Le temps de finir la canette…
Aux escaliers usés des berges du ruisseau… Aux ombres qui y défilent…
Le temps de finir la canette J’aurai entrouvert la braguette Afin d’inonder l’horizon Sous la mousse des cargaisons J’aurai levé un doigt très haut Au Tout- Jean Zay*, à ses fléaux J’aurai aimé un temps Crystel** Un temps tout court, à son échelle J’aurai fait nager le baiser Ses eaux pures et ses mers sucrées Dans le désordre de nos fêtes Le temps de finir la canette…
Le temps de finir la canette J’aurai mis en pièces la miette Du dernier cri, du nouveau feu Mille au reboire après l’adieu J’aurai trois femmes en même temps : La baisée sous le firmament, La mourante en mon envolée, Et puis la nouvelle étoilée J’aurai recousu mes strabismes Et puis la peau de mes séismes La tête de Marie- ‘Toinette Le temps de finir la canette…
Le temps de finir la canette J’aurai planté la grand- fourchette Dans la gamelle du plaisir Entre les cuisses du partir J’aurais doré tout un passé A la broche après ma ruée J’aurai ressuscité grand-père J’aurai recréé l’univers J’aurai mené la reine*** au bois Et fait sauter mon propre roi*** En montant sur mes grands chevals Le temps de finir le guindal…
Le temps de finir la canette J’aurai remarié la Fanette Au Grand- Jacques de la chanson Être à la fois tout beau moins con J’aurai trouvé la clé des chants A labeurer en m’asseyant Boire et fumer c’est du travail Y’a mêm’ le ruisseau qui déraille J’aurai assassiné la mort Désinfecté tous les remords Vous n’auriez pas une piécette Pour me finir à la canette ?
* collège de Brignais, un lieu de ma scolarité. ** ex-amie ; petite rousse. *** le roi et la reine désignent ici le chagrin, la mélancolie, l’angoisse, la folie, bref, tous ces chiens et chiennes qui me tiennent en laisse.
Brignais, 20/05/2009.
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