Sur le crayon pointu le galbe de ton sein Glisse au bout de mes doigts et, comme l’eau courante, Ruisselante d’amour l’amertume Toussaint Me recouvre le cœur d’une rose mourante.
Je me lie à ton corps sur du papier brouillon, Troué comme un piercing dans une lèvre rose, Écrasé par la mine, usé par le crayon ; Novembre répandra l’ombre de cette rose.
Tu es : Claire fontaine. Et je suis le Karcher, Le geyser de l’amour d’émeraudes serties. Toi la source qui chante à même cette chair… Moi les larmes coulant dans un mouchoir d’orties.
Fondent les pains de sucre et les caramels mous, Le beurre d’escargot, l’omelette au gruyère. Dans la poêle des jours l’invincible remous M’attache à ton odeur autour de la cuillère.
Et, glissant sur ta peau, heurtant chaque frisson De chair égratignée, absorbant chaque pore, Au turquoise indigo je suis à l’unisson L’essence de ton être, au ciel qui s’évapore…
Que l’oiseau du malheur vienne se poser sur Les os gangrenés de mon épaule meurtrie. De partout étranger, des tréfonds à l’azur Je me retrouve seul : Orphelin sans patrie !
Une feuille Canson. Des pastels. Un fusain. Le silence pour ouïr le chant de l’alouette. Et le Rhône couler… Sur le pont de Grésin L’orage par-dessus ma grêle silhouette,
La peur des chiens battus aboyant à la mort. Il tonne, mon amour ! Ton ombre cavalière Se cabre dans la nuit de l’affamé qui mord… Désormais tu seras ma seule muselière !
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