C’était en 1972 (cela a-t-il vraiment changé ?).
Atipaya
« Atipaya », journal de combat pour la défense des Indiens de Guyane, se transforme. Il sera désormais l’organe du « mouvement transnational Atipaya pour la vigilance et l’action contre les génocides », Atipaya étant le nom d’un enfant amérindien. Pour se convaincre de la nécessité d’un tel mouvement, il suffit de lire quelques lignes du nouveau bulletin : Cette année même, aux confins orientaux du Pérou et de la Colombie, plusieurs campements indiens ont été bombardés au napalm par des planteurs d’hévéa… Des tribus entières ont été exterminées à la grenade et à la dynamite par des équipes de tueurs professionnels. 18000 Indiens ont ainsi péri durant les quinze dernières années parce qu’ils occupaient des territoires riches en pétrole, en uranium ou en métaux rares et que leur présence entravait la libre et fructueuse exploitation de ces richesses naturelles.
Tu es tout nu Mais sous ta case Pousse la pierre Qui emporte l’homme aux étoiles. Ils sont venus Sans une phrase Chasser tes frères Au nom d’une blanche morale.
Atipaya Quand tu entendras les gringos Bardés de fruits d’enfer, Grenades. Quand tu les verras, blancs héros Aux bâtons de tonnerre, Brigades. Atipaya Ne cherche pas à leur parler, Ils ont trouvé leur port, Enfer. N’essaye pas de les tuer, Ils étaient déjà morts, Hier.
Tu es tout nu Et sur ton cœur La fleur de sang Dévore ton reste de flamme. Ils sont venus, Profanateurs, En conquérants, Passer une vie par les armes.
Atipaya Je n’aurai pas assez de temps Pour éveiller mon frère Qui dort. Et mon fils aura eu cent ans Avant de les faire taire, Remords. Atipaya C’était ton nom Chez les Indiens Avant l’ère du vol Atipaya De toi, il ne reste plus rien Dans les champs de pétrole.
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