Gaëlle,
J'ai grandi dans les relents de l'angoisse et dans la mélancolie des vagues qui venaient mourir dans les bras trop courts d'une île absente. J'ai surnagé sur les océans solitaires, la tête prise dans des tempêtes irrésolues, le cœur en guerre avec les archipels délavés du désamour. Les sirènes éphémères ont su secourir l'automne et remonter les rêves d'un noyé jusqu'à la lumière de leurs seins. J'ai couru le Verbe du Grand Large, me laissant aller à l'océane langueur d'une nuit aux étreintes mortes. Les mots étaient las et se traînaient péniblement sur le papier Les amours filantes s'amoncelaient autour d'un horizon qui avait l'orgueil d'un Everest invaincu. Je suis donc resté dans l'invocation des érosions et dans le sillage des béatitudes perdues. L'espoir y était vain, la chute certaine. L'Océan Pacifique s'ouvrit alors, endormant ses vagues tout juste sorties d'une enfance tumultueuse. Ses yeux immenses infusés d'azur firent la paix dans mes orages, relevèrent mes chutes, mes nuits firent sourire mes pleurs en t'envoyant houler au fond de mon cœur incrédule. L'heure est à l'aube incertaine d'une douce étreinte qui sèmerait des clairs de lune à chaque bleuité profonde d'un océan pour deux...
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