Mixte...

A l’intimité de cette souffrance…





Je vois un corps d'homme sans le voir. Un homme que l'on dira nu même s'il est habillé. Il est quelque part dans la ville de Lyon, dans le métropolitain ou plutôt dans le tramway. Mon regard tordu le vise en haut et au centre simultanément en suivant bien évidemment les routes divergentes de la torture (de tordre).Que voit-il donc de si extraordinaire, de si spectaculaire, de si insolite, ce regard? Je vois un homme maintenant tout le temps car je l'ai vu mille fois cogner dans ma tête.
En haut, je vois ses yeux dont les iris synchronisés font des allers- venues à droite à gauche, balayant ainsi sans bouger tête tout le champ visuel horizontal de l'Œil. C'est tout ce qu'il y a de plus banal jusqu'ici, me direz-vous! L'homme se trouve dans un tramway (je l'ai déjà dit) en mouvement et du côté de la vitre et son regard s'accroche frénétiquement (comme un diable) brusquement agilement à un point fixe dans la rue puis, le mouvement passé, s'arrête sans se tromper au prochain, et ce, tout au long du voyage. Ainsi, le mouvement de la machine (le tramway) pousse cet homme à avoir ce mouvement coordonné ordonné des yeux. Cet homme est bizarre, voyez-vous puisqu'il a des yeux qui bougent tout seuls... Mais qui est donc le donneur d’ordre dans cette curiosité subtile ? Je parle ici de curiosité car je suis un loucheur. Un loucheur qui se demande par ici où est passé le strabisme infâme qui se communique et qui vous guette, cette infâme défaillance du Muscle Oculaire, cette intime divergence (pour certains dont moi-même) toujours à l’affût d’un ballet endiablé d’iris fous et ce, dans le monde entier. Je veux dire par là que cet homme doit être véritablement guetté par le strabisme, lui qui agite ses yeux dans tous les sens au rythme des stimuli et des ordres électriques. Les yeux de cet homme me font penser à une diode à l’avant de chaque tour d’ordinateur avec le bruit fin mécanique et précis qui s’accompagne…
Cet homme, je le regarde aussi au centre. Je veux dire par là au niveau de son sexe : je vois un énorme phallus monstrueux tout gras, tout gonflé, tout boursouflé, tout bouffi, tout plissé qui se met à projeter et sans énergie une pisse d’un autre âge, chaude, jaunâtre, jaunoïde… Le gland est bien gros, pas très ferme. Ce pourrait être le gland d’un gros monstre pour le moins abattu, repu ou celui d’un vieux fumeur de Gitanes. L’urine chaude sort de ce mastodonte avec peine. C’est la pisse imprécise et capricieuse d’un sexe de vieux voilà tout. On imagine alors les ordres qui se propagent à l’intérieur avec beaucoup de difficultés… Certains doivent être même tronqués tandis que le Fouillis global doit être quelque peu avarié… Les mécanismes ne sont plus huilés depuis longtemps dans ce corps abîmé par la vie et qui lutte sans force contre la nonchalance d’une prostate ou de tout autre organe important… On imagine facilement un homme d’une soixantaine d’années qui ne peut plus baiser ni éjaculer ni même exécuter toute forme de sport amoureux (et tout sport tout court d’ailleurs). C’est « la paresse des jours » comme disait un ami cher…
Ainsi, cet homme-là est mixte. Dans sa tête, tout fonctionne plus ou moins (cf. son ballet électrique précis d’iris) et d’un autre côté, sur le plan somatique, il est défaillant, hors d’usage (cf. son pénis mal en point)…
Mais qui est donc cet homme si complexe car ambivalent ?
Cherchez-le dans mes fibres, juste derrière mes hublots encrassés par les années et puis aussi dans l’essence même de mes plus intimes salissures…


Décines (HDJ) puis Saint-Genis-Laval, 13/07/2012.