Rimbaud!....Bohème!...Paris!....Absinthe!.... Des mots gravés en lettres d'or à clamer haut et fort... Où est ce temps définitivement révolu où le poëte s'allongeait dans l'herbe pour mieux contempler l'Ophélie de son cœur? Où sont partis ces illustres hommes de lettre qui aimaient à se retrouver autour d'une table et que le Peintre immortalisa en posant son chevalet dans une maison bourgeoise de Paname? Que sont devenues les ivresses d'antan, les bribes de refrains des rues que chantait le petit peuple de Paris? Où se cachent les vieux ateliers de Montmartre, demeures des pinceaux et des bohèmes surannées?  Aujourd'hui, il n'y a plus que des villes grises, neuves, sans charme ni beauté... Les hommes sont devenus fous, tellement fous qu'ils désirent même toucher le ciel en construisant ces hideux buildings qu'une horde de terroristes viendra bientôt pulvériser au moyen d'avions détournés... Désormais, les rues se parent d'agences immobilières toutes identiques les unes aux autres et dont les intérieurs en bois sont impeccablement cirés, fabriqués... Les gens courent vers leur argent, courent si vite qu'ils parviendront peut-être à ne pas manquer leur bus... Aujourd'hui c'est lundi. Après un bon week-end en thalassothérapie, la classe des cochons se remet au travail. Après avoir enfilé un costard-cravate, elle ira se réunir dans les bureaux des plus grandes sociétés multinationales pour une semaine. A une année-lumière d'ici, flambent les bas-fonds. La police vient d'arriver sur place et réprime une tribu de voyous s'affairant à brûler des voitures défoncées. Ainsi va notre monde, toujours de travers, inexorablement happé par la mouvance des sables mauvais... Seule demeure intacte, inaltérée et inaltérable la classe des cochons. Elle prospère et s'engraisse de jour en jour. Elle vit virtuellement, le regard plongé dans des écrans d'ordinateurs portables. Le soir, le cochon peut jouir d'une vie familiale réussie; il est marié, père de deux enfants. A 23 heures, après le film, il goûtera peut-être à une petite gâterie; au menu: sport vespéral! Le cochon travaille pour gagner toujours plus d'argent; il veut gagner mieux durant sa retraite; quand il sera à la retraite, il boursicotera pour le toujours-mieux-être de sa progéniture et surtout pour pouvoir se payer un beau caveau tout en marbre... Quand il sera en enfer, le cochon pourra peut-être acheter son salut à Dieu mais ça c'est moins sûr... La meilleure amie du cochon est une machine à sous en plein cœur de Monaco...
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