A l'instant ou l'on ferme l'ENA, j'ai retrouvé une petite fablounette, que j'avais écris en 2016
Il était un seigneur, voulant vagabonder Qui mandat son ministre en charge du climat: J’aime fort à flâner, lui dit il, mais voila Je hais ce vil crachin qui ose me mouiller
Croyez-vous, qu’un nuage au mépris de mon rang Aurait l’outrecuidance de gâcher ce périple Pensez-vous au contraire, que Dieu et ses disciples Sauront bien se tenir, en prônant le beau temps ?
Le ministre du ciel aux ordres du seigneur Voulant point contrarier son maitre souverain Lui promit chaud soleil, et ciel bleu comme écrin Et pas de goutte d’eau, dans les prochaines heures
Pourtant chemin faisant, il croisa sur sa route Un brave paysan, aux vêtements crottés A cheval sur un âne aux oreilles baissées Qui se permis, ce gueux, de dispenser ses doutes
« Sans vouloir offenser votre immense grandeur Je vous conseillerai de faire demi-tour Il n’est pas interdit que des nuages lourds Se transforment en pluie et vous fassent grand tort »
Le seigneur faisant fi, des mots du paysan Négligeant son avis, continuât son chemin Se moquant, par ailleurs, des dires du gredin Qui déniait les propos du ministre savant
Il n’eut pas fait cent pas, que la pluie pressentie Du dit gredin, tomba comme pour signifier Qu’en termes de climat, le Bon Dieu se moquait Des pourvus, gens de peu, indigents ou nantis
Le seigneur eut tôt fait de convoquer le gueux Et de lui proposer le poste du ministre Licencié, n’ayant pu programmer ce sinistre Qui le vit au château rentrer mouillé, crotteux
Seigneur, lui dit le bougre, je ne maitrise en rien Du ciel les fantaisies, mais c’est mon Ane gris Qui baissant les oreilles aux jours de grandes pluies M’indique que le temps sera fort incertain
Convaincu du pouvoir étonnant de la bête Il engageât Martin, équidé du Poitou Qui coula dés ce jour un destin d’âne doux Et baissait les oreilles à la moindre trempette
Puis créa une école pour perpétuer la chose Ou l’on enseigne aux ânes et de doctes manières La gestion d’un pays, abstraite et singulière Les rendant érudits, mais atteints de sclérose
Dés lors dans le pays, en chaque ministère Sont recrutés des gens qui sortent de l’ENA* Diplômés, Brevetés en moult Doctorats Qui oublient ce bon sens des hommes de la terre
*Ecole Nationale des Anes
|