L'arrivant XXXVII
La maison s'était soudain remplie de bruits, de mouvements et de personnes. Dans le jardin, les filets de pèche, les lignes étaient déposés sous le cocotier, et dans la maison, sur le sol, la grande glacière remplie des poissons pêchés dans la journée, sur la grande table un gros paquet de vanille enveloppé dans une feuille de bananier, des fruits ramassés dans les cultures, ou sur le bord de la route, sur le long comptoir qui séparait le séjour de la cuisine, un carton plein de coquillages, des nacres, des porcelaines, des coraux rouges ... en résumé le butin du jour prenait place un peu partout. Aroarii, sans précipitation mais avec efficacité rangeait soigneusement et bientôt la pièce fut de nouveau en ordre. Il se dirigea ensuite vers la terrasse et appela Vaiatea, mais celle-ci étant sur le côté de la maison avec les autres femmes ne l'entendit pas. "E aha ta na ohipa e rave ra? " ( Qu'est-ce qu'elle est train de faire?) Elle travaille sur le côté dans le jardin de Moeata Aroarii se tourna vers moi, la stupéfaction se voyait sur son visage.| "Mais Poeherrre, tu as comprrris ce que je dis ?" " Oui, je ne te parlerai pas en Tahitien mais je comprends et je ne sais pas comment ça c'est fait" " Alors on ne peux plus parrrler de cul devant toi, plus d'histoirrres cochonnes !! " Il avait éclaté de rire en disant cela et les deux garçons assis sur les fauteuils devant la maison riaient encore plus fort, oui, ces deux là avaient bien grandi, c'est sûr ! JF avait l'air très fatigué, il avait encore rougi, sa peau de popaa'a mi-Suisse, mi-Alsacien était intolérante au soleil des motus. La réverbération sur ces petits îlots coralliens produisait une lumière merveilleuse mais pas faite pour plaire aux teints pâles et pauvres en mélanine, de nous, pauvres malheureux farani. Rodolphe en revanche, n'avait pas souffert du soleil, il avait son chapeau noué sous le cou, j'avais pris les précautions nécessaire à sa carnation fragile, je l'avais avant son départ, enduit de crème avec générosité , et je lui couvrais le corps de son incontournable tee-shirt long comme une chemise de nuit. Assis, disons plus justement écroulé sur la banquette de la véranda JF était silencieux. "Tu as l'air d'un dindon mon pauvre chéri, tu n'es plus rouge, mais bientôt violet " Ma remarque ne lui sembla pas être le summun de l'humour, en tout cas il ne la goûta pas et se rebiffa. "Oh ! la la ! ça c'est malin, faut rire ?" Bon, bon, je notai que le "dindon" n'était pas d'humeur sociable, pas disposé à plaisanter sur son handicap cutané. Un des garçons était allé chercher des verres et des tasses, des jus, de l'eau fraîche, il décapitait des cocos, entassées au pied de l'arbre immense, et nous les offrait en rafraîchissement. "Faut que tu boives beaucoup d'eau pour ta peau, parce que le médecin n'est pas au dispensaire cette semaine, il te soignera pas" Très paternel et protecteur le plus grand des fils avec beaucoup de douceur, tendait un verre d'eau à JF, il lui parlait comme à un grand blessé, Marthe et Marie-Claire, elles, semblaient avoir disparues, je décidai de les chercher, je fis le tour de la maison, dans le jardin, le groupe de femmes était toujours là , riant et bavardant. Vaiatea, se releva pour partir, mais à cause de son gros ventre, elle dut se mettre d'abord à genoux, puis elle se releva lourdement. Elle prenait congé du petit groupe de femme et du voisin bavard. "PĀrahi ana'e e ia ora na (au revoir ne vous dérangez pas)" Pendant cet exercice de femme enceinte, ses filles se penchaient avec souplesse et ramassaient les petits paquets de vanilles emballées dans leur tube de bambou, puis toutes trois agitèrent gracieusement leurs mains vers l'assemblée restée assise sur sol: " Nanaaa, nanaaa ..." Leur voix étaient gracieuses comme un joli sourire, elle chantonnaient ce mot aimable en faisant ce petit signe élégant que nous faisions tous mille fois par jour, ce geste de la main qui accompagne ce mot charmant qui signifie " bonjour, au revoir, salut, coucou, ça va ? ... Ce mot long et doux, que l'on prolonge, que l'on laisse traîner comme une caresse de la voix; Beaucoup de mots ici se modulent et seule la tonalité les distingue et ce que l'on pourrait prendre à tort, pour des synonymes ne sont en fait que des homonymes. Ainsi on ne peut confondre "nanaaa" avec le mot "nana" qui signifie, "femme, fille ... Ces deux mots se ressemblent et pourtant l'intonation de la voix permet de bien distinguer le charmant mot d'adieu, " nanaaa" du charmant mot désignant la gente féminine, "nana". Il est deux vocables importants ici : "nana et nono", ce sont là deux mots que les polynésiens sont amenés à prononcer fréquemment, les nana et les nono se font souvent entendre à Tahiti. Le nono étant le nom du moustique qui sévit sans faiblesse dans les endroits humides, sur les rivières surtout, il viendra vous piquer et vous agacer de son vrombissement, qui est faible peut-être mais qui semble pourtant aussi puissant qu'un moteur d'avion. Ceci est un mystère acoustique universel. Ce qui fait dire au farani et aux tahitiens moqueurs, qu'à Tahiti il y a deux choses qui peuvent irriter et empêcher de dormir la nuit ce sont les nana et les nono. A Tahiti et dans toute la Polynésie les nono et les nana ont réellement du piquant. D'un regard vers la maison voisine je vis Vaiatea et ses filles qui nous tournaient le dos, pour rejoindre lentement la route, elles s'éloignaient vers Fare, le village proche, vers le magasin où elles déposeraient, pour la vente, leur ouvrage de l'après-midi. Je m'apprètai à aller toquer à la porte de Marthe et Marie-Claire, quand je les vis réapparaître soudain, elles avaient le visage boursouflé, les yeux réduits au minimum, elles paraissaient avoir doublé de volume, je compris tout de suite qu'elles avaient passé l'après-midi à dormir, enfermées dans leur chambre bien close. JF les regarda, inquiet. "Qu'est-ce qui vous arrive ? vous êtes malades ? " " Elles dorrrment trrrop, faut boirrre beaucoup de flotte, et ça serrra fini." Le docteur Aroarii, venait selon moi de déposer un diagnostic exact. Mais cela m'amena à penser que si elles avaient un problème de santé quelconque il serait passablement compliqué de les soigner, car sur place il n'y avait que ce "dispensaire" auquel avait fait allusion l'un des garçons et ce dispensaire, n'était en fait qu'un cabane de planches contenant quelques compresses, seringues et désinfectant, rien qui ne permit de soigner une insolation ou autre malaise important, dans ce cas la seule destination envisageable était l’hôpital de Mamao à Papeete. Ce genre de rapatriement par hélicoptère de l'aviation civile, que dans la famille nous connaissions bien, car bien souvent ce genre de transport, nécessitait des liaisons radios et avait pour conséquence de bloquer JF à son travail jusqu'à la fin de l'opération, c'est à dire des heures durant et cela à tout moment, et tout au long de l'année. La journée prenait fin et demain à trois heures du matin nous prendrons le bateau qui nous emporterait à Bora-Bora. Nous étions tous assis sous la véranda, la journée avait été calme et plaisante, dans le calme du soir, nous bavardions et plaisantions tranquillement, les enfants eux, jouaient à se cacher dans les taillis de fleurs, les tanes affamés avaient apporté sur la table, le poisson cru, des fruits, du pain, du poe, des gourmandises de toutes sortes. Si bien que lorsque les trois femmes revinrent du village nous étions tous en train de manger. "Ça c'est bien comme ça, je suis fiu, je prépare pas ! mangez ce que vous voulez " Vaiatea, en parlant s'était assise lourdement, ravie de se débarrasser de la corvée de cuisine. Je comprenais si bien cette lassitude que provoquait la quotidienne préparation des repas, que j'avais moi aussi instauré ce système dans la famille. Chaque dimanche je préparais pour l'heure du thé un gâteau, une tarte ... et le soir je me donnais congé et selon mon expression personnelle, nous "saussissonions" . C'est à dire que chacun trouvait dans le réfrigérateur de quoi se restaurer et était chargé ensuite de faire disparaître toutes traces de son repas en lavant sa propre vaisselle. Lors de l'instauration de ce système familial très personnel, j'avais craint des récriminations mais, tout au contraire je constatais vite qu'il avait été adopté avec un enthousiasme unanime. Le plaisir de faire librement son choix en furetant dans le réfrigérateur compensait largement l'inconvénient de laver son assiette. Je conseille très vivement, dans l’intérêt de tous et à toutes les familles, d'adopter sans tarder, cette rupture hebdomadaire et ludique dans la corvée de cuisine. La soirée se continua paisible, heureuse, les étoiles s'étaient levées, nous étions allongés dans nos fauteuils, les pieds pendants au dessus des accoudoirs. Nous avions tous les yeux au ciel, le regard tendu et attentif pour suivre les explications de Aroarii qui nous guidait dans les constellations du sud. Ce ciel était peuplé d'une foule invisible d'esprits, de dieux, de maléfices, d'un monde secret que nous découvrions en grand silence recueilli, silencieux. Puis Aroarii nous chanta des incantations anciennes, et des chansons tahitiennes de piroguiers, les voix des deux garçons et des trois femmes se joignirent à sa voix grave, une belle voix de basse. Les chants parlaient et louaient des déesses, des dieux, des reines, des rois, des tupapa'u qui peuplaient la terre, le ciel et la mer et que nous devions apprendre à reconnaître sous leurs divers aspects, et surtout à craindre et respecter pour ne pas subir leur courroux et les châtiments réservés aux humains irresponsables qui dédaignent la nature et les royaumes des esprits. Attention aux esprits et aux tupapa'u, grondait le chant ... Rodolphe couché sur mon ventre se redressa : "Nous aussi on a un tupapa'u il est très gentil, il s'appelle Gaston et il va revenir à la maison" "Et v'lan, c'est reparti !" conclut JF.
Loriane Lydia Maleville
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Les croyances Polynésiennes ( Archipels des Marquises, des Tuamotu, de la société, des gambier; des Australes)
Les mythes tahitiens sont très riches et il en existe de nombreuses versions. Ils sont transmis oralement de générations en générations.
L’origine du monde
Ta'aroa est à l’origine de tout. La coquille de son oeuf constitue la terre et le ciel. Ses plumes tombés à terre ont créé la végétation. Sa main est le dieu Tu qui participa au façonnement du monde. Les nombreux dieux sont nés par germination de Ta’aroa ou sont ses descendants directs.
La séparation du ciel et de la terre
Le grand problème des dieux fut de séparer le ciel (Atea) de la Terre. La majesté et le mana d’Atea effrayait les dieux. Il fallut l’intervention de Maui à huit têtes le héros farceur pour parvenir à couper ce lien et celle de Tane pour consolider cette séparation et organiser les cieux.
La vision du monde
Le monde pour les maohis est composé du monde terrestre, du monde sous-marin, du monde des ténèbres (le po) et de 10 cieux superposés. Les dieux principaux résident la plupart dans le dixième ciel, mais certains élisent domicile dans le monde sous marin, le po ou les autres cieux.
L’origine des îles
C’est Ta’aroa qui a ordonné aux îles de surgir de la mer. Havai’i et Pora Pora furent les deux premières à naitre, puis vinrent toutes les autres : ‘uporu, Maupiti, les Paumotu, Ma’areva.... Tahiti a une origine particulière, puisqu’elle est une anguille possédée par l’esprit de la vahine Tere He dont la course fut arrêtée au milieu de l’océan par Ta’i-a rapu.
L’origine de l’homme
Le premier homme Ti’i fut créé par Ta’aroa à l’image de Tane pour peupler la Terre qu’il trouvait trop peu vivante. Ti’i reçut pour femme Hina dont il eut une très nombreuse descendance. Certains de ses descendants s’accouplèrent avec des dieux et devinrent ainsi les ancêtres des Ari’i. Les autres se marièrent entre eux et créérent les Manahune.
La mort
En ce qui concerne les mythes sur la mort, l’âme du corps doit être par certains rites obligée de quitter la terre. En général, elle fait un périple sur la terre pour atteindre un lieu de rassemblement avant de partir pour le pays des morts ou des dieux. Les mythes sont encore très divers et ne s’intéressent souvent qu’au sort (joyeux) des ari’i. Le pays des morts se situe dans le Po (les entrailles de la terre). Le paradis tahitien, le Rohutu-noanoa, n’est accessible aux défunts que si leur famille offre de somptueux présents au dieu Romi-Tane. Il est donc réservé aux ari’i et aux arioi de haut rang.
Les héros
De nombreux mythes font état de héros légendaires, des demi-dieux. Ces héros n’ont généralement pas de culte qui leur est consacré, mais leur légende est maintes et maintes fois répétée. Ils sont des exemples auxquels on se réfèrent. Voici quelques héros célèbres : Maui aux huit têtes qui sépara le ciel et la terre, Hiro le rusé navigateur et voleur, Hono’ura élevé dans une grotte et Rata l’explorateur.
LE CULTE
Les affaires religieuses sont séparées de la gestion "civile". Le but du culte est d'éviter la colère des dieux en respectant à la lettre les rituels et les tabous qu'ils ont mis en place. Le contact entre le sacré (ra'a) et le profane (noa) est très dangereux, c'est pourquoi de nombreux tabous entourent les cérémonies religieuses.
De nombreuses cérémonies dirigées par les tahu’a pure assistées des opu-nui, ont lieu sur les marae. La plus importante est la cérémonie de convocation des dieux. Lors de la cérémonie, les dieux sont invoqués par les tahu’a dans les to’o, des statues habillées de plumes jaunes et rouges à l’effigie des dieux. La statue n’est pas le dieu, elle est son réceptacle durant la cérémonie. Une fois le dieu présent dans le to’o, des sacrifices lui sont présentés et des requêtes lui sont faites. Ensuite, la cérémonie prend fin quand le tahu’a congédie le dieu.
Cette cérémonie est précédée d'une période de trois jours durant laquelle de nombreux tabous et obligations sont décrétés. Un silence absolu doit être respecté, même par les animaux dont les propriétaires sont tenus responsables des troubles qu’ils pourraient causer (ils peuvent même être sacrifiés).
Il existe également d’autres types de cérémonies, comme la présentation des dieux (les to’o arrivent par pirogue et sont conduits jusqu’au marae), les différentes étapes de la vie d’un ari’i régnant (puberté, mariage, mort etc...), les prémisces d’une guerre, les saisons, etc... En général, ces cérémonies sont accompagnées de sacrifices ou d’offrandes: il peut s’agir uniquement de végétaux (la première igname, feuilles de bananier...), mais les cochons et les hommes sont également l’objet de sacrifices.
Lorsqu’un sacrifice humain est nécessaire, le tahu’a rahi en informe l’ari’i régnant. Celui-ci envoie alors une pierre noire au chef d’un district qui désigne un homme à ses guerriers. Ceux-ci tuent l’homme par surprise d’un coup de massue sur la tête. Ceux qui sont sacrifiés sont en général des prisonniers de guerre, des criminels, des gêneurs ou des gens qui ont enfreint des tabous. Le son des tambours retentit dans toute la vallée à l’approche de telles cérémonies, prévenant ainsi ceux qui se sentent menacés et leur permettant parfois de trouver un refuge.
Les marae se présentent, pour les plus grands, comme de grandes esplanades en pierre, parfois à plusieurs niveaux, qui sont entourées d’une enceinte. Les marae familiaux ne sont en général qu’un tas de pierre ou un petit dallage. L’ahu est un autel de un ou plusieurs niveaux. Sur l’ahu sont déposés les statues des dieux pendant les cérémonies. Une plateforme surélevée en bois accueille les offrandes.
Les marae sont des endroits sacrés soumis à de nombreux tabous. Seuls les ari’i sont autorisés à assister aux cérémonies. Des dossiers en pierre marquent l’emplacement de chacun dans le marae. Les femmes, impures, sont interdites sur le marae et sont également indignes d’être sacrifiées.
La plupart des plantes et des animaux qui vivent dans l’enceinte du marae sont considérés comme tabous et leur consommation est interdite, sauf pour les prêtres et leurs assistants. Parmi ces animaux et ces plantes sacrés, l’arbre Ti est particulièrement entouré de respect et ses feuilles servent pour la plupart des cérémonies. Cette règle est également vraie pour les hommes qui se réfugient dans les marae et qui, ainsi, ne peuvent pas être poursuivis. Dans la même logique, les sacrifices humains se font dans la manière du possible sans effusion de sang et la mort est donnée à l’extérieur du marae, par surprise.
Les marae comme les hommes ont des filiations, la première pierre d’un marae vient d’un autre marae, son marae père. Ainsi, il existe une hiérarchie de marae du plus prestigieux jusqu’aux marae de familles de manahune. Le Marae le plus prestigieux est celui de Taputapu-atea près du village d’Opoa à Havai’i; il est consacré à ‘oro.
Les cérémonies religieuses ne s'arrêtent pas à ces grandes cérémonies qui mobilisent toute la communauté. Les prêtres et aussi les orou, pour tout acte important doivent accomplir une bénédiction accompagnée d'un sacrifice. Les orou sont requis pour des usages privés, des bénédictions mineures, la divination, la magie et la guérison. Les sorciers sont des orou particulièrement rompus dans l'art de faire du mal. Chaque catégorie sociale connait un certain nombre de prières dans leur activité. Ainsi les chefs connaissent la façon de bénir une arme, d'honorer les ancêtres, les pêcheurs celle de bénir les hameçons. Toute erreur dans la prière, tout lapsus, toute hésitation peut entraîner des conséquences catastrophiques dont la mort. Ces prières sont appelées 'upu.
Les dieux envoient de nombreux signes dans la nature et les tahu’a ont également pour rôle de déterminer les présages. De nombreuses cérémonies ont pour but de s’assurer de l’accord des dieux et de la destinée probable d’une action: guerre, construction ou expédition.
LES ESPRITS
Chaque plante, chaque être, chaque chose est pour le maohi animé d'une force vitale, d'un esprit. Le monde est donc peuplé d'esprits de toute sorte: les esprits sont des personnifications de forces de la nature, des êtres qui vivent dans le monde des dieux (po, rohutu-noa et dans un des ciels) ou encore l'esprit des morts.
Parmi tous ces esprits, les maohis distinguent deux grands types d´esprits: les ´oromatua et les varua. Les ´oromatua sont les âmes des morts n’ayant pas rejoint le Po ou revenant de cette contrée des ténèbres pour se venger et semer le mal. Ils sont très craints. Les varua vivent dans le monde des vivants (ou des dieux) et sont attachés à certains types d´animaux, de végétaux, de minéraux ou à des lieux.
Une grande partie de la magie tahitienne consiste à faire entrer des esprits dans le corps d'une victime par des enchantements appelés pifao.
Les sorciers, appelés feia tahutahu ou orou, utilisent des ti´i, des amulettes représentant Ti´i, le premier homme, comme les tahu´a pure utilisent des to´o. Le ti'i est un réceptacle pour un esprit. Les orou prennent grand soin de leur ti´i. Ils leur lient certains esprits qui deviennent les fils du sorcier. Ils communiquent avec eux par l´intermédiaire d´un coquillage.
Les sorciers ont grand peur de leur ti´i et font très attention de ne jamais les offenser.
Pour réaliser un pifao ( enchantement ), il faut que le sorcier se procure un tupu, un objet contenant l´essence de sa victime. Cela peut être des cheveux, des excréments, un vêtement, des ongles. Ils exhortent alors les esprits qu’ils ont conjurés dans leur ti´i à détruire la victime.
Certains esprits se dirigent alors vers leur victime en marchant sous la forme de leur ti´i, ils sont alors visibles. D´autres passent par le sol et sont alors invisibles.
Certains sorciers sont attachés à un marae et peuvent réaliser des exorcismes. Il faut d’abord que le sorcier ou le médecin apprenne de l’esprit son nom et son type pour ensuite incanter les bonnes formules. Certains esprits, comme les esprits du corail, font énormément de mal à leur victime en se retirant.
Il existe quatre catégories d’esprits. Les voici des moins meurtriers au plus destructeurs:
- les esprits du bois: les esprits du bois sont des varua des éléments végétaux et des animaux des bois.
- les esprits de la pierre: les esprits de la pierre sont des varua des éléments minéraux et de lieux à l’intérieur des terres.
- les esprits du corail: les esprits du corail sont des varua du corail, des animaux marins, des récifs et de la mer.
- les ‘oromatua: dans cette catégorie viennent les ‘oromatua à proprement parler qui sont des esprits de défunts n’étant pas allé dans le po, les ancêtres et les aiea, les fantômes maritimes.
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