Le pardon
Je vous pardonne pauvres nounours aux yeux crevés vous qui avez crevé les miens à coups de lames brillantes comme vos dents et noires comme vos ongles se grattant continuellement têtes pouilleuses et parties honteuses
Honte sur vous et vos proches je vous pardonne
Que pourriez-vous faire de mon pardon ? Vous le mettez en boule et le mâchez comme un chewing-gum comme ceux que je vous donnais enfants légers bientôt morts de honte je vous pardonne
Il y a soixante-dix ans de ça j’avais déjà pardonné à d’autres bourreaux que vous c’était ma pauvre revanche la seule possible du haut de leurs croix gammées ils m’avaient mise sous scellés le cœur brisé en milliards de morceaux impossibles à recoller
Je leur ai pardonné qu’ils vivent avec mon pardon en guise d’oreiller
Je vous pardonne
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