Au soir ma pensée
Au soir ma pensée se vole haut vers les cieux S’exilant joyeuse vers les fraîcheurs commodes D’un sage œil captieux que rien ne démode Sur sa bordée s’y assoie; un perdu regard caïeu • Elle se va austère couplée à la houleuse bordée De ces vents vifs qui froissent têtus la cordée De l’inimaginable bousculant les dures réalités Qui se défigurent à son inexpugnable férocité • Toi ma pensée tu as quitté la béante frayeur Couchée sur cet azur qu’un calme repose d’aise Tu regardes tranquille ce bas des côtes obèses Trop repue des richesses de ces cyniques laideurs • Au fond de ce gouffre ruiné des grands intérêts Le riche se pleure la perte de son âme insolvable L’avare s’agenouille sur des prières lamentables L’orgueilleux se toise debout sur sa vile fatuité • Le pauvre s’exhausse d’humilité pour sa nature La pauvresse s’engendre des excuses prodigues L’enfant triste se joue au qui perd gagne pudique Et les choses de verdures changent humble de parure • Là bas enfouis sous le grand feuilleté d’inventions Le savant se prend les mains dans son ignorance Quelle force a la nature de poser son incompétence Quand le silence se rage inaudible sans évolution • Dans une chapelle ardente, on brûle de vaines idées Celles de ceux qui veulent nous expliquer cet irréel Sous les murs disloqués qui ébranlent leur fade tutelle Tu les vois mortels, geignant de n’être ce dieu recherché • Ô pensée! Rien ne comprends-tu, rien ne veux-tu, il est Que tu adores le calme de la fraîcheur du haut, loin du loin Quand le cyclone ravage ces mondes besogneux conjoint A ta riche lucidité de n’être qu’un manteau humain désolé. ©ƒC
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