L’aube d’un autre jour s’éveille. La douleur Comme un frère, mon père… Une mère, une sœur, Ne me quitte plus. Ô père, si tu m’accordes Deux secondes d’amour… Que ces cent mille cordes Si vibrantes en moi, tremblantes comme si La caresse d’un mort me caressait aussi. Hurlez la mort, les chiens. Elle vient tout à l’heure… Ô mon père, je sais. Sur ta tombe je pleure… Cet enfant est le tien. Tu souffres avec lui, Posant ma tête sur l’épaule de la nuit. Ô mon père ton fils est comme une mémoire, Béante étendue où des chagrins viennent boire. Je demeure statique. Au bord des tombes, lent, Le pas de l’Éternel qui se traîne sanglant, Imposante stature, énorme corpulence, Bruisse à travers les vents le repos du silence. Ô mon père, regarde… Un squelette conduit L’âge qui se consume… Et je vais avec lui… Que dans la terre fraîche où nos lèvres s’embrassent Où, mes plaintes déjà laissent ici nos traces, Une âme sera tienne et mienne, Ô père bois Les ivresses de Dieu puisqu’elles sont en moi…
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