Ou irai-je si mon charme, Mon élan et ma muse disparaissent Comme des graines de benjoin dans les flammes De la haine qui rejaillissent
Du néant, de là ou mon âme brulera De là ou mon esprit veillera Ou irai-je ! si sagesse, ma vertu Et ma compassion ne rebondissent Que par des mensonges étrangement vêtus De peines, de remords et d’injustice Faisant de leurs têtes battues Une gloire sous-jacente une arme métisse
Ou irai-je !si mes sœurs crèveront De faiblesse, de faim ou de justesse Comme des rois détrônés serrant Leurs bras agités de politesse ! Ou irai-je !si mon existence est immonde Si mes paroles ne sont qu’une régence Si ma poésie n’est qu’une acre parfum
D’horreur, de ténèbres et de faim Ou irai-je ! Si ma patrie périsse De frénésie, de patards qui régissent L’eau, la terre et le feu divin Qui bénissent des sots au fond du ravin Comme des singes au bout de leur fin
Ou irai-je ! Si mes jours ne guérissent Les meurtrissures de la défaite, Ne pansent les malheurs de la refaite.
Ou irai-je ! si ma vieille jeunesse Embrassera le crépuscule du soleil Si mon cœur bat ses ailes de corneille Comme une voilée de l’errance D’une pureté luisante de fond et d’apparence Ou irai-je si mon encrier tarisse et s’assèche Comme une folle aux sarabandes si fraiches Qu’un matin hivernal d’Ardèche
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