Un beau pays s'étend Par delà de la terre De Lausanne et de Bière, De leurs bois, leurs étangs.
Il paraît au delà  De ce vieillard charmant Que l'on nomme Léman, De ce bleu Sahara.
Derrière toute dune De l'ondée agitée Se trouve ma contrée Et ses milles fortunes.
Elle poursuit le fleuve, Ce jeune ténébreux Dont le flot douloureux Est abhorré des veuves.
Il enlace, terrible, De ses vagues sinistres Le malheureux ministre De la passion faillible.
Et pourtant avec lui D'une danse mêlée, S'avancent les allées Glacées de mon pays.
S'enfonçant dans les terres, Son cours se ralentit Sous les assauts sentis De ce glacial hiver.
De charmants bourgs le bordent, Accompagnent son lit. Il se joint à leur vie, Avec eux il s'accorde.
Suivant l'un des sentiers, L'on pénètre en son cœur: L'on gravit les raideurs De ces monts appréciés.
Et le pays s'altère. S'estompe le vallon, Ses charmantes maisons, Ses forêts altières.
Là règne l'harmonie, La beauté, la douceur. Les premières candeurs Recouvrent le pays :
Ses soirées de décembre, Où les cloches s'éplorent Dans l'attente d'Aurore Et de ses larmes d'ambre.
Ces journées, installé, Près du feu qui crépite, À mirer qui s'agitent Les autans tourmentés,
Le bal des blancs flocons Qui mêlent, qui démêlent Leurs danses éternelles Dans l'éther de ces monts.
Dans le janvier gélide Les mages sont partis; Demeure l'harmonie De la saison frigide.
Le temps semble figé Dans la lente torpeur De la blême blancheur Du soleil arrêté.
Le morne février, Sa tristesse navrée, Et sa pâleur givrée Soufflent sur le glacier.
Et puis vient le printemps. Doux Valais, mon pays, Il n'en deviens que plus joli Avec la venue du beau temps.
Ses montagnes dorées Des premiers jours de mai, Sa neige qui glissait, Vers la douce vallée,
Ce soleil qui pointait, Au premiers feux de juin, Avec les vents latins, À l'orée du Valais.
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