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Annonce : Sur les plus beaux textes des poétesses maudites du XXème siècle
Publié par Vadnirosta le 12-03-2023 21:25:09 ( 135 lectures ) Articles du même auteur



Sur les plus beaux textes des poétesses maudites du XXème siècle
(projet en cours...)

























-Céline C-









Il fait nuit boiteuse: je retourne mon pauvre corps.
Une fillette brune croit frapper à la porte, je
sais que ce sont Céline et ses doux pas de loup enfuis
qui reviennent unis dans le bel Atelier de mon âme.
La main coupée, je trouvais la convenance
ici à ses plus nobles désirs: un peintre!
Un poëte asexué qu'Elle n'osait défendre
à Byzance des meutes qu'hantent d'infâmes pilleurs,
un sculpteur qui La posait très classiquement
sur feuilles d'or de tous ses très chers chênes...
Je m'appelle Câline Céline, j'ai peur!
Je crains tes crocs, ton allure féline
et suis très confuse à l'idée que m'advienne
ta félonie... j'aime beaucoup les vergers*...
- Si la Belle écorche le velours c'est que
je suis bête et que ces mots sont tombés des Enfers...
Cette humble créature doit être très mal:
allons sauver cette sœur de toutes pièces
avec laideur
en châtellenie.


(Poème de Gilberte H. Dallas revisité)

















* = Cf. mon « Virage mélancolique ».
Saint-Genis-Laval, 10/03/2013.
Il y a une ombre au tableau









Ombres chinoises aux deux tableaux.
Ah! Enfin! Enfin, que voulez-vous,
c'était inévitable!
Je cours après de savantes lumières,
le cul posé sur un ban d'ombres*:
c'est peut-être à cette ombre d'un vent complexe que je m'enlumine,
que je me mets dans la lumière d'un dessein.
Ici-bas je suis fluorescent,
à jamais luciole molle à la lumière noire,
à jamais diaphane des opacités légères.
Ma mie, je suis d'une autre ère que la Votre,
d'une autre dimension vespérale,
d'une réécriture totale du Soir et puis des Astres.
Aussi, je jette toutes les ombres sur l'Étoile noire,
sur la Nuit inondée de soleil:
je me cache quelque part sur la face obscure de l'Étoile...


(Poème de Marie-Hélène Martin revisité.)





















*= Il s’agit ici du poisson à chair estimée.
Saint-Genis-Laval, 19/03/2013.
Ouvrage caduc
(On ne sait même pas écrire en ancien français….)

(Sur Châtelaine de la tristesse de Florbela Espanca)
A Véronique…




Haineux tout le jour, saule la nuit,
J’ai planté mon cœur dans une « église ».
Bâtie en lettres majuscules dans un marais,
Plus petite qu’un chœur, elle pliera au long…

Une culée découverte à l’encre très pâle…
Une voûte qui ne tient qu’à un fil…
Je t’ai écrite au lit travée après travée
Sans jamais savoir où était brodée Jérusalem…

Ce corps d’Ophélie architecturée est livide :
Givre et hivers vernis* ont raturé ces verts candides
Tandis qu’un certain a pris ton cœur rayonnant**…

J’ai pris bien assez trop de liberté et d’ailes
Dans mes rafistolages pour le mimétisme :
J’ai toujours cru que moi-seul pouvait palpiter…























* =Jeu de mots avec « Giverny » de Claude Monet.
** Cf. Chapelles rayonnantes d'une cathédrale.
Saint-Genis-Laval, 27/03/2013.
Ces silences qui racontent tant....


A Gainsbourg
A Mano...







Las! La partition de ma mort a trop d'accords plaqués:
Je veux des rubans de silences, de crémeux soupirs
Afin de vêtir d'un souffle court toute une nuit étoilée,
Toutes ces vacances bruyantes qui en disent long....

Vous tous savez que je me fais une raison d'aimer
A jouer avec des mots monstrueux plus graves que moi
A jour d'expirer puis d'inspirer avec gêne la tuyauterie...
Voilà que silences s'engluent, font onomatopées...

L'Acte au sommet conserve bien-sûr nos glouglous les plus intimes...
Le temps menacé peut alors grésiller par des tic-tacs
Tandis que du goinfre à lacets* s'échappent des poums...
Au lit, les Acteurs jouent enfin aux tétés et à la tortore...

Las! La partition de ma vie a trop de fioritures...
Je veux des taches d'essence et de bile bien noire
Afin de pourrir tout un filet mesuré
Lors du plus court jour majeur** décrit dans la mer...



(Poème d'Ilarie Volonca revisité)














* = Métaphore pour l'intestin...
** = Solstice d'été.
Saint-Genis-Laval, 12-13/03/2013
La yeuse sous la terre









Dehors, novembre s'étend;
un pauvre chêne implore:
c'est un chant en bois humide, en tronc ridé.
Il supplie la terre de pourrir,
puis tendrement le laver,
tant ses pieds reclus cherchent le moindre cil d'une issue.

Une angoisse zigzague.
Elle tranche avec le bois.
Voici la yeuse aux veines saillantes qui sursaute à l'influx.
Ô rouge sève alarmée!
Le son n'est plus clair:
à l'intérieur la nuit des arbres fait lave à grumeaux.

Êtes-vous ici ou là, muscles?
Est-ce ce brouhaha diffus
qui vous a mis hors de vous, hors de votre self-control?
Soir poisse Réseau vert à sa bave.
Soir fait loucher l'effraie qui s'y colle.
Soir en cage fait fort bien dérailler les galeries de taupe!

La terre prend l'air et sculpte des nuages...



(Poème de Karin Boye «  L'Arbre sous la terre » revisité.)















Saint-Genis-Laval, 09/03/2013.
A Babel…

(Poème pour ne pas rester en état de haine)



« Faims passées par ponts,
Par cordons très sûrs
A haine adviendront
Selon Ecritures »
Y.G



Je ne jouerai pas de Vos hanches*
Mon amie, car je suis homme triste.
On se lamente, et vent nous évente
D’une rafale de pluie,
De traits opaques.
Nous qui sommes prisonniers de la Nuit
Ne pouvons jaillir enfin de Vos seins.
J’étais nue** et d’un poing très dur de
Leurs murs – comme des griffes
Ils m’ont rendu viril.
Vous venez de la Yérousalaïm céleste
Qui ne veut de moi qu’au sommet de ma joie.
J’étais au vent, et ils m’ont repris Votre chevelure
De feu noir, aussi fol que la Bohême !
Dissimulez tous Vos reliefs ;
Venez en nous déteindre, Vous étendre
Ô lourd Tsion ! Que sont baisers devenus ?
M’amie épongez saules,
Façon Titien…

(Sur « Madeleine » de Marina Tsvetaeva, PEREQ 137.)












* Synecdoque métaphorique = « Vos violons »
** Adjectif volontairement féminin.
Saint-Genis-Laval, 02/04/2013.


Elégance des saules

Aux Béné…







Quelqu’un a planté des saules sur la route
Afin que Nuits pendantes m’enlacent enfin.
Qui a donc béquillé ma mollesse ?
Nuées de gloire ont le pas des loups
Tandis que Soir baille et ronronne
Sous les caresses très alanguies.
Les pas, tout tièdes et chapeautés,
Se fissurent très bien, pleur après pleur…
Des chattes noires se déploient à la Lune :
Une harmonie les clouera aux étoiles
Dès que hanches en bois au Soir poindront.
Les barbes se pendent aux mentons ;
Les têtes affaisseront les barbes ;
L’Eternel noiera la lumière en longs sanglots…

(Sur « Saules » d’Anna Akhmatova, PEREQ 121 « si on doit sortir seul la nuit »)

























Saint-Genis-Laval, 03/04/2013.

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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