Ce que l'on peut écrire, Au hasard d'un reflet…
Les multiples ridules Qui se dessinent, À la dérobée, Sur un visage Sont les stigmates du temps…
Un soir de vague à l'âme Ou d'un matin chagrin, Devant le grand miroir de la salle de bain, Maître du reflet , N'épargnant en rien la beauté ni la jeunesse, Les doigts effleureront délicatement, Cet outrage du temps. Ces rides sont la bibliothèque d'un vécu, Aux livres d'une âpre vérité. Ils livrent une lecture, Sans aucune concession, Qui met en exergue les faits inaccomplis, Les erreurs du passé Et les éternelles insuffisances.
Ce tableau crépusculaire aura raison de la lumière, Il est le représentant d'un drame automnal.
L'humiliation insidieuse…
Aujourd'hui, l'instant est déjà un temps suranné, Emprisonné par hier. Le temps, irrévérencieux, S'écoule avec force sur les rives de l'esprit, Déversant les scories, les carences, Les absences et les oublis d'antan, Comme un gave en furie qui dégueule ses eaux boueuses Sur la grève. Et si avenir, il y a encore, Celui-ci n'en est que plus piégé, Par cette incurie inhérente à la nature humaine. La crainte, L'incertitude, Et tous les non-dits qui torturent l'esprit Sont désormais les couleurs de la palette Que l'on a en main. Devant ce constat terrifiant, Les heures de bonheur sont gommées, Ne laissant aucune trace d'un instant de sérénité. La réalité s'expose, La peur s'impose, La nostalgie se meure Et la mélancolie s'installe. Le visage apeuré, Le regard perdu, Les pensées lésées Par une culpabilité obsédante et omniprésente Font de la conscience un no man’s land
Dans une vague d'images meurtries, naît un kaléidoscope Sans couleur ni reflet. Place à une vie aux tons inversés, Où loge un clair-obscur, Le négatif du film d'une vie écornée, Endommagée, Brisée, Crépuscule d'une vie en demi-teinte. Les yeux figés, larmoyants, Rougis par cette main désespérée Qui cherche à assécher vainement ce flot de tourments, Et de désenchantements Annoncent une profonde léthargie.
Les reflets peuvent être aussi de toute beauté, Mais c'est une toute autre histoire que je ne connais pas !
Marco Mai 2020
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