Artistes maudits.
Nerval...Pavese...Van Gogh... Ô tisseurs éternels du Beau! Ô sublimateurs de la folie, du mal de vivre! Que s'est-il passé dans vos pauvres têtes le jour où vous avez choisi d'en finir? Etait-ce la lassitude de la vie ou bien le désordre perpétuel en votre esprit qui vous poussa à frapper aux portes de l'Outre-Tombe? Croisez-vous aujourd'hui de voluptueuses néréides près des torrents de miel qui courent dans le Jardin d'Eden? Goûtez-vous enfin à la béatitude, vous qui partiez sans cesse en quête d'absolu quand vous étiez encore des hommes? Des hommes que le génie a nimbés pour l'éternité... Vous avez chanté ou peint la rouille de vos rouages, la pièce manquante qui laissait votre puzzle inachevé... Votre art éclatant vous a sans doute permis de retarder votre trépas bien qu'il vous ait, selon moi, délicieusement marginalisé. Vos pinceaux, vos plumes et vos toiles ont été vos compagnons de misère, les meilleurs amis qu'un artiste puisse espérer rencontrer sur un chemin semé d'embûches... Chacun de vous avait sa propre méthode pour rejoindre les cieux étoilés, pour ériger une nouvelle constellation admirable. Gérard, onirique, s'évadait dans le faste des châteaux de Bohème pour fuir sa condition misérable d'aliéné tandis que Vincent écrasait sa folie en retournant dans tous les sens la matière épaisse sur la toile. Quant à Cesare le mélancolique, il laissait trébucher son humeur monotone le long de ses vers en espérant que la Camarde viendrait l'emporter d'un regard maternel...
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