Nous avons tous été appelés con, un jour. Tout jeune, on en riait et puis le temps qui passe Nous amène, hésitants, au seuil de cette impasse : Aurai-je été un con, au fil de mon parcours ?
Celui qui, par malheur, dérange notre vie, Se voit vite habillé de ce doux patronyme; Il est devenu con, pauvre con anonyme, Et ira son chemin, l'air béat et ravi.
Il peut se rassurer, il trouvera le sien. Oh, probablement toi, c'est dans l'ordre des choses ! Et sa vie, grâce à toi, deviendra moins morose : Tu deviendras son con, tout comme il est le tien
Etre traité de con par un plus con que soi, C'est prendre du galon et puis cela rassure: Je ne peux en être un puisqu'un con me l'assure ! Et pour l'imaginer, il faut bien qu'il le soit.
Ca me laisse rêveur parce que, quand j'y pense, J'ai connu trop de gens, tous ainsi baptisés, Lapidés,démolis, jugés, néantisés, Et de plus en plus cons quand la soirée s'avance .
D'ailleurs, dans ces soirées, le risque de partir Est un risque pesant que nul ne voudrait prendre Le con bonne cuvée, celui que l'on va pendre, Vient de passer la porte. Il va donc en pâtir.
Mais enfin, qui est-il, ce con miraculeux, Qui vous donne raison par sa façon de vivre Et qui, au grand jamais, ne parviendra à suivre Le chemin sinueux qui rend un homme heureux ?
J'avoue moins savourer ce mot définitif. Je me surprends, parfois, à trouver des raisons Aux réflexions de cons, dans quelques occasions, Portant des jugements de moins en moins hâtifs.
Et le cercle infernal recommence sa ronde. Si mon con n'est plus con,alors qui le devient ? Et j'entends une voix, faible , qui intervient : " Et si les cons rêgnaient en maîtres, sur le monde ?
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