Rebeca
|| perdure une empreinte de Toi en moi, ma Rebecca. Une empreinte presque courante, qui va de soi.
|| perdure par Toi une trace précieuse et fragile de mon enfance que Tu roses à nouveau jusqu'à la substantifique moelle à force de me regarder si tendrement, du haut de tous Tes Secrets. Sache que Tu es juste la, à l’étroit, dans la cage oppressante de mes ailes déchirées, dans mon pauvre cœur en friche transpercé par tant et tant de talons aiguilles.
|| perdure par Toi une trace mouvante de Tes rires qui, toujours à l'heure du goûter, reviennent cascader et danserjusque dans mes humus les plus puants, jusque dans mes précis de décomposition très avancée.
|| perdure par Toi un palimpseste tout doux avec de gros bisous d'oursons, et cela, presque en simultané avec un long, trop long poème d'amour raturé, dévasté, qui ne connait que barricades, éclairs, tonnerre et piqûres de toutes sortes.
|| perdure par Toi de petites écritures, presque des petits gazouillis, des bruits voilés, qui prennent exclusivement la petite Parole, le temps tout petit d’échanger de petits kirikiki*, le temps hélas que je regagne déjà ma mémoire.
Il perdure par Toi tant de Livres neufs autour du volume sûr de mon corps d’occasion: un vieil enfant assez mal conservé à dos d'oie sauvage** et puis aussi ce même enfant qui enfile sa panoplie de princesse dans Ton Miroir. Au fait, que lui dit-il au juste, ce Vitrail serti dans mon si cher lieu de culte, en partance pour l'authenticité première, la véracité naïve en chaque merveille et la sagesse à faire d'une folie? Que Tu es la plus jolie, que l'Enfant aura toujours raison de partir à la recherche de l’Asymptote maximale et des moutons d'infini dessous la mémoire des étoiles. Et puis aussi qu’ll perd en bêtise et en bestialité***.
|| perdure par Toi des minicroissants de lune et tout un petit déjeuner dans la Voie Lactée aux lugubres bas-côtés que font massivement - et en se réunissant- terres de Sienne, arbres respiratoires toujours plus tordus (des pins patriarches je crois) et diarrhées consistantes récurrentes, venues du plus profond pour la pousse de tous les végétaux.
|| perdure par Toi la Partition frivole pour Tes petites quenottes qui grignotent avec harmonie divers biscuits apéritifs devant les sifflantes de les poumons serpentiformes. Tu joues ainsi la jolie mélodie de Tes dents de gauche tandis que j'incruste de la même main mes silences de plomb, mes soupirs d'éternel incurieux et mes notes les plus gravement rédigées. Tu es gauchère et je demeure gauche comme l'albatros. Un peu de reste de gris dans le noir.
Il perdure par Toi en moi une halte de tous les instants en roulotte, une halte aux couleurs les plus chatoyantes. Une pause minuscule mais très riche pour le Feu (de cheminée ?) ô Bonheur, un drapé
léger, presque un bruissement de feuille laissée au vent qui traversent comme par magie un rouleau compresseur dont je suis toujours le meneur, l'Hercule le plus assidu et puis l’Ogre insatiable, capitaine du vaisseau des pirates les plus radicaux. Une tête de mort tatouée sur le cou, un petit cœur frais sur le palpitant avec le mot ilo**** juste en dessous. Un peu de reste de Ta peau veloutée juste à côté de ma culture vivrière intensive de rosiers massifs, si possible aux épines les plus pointues.
|| perdurera comme un Ruisseau de Lait, mieux une Source Claire, un Atoll de Corail, un Cenote précolombien, qui, nés tous simultanément en nos Âmes, traverseront l'espace qu'ils nous diront de respecter...
*= Cf. la comptine « Mon petit doigt m’a dit » **: Nils Holgersson et puis le livre de lan Yoors « Tsiganes » ***: Cf. « La Belle et la Bête »
****= « cœur » en rromani.
Yohann GARDON, Brignais,janvier 2015 pour « Autobiographie ».
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