C'est avec autant de crainte que de respect que je vous écris ce soir...
J'aimerais savoir lire en vous comme peut le faire une voyante à travers les reflets irisés de cristal pour quelques destins particuliers.
Hélas, je ne vois qu'un lieu obscur où je tâtonne, me cognant le front à vos encoignures, récoltant plaies, bosses et bleus à l'âme alors que je ne cherche auprès de vous que le réconfort du miel et du vin.
Depuis le temps que je vous côtoie, j'ai le sentiments de prendre des sentiers inconnus m'amenant dans une caverne peuplée de mystères inquiétants, insondable univers de mes fantasmes les plus venimeux.
Sans vous, aurais-je pu davantage connaître les verdoyantes prairies promises par les dieux où la table est dressée, remplie de viandes succulentes et de fruits sucrés ?
Ce soir, je viens à m'en vouloir d'avoir suivi vos pas, d'avoir écouté vos voix les plus sombres, d'avoir voulu continuer à lire vos cartes anciennes et parcheminées de l'ocre le plus dur.
Oui, vous , les mots qui me viennent et m'appellent, me séduisent et me corrompent, m'entraînent et me portent. Je vous en veux d'avoir posé votre sceau sur mon destin, je vous maudis, je vous vomis de tous mon être.
Et pourtant, j'ai choisi de vous suivre, de vous peindre, de vous donner vie, et c'est le plus pur poison qui s'instille chaque jour, un peu plus, dans mes veines. Ô vous qui me pourchassez depuis tout ce temps, je ne peux dorénavant me passer de vous.
Saurais-je un jour vous chevaucher, vous séduire, naviguer en vous sans pertes et fracas ?
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