Essaimage
En livrée de vent, La nostalgie des mondes verts Se glisse dans l’esprit des galets.
Oh qu’ils étaient beaux les matins songeurs! Développant la brume comme un airain sauvage, Ils allaient droit au centre des lagunes...
Oh comme il était beau le sourire musqué Dont se paraient les oiseaux de nuit Rentrant au nid!
Comme elle était proche l’éternité Que les vagues ciselaient En proues instables et floues.
Tu te rappelles les notes du ruisseau Que tu cueillais tous les matins, Quand les souvenirs n’étaient encore que des lucioles Musardant au frontispice des temples végétaux.
Leurs charmes s’entendaient Jusqu’aux abords du deuxième astre, Celui qui luisait sur ton front .
L’eau était encore fluide primaire Dont se désaltéraient les êtres en partance, Emissaires choisis pour essaimer Dehors, Au -delà de cette époque divine.
Racés comme des météores Ils lissaient leurs ailes diamantines Pour s’élancer si haut !
Parfaits voyageurs, Nés du ventre des océans peu profonds, Leurs regards, habités de mille lunaisons épiphytes, Serpentent le long des futaies sombres.
Ils s’envolent en delta, Passant une dernière fois Au dessus des iris qui les générèrent . Le meilleur de l’horizon intégré dans leur mémoire, Ils partent avant l’aube.
Ulta rapides, Ulta- limpides, Sultans de glace Ramant le long des côtes , Tu les vois s’éloigner .
Ton souffle Devient un composant de leur plan : Ils vont féconder Le soleil , Et les mondes D’avant le silence, D’avant Le Signe, D’avant l’étincelle , Sans escale, Sans regrets, Mieux qu’un rayon vert, Mieux qu’une citation runique Mieux que le temps.
Ils restent ce qui se fait de mieux Dans le monde des cristaux, Leur profil inaltérable Te parvient dans tes rêves, Chère vieille âme.
27 Juillet 2019
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