C’est la fin du voyage, mes jours deviennent nuit J’ai gouté aux plaisirs, j’ai visité la vie Usé de ma jeunesse, assouvie mes envies Mon futur est passé, je referme mon huis
Je dois quitter ce temps qui n’est plus accueillant Je ne reconnais plus, même le nom des rues Ou les vieux pavés gris quand la pluie tombait drue Faisait glisser rebelle, l’allochtone chaland
Le boulanger du coin qui venait du midi Et parlait de son pain, avec des mots d’amour A lâché son pétrin, et délaissé son four Son magasin n’est plus, Pomponnette est partie
Je n’entends plus la voix du petit rémouleur Chantant: «je repasse ciseaux, coureaux, rasoirs » Avec sa rabelette, qui servait d’aiguisoir Cette époque est finie, nous avons changé d’heure
Le bistrot «A l’ORée» témoin de nos émois A tiré son rideau, une banque à la place. En cet endroit magique, ma mémoire fugace Se souvient de ce monde qu’on refaisait parfois Les marronniers aux feuilles en forme de dentelle Sur la place «Aux Amour », d’ombre ne feront plus, Le nom de mes aimés que j’ai gravé dessus Avec eux sont partis, mon enfance chancelle
Mon passé s’est enfuit, mon avenir lointain Hier trop éloigné, bientôt n’est qu’un mirage Mais pourquoi le destin nous fait pareil outrage : A peine naissons nous , qu’on est déjà demain.
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