Résumé :
Armand est un idiot, cependant il croit dans ses chances de réussite à devenir un pirate encore plus célèbre que Singe. Armé de ses élastiques, et de son enthousiasme, il espère parvenir au sommet en matière de gloire et de statut. Il a pour lui des qualités physiques notamment la souplesse et l’agilité, mais il est victime d’addiction à des drogues puissantes. Ce qui le pousse par moment à établir des raisonnements absurdes.
Chapitre 1 :
Armand le souple partit seul de la ville de Coquillage, il avait des rêves pleins la tête. Il s’engagea d’abord seul dans la voie de la piraterie car aucun ami ou membre de sa famille ne souhaitait mener une vie de hors-la-loi. Du fait qu’il venait d’un milieu très aisé, il lui suffit d’attendre de toucher son argent de poche de la semaine afin d’avoir le capital nécessaire pour avoir les moyens d’acheter plusieurs voiliers en bois de taille modeste. Ses proches imaginaient que le désir d’Armand de se lancer dans la piraterie était une lubie passagère, mais il était très déterminé à partir à l’aventure. A force de lire des centaines de récits de piraterie et d’entendre depuis des années des histoires sur les bandits des mers, il finit par éprouver une grande admiration sur les forbans des océans, et voulut imiter les plus notables d’entre eux dans leur choix de vie. Les pirates n’étaient pas la force maritime ultime des eaux, mais ils étaient quand même franchement nombreux par endroit, au point de dominer de façon flagrante un cinquième du monde. Devenir un bandit des mers reconnu était une grande source de prestige auprès des masses. Le souple pensait recruter sans problème de valeureux compagnons pour l’épauler durant son voyage sur les mers et les océans. Il bénéficiait de connaissances pour survivre dans la nature, cependant il souffrait dans de nombreux domaines d’une ignorance assez spectaculaire. Par exemple il tenta de partir à l’aventure avec un voilier ayant un très gros trou au niveau de la coque, il remarqua tout de suite l’avarie, mais il n’y prêtait pas une grande attention. Son navire coula après avoir parcouru cinq mètres, mais cet incident problématique ne le découragea pas. Il acquit un bateau avec un trou plus important que le précédent et il repartit se déplacer sur l’océan. Résultat il subit un nouveau naufrage après avoir parcouru un mètre. Il manquait de chance mais pas de persévérance, ainsi il s’en alla encore le même jour, en se fournissant toujours auprès de la même personne, et en achetant de nouveau un moyen de transport maritime doté d’un gros trou qui s’enfonça dans l’eau. Armand subit dix essais infructueux, le marchand de bateau malhonnête pris de pitié finit par lui donner gratuitement un navire en bon état, un voilier de la taille d’une barque pour la longueur et la largeur. Il n’y avait pas beaucoup de place, vu qu’Armand après avoir mis trois sacs de toile dans son embarcation se sentait déjà à l’étroit. Il manœuvrait un navire entièrement blanc aussi bien au niveau du bois le composant que de sa voile. Par contre les ennuis du souple ne s’arrêtèrent pas, il se retrouva confronté à un équipage de pirates qui désiraient le voler. Le bateau ennemi était un imposant galion à voiles avec trois grands mâts, un bâtiment en bois marron contenant manifestement une bonne centaine de forbans. Toutefois Armand ne se dégonfla pas, il décida de faire courageusement face aux nombreux bandits qui voulaient le dépouiller. Le souple désirait marquer les esprits, ne s’incliner devant personne, peu importe l’adversité.
Loyal : Donne moi tous tes biens sinon je te coule. Armand : Ha, ha c’est toi qui vas me remettre de l’argent sinon je détruis ton bateau à coup d’élastique.
Quelques secondes de silence s’écoulèrent, on n’entendit rien à part le vent qui soufflait. Loyal se demandait s’il n’interpréta pas mal les propos d’Armand. Mais apparemment son interlocuteur semblait réellement persuadé de pouvoir couler un navire avec de misérables élastiques. Pendant une seconde Loyal se demanda s’il ne devait quand même pas craindre un minimum le souple. Peut-être que cette proie cachait un potentiel redoutable, qu’elle se caractérisait par un comportement en apparence pitoyable mais dans la réalité dévastateur. La confiance absolue d’Armand face au péril était déconcertante. Son regard sans peur déroutait. Mais Finalement Loyal pencha pour considérer sa victime comme un abruti, même si Armand avait réellement la puissance nécessaire pour détruire un bateau à coup d’élastique, ce qui restait à prouver, il ne présentait pas une grande menace. Vu qu’il visait son propre bateau pour le moment et qu’il tenait son élastique d’une façon déconcertante. En effet il tendait son objet non pas les mains mais avec les pieds. Viser correctement s’annonçait compliqué. Et puis l’air complètement imbécile du souple incitait à le prendre pour un demeuré. Plus Loyal réfléchissait, plus il se disait qu’il n’avait rien à craindre. En fait il eut même envie de rire devant son bref accès de peur, qu’il jugeait parfaitement ridicule. Il se demandait s’il ne devenait pas peureux, hier il eut un frisson d’angoisse à l’idée de participer à un combat contre des marins bien équipés en matière d’armement. Il décida donc de se reprendre en main, s’il montrait plus souvent des signes de faiblesse mentale, il perdrait sa place de capitaine de navire. Loyal pensait qu’il était indispensable de faire preuve de fermeté, il allait montrer à Armand ce qu’il en coûtait de s’aventurer sur le sillage de pirates craints par les gens ordinaires. Il comptait bien terroriser sa proie de façon prononcée.
Loyal : Très drôle, assez plaisanté aboule le fric. N’imagine même pas me résister, je suis Loyal le redoutable pirate. Armand : Je n’ai que de la nourriture, mes élastiques et quelques objets peu chers. Loyal : Mais bien sûr, et comment comptes-tu survivre sans monnaie ? Armand : C’est très simple en volant les gens. Loyal : Mh tu as une mentalité qui me plaît. Veux-tu rejoindre mon équipage ? Armand : Non merci je tiens à mon indépendance. Loyal : Puisque tu refuses mon offre je vais me consoler avec tes richesses. Armand : Ne croyez pas que je vais me laisser faire, c’est mon dernier avertissement partez sans faire d’histoire ou craignez mes élastiques. Loyal : Résiste et je t’envoie rejoindre tes ancêtres. Armand : Vous savez comment entrer en contact avec les morts, cela m’intéresse. Quelle est votre méthode ? Loyal (sarcastique) : Je ne peux pas parler aux morts, mais je connais un moyen réputé pour aller dans l’au-delà . Il consiste à détruire un bateau, et à envoyer dans le fond des mers son équipage. Armand : Génial merci pour le truc, je vais tout de suite l’expérimenter.
Armand prit une hache et détruisit le fond de son embarcation. Il ne remarqua pas du tout que Loyal se moqua de lui. Le souple prit au premier degré les propos de son ennemi. Il s’imaginait que sombrer vers les profondeurs aquatiques sera sans conséquence négative pour lui. Il était tellement enthousiaste à l’idée de rencontrer bientôt des ancêtres morts, qu’il négligeait complètement des notions comme l’apnée. Pour lui cela ira il ne décédera pas en passant plusieurs minutes sous une eau salée et glacée. D’ailleurs il était tellement désireux de se couvrir de gloire en communiquant avec des trépassés, qu’il attendrait des dizaines d’heures s’il le fallait pour entrer en contact avec des gens décédés. Il ne décela pas du tout le sarcasme chez Loyal. Il s’imaginait que son interlocuteur ne le menaçait pas du tout, et voulut lui faire une faveur parce qu’il était effrayé par des élastiques Qu’il croyait risquer d’être anéanti s’il ne caressait pas dans le sens du poil son ennemi, qu’il cherchait à entrer dans les bonnes grâces d’un adversaire par peur d’être annihilé. Pour Armand tout était clair, couler son bateau sans pouvoir magique, devait faire partie d’un rituel surnaturel destiné à se concilier les faveurs d’une entité puissante, qui lui permettra de parler avec des décédés. Il était satisfait du contact de l’eau avec ses bottes, il allait bientôt connaître une gloire qu’il jugeait monumentale, par l’intermédiaire du fait d’arriver dans l’au-delà tout en étant vivant. Il y avait peut-être des requins sous l’eau mais pas grave, il les tuerait avec ses élastiques. Il risquait peut-être une crampe en nageant longtemps, tant pis la gloire méritait bien quelques souffrances physiques. De son côté Loyal se demandait s’il ne rêvait pas, il croisa de superbes spécimens d’idiotie dans sa vie, mais apparemment Armand méritait le titre de champion des champions en matière d’imbécilité.
Loyal : Mais qu’est-ce qu’il fait cet idiot ? Il démolit son bateau. Armand : Maintenant que mon navire a coulé, je dois aller au fond de cette mer. Loyal : Sombre crétin, tu ne survivras pas si tu descends à plus de deux cents mètres de profondeur. Je me suis moqué de toi ! Armand : Ah bon vous n’avez pas été terrorisé par mon écrasant charisme ? Loyal : Tu fais trop pitié, je ne vais pas te voler pour la peine, adieu. Armand : Attendez, ne m’abandonnez pas.
Le navire de Loyal s’éloigna, malgré les cris d’Armand. Le souple ne possédait plus grand-chose, sa nourriture, son moyen de transport, ses gourdes d’eau potable, et sa boussole rejoignirent le fond de l’océan. Armand commençait à se sentir engourdi à cause de l’eau, encore une demi-heure de natation forcée et il risquait la crampe. Pour arranger les choses, de gros poissons carnivores commençaient à s’intéresser de manière intense au souple. En effet les parages fourmillaient de requins et d’autres créatures dangereuses pour les personnes nageant. D’ailleurs il valait mieux naviguer sur un bateau blindé et doté de puissantes armes pour survivre dans les environs. Il arrivait que de gros animaux marins d’une taille supérieure à vingt mètres de long comme le kraken, une sorte de poulpe gigantesque, s’en prennent aux téméraires. Malgré les conseils de sa famille, Armand se borna à partir seul, il commençait à regretter son accès d’audace. Il se demandait si quelqu’un pleurerait sa mort. Puis il se reprit, l’heure était grave mais il existait encore un espoir, quelqu’un pourrait venir le sauver, et il n’était pas si loin de la côte. En économisant ses forces, il était possible de rejoindre la terre. Bien sûr le souple n’échapperait pas à un gros rhume le temps de rejoindre un endroit habité. Cependant il préférait tenter quelque chose plutôt que d’attendre le trépas. Il connaissait les risques de son existence aventureuse, alors il allait assumer les conséquences de ses actes. Même si personne d’humain ne le regardait pour le moment, le souple refusait de céder au défaitisme, il se montrerait courageux jusqu’au bout. Mais la dure réalité finissait par émousser sa résolution.
Armand : Mes élastiques ne suffiront pas à garantir ma survie, je suis fichu. Horreur un requin !
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