Je croyais que tu avais filé à l’anglaise, Sans doute avais-tu désiré prendre tes aises, Loin du mystère impétueux de la poésie ? Voyais-tu ce beau lien comme un fil à la patte Ou n’étais-ce que l’âme qui se carapate ?
Nenni, mon frérot, je n’y vois que l’amnésie D’un fil qui a perdu, je crois, son conducteur, Et en aiguilles, par peur de se voir piqué En son cœur, il se met dans la peau d’un bouteur Des élans de la plume qu’il avait abdiqués.
Ce n’était pas sans compter sur ton fil fécond Qui n’est point échu mais qui est ton rubicond. Au fil de l’eau, les mots feront-ils vraiment mouche ? Dans le droit fil de ton moi qui n’est pas farouche Ta main est plus habile que tu ne le crois.
Alors il faut éviter de porter ta croix, Et laisser filer et voler ton fil d’Ariane ! Une aiguille doit être vue comme la diane, Déesse procréatrice des mots reclus. Je t’en prie, demeure ici et ne files plus !
Jacques HOSOTTE
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