Que vous soyez inspiré par la foi ou pas, Devant cette chapelle ralentissez le pas, Au milieu des chênes verts, elle est posée là , Sereine, apaisée, vous interpellant tout bas !
Je suis là , vous dit-elle, avec ma voix secrète Qui veut être de vos émois l’anachorète. De ma beauté veux-tu devenir le prophète, Ou n’en être simplement que l’humble interprète ?
Je suis là pour vous éveiller au spirituel En ma compagnie, aucun temps n’est virtuel. Parler de religion est presque superflu ! C’est ce que j’éveille en vous qui est l’absolu.
Mon vaisseau roman, dans le bel azur, se pâme. Il vous invite ici au silence des âmes. Mon clocher se résout à une simple croix. Je crois pouvoir dire que je l’ai fait par choix.
Le vent laisse frissonner mon fronton discret Que l’azur frais du ciel invite à son banquet. Mon humble toit monte en silence vers les cieux ; Il est le symbole d’un phénix mystérieux.
Mes deux portes, l’une grande et l’autre petite Vous appellent, de mes secrets, à la visite. Vous me découvrirez dans mon intimité. Je partagerai la vôtre en fraternité.
Entrez en mon sein et goûtez à ma fraîcheur. Vous y êtes un châtelain, pétri de blancheur, Qui s’extrait du monde physique des humains. Prenez tout ce que je vous donne de la main.
Ma nef toute en humilité est élancée. Elle court jusqu’à une abside bien enchantée, Que mon âme habitée a déjà devancé. Par sa fenêtre étroite, je suis hantée.
Voyez la modestie des courbes de ma nef Voyez ma corniche qui chante dans son fief. Ses orifices, porteurs de tant de mystères, Font vibrer en vous des sonorités altières.
Sur son dallage ancien, la chapelle s’étonne Que devant sa beauté peu d’êtres s’abandonnent. Je veux te voir méditer, me dit-elle encore, Que j’éveille, dans tes espoirs, un nouvel aurore.
Je dis à la chapelle de ne pas pleurer. Le chant de ses pierres, des harmonies, fait fleurer. J’y pars à la découverte de mon esprit. J’y cultive un état de conscience sans bruit.
Et quand se revivifie mon âme d’enfant, J’entends la chapelle sonner son olifant. Sa voix émouvante et bienveillante m’appelle Et fait vibrer en moi des fleurs maternelles.
Jacques HOSOTTE
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