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Annonce : Des Hommes enceintes...
Publié par Vadnirosta le 12-03-2023 14:48:03 ( 116 lectures ) Articles du même auteur



Des Hommes enceintes...

Au temps jadis, une planète lointaine anonyme et en suspension dans le froid boréal abritait un
peuple barbare, égoïste et, par-dessus tout, belliqueux et sans pitié. Loin, très loin de la morale et
des règles qui régissent la Nature, cet astre n'avait jamais vu advenir le moindre dieu, la moindre
vestale. Comme sur toutes les planètes, des envohisseurs venus de la Terre s’étaient débrouillés avec
tout leur système D pour trouver un lieu de refuge : c'était bien évidemment ces Rromolen qui, avant
de repartir d’lnde (selon la légende) lorsqu'ils gagnèrent la Terre, avant de s'y disperser en Europe
occidentale, avaient foulé d’autres planètes au moyen de soucoupes volantes, verdâtres et
sommaires. Sur l’une d’elles, Celle qui nous intéresse ici, tous les hommes d’âge mûr susceptibles
d’obtenir une miséricorde extradivine pouvaient être enceintes. Moi qui faisais partie du peuple des
Barbares, j’ai rencontré une nuit de pleine lune un homme hâlé, tout simple et aux sillons très
profonds qui m’a raconté son histoire avec celle de sa fille malgré le fossé béant qui nous séparait.
Bien que non civilisé, j’étais écorché vif et je fus émerveillé par Sa joute Verbale Charnelle
(habituellement maternelle - je veux dire féminine - chez nous) qui jaillissait depuis la Fontaine
lumineuse et quiète de ses prunelles. Désormais, je le nommerai pour toujours en disant ll; je
n'omettrai jamais le « i » majuscule que, seul parmi mon frères, je réserve habituellement à la
Femme... Voici réécrites et magnifiées Ses splendeurs, toutes serties par ma plume au moyen d'un
vocabulaire àla hauteur de l’Evènement...

|| connaissait sa première culotte toute rose en soie qu’“ a pu récupérer gratuitement aux Troupes
d’un Renfort pour les Hommes Verdâtres. || savait sa jolie dentelle impeccable et puis le ruban cousu
main par une Femme, échappée des clans et des guerres.

|| savait cette pointe qui avait transpercé et violé l’intimité de la pauvre cabane familiale je veux
dire en son intérieur. || savait que la petite s'était blessée au dos alors qu’elle tétait Son sein viril. ||
savait ses petits cris alors qu’elle saignait, à son échelle certes, mais par filets qu’ll avait portés depuis
l'intérieur de Son ventre; une nouvelle plaie c’est sûr, un nouveau sanglot incrusté dans un peuple
qui aboie.

|| savait ses regards de plus en plus nuageux, de plus en plus boueux, et son visage, son écueil, en
partie noyé et plein d'embruns, lorsqu’elle demandait une mère protectrice et musclée les soirs de
rafle. || savait pour elle le manque cruel d'une poétesse bipolaire venue du peuple des Barbares,
l'absence douloureuse d'une force herculéenne, enfin dénuée de lassitude, d’amertume et de
mélancolie.

|| connaissait sa première dent se cariant (l'incisive du bas) qui fut la plus douloureuse. || savait
d'ailleurs les mêmes relents que lance en Lui le mal à chaque quenotte de sa petite sauvageonne,
Celle qu’ll couvera alors même qu'ils auront tous deux leurs rides les plus stylées, alors qu'ils
resteront unis et mariés sans seigneurjusqu’à leur mort.

|| savait comment se plaçait le moindre de ses cheveux lorsqu’elle se réveillait le matin. Il savait le
plus petit épi. || connaissait aussi le nombre exact des petites plumules de son duvet d'oisillon. Il a
compté plus tard toutes les jolies Erreurs qui tombaient à pic chez elle, toutes les mèches rebelles les
racines tordues des mangroves submergées par les Désastres les plus finement menés.

|| connaissait par cœur le galbe de ses hanches, la ligne de ses seins mais il ne savait dessiner. ||
savait aussi son toit de velours par où s’échappera le Fol Enfant puisque les amours les plus belles
sont les amours incestueuses... || connaissait même sur le bout des doigts la cicatrice de sa
césarienne, la cicatrice de cet accouchement dont || refusera l'attribut « erroné » pour les épithètes
« inoubliable >> et « unique >>.

Il savait surtout au tout début ce cher poids des plus légers (sans doute parce qu'il n’y avait plus de
trace de roses épineuses fanées ni même d'amour d'amitié* de la Femme tout court sur Son
palimpseste) comme un ballon très familier, cette présence intime de sa toute petite enfant sous la
peau d'enfant de son ventre qui frémissait, cette Conversation ineffable de soi à soi-même sans
jamais tourner en rond. || savait de temps en temps que bougeait un tout petit pied ou qu’une toute
petite pirouette s'insinuait en Lui. || savait que la Fusion était la plus belle chose au monde, tout
comme l'instant où l'Enfant glisse à travers vous jusqu'à l'orée du jour où elle s'échappera à force
d'être lourde.

|| savait que cet instant est l’Eternité.

*= Cf. les expressions « aimer d'amour » + « [Vl'amie ».

Yohann Gardon, Brignais, janvier 2015, atelier « Autobiographie ».

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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