Alignements discrets
Héritage du silence, Un faisceau de brume Ondule sur la plage du matin. L’azur se fait voile au large de tes yeux Où miroitent l’envie;
Envie de terre, Amplifiant le refrain Où se cachent des oiseaux de myrtilles Qui peuplent les collines de fraîcheurs miniatures.
Envie de lumière, Soulignant le regain des lunes anciennes, Celles que tu guettais le soir, Quand les tiens s’étaient assoupis.
Envie de souvenirs, Tu sais , Ceux d’une époque sablonneuse Donnant à tes pas le support d’un écrin.
Envie d’ailes, Celles qui te donneraient un jour La fragilité des alizés, Le don des courbes altières Esquissées sur l’ombre d’une pluie de murmures, Pluie sauvage Bientôt bruissant sur le toit des prêles .
Envie de couleurs, À l’aube, Quand les mondes exquis se parlent En marge du soleil, Là , L’océan se fait miroir, Mot de jade, Minute de cire, Accueillant l’ombelle de tes cascades intérieures Pleurant l’ancêtre du vent et la vague initiale des tempêtes.
Envie de senteurs minimales, Roulant en horizons cendrés Sur la ligne d’un nouveau sud Là , Meurent les fragrances subtiles des étangs mordorés .
Envie de sourire, Les masques animaux sont encore trop apeurés Pour que sourde l’étincelle d’une rencontre.
Envie de peau, Pour recouvrir l’esprit virginal des forêts, Brocéliandes de bruyères matinées de philtres musqués; Au loin, Des musiques boréales s’écoulent aux abords de ton visage des visiteurs égarés, cette nuit-là , te convièrent Au sabbat des jouvencelles , Celles qui savent lire les rayons de lune Pour annoncer aux tiens Le profil racé des licornes d’après-demain.
Envie de lenteur , Nécessaires Pour que tes amis des plaines immenses Aient le temps de migrer vers le fleuve audacieux Qui coule en bas, Vers le Maldoror du vide, Embusqué au sein d’ austères confluences.
Envie de solitude, Car tes tribus te pèsent parfois, Quand tu éprouves le besoin de peindre D’étranges silhouettes Sur les parois des calcaires innocents, Dans le ventre des grottes hyalines, Tu sais, Celles qui résonnent des chants éperdus Des époques lointaines.
Envie de pollen, Quand tu étais abeille solitaire, Saupoudrant de givre et de mica Les corolles magnétiques De diaphanes esquisses Destinées aux champs d’étoiles…
Envie de rôder Aux abords de la lune, Pour y deviner l’étendard discret des chamanes.
Envie de compléter la gamme des bruissements animaux: Carabes de vermeil, Sauterelle d’argent En passe de devenir perles nuageuses , Descendant vers la page radieuse D’une nuit précieuse et vulnérable.
Envie de rouler dans les ruisseaux , Comme une larme de rubis Attendant l’aube, Pour éclore en un éventail sucré Jalousé par les oiseaux-lyres Venus des continents où psalmodient Les oracles d’un matin rare, Instable encore...
Ton sillage entraîne avec ses strophes kaolines Le devenir des paysages novices, Sur lesquels se posent en hésitant Le vaisseau de ton ombre, Annonciatrice de gestes bleutés Par le silence, Par les elfes des sous-bois, Qui finissent en riant Le dessin futuriste de tes caravelles, À la recherche d’un rivage ocre pour y accoster enfin ,
Là , Tu le sais , Les iguanes savants répondront à tes questions ….
14 Juillet 2023
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