’à un ou deux mètres, les fumeroles se transforment brusquement : elles prennent l’apparence d’une créature félidée immatérielle ; et celle-ci les attaque immédiatement. Une fois cette créature vaincue, ils peuvent alors s’emparer des Cubes sans danger. Et, ne trouvant rien d’autre d’intéressant dans cette pièce, ils peuvent rebrousser chemin jusqu'à la chambre du comte de Lamoricière. Bibliothèque : La porte de cette pièce est encore une fois fermée à clefs. Et sa clef se trouve également dans le trousseau qui était en possession de Jacques. De fait, quelle que soit la manière par laquelle ils pénètrent dans cette salle, les Personnages se rendent compte qu’il s’agit d’un lieu dont les murs sont entièrement recouverts d’étagères ; de haut en bas des parois. Les ouvrages qui y sont rangés y sont parfaitement répertoriés. Un des rares espaces qui n’est pas couvert d’étagères laisse apparaître une cheminée. En l’inspectant d’ailleurs de plus près, les Personnages ont la possibilité d’y voir des moulures représentant des tètes de félidés. En appuyant sur l’une d’elles, un passage secret s’ouvre juste à coté de la cheminée. Et en s’y engouffrant, les corridors de ce dernier les conduisent jusqu’au qui se trouve juste à coté de la porte fermée à clefs sur le pan de laquelle apparaît des traces de griffes et d’étranges hiéroglyphes. A proximité immédiate de la cheminée se distinguent également deux tables basses et deux fauteuils, sur lesquels s’entassent une demi-douzaine d’ouvrages ouverts. Le livre qui se trouve au sommet de la pile est à moitié dissimulé par un parchemin : Document 10. Bureau personnel du Comte de Lamoricière : Une fois encore, la porte de cette salle est fermée à clefs, et la clef qui l’ouvre se trouve dans le trousseau de Jacques. Si les Personnages parviennent, d’une manière ou d’une autre, à la déverrouiller, ils entrent à l’intérieur de ce qui parait être une salle de travail. Il s’agit d’une pièce de grande dimension au centre de laquelle apparaissent deux bureaux. Le premier est encombré de cartes représentant les régions du Languedoc et de l’Aquitaine. Sur chacune des cartes sont tracées d’étranges marques ainsi que des chiffres. Le second disparaît sous des amas de feuillets : il s’agit de compte-rendu et de rapports venant des subalternes du comte de Lamoricière concernant l’armée qu’il est en train de rassembler aux portes de Montauban. Ces parchemins décrivent la manière dont les nouveaux arrivants sont intégrés à ses troupes. Quelques uns sont issus de ses espions installés dans la ville de Bordeaux, et expliquent que les amis de Thibaut de Frontenac ne sont pas réellement heureux de savoir que c’est le comte de Lamoricière qui détient l’ensemble des Cubes – Reliques. Ils disent qu’ils craignent en effet qu’il désire désormais faire cavalier seul. Ils rajoutent qu’ils ont envoyé un homme de confiance à sa rencontre afin de s’assurer de sa loyauté. D’autres rapports insistent sur le fait qu’il semble qu’une armée de Catholiques soit en ce moment même en train de se rassembler depuis deux jours aux alentours de Cahors. Il semble également que cette dernière ait été placée sous l’autorité de Monsieur de Beaujeu ; l’évêque de Cahors. Il semble encore que ces troupes s’apprêtent à partir en direction de Montauban afin de mettre un terme à la rébellion qui y couve à l’encontre des Catholiques et du Roi de France. Il apparaît finalement que les huit-cents hommes qui composent ces compagnies est destinée à pacifier à tout prix le comté sous la tutelle de Monsieur de Lamoricière ; et qu’elles aient la bénédiction de Mazarin pour s’attaquer à la Fronde dans cette partie du Languedoc. Divers documents encore, évoquent un mystérieux émissaire du Duc de Beaujeu qui a récemment été envoyé à Paris. Il serait actuellement en train d’y constituer de nouveaux régiments ayant pour mission de se rendre au plus tôt à Bordeaux afin d’y assiéger la ville et d’y affamer les rebelles qui s’y cachent. Cette seconde armée devrait alors y attendre l’arrivée de Louis XIV et de sa cour pour que le Souverain soumette la ville lui-même, puis châtie les misérables qui ont osé contester l’autorité de son Premier Ministre. Et enfin, un dernier écrit explique que l’armée du chef des Frondeurs se trouve actuellement massée non loin de Toulouse. Elle compterait environs quatre-mille soldats. Et il souligne la nécessité pour le comte de Lamoricière d’atteindre la capitale languedocienne dans les plus brefs délais pour qu’il puisse participer au plus vite aux premières opérations militaires prévues. Car ces dernières ont pour but d’empêcher – ou, au mieux, de retarder – l’armée de Mazarin en préparation à Paris, de parvenir sous les murs de Bordeaux. L’un des murs de la pièce disparaît en partie derrière une cheminée ; et juste à coté de celle-ci, une grosse armoire. A l’intérieur de cette armoire se trouvent une bonne vingtaine de sacs contenant chacun environ cinq-cents louis d’or ; une fortune. Dissimulés dessous ces derniers sont rangés des papiers administratifs. Laboratoire : Une fois de plus, la porte de cette pièce est fermée à clef, et la clef se trouve parmi les autres du trousseau de Jacques. Quelle que soit la façon qui leur permet d’entrer, lorsque les Personnages réussissent à franchir le seuil de cette salle, ils se retrouvent dès lors à l’intérieur d’une pièce de petite taille. Une seule torche est accrochée à l’une de ses parois. Dans un coin, se trouve un chaudron de bronze assez grand. Ce dernier est rempli d’une mixture verdâtre et bouillonnante en train de cuire. Un peu plus loin sur les murs sont accrochées quelques étagères au sommet desquelles s’entassent une quinzaine de livres, ainsi que plusieurs bocaux de diverses tailles ; ils renferment tous d’étranges substances, des masses informes, ou des liquides grisâtres. Au centre de la salle apparaissent deux tables. Allongé sur l’une de celles-ci se discerne un corps humain éventré ; ses viscères pendent dans le vide par l’ouverture d’une plaie béante au ventre. Il y a du sang un peu partout autour du cadavre et sur le sol alentours. Sur l’autre table sont déposés une dizaine de livres apparemment rédigés en latin. En fait, chaque ouvrage est décomposé en deux parties : sur une page, il s’agit de phrases en latin ; sur l’autre, il s’agit de représentations de pentacles et de symboles Alchimiques. Salon : La porte de cette salle, qui, pour une fois n’est pas fermée à clef, s’ouvre directement sur ce qui apparaît être un salon. Une demi-douzaine de fauteuils de cuir y est installée. Déposé sur l’un de ceux-ci se trouve le Document 11. Au-delà, contre le mur du fond de la pièce, apparaît une cheminée. Les murs sont recouverts de tentures. Mais, un endroit de la paroi est laissé libre, et s’y étale un tableau montrant le comte de Lamoricière : il y chevauche un destrier blanc ; autour de lui, le décor représente une forêt spacieuse où le Soleil darde de ses rayons les buissons et les arbres disséminés alentours. Document 9 : Cube Un : Quatre lorsqu’on ouvre la Porte d’Apollon. Un au centre du Soleil Eclatant, Un au centre de la Lune Montante, Un au centre de la Terre Figée, Un au centre de l’Etoile Cosmique. Cube Deux : Les Quatre mêlés les uns aux autres montrent la Vérité à l’Homme Sage, La Statue du Dieu qui pleure lève un coin du Voile de cet Antique Mystère, Car la Statue du Dieu qui pleure est toujours en Quête de son Trésor, Et de cette Lointaine Contrée qui l’a vue Naitre. Cube Trois : L’Homme le plus Sage n’est pas toujours celui auquel on pense, L’Homme Sage a les mains qui se tendent vers le Ciel, Lorsqu’il souhaite que les Dieux exaucent ses Prières, L’Homme Sage suit alors une route semée d’Embuches, Appréhendant le moment où il lui faudra tordre la Langue Venimeuse Du Démon des Abysses. Cube Quatre : La Porte entre les Mondes mène l’Homme Sage Tout près du Dieu aux Mille Visages, Mais n’oubliez pas qu’il défend son Sanctuaire, ses Trésors et ses Mystères, Car ce qui y est dissimulé ne doit être touché Ni par le Profane ni par l’Incroyant qui cherchent à se les approprier Sans l’Approbation du Maitre des Lieux. Soit donc Maudit et Périt ; je le veux. Document 10 : Aux environs de 1280 se déroulèrent les négociations de rattachement du comté de Toulouse à la France. Les émissaires de la Princesse Jeanne et du roi Philippe le Hardi se rencontrèrent à plusieurs reprises dans la capitale languedocienne. C’est à cette époque également que l’un des envoyés de ce dernier y retrouva les traces du légendaire Trésor de Delphes. La rumeur prétendait que ce fabuleux Trésor était dissimulé au cœur de la cité depuis plus d’un millénaire. L’homme remit au jour un certain nombre de documents qui s’y référaient, après avoir passé plusieurs jours dans la Bibliothèque de la Princesse. Il semble qu’il mit la main sur les archives du premier comte de Toulouse ; Raymond de Pons. Il apparaît d’ailleurs que c’est à la suite de son passage en ces lieux qu’une partie des manuscrits concernant cette énigme, disparurent. Malgré tout, quelques temps plus tard, les négociations entre les deux partis aboutirent enfin. Et ce n’est que plusieurs années plus tard que l’on entendit de nouveau parler de cet étrange individu. En effet, celui-ci revient à Toulouse, accompagné de personnages encapuchonnés et au visage blafard. Il entreprit des recherches archéologiques sur un site auquel les informations qu’il avait découvertes au sein de la Bibliothèque de la Princesse Jeanne se référaient. Il creusa jusqu'à ouvrir un passage conduisant dans les profondeurs inexplorées de la Cité. Et c’est à ce moment là qu’il s’évanouit une fois de plus dans la nature. On n’entendit dès lors plus jamais parler de lui. Or, c’est cinq ou six mois plus tard que l’un de ses compagnons explorateur refit surface. Ce dernier réapparut non loin du site Archéologique qu’il avait fouillé avec ses amis. On ne sut jamais comment, il détenait quatre Reliques – des Cubes de métal recouverts de textes hiéroglyphiques -, ainsi que des parchemins sur lesquels étaient rédigés d’énigmatiques phrases latines. Et il semble bien qu’il ait découvert ceux-ci tout près de… Document 11 : Cher ami, Je vous envoie cette missive afin de vous informer que je viens de découvrir de nouvelles informations concernant notre affaire. Je peux d’ores et déjà vous affirmer que celles-ci peuvent nous faire progresser vis-à-vis de nos investigations. Je pense qu’elles sont susceptibles de nous faire aboutir ; le Trésor de Delphes, ainsi que l’Objet sont désormais à notre portée. Je vous informe également que je suis à Montauban que depuis deux semaines. Auparavant, je me trouvais à Paris, où j’ai fait un certain nombre d’autres découvertes intéressantes. Mais je vous en parlerai plus longuement de vive voix lors de notre prochaine rencontre. Car n’oubliez pas que nous devons prendre contact à Villemur, et ensuite, ensemble, rejoindre la Fronde à Toulouse. J’attends d’ailleurs ce moment avec une extrême impatience. Robert de Got
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