Quand s'entend le chant lent du vent qui dans les champs blancs s'étend, soulevant doucement l'onde d'argent de l'étang puis fuyant, musant et soufflant, vois ce souffle tournoyant en régent de talent s'en allant en s'amusant . Regarde ce bel amant, ce sultan soufflé de Ceylan, des Balkans ou d'Assouan, venu des cimes des banyans des océans d'orient. Entend ce vent il te saoule, sur toi descends, se glissant suave et lent comme un onguent sur tes flancs tremblants. C'est l'indolent vent lent qui va léans volant Sur terre tous habitants partageant le même vent, cette mousson du temps d'avant, survol l'océan, s'enfle sous le cèdre au Liban, s'enfume des essences d'encens, pour maintenant en ce moment présent, devenir charmant chouan, en ce lieu du sol Franc, ce souffle du temps à l'effet glaçant. Vois le, cet opulent courant chuintant sous le ciel rougeoyant, sifflant des serments ardents, il est puissant olifant long serpent s'enroulant sous les bancs, dans les feuilles safran de l'arpent couvert de sarments des ceps en rang. Il s'en va fendant et crissant, dans son élan s'envole se fait chaland porteur d'engoulevents pour chahuter l'écran verdoyant, le pan de mur de feuilles ocre et sang. Lentement, il attend, soufflant il entre sous le chaume en chassant les cancans souvent désolants, des compères paysans, enfants méchants d'antan devenus brigands violents chuchotant sous le battant, comme chat-huants, simples ignorants se croyant titans. Il siffle souvent céans, l'insolent vent volant lent. Que j'aime ce vent fervent, qui, bon an, mal an, va chantant avec talent son bruyant roman, il module ses roucoulements, aux faisans dans l'origan, au faible faon qui boit au torrent, puis de temps en temps se gonflant en souffle époustouflant il emporte l'ardent et noir grand milan ce royal occitan, puis perdant son allant, il cesse ses airs insolents, s'éteint et serein il redevient clément, s'en va, musardant, ou chahutant les branchages de charmilles, et les charmes chancelants, il va son chemin suivant le mitan, errant, il est caresse ou grondant, souffletant, mouillant griffant et giflant, s'effilochant, ancien vent dément, il est devenu à présent finalement, au gré des ans, mon joli vent d'autan. Sans faux-semblant il me séduit l'innocent vent volant lent.
Loriane Lydia Maleville
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