Un soir...
Un soir je râlerai tant que je mousserai du goulot en meringué... Un soir je râlerai tant que je ferai de belles bulles d'aquarium fatiguées... Un soir je râlerai tant que les gens croiront que je prends mon bain avec les éclaboussures en masse tout autour... Un soir je râlerai tant que j'encombrerai les libres circulations de tout... Un soir je râlerai tant qu'il manquera pour toujours la chantilly dessus ma bouche béante... Un soir je râlerai tant que je ne verrai que moi... Un soir je râlerai tant que je n'aurai plus le souffle de m'offrir physiquement et culinairement à ta bouche... Un soir je râlerai tant que la dégustation ne sera plus que perverse... Un soir je râlerai tant que je gonflerai vahiné de la cage et sans air... Un soir je râlerai tant que je loucherai monstrueusement sur mes deux épaules... Un soir je râlerai tant que seule une lacération au rasoir aura la possibilité de rétablir les échanges... Un soir je râlerai tant qu'il faudra me déplacer au chariot des hippopotames... Un soir je râlerai tant que je réclamerai pour la première fois l'hôpital d'urgence... Un soir je râlerai tant que je ferai sauter d'un coup tous les appareils autour... Un soir je râlerai tant que je n'aurai plus que mon cerveau et puis aussi ma folie intacte de pouvoir loucher encore entre le partir et le rester... Un soir je râlerai tant que je n'irai à jamais que du côté de moi-même et puis aussi du tuba... Un soir je râlerai tant que mes veines sailliront toujours plus, remplies à ras- bord de reliquats solides de fumées... Un soir je râlerai tant que je déborderai de moi-même, plus très loin des étoiles et du Mercure... Un soir je râlerai tant que je subirai d’affreuses déformations au visage et aussi dans l'air inoccupé tout autour de ce que je suis (devenu)... Un soir je râlerai tant que les mouches, les charognards et les vers afflueront, croyant cette « chose », cette chair déjà morte... Un soir je râlerai tant que d'attentifs infirmiers balaieront les cendres sous le lit trop petit pour ça... Un soir je râlerai tant que je baverai spongieusement et sans m’en apercevoir le trop-plein de mon capital « mucus glaireux gluant »… Un soir je râlerai tant que je serai chose enfin plus volumineuse que mon ensemble tentaculaire arbustif, que tout mon complexe respiratoire grossi…
Un soir je râlerai tant que je ne me reposerai enfin que sur moi… Un soir je râlerai tant que j’exploserai enfin de déplaisir…
Un soir je râlerai tant que je ne me raterai pas tant que ça...
Saint-Genis-Laval, 18-19/07/2012.
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