Reliefs troublants
L'eau est nouvelle. Le ciel se reflète sur les lis majorés D'un rideau de lune.
Un Silence inquiet descend le long de candélabres surprenants Qu'un fleuve premier Protège des oiseleurs en errance De crainte que le soleil ne collisionne le zénith.
Là , Des raies de solitude adhérent aux rideaux des anges.
Le fruit miniature que convoitent les oiseaux du sud N'est encore qu'un signe abandonné sur les plages d'un monde hésitant.
Des dunes parsemées d'onagre t'emmènent au loin Pleurer dans les champs.
L'intelligence des temps nouveaux est encore balbutiante. Elle se revêt de chanvre bleue nuit Au bord des étangs soupirant au vent d'avril .
Le retard que tu prends te donnes des frissons sur ton échine , Des sentiers se courbent sur ton passage Pour laisser passer le murmure des saisons lunaires .
Les luminaires, là -haut , dessinent des coroles curieuses, Magnétisme encerclant le rire des lézards , Venteuses valses aux alphas instables , Rigoles intraveineuses dans le corps des paysages Que tu distilles entre deux envols!
Ta solitude est propice à l'ombre qui s'immisce dans les arbres. Elle est déjà grosse des mille escapades que tu projettes: Désert fauve, Mer intérieure, Forêt digitale ponctuant le vent de sourires qui lentement Dérivent vers ton point de non-retour , Fossé safrané accueillant les graines Qui promettent un avenir pour les peuplades orientales à la veille d'inventer l'écriture.
L'émotion la plus rare , La plus fragile, La plus souple, Miroite dans ton regard.
Elle y dessine ses oasis Et un erg y dépose ses mémoires: Etoile musicale , Antilope timide, Où autrefois les lacs miniatures Composaient Le damier prometteur d'un continent fertile...
Les légendes vont bon train .
Dans les palais hivernaux Que ton pèlerinage rencontre,
Il est dit que tu es fantôme , corolle de daphné printanier, Que tu es descendant d'une lignée de licornes ,
Que ton accent vient de l'océan , Que tu parles avec les elfes ,
Que ton plumage est celui d'alcyons digitaux Navigant sur les mers De mondes en émergence …
Rares sont tes cris au large Nul n'entend tes appels Nul ne perçoit ton envol. Ton profil est bien gardé dans les sédiments de nos rêves.
L'enveloppe qui te dissimule Se dissout parmi les cendres du levant. Rien ne trahit ta présence ici Rien ne vient alerter de ton approche Quand le vent solaire se lève, Quand le rire se fait discret, Quand le symbole de l'aurore se pare de vie primaire...
Ta voile se déplie Ton étrave fend la surface Et laisse son sillage binaire A l'appréciation des êtres qui guettent le lever de la lune Au bord de la conscience qui ruissèle en quatre vents Sur la lame accidentelle Des premiers chasseurs.
Tu es à ta place, Avec les végétaux généreux, Avec les sources en pleurs,
Avec ces envols hasardeux Qui te font sur tes ailes Des ocelles dédiées aux bateleurs. Ceux-là , hâtifs, se vantent D'intégrer ton nom Au soleil …...
20 Janvier 2019
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