La crise COVID 19 a généré bien des modifications de comportements. Ma collaboratrice immédiate a décidé de voguer professionnellement vers d'autres horizons, la marine nationale. A l'occasion de son pot d'adieu je lui ai proposé un dialogue entre sa destinée et elle. Je vous le propose.
Chère Laure, vous êtes là depuis sept ans ; De votre avenir vous ouvrez un nouveau ban. Ecoutez donc notre fable avec bienveillance, Vous qui avancez en âge avec assurance. Nous voulons l’éclairer en toute indépendance Sur votre beau devenir florissant d’espérance. Mais laissons à ces prémisses ce bavardage Et allons dans votre passé à l’abordage.
Une ci-devant Laure décida en ce jour De converser avec son passé sans détours, Demandant à sa destinée de beaux atours !
Laure : Être restée ici sept ans est -ce donc bien assez J’aurais pu rester un peu plus, vous en conviendrez, Mais l’appel du large a sonné à ma porte, Me proposant un projet d’une belle sorte. Il fait la belle synthèse de mon passé Pour valoriser tout le savoir amassé. En mon être, je me trouve dérouté, C’est à croire qu’en lui s’est ajouté Un étage que je n’avais pas remarqué. Destinée : Sans vouloir tourner sept fois ma langue dans ma bouche, Ne livre pas à ton avenir une escarmouche, Laisse venir son espérance sans le combattre Et ne croit pas qu’il faille avec moi en débattre. Encore que tu aimes énoncer le blanc et le noir, Tu le fais toujours de préférence le soir. Et que le temps qui passe soit ton beau destin, Que la sagesse soit ton but et ton chemin, T’obligeant aussi, là où tu vas, d’être du matin. Tu devras être sensible au son du clairon, Quoique tu fasses, ce, à toutes les saisons. Laure : Vous ne m’en voulez donc pas de partir ainsi Et de voguer vers d’autres horizons choisis. D’un nouveau métier, je veux découvrir la jouvence, Tout en gardant des bonheur passés l’excellence. Me verrais-je dans mon nouveau métier comme dans un miroir, Me faisant oublier mon passé au fond d’un tiroir ? Destinée : Ton passé restera en ton âme à tout jamais ; De toutes tes actions futures, il sera l’engrais. Mais dis-moi oublions ce discours très français, Tu sembles assurément aimé le chiffre sept Et je vois que pour toi il n’est pas qu’un concept. Il est le symbole d’un dynamisme total, Qui, dans les projets que tu aimais, était ton capital. Alors fais le vivre encore et toujours là où tu vas, Et à toutes actions qu’il devienne le canevas. Laure : C’est cela, c’est cela que de belles paroles Alors que tu n’es pas dans mon rôle. Il t’est aisé à toi de me donner des conseils Puis, après ton élan, de te mettre en sommeil. Je vais avoir besoin de toi dans la marine Pour chasser au début tous les risques de combine. Changer de métier est un nouveau commencement Dont je pourrai craindre tous les bouleversements. J’aime cela même si cela me mettra dans l’embarras. Mon dynamisme suffira-t-il ou patatras ? Destinée : Une mer très calme n’a jamais fait de bons marins. Que ce nouveau voyage ne te donne pas de chagrin. Laisse-toi aller à ta belle destinée. Dans les bons et les mauvais jours je vais t’aider ! Rends-toi bien compte une deuxième vie commence La nouvelle aventure te remplira d’aisance. Ce nouveau projet ne va pas te ramollir Tout le contraire, ta pensée, va embellir. Et dis-toi bien que changer est obligatoire, Et que cela ne peut pas se faire sans histoires. Laure : Tu me crois donc capable de faire encore mieux Ou me dis-tu cela avec un air facétieux ? Je me sens ébranlé par ta courtoisie, sans heurs, J’avancerai donc même si je dois faire des erreurs. Destinée : Oui, oui, je vois que tu commences à me comprendre C’est des erreurs qu’il est plus facile d’apprendre. Tu connaîtras des succès dans ton avenir, Et je serai heureux de t’y voir parvenir. Et au large tu ne seras pas à l’étroit. Tu navigueras à la conquête de nouveaux exploits. Laure : Ce nouveau destin est donc l’été de ma vie Qu’il va me falloir savourer avec envie. Dis-moi ma destinée, pourquoi tant de bonheur Alors que je laisse ici des amis de cœur ? Sans doute me faut-il garder les pieds sur terre. Mes amis demeureront toujours dans ma serre !  
Destinée : Le bonheur est une décision qu’il faut prendre Et quoiqu’il arrive, se laisser par lui surprendre. L’eau est la même des deux côtés du bateau. Ton passé est une belle part du gâteau. Ton futur, tu nous le serviras sur un plateau ! Et puis aller ailleurs c’est pouvoir vivre longtemps Et pouvoir te dire toujours jeune sans contretemps. Et prend le vent comme il souffle, la mer comme elle vient. Laure : Toi ma destinée intrépide, je te retiens ! Devant mon futur, je deviendrai malicieuse Et de mes nombreuses inquiétudes oublieuses. Une belle carrière ouvre ses ailes blanches, D’un bel arbre, mes actions seront ses branches. Destinée : Ah qu’il est heureux de te voir ainsi penser De ne plus voir, ton avenir, semoncer. Ta destinée finit toujours par te rattraper Et ne va croire que tu pourras me zapper. Je reviens t’éclairer et non pas t’agonir, T’encourager à vivre longtemps pour agir, Et vivre chaque projet avec un grand plaisir. Eh ! Ne cherche pas de ma personne à t’abriter Tu me trouveras sur les chemins que tu prends pour m’éviter. Laure : Je comprends qu’il faut accepter ma destinée Mais je vous garderai toutes et tous dans mes pensées. Allez, je m’en vais faire de nouvelles erreurs Dont je me relèverai avec ardeur. J’ai beaucoup appris ici et même rire de moi-même Et depuis je ne m’ennuie plus jamais, même en carême.  
Epilogue : Arrive le moment de conclure la fable, En amis très chers de vous la rendre acceptable. Une nouvelle carrière présente bien des charmes Il convient de la voir comme un nouveau sésame. Votre destinée sera là , je vous demande de le croire Toujours prête à vous donner un verre de folie à boire. Vous en aurez besoin dans vos belles aventures, Ou vous pourrez rencontrer quelques impostures. Jacques HOSOTTE
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