Armand le souple se laissa convaincre par Sig de naviguer vers la tour des miracles. Par contre Ryu était beaucoup plus réticent à opérer ce type de détour, il voyait comme une perte de temps potentiellement très préjudiciable de s’aventurer là -bas. En effet ce lieu était bâti près d’une des forteresses les plus réputées de la marine. Or Ryu pensait que plutôt que de chercher à attirer l’attention, il vaudrait mieux faire profil bas pendant un ou deux mois. Le dernier exploit d’Armand qui consista à gagner contre Lirnir, alimentait encore la première page de certains journaux. Il poussait aussi de nombreux marins et chasseurs de prime à tenter leur chance contre le souple et ses compagnons.
Ryu : Dis m’en plus sur la tour des miracles Sig. Sig : Très bien Ryu, il s’agit d’un lieu réputé pour exaucer les souhaits, même si cela fait plusieurs siècles que personne n’aurait vu de spectacle surnaturel à l’intérieur. Ryu : À part l’affection envers ton maître défunt, qu’est-ce qui te pousse à explorer la tour ? Sig : J’ai fait plusieurs rêves très troublants en rapport avec ce lieu. Un jour j’ai été brûlé par une petite flamme dans un cauchemar se déroulant dans la tour, à mon réveil j’arborais une cicatrice sur la main gauche. Ryu : C’est assez étrange en effet, mais quels seront nos gains pour le détour que tu demandes ? Sig : Si la tour ne nous apporte rien de positif, je suis prêt à donner la moitié de ma part sur la vente des livres de magie. Ryu : D’accord je ne m’oppose plus à ton désir de voyager vers la tour.
Lirnir le sévère était dans un état affaibli suite au choc provoqué par l’élastique d’Armand. Il avait désormais une vilaine cicatrice au visage, il subit un véritable traumatisme physique. Malgré les soins constants de plusieurs mages guérisseurs il se révélait toujours inconscient. Cependant il guérissait progressivement ses plaies cicatrisaient petit à petit, ses blessures furent pansées, et ses fractures se ressoudèrent. Bien sûr il aurait sans doute encore une longue période de convalescence, toutefois il se remettait aussi. Néanmoins il faudrait des semaines avant qu’il ne retrouve tout son plein potentiel du point de vue physique. Lote observa d’abord avec un certain degré d’incrédulité les soins pour Lirnir son supérieur hiérarchique. Puis il dut admettre qu’il ne rêvait pas, que le sévère se prit une dérouillée par Armand un pirate à la réputation de clown et de bouffon. Pourtant Lote n’était pas déçu, il ne concevait pas de mépris. Il pensait surtout à rendre le plus confortable possible le processus de guérison de son chef. Il admettait que pendant quelques minutes, il fut très étonné par le résultat de la confrontation contre Armand. Mais il n’en voulait pas au sévère d’avoir perdu. Il considérait toujours son supérieur comme une personne exemplaire. Il se demanda pendant un instant s’il n’aurait pas dû ordonner une censure sur les nouvelles des journaux, mais il ne se sentait pas une âme tyrannique. Et puis s’il avait interdit à des reporters de publier des articles sur la défaite du sévère, cela n’aurait fait qu’accroître le retentissement de la nouvelle. Alors Lote jugea plus sage de ne pas intervenir dans les affaires des journaux, même s’il n’aimait pas certains articles qui descendaient en flèche, qui couvraient de ridicule Lirnir.
Lote : Vice-amiral Lirnir vous êtes réveillé, quel soulagement. Lirnir : Colonel Lote où sont Armand et ses complices ? Lote : Ils sont partis depuis au moins trois jours, quand à vous, vous avez subi un coma. Lirnir : Je dois traquer Armand, lui faire payer pour mes blessures. Lote : Je vous déconseille de vous lever, vous avez encore besoin de soins. Même si vous êtes très robuste. Lirnir : Je me reposerai en cours de route, je ne peux laisser un pirate tel qu’Armand agir à sa guise. Lote : Vice-amiral je vous déconseille fortement de quitter votre lit d’hôpital. Lirnir : Et moi je vous ordonne de préparer mon bateau à partir, je vous donne deux heures pour compléter les préparatifs de départ. Lote : Ce n’est pas raisonnable de se lancer dans une traque vu votre état. Lirnir : Je me moque de vos états d’âme, contentez vous de m’obéir. Lote : Bien vice-amiral, mais si vous mourrez de fatigue, vous ne pourrez vous en vouloir qu’à vous-même.
Armand le souple et ses compagnons progressaient dans leurs aventures. Cependant Sig le chevaleresque ne pouvait pas s’empêcher d’être inquiet, pas à cause d’un péril extérieur, mais par la faute de la présence d’une menace intérieure. Armand se mit à consommer de la super méga ultra beuh, une sorte de haschich qui favorisait les réactions débiles. Sig se dit qu’il aurait mieux fait de mieux surveiller le souple son capitaine. Toutefois il se devait de respecter la hiérarchie et l’entente au sein de l’équipage. Et il ne voulait pas gâcher son amitié avec Armand. Mais il commit quand même une belle erreur qui valait qu’un danger notoire pesait désormais sur sa tête et celle de ses camarades. Le chevaleresque en refusant de neutraliser un vendeur de drogues qui proposait des herbes très spéciales, causa une vente qui signifiera des ennuis profonds. En effet l’ultra beuh générait des délires assez spectaculaires chez le souple. Par exemple il essaya de vérifier sa capacité à résister d’une chute de dix mètres de haut, sans dispositif pour amoindrir sa dégringolade. Il décida de sauter d’une falaise et que sa tête entre en contact avec un sol en granit. Il serait sans doute mort, si ses amis n’étaient pas intervenus pour l’empêcher de commettre un acte irréparable. Et il n’agissait que d’une idiotie parmi des dizaines d’autres. Armand enchaînait les imbécilités qui portaient sur les nerfs. Sig se sentait profondément las, néanmoins il prêta serment de fidélité, et il respectait autant que possible ses promesses. Quant à Ryu il suivait un code de l’honneur stipulant qu’il devait supporter des caprices monstrueux, tant qu’il n’aurait pas remboursé sa dette de vie à l’égard du souple.
Sig : On s’approche de la zone des mille trésors sous-marins. Armand : Pourquoi cet endroit possède ce nom ? Sig : Il est dit que des centaines de bateaux chargés de richesses ont coulé ici suite à une grande bataille. Armand : Bon je sais quoi faire alors.
Armand prit un objet et commença à s’occuper de détruire le pont. Sig eut beau lui expliquer à diverses reprises que détruire volontairement un bateau en espérant s’enrichir grâce à cette action, était généralement idiot, cela n’empêcha pas le souple de récidiver de nombreuses fois dans ses essais de destruction de navire. Sig se demandait s’il ne devrait pas assigner un homme d’équipage à la surveillance des haches présentes sur le pont afin d’empêcher Armand de se livrer à des pitreries préjudiciables. Il regrettait par moment d’avoir accepté qu’un lien de hiérarchie le lia au souple. Ou alors il aurait dû s’arranger pour être le chef et non le subordonné. Mais il était trop tard pour changer les choses à moins de déclencher une mutinerie. Heureusement Armand ne fit pas beaucoup de dégâts, il ne pouvait plus charger un objet avec de l’énergie combattive aujourd’hui, et il opta pour une grande cuillère afin de démolir le pont. Il ne risquait pas d’aboutir à grand-chose en théorie, surtout que Sig pour se prémunir contre les ennuis acheta un enchantement de solidité pour son navire. Il dota son bateau d’une résistance très accrue au moyen des services d’un jeteur de sorts. Bien que son moyen de transport naval soit en bois désormais il avait la solidité de l’acier trempé. On pourrait s’attendre à ce que Sig soit moins inquiet des capacités de destruction d’Armand sur le bateau, vu les moyens mis en place pour accroître la résistance du navire. Mais Sig ne pouvait s’empêcher de demeurer angoissé, car le souple semblait avoir un don dans la démolition. Par exemple il réussit à briser des menottes en adamantium, le métal le plus résistant du monde. Quand il fallait déclencher une catastrophe, ou trouver un moment de détruire un objet solide appartenant à des alliés, Armand était l’homme de la situation, le choix le plus approprié.
Sig : Mais que fais-tu Armand ? Armand : Il faut que le bateau coule pour que je puisse atteindre les trésors. Sig : Réalises-tu que ce que tu fais est totalement idiot ? Armand : Tu as raison. Sig : Tu me rassures, ta folie a été de courte durée. Armand : Il vaut mieux que je fasse un trou dans le bateau à partir de la cale, si je veux que l’on coule vite. Sig : Comment on fait pour respirer sous l’eau pendant des heures ? Je n’ai pas de sort améliorant les capacités d’apnée. Armand : Zut j’ai oublié le détail de la question de la survie sous l’eau. Tant pis, je renonce à mon idée alors.
Un ennemi observait avec amusement Armand le souple, il se demandait même s’il ne subissait pas d’hallucinations auditives, tellement la discussion à laquelle il assista paraissait loufoque. Pendant un temps il se demandait s’il ne commettait d’ailleurs pas une erreur, il était possible que vu le haut niveau de performance d’Armand en matière de gaffes, que le souple soit l’élu de la prophétie, l’être qui amènera la paix et le bonheur sur le monde d’après certaines prédictions. Puis l’ennemi se dit qu’il ne devait pas passer à côté d’un beau paquet d’argent pour de basses conjectures, pour une intuition non fondée sur des preuves. Or il adorait les richesses financières presque autant que son dieu. Il était une personne pieuse mais il s’avérait aussi plutôt cupide. Il se révélait confiant dans ses chances de réussite pour la capture d’Armand, il bénéficiait d’un avantage écrasant au niveau du nombre, vu qu’il commandait dix mille hommes et que les proies à capturer n’étaient que trois. Mais surtout l’adversaire possédait des aptitudes franchement développées dans le domaine du combat. Il bénéficiait d’un pouvoir de renvoi qui le rendait presque invincible quand son interlocuteur était un humain. Ainsi un individu qui cherchait à lui faire mal avec un objet du type arme à feu, ou épée non seulement ne lui causait pas de dommage, mais il était la victime de ses propres attaques. L’ennemi renvoyait sur ses antagonistes leurs coups, néanmoins il subissait des restrictions. Ainsi les animaux n’étaient pas du tout affectés par sa capacité spéciale. L’adversaire était à la tête d’une superbe flotte de navires impressionnants, chacun de ses bateaux en métal gris était manœuvré par un équipage très compétent. Le plus petit de ses vaisseaux de guerre abritait une centaine d’hommes, le plus grand comportait mille personnes. L’ennemi représentait une grande capacité de nuisance, il était capable de piller un pays entier avec ses forces navales. Mais pour l’instant il se consacrait à houspiller Armand du pont de son navire-amiral.
??? : Ainsi c’est un clown qui a battu Lirnir, soit il était rouillé, soit tu as une chance insolente Armand. Armand : Qui es-tu ? Noir : Je suis le commandant Noir, et je vais te livrer aux autorités toi et ton équipage. Armand : Tu ferais mieux de t’en aller tant que je suis clément, sinon tu risques de mourir. Noir : Il faudra autre chose que des menaces pathétiques pour me faire peur. Armand : Tu ferais mieux de rebrousser chemin sinon je te montre mon caleçon avec des motifs de cœur. Noir : C’est déjà le cas. Armand : Je ne crois pas, je suis en pantalon, tu bluffes, la peur te pousse à délirer. Noir : Euh regarde tes jambes et tu verras que tu portes un caleçon. Armand : Mais c’est vrai, j’ai oublié de mettre un pantalon. Noir : Bon vous m’amusez tous les trois, mais je suis pressé, alors décidez vous et vite, vous optez pour la reddition ou le tabassage par moi et mes hommes ? Armand : C’est toi qui vas déguster, si tu ne t’enfuis pas rapidement. Noir : Puisque tu t’obstines, je vais donc me défouler. Une créature crie. Finalement tu auras la vie sauve.
Suite au hurlement, le navire de Noir s’en alla. Cela faisait fanfaronner Armand, ce dernier pensait sincèrement triompher avec un caleçon à motif de cœur à cause d’hallucinations auditives, qu’il prenait pour des conseillers pertinents. Mais pour le moment il avait d’autres soucis, il se mettait en danger en sous-estimant clairement le péril qui menaçait les navires dans les parages. Ce n’était pas le cas de Sig qui décida d’user de toutes les ressources à sa disposition pour hâter la vitesse de course de son navire. Il opta pour brûler une bonne partie des réserves de super carburant, un combustible qui accroissait sérieusement la capacité à se déplacer vite de son bateau. Sig aurait voulu garder un plus grand stock de super carburant, mais il pensait que pinailler ne servirait pas ses intérêts et sa survie. Il fallait mettre la plus grande distance possible entre la créature qui hurla récemment et son navire. Puis il se mit à ralentir ses gestes, il plongea dans une intense réflexion. Certes une immense bête se trouvait dans les parages, et elle mangeait de temps à autre de l’humain. Néanmoins il n’était pas nécessaire après tout de s’en faire. Sig ne possédait aucun moyen de défense susceptible de simplement égratigner la créature, mais il ne voyait rien qui justifia de paniquer. Sig n’aura pas à entamer ses réserves de combustible pour s’échapper de façon plus rapide. Il n’agissait pas mû par un désir d’avarice. Il pensait sincèrement ne pas s’avérer en danger. La bête décima des flottes entières, transforma en un tas de cendres des navires très prestigieux, massacra des équipages composés de guerriers exceptionnels, toutefois il se révélait incongru, et malvenu d’avoir peur. Au contraire se montrer détendu, savourer l’instant présent était une attitude bienvenue.
Armand : Ha, ha Noir a eu peur, je m’attendais à mieux de sa part, il est réputé mais dans la réalité c’est un lâche. Sig : Plutôt une personne prudente, le hurlement que nous avons entendu provenait d’un dragon marin adulte, une créature d’au moins cent mètres de longueur. Armand : Quoi ? Il faut s’en aller le plus vite possible dans ce cas, bouger à toute vitesse. Sig : Nous n’avons pas grand-chose à craindre, le bateau est trop petit pour intéresser ce type de créature, elle s’attaque surtout à des navires de très grande taille. Armand : Pourquoi elle a ce type de comportement ? Sig : Elle est assez évoluée pour être attachée à la notion de prestige, si elle s’en prenait à des proies trop faciles, elle s’attirerait le mépris de ses semblables.
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