Quand mon père au labeur partait fort tôt matin Complaisante la lune éclairait son chemin Trop paresseux le jour, pas encore levé Sera déjà couché, quand il devra rentrer,
Quand mon père au labeur partait bien tôt matin La fatigue d’hier et celle de demain II n’en faisait pas cas, et ne s’en souciait guère Il venait du néant, il sortait de la guerre
Quand mon père au labeur partait bien tôt matin, De sa vie difficile, jamais il ne s’est plaint, Ses douleurs, ses chagrins, avaient tari ses larmes, Il avait trop perdu d’amis, de frères d’armes.
Quand mon père au labeur partait bien tôt matin, Dès lors chaque journée, était comme un jour saint, Nul besoin de prier pour demander faveur, A ces Dieux déficients, en ces années d’horreur.
Quand mon père au labeur partait bien tôt matin, Notre enfance semblait nous tracer un chemin Sans peine, sans péril, ou le terme misère Avait été rayé de tous nos dictionnaires.
Quand mon père au labeur partait bien tôt matin, Le bonheur qui logeait chez nous, se sentait bien. Un bonheur des plus simples, le plaisir délicieux De vivre en permanence, un bonheur merveilleux.
Quand mon père a cessé de partir tôt matin, Au soir de sa retraite, j’ai ressenti soudain Un curieux sentiment, un manque, une carence, Trop vite était passée ma tendre et douce enfance.
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