lVlarques...
Voici exactement les dires de mes phases mixtes sur tous mes atomes, sur tous mes faits et gestes mal ventilés. Des dires qui réapparaissent, disparaissent à nouveau et qui reviendront plus fort tôt ou tard. Quant à l'oxydation sûre, elle poursuit sa lente attaque à des endroits clé de mon pauvre cosmos... Laissez- moi vous conter ces marques qui s'aggravent ou ressurgissent comme par magie noire avec le même impact et tenter verbalement d'y remédier ou inversement de m'y vautrer avec tout le p|aisir du monde...
Passage. Tout d'abord les portes de mon enfer. Elles sont rouillées. Une eau sale et dormante y conduit la barque définitive. Le nautonier heurte de sa rame les grilles qui descendent dans la boue. Ultime grincement des gonds à qui l'usure prête la nostalgie du contraire.
le voudrais être la terre qui viendra manger mes traces, la terre qui détruira l'usé, le rouillé, je serai cette autre terre qui ensuite engloutira la terre et je serai jusqu'à la fin ce remuement renouvelé.
Dans les cimetières que l'on rêve, une flore de fer et de rouille aggrave la végétation des tombes. Tout y blesse le regard antérieur des enterrés.
ladis. Enfant, j'écrivais sur le fer. Plumes ou poignards, qu'importe. Cahiers immobiles, wagons échoués, les rails inutiles de ces années-là . Je reviens (pour me lire) avant que la mort ne dispose de mes mouvements. La clairière existe encore. Et mon texte, à peine vieilli, que la rouille a usé, que la rouille a sauvé.
Elle, morte d'être regardée, elle me dévisage dans une provisoire éternité.
Nous. Le goût des blessures dans l'enfance, l'odeur musquée des lèvres que l'on porte aux doigts, la coupe de sang que tu bois à ma santé, le poison du théâtre, poème.
Yeux. Agitations électriques des nerfs et grincements des muscles affolés, mal huilés. Toiles d'araignées et désolation dans un regard ténébreux. Enfer qui se mire dans la vase de l'Etang. Embrassades tordues par les yeux et repoussements à tous les coups. Noyades et submersions dans les marécages. Peur. Paniques. Fuites le plus loin possible.
Manoir hanté. Fantômes à profusion, croix gothiques tordues dans le manteau neigeux. Nécropoles envahies par la mauvaise herbe. Lierre rebelle et tapis encombrant de feuilles mortes prisonnières de l'absence pesante d'un grand vent libérateur, oui c'est bien cela des strates de végétaux décomposés, tout un humus de feuilles mortes laissé là , aux assauts lents du temps. Manoir hanté de toiles d'araignées et de poussières résiduelles, pochettes fantastiquement dessinées des disques du groupe suranné de heavy metal Iron Maiden. Clairs de lune blafards, farfadets morbides des vieux cimetières médiévaux. Femmes pâles, nocturnes, femmes-aigles aux cheveux bruns couverts de multiples fleurs, petits oiseaux noirs malveillants sur le sol, sans doute des corbeaux tout noirs, créatures féminines mortifères ultra-maquillées au mascara avec une tache sombre incrustée sur le front, lingerie noire délicate, dentelles obscures à n'en plus finir, statues oubliées d'anges déchus en marbre délavé, ailes scellées aux dos les plus lisses, couronnes de violettes et d'épines, femmes à la passion bée revenues du Golgotha, loups de facture très fine importés tout droit d'une Venise moribonde, presque noyée, poitrines généreuses, sensualité et pleurs rougeoyants marqués, le tout, façon Victoria Francés, vermine baudelairienne, chrysanthèmes tombaux plein les pots, monstres naturels revenus des cercueils entrouverts, chiendent éternel et mutants en décomposition.
Village de mes naufragés. Campagne de Seine-et-Marne. Oxydations répétées de toute ma tribu des sans toit et des sans droits. Décapages laborieux. Chiens méchants aux dents de fer, tatouages désuets de mes taulards, caravanes lentes aux moteurs mal huilés, barbes laissées là , à l'abandon et en friche en jachère. Cigarettes vieilles comme la Gaule, treillis endommagés, troués parles attaques des eaux, tables du midi et du soir assez mal rafistolées, banquettes crevassées récupérées dans la déchetterie d'en face, assiettes, couverts, tasses à café et verres de rouge délavés à l'extrême : traînées blanchâtres (ou rougeâtres ?) à l'intérieur, incrustations précieuses dans l'inox de matières ferrugineuses couvrantes à s'oxyder toute la tuyauterie, tartre sur les visages ravinés, porcs du
hameau voisin se vautrant dans une boue riche en ferrailles et en larmes de crocodiles, de tyrannosaures, de mastodontes, d'ogres abîmés aux cœurs déchiquetés. Groupe de country régulièrement dans le mois. Guitares électriques en panne et voix éraillées, à bout de souffle. Manifestations de fauves dans Paris. Tentes à oxygène, dans les narines, casques blanchâtres défoncés, banderoles écrites en mauvais français. Automutilations passées et rixes à oublier, bras manquants, sang caillé, alcool à la rouille, goulots âgés, ridules profondes dans les étiquettes des bouteilles. Crasse orangée plein les dos. Vieilles casquettes du Barça effilochées époque Romario, rougies par la terre souveraine, écaillées par le gel et par les fumées stagnantes, prisonnières de ces foutues grisailles hivernales, tristounettes comme un paysage champêtre aHanguL
Médiévale et ensorceleuse comme dans le film en noir et blanc et muet << Häxan >>. Elégante comme une morbidité sublimée. Le Mal, toujours à ses trousses, n'oubliera aucun recoin de sa peau pour y loger une jolie ride, d'une très belle oxydation et, animé d'un fol espoir de progresser mieux de patiner un jour jusqu'au plus près du Divin, il attendra le temps ralenti béni de l'Efflorescence du tissu verbal pour libérer les Etoiles cousues dans le Soir naissant. Paysage avec village moyenâgeux à l'arrière-plan. Guerrière byzantine magnifiquement parée par Roberto Cavalli, le créatif styliste italien. Manteau en peau de velours incrusté de paillettes, sequins et renard sur une robe en viscose cloutée et collier en émail (Roberto Cavalli). Cuissardes de chez Versace. Flore médiévale grimpante. Cape et jupe en tapisserie, chemisier en popeline de coton (le tout Valentino). Collier et manchette (Lanvin), bague (Goosens), pochette (Roger Vivier), collants de chez Falke. Murailles en montagne. Blocs réguliers. Cape en toile de soie imprimée, pantalon en jersey de soie imprimé et pull en résille de laine et cuir (le tout Leonard). Colliers et manchette (Géraldine Carfield), gants (Agnelle), pochette (Bulgari), bottines (Leonard). Femme dela Nuit adossée à un mur d'un autre âge. Body en laine et cachemire (Salvatore Ferragamo), jupe en crêpe de soie rebrodé de strass (Guy Laroche). Manchette (Mawi), bracelets et bague (Lanvin), besace (Laura B chez L'Eclaireur). Tourelle en pierre. Blocs réguliers parfaitement emboîtés. Manteau en brocart sur une robe en mousseline de soie brodée et ceinture (le tout Paul Collier (Goosens), gants (Maison Fabre), pochette (CH Carolina Herrera), collants (Wolford), sandales montantes (Casadei). Petit édifice religieux en blocs
de pierre. Croix chrétienne simple. Robe en crêpe de soie imprimé mosai'que à sequins (Dolce & Gabbana). Manchette (Goosens), collants (Well), sac et escarpins (Dolce & Gabbana). Rocher d'un autre âge, sans doute autant obscur que moyen. Tunique en cuir matelassé (Paco Rabanne) sur un legging en cuir Stretch (Ventcouvert). Collier et ceinture (Chanel), mitaines (Maison Fabre), besace (Paco Rabanne) et cuissardes de chez Sartore.
Ophélie Claire. Howard Philips Lovecraft. Cimetières merveilleux et parfaits, pierres tombales parfaitement couvertes de rouille. Farfadets très très gentils dans les cercueils joliment pourris. Blanc immaculé de taches rougeâtres. Douze tee-shirts blancs, douze mini-textes dédiés à Lovecraft. Univers épuré parce qu'à jamais non-corrompu, non-perverti dans sa globalité tout comme en ses moindres interstices et en les prenant l'une après l'autre. Séances d'arbres bienheureux et d'yeux clos à jamais. Strabismes oubliés au passage. Clairs de lunes immanquables. Croix surchargées de ferraille blanchâtre effritée. Tombes inviolées virginales visitées par les anges et les amours. << Commonplace book » magnifique incrusté de cœurs amoureux et de petits visages naïfs. Sublimation graphique d'une morbidité verbale soutenable. Dévastation pourtant, dévastation par les deux temps les plus couramment employés dans la langue courante. Dévastations au goutte-à -goutte, silencieusement, paisiblement. Feuilles de littératures, automnales et vierges, tombant des arbres les plus fous, les plus tordus. Nonchalances des soleils de magma et de laves en train de coaguler. Encriers presque éteints ou allant à l'Essentiel.
Serge Lutens. Oscar Wilde. Parfum sublime et mystérieux De Profundis. Croix chrétienne magistrale incrustée sur un cercueil qui sent très bon. Bas-résille d'argent sur un reposoir géométrique parfait. Etoiles parsemant ce délicieux outre-tombe. Deux hauts socles de différentes hauteurs et de chaque côté de la pièce céleste principale. Préférence de l'Ambre à la Rouille même si le résultat, bien dissimulé derrière ce faste et cette élégance solennelle, demeure le même : l’appartenance à la terre, vorace et pugnace. Quatre cloches ambrées, quatre flacons sculptés finement sonnent un glas à la fragrance extrêmement agréable et plutôt mortifère. Résultat froid qui vous glace divinement bien le sang. Envies soudaines de glisser dans la Mort et ses délices. Phase mixte écrite avec de la distance afin de se séparer définitivement de la rouille et de ses souillures qui rongent les sentiments et leur donnent un arrière-goût de
moisissure teintée d'affres insupportables. En finir avec sa sensibilité désagréable et qui a l'arrière-goût passé d'un vieux terrier charriant la vermine.
Terrasses, balcons et pergolas garnis de plantes grimpantes contre les rayons du soleil et pour la rouille verdâtre sur les parois: glycine de Chine de trente mètres de hauteur, actinidia à fleurs blanches et à tiges volubiles, vigne pour les raisins de table, jasmin officina aux fleurs très parfumées, lierre commun à crampons, lierre des Canaries, lierre du Japon à ventouses, vigne vierge vraie au feuillage devenant rouge en automne, bignone au feuillage vert clair, hortensia grimpant à fleurs blanches et à crampons, clématite à petites fleurs roses et blanches et à pétioles volubiles, clématite italienne à fleurs rouges et au feuillage vert foncé de quatre mètres de hauteur, chèvrefeuille commun à fleurs blanches et jaunes et à tiges volubiles, glycine du lapon aux tiges volubiles et hors du vent. Entrelacs verdâtres de copeaux effrités de rouille. Portails verts et espaces verdâtres oxydés, délavés parles pluies d‘autrefois. Entrée interdite aux âmes non-corrompues...
Brasser l‘air vieux: ventilateurs brasseurs d‘air aux moteurs laborieux. Ratées à répétition. Ventilateurs de plafond silencieux, hors d‘usage, dévorés par la rouille et l‘lnsomnie. Distances trop petites au-dessus des ventilateurs: moteurs qui peinent, poumons abîmés, emphysème de l‘air avarié. lnsuffisance respiratoire des tourniquets. Cancers broncho-pulmonaires du milieu ambiant, saturé en poussières de toutes sortes et en toiles de mygales tenaces. Cascades de ruisseaux enfin au rendez-vous, gouttelettes d‘eau bénies à proximité, processus de rafraîchissements face à la densité des fumées brunes venues s‘imprégner dans nos estaminets les plus chers depuis les régions les plus reculées de Bohême. Brumisateurs bienfaisants pour les Poumons du Soir étoilé. Fontaines de ruissellement pour faire évaporer les rouilles, les goudrons de tous types, les particules gênantes pour une trachéotomie qui exigerait le confort.
Nettoyages des dépôts calcaires de rouille à l‘intérieur de l‘Enjoliveur. Réparations d‘un évier de porcelaine émaillé, ponçages de la surface ferrugineuse ébréchée ou écaillée à l‘aide d‘une toile émeri au grain moyen. Faire disparaître coûte que coûte les traces de savon rougeâtre et de rouille blanchâtre. Nettoyages de la surface à l‘aide d‘un chiffon imbibé d‘alcool (?) Ã
friction. Avec une brosse, faire disparaître à tout prix le vieux calfeutre ferrique, nettoyages de la jointure avec un chiffon imbibé d‘alcool à friction pour changer d'offre et de mélalcoolie. Raclures de bavures de silicone orangée sur la porcelaine. Lavages et asséchements du bord de la cuvette avant d‘installer le nouveau siège. Robinet de chasse dont la balle de caoutchouc rougeâtre et le clapet oxydé sont probablement corrompus. Nettoyages du siège du robinet de chasse à l‘aide de chiffons ou d‘essuie-tout afin d‘en faire disparaître les sédiments rouillés. Entretiens du robinet à flotteur rouillé, nettoyages des sédiments ferrugineux dela prise d‘eau à l‘aide d‘un tampon de nylon. Bordures sans doute encrassées et sortie du siphon obstruée, sûrement par une matière dévoreuse et cannibale. Nettoyages des orifices humains, redressages d‘un cintre de métal musclé et insertions de son extrémité dans chacun des trous du cul rimbaldien pour les désencrasser. Se procurer un nettoyant qui dissout les dépôts calcaires de rouille. Par pitié, emplissez d‘eau une seringue pour l‘oreille et rincez les saletés accumulées dans le siège oxydé. Si les altérations par les ondées lacrymales répétées ont rongé les orifices de pulvérisation et que l‘on souhaite remplacer la pomme rouillée de douche (?), allez donc chez un quincaillier ou un fournisseur de matériaux de chair en tuyaux et de plomberie humaine légiste pour s‘assurer que l‘extrémité de la nouvelle pomme a le même diamètre que la bague de serrage. Se servir vraiment dune alêne ou de l‘extrémité d‘une trombone que l‘on aura redressée afin de de désobstruer les orifices. Dissoudre les dépôts calcaires oxydés avec du vinaigre. Enlèvements des cheveux et des traces de savon rougeâtres qui obstruent le mécanisme d‘obturation. Désengorgement de la tuyauterie humaine: ventouses, furets, nettoyeurs chimiques très efficaces. Débouchoir à ventouse: chiffons, vaseline, mouvements de succion, rinçages des saletés, serre-joints en C, blocs de bois. Désengorgements d‘un évier au furet ou à la sonde spirale rouillée. Désengorgements de la sortie de vidange d‘une cabine de douche, cheveux agglutinés, restes de savon oxydé, crépine: le gros des saletés du corps, gants de protection, nettoyage des rainures de la crépine avec des essuie-tout, tige d‘une alêne, tournevis pour déloger les cheveux emmêlés. Désengorgements de la sortie de vidange d‘une cuvette, débouchoir à ventouse doté d‘une bride, tirage de la chasse. Diarrhées verbales depuis toujours. Dégorgeoir flexible, capacité à se modeler aux formes du tuyau, jeter six à neuf mètres de papier hygiénique dans la cuvette et tirer la chasse. Nettoyage des tuyaux, ponçage
des extrémités de tous les éléments ainsi que de l‘intérieur des raccords à l‘aide d‘une toile émeri. Ainsi, disparition de toute trace d‘oxydation qui pourrait avoir une incidence sur l‘intégrité des joints brasés. Applications de fines couches de décapant résistant à la corrosion sur les extrémités des tuyaux abîmés et à l‘intérieur des raccords à l‘aide d‘un petit pinceau. Nettoyages de l‘humidité rougeoyante. Former une boulette avec de la mie de pain et l‘introduire à l‘intérieur du tuyau ou du tube. Ne pas trop bourrer. La mie absorbera les gouttelettes rouillées d‘eau, de sorte qu‘elles n‘auront aucune incidence sur la brasure. Réparation des tuyaux d‘acier galvanisé ; lorsque l‘eau oxydée ne goutte plus du raccord fileté, nettoyages de sa circonférence à l‘aide d‘un papier de verre, ponçages de la surface jusqu‘à ce que toute la corrosion de rouille ait disparu et que le raccord brille comme une étoile ambrée, comme un soleil intact revenu des grisailles. Applications d‘un dégrippant si les filets du raccord et de la conduite sont corrodés au point qu‘il est impossible de les dévisser. Déposer quelques gouttes vieillies de dégrippant que l‘on laissera agir avant de disjoindre le nouveau. Le chalumeau aussi peut-être le cas échéant. Réparation d‘un siphon d‘évier qui fuit et qui s'oxyde, corrosion du siphon métallique en proie à l'Abandon, l‘eau commence à goutter: ruban de plastique extensible et étanche, mais par ailleurs oxydé, fourrage d‘un chiffon dans la rallonge du tuyau de vidange contre les gaz (rouillés !) des égouts remontant à la surface-'-
Poumons à bâbord. Bave de chien d'ivrogne, rouages malmenés, moteurs à ratées toussotant, blessures et lésions dans la respiration, expiration du souffle, sang dans les mains et sur le papier, cendres encore et toujours, sablier sûr, oxydation alvéolaire lente et Nuit tombante du Goudron, fièvre cancéreuse, tumeurs rusées bien planquées.
Vous moi, pâle lnceste parle Miroir imparfait de l'Âme, viol par ce qui reste de mes yeux, ceux d'un monstre aquatique, d'un Léviathan qui progressera et pourrira toujours à contre-courant de la vie de satin de Vos seins. Moi, vieux gamin mal conservé, pollué, infesté d'insectes malfaisants et de crapauds béants de toutes sortes. Vous qui respirez à pleins poumons les douces fragrances d'une Féminitude qu'il s'agit de dévêtir lentement, en quittant sa part bestiale, triviale, vile. Vous moi, affaire déjà même avortée avant d'avoir débutée. Vous sans moi plutôt, Vous qui me ferez pleuvoir quand même sur le palimpseste...
Dégoulinages, crevaisons de strabismes au scalpel, champs d'épandages septiques obstruant l'Horizon, immondices plein les caniveaux, taches de vins rouges et vomissures de tous côtés ô Sainte Marie, chercher aussi une bonne fois pour toute l'Assomption, se laver, se nettoyer, se purger, s'astiquer à s'en ôter même des bouts de peau, aller prier pour se peindre enfin virginal, spirituel, sans le fardeau souillé du corps. Parler avec le vent puisqu'il ne laisse aucune trace oui c'est cela mieux encore vouvoyer le Vent, l'Alizé. Aller au plus près de Pierrot et son croissant chaud sur la lune, rêver à jamais d'aurores boréales rien que pour la beauté physique du mot, cogner sa tête contre une étoile pour rythmer la chanson du bohémien, danser sur les cheveux fous d'une comète comme on sait si bien le faire en Roumanie.
Et pourtant. Et pourtant la Nuit étoilée est si vieux elle doit être rouillée elle aussi...
Moisissures sous l'évier obstrué de cheveux, salpêtre, tuyauterie constipée, jointure déficiente, fissures du paysage en mosai'que, empâtements maladroits, bavures de la glu, senteurs profondes de renfermé, rats à l'affût du moindre fromage hors d'âge, amas confus de viscères nauséabonds, séances de rattrapage de dissections ultra-professionnelles, funérariums dans chaque recoin de l'espace, morgues au sortir d'une mélancolie qu'on n'aura pas su soigner à temps, médecins légistes au-devant de toutes les scènes et que l'on aura toujours préférés aux sages-femmes, crémation d'intestins grêles à chaque seconde, pans de viande pulmonaire avariée, pendaisons à répétitions de noyés dépecés, petits caillots de marne rousse rimbaldienne, glouglous incessants si chers à << l'homme à tête de chou >>, occlusions des poches anales, terre ô terre qui se nourrie de cadavres en état de putréfaction avancée et de charognes à chair encore fraîche et qui ne laisse que des os terre ô terre royaume de l'lmpur à bannir et de la Fumure bienvenue terre ô terre tu me nourris je te nourrirai, même rouillé dela tête aux pieds...
Palenque. Quelques-unes de mes Fibres tentaculaires touchées. Avec joie naturellement. Nécropole des fers croisés, des guerres qui se reposent. Escaliers verdâtres et moussus. Descente vertigineuse vers la rouille la dépouille du roi Pacal. Ossements d'étoiles et d'astres superbes. Souvenance sculptée de dieux de la pluie ancestraux très joliment advenus. Parchemin délavé des soleils. Cieux ferreux et laiteux. Altérations magistrales de glyphes et de pierres
emboitées à la perfection. Possession secrète des lieux par un lierre rebelle et des lianes entremêlées. Echeveau confus pour maintenir stables les diverses strates d'oxydations. lade fade sans scintillements comme au temps jadis. Epuisements des changements de saisons. Atonie des fièvres sacrificielles. Légers reliquats délicats à peine perceptibles de polychromie sur toutes les bâtisses sacrées de la cité. Rouille des pigments naturels, des poutrelles et des étoiles assises juste au-dessus. Marques du temps à la surface des cenote et dans l'Essence même des jungles d'hostilités aux alentours. Echouages magiques de bâtiments espagnols aux quatre coins les plus livrés à l'abandon. Traces de luttes dans la végétation millénaire. Plus d'espoir de viol fort heureusement. Désormais, la rouille est en paix pour toujours. Elle se suffit à elle-même, à la pluie exclusivement. Aux chagrins salés des cieux et à leurs caprices. Elle n'est plus menacée par la sueur, par l'odeur forte, polluée et à jamais étrangère des conquistadores, avides d'or, de jade, de splendeurs précieuses. Par chance, ceux-là n'ont jamais eu le privilège de grouiller dans ces pyramides-là et d'y tenter coûte que coûte une ascension pénible par manque de souffle juste pour une effigie presque corrodé, un masque serti de jade mat; ils n'ont jamais pu se fondre dans les dédales comme les touristes bienvenus d'aujourd'hui et ils n'ont jamais pu développer ainsi des oxydations avant l'heure des sols, des couloirs, des parois et des escaliers par une transpiration malvenue et intrusive, par un rejet de greffe du tissu maya face à cet ennemi juré qui voulait anéantir toute la civilisation précolombienne. Désormais, oui désormais, la rouille est en paix à jamais à Palenque et elle magnifie même le Lieu comme un papyrus précieux. Il est même conseiller d'y dormir à la belle étoile et d'un profond sommeil et ainsi d'accompagner la mémoire de tout un peuple bâtisseur de merveilles et de minéraux ferrugineux...
Yohann GARDON, Brignais, Saint Genis Laval, mars et avril 2015, atelier << Autobiographie/ Ecriture de soi >>.
|