Retour
Tu revenais de loin, Morceau de lune Égaré sous les étoiles, Comme un loup apeuré. Le pouvoir de l’aigle avait quitté l ton regard: Oublié l’amour des matins au hasard de ton sommeil.
Tu revenais de loin, Plus fragile qu’une ombre de chrysope, Perdu dans le brouillard de cet été étrange où tu à demi né, Ce moment de grâce perdu au large d’un silence .
Tu te rappelle ta noblesse? Qu’est devenu ton aura? Qu’est devenu ta force qui faisait de toi Un hêtre argenté par les lunaisons des seventies? Qu’est devenu ce vaisseau d’or qui balbutiait le roman des cimes Dans tes songes habités d’elfes rares, Si riches en synonymes de paix Et d’intelligences marquées d’ondes bleutées Par le soir d’une mutation incertaine.
Ah cela y était presque! Les ors des soirs révolutionnaires Concouraient à ton éclosion .
Ton sillage dans les lacs bleus Écrivait une mémoire serpentine que les migrateurs jouaient Sur la harpe divine des montagnes lointaines.
Tu te demandais ce que la terre te voulait En te donnant un nom si escarpé, En te colorant des ocres cinématiques Qui luisent sur ton encolure En reflets d’azur .
Tu en as assez de dissimuler ce profil Qui se dissolvait en arabesques printanières Au-delà d’une adolescence végétale!
Ah que tu les as aimé ces fûts verdoyants, Ces revers boisés que ton âme dévalait en roucoulant, Telle une palombe mutilée mais en voie de guérison.
Car tu reviens.
Tu es fort comme l’orage, Subtile comme un diamant Étonné par les pas du temps.
Reviens belle vibration estivale Envolée trop loin , Perdue dans les hordes rudes De ce passé inquiet.
Reviens dans ta maison Reviens...
Dans le ciel de ton regard Planent des ombres rutilantes.
Ton poitrail est d’or , Ton visage est parcouru d’un rayon vert, Loin des torrents de flammes qui t’ont tant effrayé.
Tu es né dans le cœur du matin Ce matin.
Ta langue est si ancienne que seuls Les monolithes des combes fraîches la comprennent.
Reviens vite , il est temps...
17 Avril 2022
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