La situation d’Armand et ses amis se révélait très précaire, Lirnir les entourait, et il était accompagné par plus de cinq cents hommes. En outre Siméon le mage parvint à éteindre les flammes qui brûlaient son corps en se roulant par terre. Il allait exercer d’ailleurs une vengeance terrible contre ses ennemis. Il se promit solennellement d’infliger des représailles sanglantes. Il ne sanctionnera pas seulement Armand et ses camarades, il produira aussi des punitions sur des marins. Certes ce furent des pirates les principaux responsables de sa déconvenue par le feu, mais Siméon tenait à se faire la main. Il trouvait qu’il ne se montra pas assez autoritaire depuis quelques temps, il s’imagina qu’il fit preuve d’une faiblesse coupable. D’accord il faisait fouetter pour un oui ou un non au moins une personne chaque jour, il ordonnait le trépas par pendaison d’un individu par semaine, il terrorisait les personnes destinées à le servir. Toutefois il se jugeait un peu rouillé, il estimait qu’il se laissa aller à une certaine mollesse spirituelle. Alors il ordonnera la mise à mort de cinquante marins pour son bon plaisir, quand Armand et ses compagnons seront appréhendés. Non en fait le mage caressait d’autres projets, il eut une nouvelle idée horrible. Il développa un plan particulièrement pervers et vicieux. Il allait forcer des marins à participer au jeu de la barbichette, et à donner une légère tapette avec la main sur la joue du perdant. Le mage finit par se ressaisir, abandonner son délire à propos de la barbichette. Il subissait encore les effets du joint, mais il redevenait petit à petit lui-même, un monstre adepte de plaisirs malsains et cruels.
Lirnir : Colonel soignez son excellence magnifique, elle a manifestement besoin d’une aide médicale. Lote : Bien vice-amiral, je m’en charge tout de suite. Siméon : Ce n’est pas la peine, je guéris très vite, je me régénère à une vitesse surnaturelle. Regardez la cicatrice causée par le feu sur mes fesses disparaît à vue d’œil. D’ailleurs que faites vous ici vice-amiral ? Je croyais vous avoir donné l’ordre de ne pas intervenir. Lirnir : Je vous ai vu en difficulté donc je pensais que mon devoir consistait à vous secourir. Siméon : Je suis un mage redoutable, je n’ai besoin de l’appui de personne pour m’occuper du menu fretin, de petites frappes insignifiantes. Lirnir : Pourtant vous avez crié de douleur. Siméon : Un simple incident sans importance, retournez sur votre bateau, et attendez moi. Je réglerai l’affaire de l’artefact d’ici quelques minutes. Lirnir : Vous êtes certain de ne pas vouloir de soutien ? Siméon : J’ai pourtant été clair, ouste et plus vite que ça sinon je me fâche. Lirnir : Très bien bonne chance alors. Siméon : Je n’ai pas besoin de chance, je gagne pratiquement à tous les coups. Bon Armand et Sig vous m’avez bien eu, en hommage à votre valeur intellectuelle, je vous accorde quelques minutes pour vous rendre ou faire vos prières.
Sig (murmure) : Armand c’est notre chance, Siméon est diminué et seul, en joignant nos efforts, et en l’attaquant en même temps, on peut le battre. Armand (chuchote) : Je crois que tu sous-estimes grandement notre adversaire. Sig (murmure) : Peut-être mais lui aussi, il est tellement arrogant, qu’il ne recourra qu’à la moitié de sa puissance, peut-être moins pour nous nuire. Armand (chuchote) : Plutôt que l’attaque frontale, je suis d’avis d’user de ruse.
Siméon : Je vous entends très bien, c’est courageux mais futile d’essayer de me résister. Sig : Après réflexions je dois admettre que vous avez parfaitement raison. D’ailleurs vous êtes tellement intelligent que tentez de vous berner conduira immanquablement à un échec retentissant. Siméon : Tu as parfaitement saisi la différence de niveau entre moi le brillant parmi les brillants, et le reste de l’humanité. C’est un bon début, tu me sembles plus dégourdi que la moyenne. Sig : J’ai juste fait preuve d’un minimum de bon sens. Mais que faites-vous ? Siméon : J’admire mes mains parfaites, je ne peux m’empêcher de les regarder souvent longtemps, cela me gêne d’ailleurs beaucoup parfois. Sig : Dans ce cas pourquoi ne pas porter de gants ? Siméon : Merci pour l’astuce, tu as un bon niveau pour un minable inférieur, j’ai presque envie de te prendre pour apprenti. Sig : Ce serait un très grand honneur, j’ai d’ailleurs une autre idée. Si vous vous attachiez une corde autour du cou, et que vous restiez pendu dix minutes, vous auriez une marque qui diminuera un peu votre incroyable beauté. Siméon : Tu as raison, je vais tout de suite m’y atteler. Que veux-tu en récompense pour tes suggestions intelligentes ? Sig : J’aimerai avoir le droit de retourner sur mon bateau. Siméon : Permission accordée.
Lote le colonel hésitait à rapporter à Lirnir le contenu de ses observations, il se demandait s’il ne fuma pas quelque chose de fort récemment. Certes il essaya une nouvelle marque de tabac, et il existait une polémique sur la fabrication de certaines cigarettes. Mais Lote choisit de se fournir avec un produit relativement propre, d’acheter un bien de consommation auprès d’un fabricant de tabac qui ne mettait pas des dizaines de cochonneries chimiques comme du goudron et de l’arsenic. Cependant il y avait peut-être quelque chose de louche dans les cigarettes que le colonel fumait. Il s’agissait peut-être d’une erreur involontaire du fabricant de tabac, ou alors Lote développa une allergie grave. Cela pouvait arriver, une personne qui supporta pendant longtemps une substance x, pouvait assez rapidement avoir des symptômes spectaculaires en présence du facteur x à cause d’une allergie brutale. Le colonel pensa à se débloquer du temps durant ses congés pour aller voir un médecin. Il croyait souffrir d’hallucinations particulièrement loufoques. Pour l’instant ses délires psychologiques ne s’avéraient que visuels, et ne l’incitaient pas à se faire du mal, ou à nuire à autrui. Cependant il fallait mieux réagir avec rapidité pour traiter ce genre de problème. Quand l’esprit se mettait à dérailler, il était sage de chercher à le soigner avec célérité afin d’éviter de graves dérèglements comportementaux. Certes la cause du problème de Lote serait peut-être facile à trouver et à guérir, mais il était quand même nécessaire de s’avérer prudent.
Lirnir : Colonel comment se passe l’affrontement entre Siméon le mage et les pirates ? Lote : J’ai du mal à en croire mes yeux, j’ai l’impression que ma longue-vue me montre des hallucinations. Mais en fait je crois que Siméon est en train de se pendre, et de laisser Armand et ses compagnons s’en aller. Lirnir : Je vais au secours du mage, occupez vous d’intercepter les pirates. Lote : J’ai très envie de laisser une personne nuisible comme Siméon se suicider. Lirnir : Moi aussi, mais je crains la réaction des commanditaires du mage. Et puis sauver la vie de Siméon le rendra peut-être plus gentil à notre égard.
Sig le chevaleresque organisait la fuite de ses compagnons et distribuait des conseils, pendant qu’Armand s’extasiait sur ses nouveaux coton-tige. Il en découvrit un petit stock par hasard, et négligeait tout le reste pour s’adonner à un inventaire. Pourtant la situation demeurait précaire, des ennemis pourraient toujours surgir. Le contexte s’annonçait encore périlleux, rien ne garantissait qu’il ne faudrait pas se battre pour survivre. Cependant Armand restait focalisé sur ses coton-tige, il les comptait amoureusement, et s’extasiait devant ses objets. Il refusait catégoriquement de se consacrer à autre chose qu’à admirer ses nouveaux joujoux. Sig ressentit une profonde lassitude, d’un autre côté le fait que son interlocuteur se focalise sur des coton-tige n’était pas sa pire initiative. Alors Armand bénéficia d’un moment de paix, néanmoins Sig décida d’interrompre au bout de quelques instants la tâche de premier plan de son compagnon pour entamer une discussion importante. Il dut batailler pour tirer de sa transe admirative Armand, il fallut qu’il crie à tue-tête trois fois pour que son ami daigne bien commencer à l’écouter. Il réagit à temps, car encore un essai raté et le chevaleresque aurait recouru à des méthodes plus radicales pour attirer l’attention de son compagnon, du genre l’asperger d’eau froide avec un seau. Il s’agissait d’un comportement un peu exagéré, mais compréhensible. Si vous vous égosillez à demander un avis dans une situation d’urgence et qu’en échange vous ne récoltiez qu’un silence obstiné, cela poussait à prendre des mesures énergiques.
Sig : Armand tu devrais te concentrer sur la fuite et non tes coton-tige. Armand : Qui devrons nous contacter pour vendre la bouteille ? Sig : Je penche pour Noir. Armand : Pourquoi donc ? Il a essayé de nous voler il y a quelques mois. Sig : C’est le passé, sa foi en toi en fait maintenant un allié de confiance. Tant qu’il considérera que tu es le Sauveur débile, il sera très prévenant et gentil avec toi. Armand : Et si Noir change d’avis, si je le déçois dans ses attentes ? Sig : Le jeu en vaut la chandelle. Noir a de nombreux contacts dans le monde de l’occulte. Bon assez discuté, il est temps de partir. Siméon va peut-être avoir un soupçon d’intelligence, et réaliser qu’il se suicide en se pendant.
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