L'horreur des fins
Le dessin animé vient de finir « That’s all folks ». La vie me fait tellement kiffer que je ne saurais comment la quitter. Tout à l’heure dans mon lit je supporterais pas de m’endormir, je tournerais, tournerais sans trouver la sortie. Depuis toujours je supporte pas ce qui fini. J’ai fini mon wouinge, mon yahourt, mon whisky. J’ai tiré des flèches toute la journée depuis les différentes cordes de mon arc. J’en finis pas de lire mais maintenant je le sais sans même me le dire. Je vais pas arriver a dormir. Déjà petit je supportais pas qu’on s’arrête de jouer. Quand s’achevaient les parties. Surtout si le plaisir s’accumule. Comme mon impossibilité a arrêter les gens les choses m’offrant du bonheur. Encore le dernier au lit. Je ferme les yeux sans envie, je sais bien que mon organisme n’a pas envie de mourir. Pas encore, c’est pas son heure Il aime trop la vie, ses aurores, veut se lever tôt pour faire tout ce que j’avais à dire, et rattraper tout ce que ma fainéantise a oublié de construire. D’une bonne soirée, t’as jamais l’envie de partir, t’y penses lors du retour au domicile. J’aime pas dire au revoir, ces mensonges dont on aime se bercer pour croire. J’me casse comme ça. J’aime pas les départs, j’aime pas les portes qui claquent, j’aime pas les retours solitaires d’après les beaux voyages où l’on quitte ceux qu’on aime. J’aime pas que les gens se séparent avec la rage, et leurs enfants au milieu servant de bouclier ou d’arme. J’aime pas les quais de gare, les aéroports, y’a que sur le pont d’un bateau que l’air s’emplit, mousseux d’embruns, d’un peu de romantisme. Même au bord de l’eau j’aime pas tout ce qui se sépare. La mer, le sable, le ciel. Chacun chez soi. J’aime pas attendre, m’ennuyer en sachant pertinemment que rien viendra. J’aime pas tourner la page, les cérémonies de clôture, les chambres d’hôpital. J’aime pas les gens trop sérieux trop fières, j’aime pas me préparer après un diagnostic pour demander : « C’est grave ? » J’aime pas quand la foule se barre des rues après la fête. Les retours au bercail d’après un beau spectacle. Les feux d’artifice me rappellent que si y’a l’armistice c’est bien pour fêter la fin d’une guerre. Une saloperie de plus. J’aime pas assister un être qui meurt,dans son agonie dernière. J’aime pas ça mais le rideau tombe sur moi de manière certaine. Comme l’est la finitude. J’aime pas me presser, ni mes conclusion hâtives. Ce texte me va lui, car il n’est pas une fin en soi. Velouté des premières, miel sucré, ombrelle. Piano bar, partage ma voix. Epargne ce triste vide. A l’heure des défunts, crémation ou enterrement. Mon silence me rappellera toujours. Bien pire que de la jalousie, née ma haine. Que j’ai l’horreur des fins. Me précipite alors chaque fois comme la première. Et recommence enfin…sans feinter l’enfantin.
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