Laurence,
Un sourire qui éclot, Une âme meurtrie dans un corps pris d'assaut par la paralysie; et pourtant... Et pourtant... Et pourtant, tu prends ta douce revanche sur l'immobilité... Car ton âme voltige, virevolte gaiement, fait le soleil dans le cœur des ténébreux que nous sommes et devient funambule sur le fil fragile de la vie... A tes côtés, nous ne devons que refuser l'apitoiement facile sur nous-mêmes... A tes côtés, il nous faut essayer de nous hisser à tes chevilles même si le travail paraît aberrant...
Tu roules, tu roules, et c'est un peu nous à qui tu devrais apprendre à apprécier encore davantage les moments où les flux et les reflux s'atténuent, ces instants passagers et merveilleux où, d'un regard, d'un geste fraternel, on se partage en quelque sorte nos roues de chariots psychiques ou mécaniques... Ces multiples infirmités sont balayées, oubliées, voire sublimées le temps d'un échange: je te donne mes mots extirpés de mes maux et toi tu me prêtes tes roues. Demain, j'irai te les dessiner autrement, d'une manière sans doute insensée, le plus près possible du Scintillement... J'ornerai ainsi ton chariot de quatre cercles parfaits vertueux puis, lorsque nos strabismes auront disparu l'un dans l'autre, je m'en irai louanger la vie haut et fort par les exclamations qui suivent: « ça roule! » ou encore « ça va comme sur des roulettes! »...
Et surtout, surtout par dessus tout, n'oublie pas de garder ce regard suave qui t'étoile tout près de la lune, ce souci permanent des autres, véritable leçon de vertu à l'égard de cette société égoïste où l'on roule sans s'attarder vers la chute certaine, le gouffre insatiable, la calcination des âmes abjectes...
Je te laisse ces quelques rubans verbaux et les dépose sur ton chemin de vent afin que tu saches que tu fais empreinte dans ma vie...
Yohann, clinique de Vaugneray, 4 janvier 2010.
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