Matin gris
Doucement en lenteur et silence, Mon corps revit, paresseux, dénudé, De voluptueuse nonchalance. Engourdie, j'inspire, sensualité, L'odeur suave, douce, ô combien De ton corps endormi si près du mien. Je suis torpeur, nuage tranquille, Dans notre couche tiède, rêve, flou. Je suis un oiseau dans sa coquille, Au creux de notre si moelleux lit doux. Si peu, je m'étire, je m'allonge. Ta respiration lente est profonde, Quand dans la douceur du matin sombre. Vois la fenêtre claire est en coton La rue vide résonne, sans ombres. Sous mes paupières des rêves bonbons. Immobiles en noir et blanc, nous voguons. La pénombre du matin hésite. Son contre-jour enveloppe, invite. Sans bruit ne bougeons pas ou bien si peu, Mais tout doux, Soyons heureux, soyons deux.
Mais toi, aimant, tu t'éveilles soudain, De tes caresses lentes, de tes mains, Tu me dis soyons un. Mon corps s'éveille au tien. Ton torse, jambes, bras me capturent Chaleurs, vibrations, le ventre tremblant. Mes seins soudain érigés, frémissants, Nos peaux s'enfièvrent de la douce brûlure. Réveil, désir, soudain ton corps puissant Affamé, puis tendre et dur sur le mien. Tes deux mains posées, fort sur mes hanches, Pour notre plaisir fermement m'ouvrent, Sous la gourmande pression je flanche. Docile, tendue, de toi attentive, En quête, j'écoute mon corps vivre. Nos chairs s'attirent, s'appellent, Nos pulsions vives nous éveillent Dans le bas de mon dos, ta main Lentement m'emprisonne fort mais câlin Me tient fermement les reins Contre toi pressée, je te sens dressé. Tu veux, tu te raidis, félin et enfin Te voici solide et droit planté Dans mon ventre qui veut se refermer. Ivre, je suis tendue vers toi. je fonds, je coule mon eau, je me noie En de long cercles de soie, Qui se resserrent en tournant, Toujours plus puissants autour de toi. Mon ventre, d'amour te prend. Ton regard me cherche, me guette, Se plante dans le mien. Nos yeux nous parlent, en frissonnant De nos corps et de leur fête. Dans mon centre ton désir brûle et m'affole Il allume étincelles, feu délicieux et puissant. Ta main serre la mienne pour notre envol. Nous en savons le plaisir si fort Que mon esprit flou, s'évapore, Sous la cambrure de mon corps qui se tord. Après le salé-sucré de nos évasions, Nos mains serrées nous soutiennent, Ma bouche puis la tienne en union, Se font cannibales, expirent, s'enivrent. Quand les frissons déferlent, viennent, Voluptueux, nous livrent, Nous paralysent, Dans la rencontre-fusion, Dans la divine explosion.
Puis vient l'abandon. Ta tête s'alourdie Aimante dans mon cou lovée. Vient la paix, l'harmonie. Dans les draps satinés. Calmes, sereins complices apaisés, Dans notre lit douillet, Dans le silence ami. Nous nous rendormons serrés unis. Dans le matin gris.
Lydia Maleville
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