L’œil satanique
Au loin s’approche l’œil Satanique Près des cotes du Mozambique Les airs chauds se montent serrés S’entortillent en masse dévouée Dans l’énergique cyclone drastique • Et Le ciel aspire la mer profonde Engendre le cyclope à l’œil calme Il s’avance en poison sans palme Sur les eaux rayonnantes du monde • Sur les terres prévenues il engrosse La vague dévastatrice des rivages Et le vent souffle, habile sans trucage Les cumulus abandonnés, qu’il brosse • Il plie indifférent les villes feuilletées Qui se tordent d’une douleur stridente Se craquent indu d’une mort purulente Et la mer couvre rêche ce linceul dédain • Dans le lit des vallées, rivières asséchées Déferlent les boues des collines ruinées Et les barrières naturelles cèdent épuisées Par les coups redoublés des galets arrachés • Les maisons sont closes de leurs ouvertures Les haies, clôtures ensevelies dans le noir Pauvres protections dépossédées du devoir Quand les familles pleurent les viles ruptures • Elles se baignent dans la lueur des bougies Collées usées aux feutrées ombres maléfiques A l’écoute inquiétante du vent pharaonique Qui hurle la mort proche, prélude d’agonie • Un toit d’échoppe, la tôle légère se froisse Un long murmure lugubre en écho se respire Et les cœurs s’affolent tourmenté par le pire La lame s’ondule, vil échafaud qui vous angoisse
Le fragile volet bloqué tremble dans le décor On veille dans l’interstice des planches la rue Et l’automobile trop lourde déboussolée se rue Emportée au fond d’un talus sans un remord •
Le python girafe tend le cou vers le haut ciel Il se veut de la fête, il se touche hanté les pôles Mille éclairs se conjuguent au feu qui le viole Il se plie, il se rompt à l’inégale lutte démentielle • Paysage ravagé de cicatrices où la mort rôde Dans le nouveau silence, calme, bleu d’azur Quand l’œil très haut du cyclone apparaît pur En signe d’armistice de la nature qui se corrode • Les tendres pensées quittent perdues les hauts Riches pétales égarés des horizons sombres Elles essuient les larmes de sang de leurs ombres Sur les parterres violacés des folles terres ternies • Au barreau de toutes les cases créoles on entend Mille la di la fé, racontant tant de mots insensés La montagne des douleurs a emporté surexcitée Les purs plis des lambrequins blancs dans le torrent • Pourvoyeurs de maléfices, le nuage s’en est allé Vers les eaux tranquilles pour rejoindre au plus tôt Les aînés disparus au grand large, dans les durs flots Sortis insouciants des bons conseils qu’ils ont occultés ©ƒC
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