Le corps ici, l'âme en vadrouille Je vois ces femmes d'avant, Dont le cœur était en quenouille. "Femmes d'intérieur", toujours astiquant. Des prénoms tournent autour de ma vie Émilienne, Artémise, Berthe, Aurélie, Ces femmes si vaillantes, Sous-traitées, jugées insignifiantes Celles qui nous ont ouvert la route Celles qui n'étaient qu'évier et soupe.
Celles qui nous ont précédés Celles qui nous ont tout donné.
C'était le règne des longs jupons, Des cols amidonnés et ourlets en plomb De la pudeur et des genoux serrés. C'était la raideur, corps corseté C'était alors, les robes du dimanche Rougissantes et gaines sur les hanches Des femmes timides, silencieuses, Toutes humbles et travailleuses, Sous les fichus et les prières. C'était l'époque des ménagères.
Celles qui nous ont précédés Celles qui nous ont tout donné.
Cuisinières et femmes de charge Sans valeur et en marge Pliées sous les seaux de charbon Des femmes simples tâcherons Et portant les seaux d'eau. Toujours au travail en sarrau Vous mes ancêtres adultes à 14 ans Le ventre fécond avant 20 ans. Vos chaînes furent lourdes Et vos amours souvent sourdes.Â
Celles qui nous ont précédés Celles qui nous ont tout donné.
On les voulait serviles Mais souvent elles furent habiles Préservant en silence l'essentiel Leur esprit et leur gout du miel Elle traçaient le sillon Préparant calmes leur révolution Elle nous ouvraient la porte Pour une vie de femmes libres et fortes Loin du religieux sexisme suprême Elles ont chassé sans violence l’anathème.
Celles qui nous ont précédés Celles qui nous ont tout donné.
Lydia Loriane Maleville
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