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Accueil >> xnews >> Polyèdre cristallin des souvenirs de Coise. - Annonce - Textes
Annonce : Polyèdre cristallin des souvenirs de Coise.
Publié par Vadnirosta le 11-03-2023 10:38:37 ( 120 lectures ) Articles du même auteur



Polyèdre cristallin des souvenirs de Coise.









On pousse à Coise comme une branche sur l’arbre ablagé
Avec le temps les Ramures rejoindront les nues
« Laissez la libre pousse des branches ! », dit un curé
Bês ! Tous les Robin se noieront dans le Salut…

Grand-maman et grand-papa étaient paysans
Ils restaient plantés là devant l’abaragnée
Le soir passaient à la ferme deux trois abouchants
Ça discutait d’un parent mort dans les tranchées…

Les mouches bombinent autour des puanteurs d’automne
A l’heure pénible de la fumure acuchonée
On salit les pompes aurorales et les cloches sonnent
Afin que la prière balaie tous les péchés…

De vieux métiers peuplaient les quatre coins des bourgs
Même si les putains y étaient franc rejetées
Puisque la loi des bigotes régissait l’amour
Il fallait des jolis mâles mieux se protéger…

Les bistrots ont la fragrance des Gitanes maïs
Les vieux y affluent à borgnette d’un pas ridé
On papote gentiment, le cœur gorgé d’anis
Les derniers partis ont la voix toute éraillée…

On n’est pas vraiment aristocrate par ici
Tant la Terre a pris possession de ces gens-là
J’ai vu des mains d’ogres, creusées et endolories
Qui saignaient le jour d’un mariage en plein repas…

Je me souviens d’un grand-père assis près du poêle
Il restait des heures sur la naine blanche des peines
L’Aventure, ça se cueillait sans hisser les voiles,
C’était la clé des chants de bodes faute de sirènes…

Adon, c’était la courte paille pour les études
Maman a eu la chance de tirer la plus grande
La sœur des pupitres, dénicheuse d’aptitude,
L’envoya étudier les Zola et les Sand…

Je me revois enfant rêveur en ce pays
Qui offrait à ma vue repue monts et merveilles
On explorait le corps des cousines sur des lits
De fortune… Ô petits jeux coquins de nos veilles !

J’aimais Malval et Grataloup pour leurs odeurs
Ça sentait bon le Rustique, les vieux oripeaux
De tristes bitors pendus faisaient le bonheur
Des narines éveillées dans l’ombre, tout là-haut…

Les grands-mères des marais ne sont pas arrapées ;
Les serpents fuient les porte-monnaie qu’on déterre.
Bien qu’elles aient parfois le cœur gros et élimé,
Z’ont le cœur large et les prés quiets de Déméter…

Y’avait Nanar qui revenait borfe de la chasse
Avec sa cartouchière, son fusil, ses « oussi !»
C’était la fol Gloire de mon Oncle à Larajasse,
Les garigues sont des champs à barabans cafis…

L’évangéliste Jean est le patron des foins
Les dailles échaplées miroitent au soleil d’été
Celui qui fainéante trop doit quitter le coin
S’il se garde les gotchillons et va borvoler…

De vieilles veuves édentées se traînent au cimetière
Elles viennent fleurir les tombes des anciens combattants
Le sol du Labyrinthe maudit les sabotières
Tant le labourage s’accentue au fil des ans…

Les bals à la campagne ont bien mauvaise haleine ;
Des tonneaux coule le doux breuvage qui rend moins con
La lie des villes y abonde, c’est pourquoi, vilaine,
La vieille à la santé du Borgne boit des canons…

Les sourires de l’Entraide ornent le pays ;
Sa robe d’azur fait la couverture aux moissons…
Les Tâches s’enchaînent et miroitent à l’Astre établi
Puis se lavent le soir à la niôle du patron…

Coise a eu sa révolution à la française
Des monts et champs montaient des chants de doléances
Les bourgs avaient leurs gueux bien avant les Gervaise
Millet était là pour s’en faire sa belle Byzance…

Les rires champêtres s’irriguent aux acolailles
A défaut de confort, on aime le Réconfort
A l’Effort mêlé. Ô Fête à cochon ! Aïe ! Aïe !
On y saigne l’animal qui hurle à la mort…

Je me souviens des Cènes à la mort des années
On se partageait le pain et le bon pinard
L’église s’enveloppait d’une aura étoilée
Des baisers chauds circulaient, gonflaient l’Âtre hilare…

Ici on est riche de vertus, de bonne foi
Chrétienne et catholique… Mais l’Art est à la ville…
L’Annie a mis son grain… Ô tables de la Loi !
Ô Tréteaux du Grand Val ! Les Incompris tombent pile !

Au Mille- Club on laissait de côté sa tenue
De semaine, sa retenue au soir du Réveil
Que chaque Nouvel An ravivait à la charrue ;
Le Village se serrait dans une ruche à abeilles…

Je contemplais le néon aux mouches léthargiques
Sans doute trop repues de bousats et de fion
On s’esquintait les feuilles sur le pré des Colchiques
A coup de quintes, de modes majeurs, d’accordéons…

A l’heure où les poëtes se rendent sur Saturne
Des brabants s’affairent à rider le Front des champs
La piautre est détestée, on préfère l’Etoile diurne
Ô Barbizon, belle meille de tous les harassements…

Le monde des vieux pelotonnés se rapetisse
Mamie est un peru ridé dans une panière
Parmi la Graine, le Mûr, le Verdit encore lisse
Ça va « du lit au lit » sur une île en plein vert…

Au téléphone, mère-grand est souvent barbeleuse
Les nouvelles se propagent vite aux champs d’épandage
La mère machin nous fait une tumeur cancéreuse
Le Guy est mort au volant après l’arrosage…

Au faîte des Monts trône l’archange déchu des Grands Soirs ;
Voici le fameux idiot bobias du Village
S’est marié avec Celle qui a toujours le noir ;
Cocktail explosif… Folklore… Oh ! Bel Etayage !

La paysanne n’avait pas le temps de galer ;
L’aube la voyait faire la buïe dans les lessiveuses
Du zinc s’échappait la buée des Propretés
On rinçait à la serve parmi les mïes chougneuses…

Chez tantine Odile on s’en lètchait les babines
Car elle avait la main blanche de la fromagère
Savait faire le sirat de ses papilles divines
Ô salou ! Que j’aimais devant toi faire pranière !

Les villageois s’habillent en dimanche pour la messe
Où l’on remet les pendules à l’heure des nuées ;
Les « Mon Dieu, je Vous l’offre ! » poussent au froid des tristesses
Qui prennent les âmes des humbles comme au temps des corvées…

Après les rendez-vous pris avec le Seigneur
On va se seoir aux tables en bois. Ô Rituel !
L’esprit des guerriers morts plane dans le secteur
Marianne contre : « Pas de débordement par l’aile ! »

De jeunes gens en vert montent en bagnole à Saint- Sym
Et se joignent à deux trois soûlards dans un café
Ça bajasse du Révolu, un verre à la main
Au comptoir, quelques mots : cancer… Cirrhose… Larqué…

La destinée des bêtes est cruelle par ici
Le cirque est ailleurs, z’ont pas vu l’Homme- Eléphant ;
Les bœufs se meurent, se tuent à tirer le drobli
Les devenants de blagues ont peut-être des sentiments…

Ainsi ai-je parachevé mon travail d’orfèvre ;
J’ai ceint le diadème du Beau, du Verbe des Monts
Mon chant est un Prisme de Quartz qui baise les lèvres
De la Terre- Mère des anciennes civilisations…

















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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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