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De Montpellier
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Le 28 Avril 1789 la BOUNTY se mutine contre le le capitaine William Bligh
L'histoire de la mutinerie de la Bounty a pu être retracée d'après le journal de bord du capitaine William Bligh, le journal personnel du second maître James Morrison ainsi que le témoignage de John Adams, dernier survivant des mutins de la Bounty.
L'histoire commence en 1787. Un navire, la frégate HMS Bounty, avec pour commandant William Bligh, est affrété par l'Amirauté Anglaise pour rallier Tahiti afin d'y récolter des plants d'arbre à pain. L'Amirauté prévoit d'acclimater cette plante dans les colonies anglaises des Indes Occidentales, c'est à dire actuelle Jamaïque pour y nourrir les esclaves.
Le voyage aller est rendu difficile par le caractère irascible du capitaine Bligh. Colérique celui-ci réprimande sévèrement l'équipage et donne le fouet avec beaucoup trop de générosité au goût de ses hommes.
L'escale tahitienne est donc bienvenue, et les six mois passés sur l'île à récolter les plants d'arbre à pain, seront pour ces hommes sévèrement tenus un avant-goût de paradis.
Hélas, dès l'appareillage les brimades et les réprimandes reprennent. Aussi, le 28 avril 1789, Christian Fletcher 3ème officier aidé de 8 membres de l'équipage s'empare du navire au petit matin. Bligh et ses fidèles, 19 hommes en tout, sont placés dans la chaloupe de la Bounty et abandonnés au milieu de l'océan Pacifique avec un minimum de vivres... Le capitaine Bligh, contre les éléments, sans instrument de navigation, aidé de ce maigre équipage, néanmoins trois fois trop nombreux pour la capacité de la chaloupe réussit l'exploit extraordinaire de rallier l'île de Timor en Indonésie, distante de 8 300 km. Il ne perdra qu'un seul homme, tué par des indigènes.
William Bligh regagnera l'Angleterre où il sera jugé et acquitté. Quelques années plus tard il retournera sur Tahiti terminer sa mission, et il réussira à ramener dans les colonies anglaises le fameux arbre à pain... que les esclaves ne voudront pas manger !
Quand aux mutins, une fois maîtres de la Bounty, ils retournèrent à Tahiti. Après s'être ravitaillés ils tenteront d'établir une colonie sur une île du Pacifique. Devant l'hostilité des indigènes ils renonceront et regagneront Tahiti. Là, les neufs hommes à l'origine de la mutinerie, prendront la fuite durant la nuit, accompagnés de quelques tahitiens et tahitiennes... Le reste de l'équipage, abandonné sur Tahiti, attendra un an avant d'être récupéré par la Pandora, frégate de la marine Anglaise, affrétée pour retrouver et ramener en Angleterre les mutins et leurs complices. Les hommes de la Bounty furent mis aux fers, et certains y sont morts lors du naufrage de la Pandora. Les survivants furent jugés en Angleterre... Mais les neuf mutins enfuis de Tahiti ne furent jamais retrouvés par la justice anglaise...
Ce n'est qu'en 1808 que le destin de ces hommes fut connu : réfugiés sur l'île de Pitcairn ils y fondirent une colonie et firent souche. Mais rapidement la situation se dégrada et les hommes s'entre-tuèrent. Il ne resta plus que John Adams, dernier survivant des mutins, quelques femmes et les enfants. Cet homme posa les fondements d'une communauté pieuse, toujours présente de nos jours sur l'île de Pitcairn...
En l'an 2000, les descendants des révoltés de la Bounty habitent toujours Pitcairn...
Le but du voyage
A la fin du XVIIIème siècle, la publication des études botaniques de Joseph Banks réalisées lors des voyages de James Cook dans le Pacifique sud décide les responsables de la politique coloniale anglaise à essayer d'acclimater l'arbre à pain tahitien aux Indes Occidentales afin de nourrir les esclaves des planteurs. En effet le fruit de cet arbre constitue la base de l'alimentation Tahitienne, sa pulpe permet de fabriquer un "pain" excellent et bon marché...
Le roi George III, passionné de géographie, donna son aval à cette entreprise. Le début du périple était prévu pour la fin de l'année 1787. La Bounty, une frégate spécialement étudiée pour cette mission, fut confiée au capitaine William Bligh.
Les protagonistes La Bounty est une frégate de charge de 250 tonneaux, 26 mètres de long pour presque 8 mètres de large. L'entrepont est spécialement aménagé pour le transport des plants d'arbre à pain. Pour ce voyage l'équipage de la Bounty comprend 44 personnes dont un botaniste et son assistant.
William Bligh, 33 ans, capitaine de la Bounty, était maître d'équipage lors du 3ème voyage de Cook à Tahiti. Il est considéré par ses pairs comme étant un excellent marin. Sa promotion à ce poste de commandement est appuyé par Sir Joseph Banks, alors président de la Royal Society et "découvreur" de l'arbre à pain.
Christian Fletcher, 25 ans, 3ème officier de la Bounty, a déjà servi sous les ordres de Bligh avant de s'embarquer pour ce voyage. L'équipage de la Bounty est composé de marins de tous horizons. Les plus jeunes ont 15 ans, le plus âgé 40 ans.
L'appareillage
La Bounty appareille le 23 décembre 1787 ; le début de la traversée est marqué par une tempête qui oblige le navire à relâcher à Ténériffe pour réparer et réapprovisionner. A cette occasion éclate le premier conflit entre le capitaine Bligh et son équipage : suite à la disparition de fromages Bligh supprime la ration de fromage quotidienne. L'équipage grogne car il suspecte Bligh d'avoir détourné ces fromages à son profit.
La traversée
Au cours de la traversée de l'Atlantique sud les mesures d'hygiène prises par Bligh permettent de ne déplorer aucun malade. Il fait ainsi procéder à la fumigation et à l'aération des entreponts, ainsi qu'au séchage des affaires personnelles.
Afin d'épargner les rations, Bligh décide de remplacer les deux livres quotidiennes de pain par une livre de citrouilles achetées à Ténériffe. La répugnance de l'équipage vis à vis des citrouilles avariées provoque un nouvel accès de colère de Bligh.
Chaque punition se concrétise par une série de coups de fouet administrée au fautif... En avril la Bounty se présente au cap Horn. Pendant un mois entier, au milieu de la tempête, la Bounty essaie de passer le Horn. Les pompes sont mises en action toutes les heures. Au bout de trente jours de combat, Bligh jette l'éponge et ordonne de virer de bord afin de retraverser l'Atlantique pour rallier Tahiti en passant par l'Océan Indien.
Le 23 mai 1788, la Bounty passe le cap de Bonne Espérance où elle relâche durant un mois pour procéder aux réparations indispensables, permettre à l'équipage de prendre un peu de repos et compléter l'avitaillement.
Le 20 août la Bounty aborde les côtes de Tasmanie, à la pointe sud ouest de l'Australie, pour se réapprovisionner. Un matelot décède des suites d'une infection.
Arrivée à Tahiti
Le 26 octobre 1788, après dix mois de traversée, la Bounty touche la pointe Vénus au nord de Tahiti après 27 086 milles nautiques, soient 50 163 km, à la moyenne de 108 milles, 200 km par jour. L'accueil des Tahitiens, qui se souviennent des passages de Cook et de celui du capitaine Bligh, est chaleureux.
Il convient de préciser pour le respect de la vérité historique... que l'accueil des Tahitiennes fut tout particulièrement apprécié par l'équipage ; ...
Mais rapidement les vols continuels des Tahitiens (des " chapardeurs nés " d'après J.Cook) obligent l'équipage à surveiller le navire au mouillage. Néanmoins la douceur des insulaires, la facilité du troc et la beauté de l'île contrastent fortement avec la rudesse des épreuves que l'équipage venait de traverser et le caractère inflexible et coléreux du capitaine Bligh. Habilement Bligh obtient de Tinah, le chef des tahitiens, l'échange de plants d'arbres à pain contre des hachettes, limes, vrilles, scies et des miroirs.
Séjour à Tahiti
La traversée ayant été plus longue que prévue, La Bounty arrive à la mauvaise période, et Bligh est contraint de prolonger son séjour sur l'île : la récolte des arbres à pain va durer 6 mois. Il seront conservés dans des pots et certains dans des paniers spéciaux, et placés dans l'entrepont de la Bounty, spécialement aménagé pour ce transport un peu particulier.
Durant cette période l'équipage profitera de l'accueil des tahitiens, des festivités permanentes, du troc facile, comme quelques clous contre un cochon de lait… et … de la "gentillesse" des tahitiennes. Le chirurgien de la Bounty, grand buveur, décédera durant cette période. Quelques temps plus tard, la décision de Bligh de s'approprier tous les porcs que l'équipage ramène à bord provoque de nouveaux incidents. Les rapports entre Bligh et son équipage se dégradent un peu plus. En janvier 1789 le capitaine d'armes et 2 matelots désertent dans le canot du bord en emmenant des armes, des munitions et des provisions. Pourchassés, ils se rendent le 22 janvier. Malgré leur repentir le capitaine Bligh les condamne à 24 coups de fouet pour le capitaine d'armes et 48 coups pour les matelots.
Cette punition est très mal acceptée par l'équipage. Les officiers subissent également les réprimandes de Bligh. L'accès de colère suivant de Bligh est déclenché lorsque l'on découvre que des voiles ont moisies dans la soute, voiles inondées par les pluies car la soute n'était pas étanche. Bligh accuse l'équipage de négligence vis-à-vis de l'entretien des voiles. Les hommes sont démoralisés par toutes ces injustices. Malgré cela le travail continue, et début mars, la récolte étant terminée, les préparatifs pour l'appareillage commencent. L'ordre d'appareillage est donné le 4 avril 1789. Après 6 mois passés au paradis, la Bounty met le cap sur les Indes Occidentales.
La mutinerie
Le 24 avril, une équipe est mise à terre pour effectuer une corvée d'eau et de bois. Les indigènes se montrent très agressifs et Christian Fletcher fait rembarquer ses hommes. De retour à bord de la Bounty, Fletcher se fait traiter de lâche par le capitaine Bligh, alors que Bligh lui-même avait ordonné de ne pas provoquer ou affronter les indigènes. Fletcher reste profondément choqué par l'attitude du capitaine.
Trois jours plus tard, le 27 avril, des noix de coco disparaissent de la provision personnelle du capitaine Bligh. Celui-ci accuse alors Fletcher du vol devant tous les officiers.
Excédé par ces injustices permanentes, Fletcher décide de se construire un radeau de fortune et de quitter le bord, seul, à la faveur de la nuit. Mais il ne put mettre son projet à exécution. C'est à l'aube, nous sommes alors le 28 avril, au moment de prendre son quart et suite à une discussion avec Stuart, que Fletcher décide de s'emparer du navire. Rapidement un groupe de mutins se forme. On trouve dans cette petite troupe les hommes ayant le plus de rancœur envers le capitaine Bligh : Quintrel, Martin, Churchill, tous les trois ayant subit le fouet ainsi que Thompson, Smith, Williams et McCoy. Ce sont ces neuf hommes qui sont à l'origine de la rébellion. Sous un faux prétexte, ils récupèrent auprès de l'armurier la clef du coffre à armes.
Ainsi armés, ils investissent le navire, et forcent l'équipage à monter sur le pont. Le capitaine Bligh est sorti sans ménagements de sa cabine. Les officiers furent faits prisonniers. Aucun homme, et surtout aucun officier ne tenta de s'interposer et de reprendre la Bounty. Cette attitude ambigüe leur sera reprochée lors du procès. Laissons la parole au capitaine Bligh avec la traduction du livre de bord de la Bounty, rédigé par W.Bligh : "Juste avant le lever du soleil Mr Christian et le maître d'armes pénétrèrent dans ma cabine pendant que j'étais profondément endormi, se saisissant de moi ils m'attachèrent les mains et me promirent une mort instantanée si je faisais le moindre bruit. Néanmoins je criais suffisamment fort pour alerter les officiers, qui se retrouvèrent consignés par des sentinelles placées à leurs portes... Mr Christian avait un sabre et les autres étaient armés de mousquets et de baïonnettes. Je fus emmené sur le pont en chemise, meurtri par les liens passés autour de mes épaules et attachés dans mon dos, pour ne trouver aucun homme pour m'aider...".
Les mutins répartissent l'équipage : Bligh et ses fidèles sont placés dans la chaloupe, les autres membres de l'équipage sont obligés de rester à bord de la Bounty. La répartition est difficile, la chaloupe ne pouvant pas accueillir tout le monde. Les 19 hommes qu'elle embarque sont déjà en surcharge.
Fletcher accordera à Bligh et son équipage 2 tonnelets d'eau, soient 100 litres d'eau, 6 bouteille de vin, 3 sacs de pain, 50 livres de biscuits, 16 kg de cochon salé, des noix de coco, un sextant, des éphémérides, mais pas de montre, des vêtements et les papiers personnels de Bligh. Comme armes, les naufragés ne pourront emporter que 4 sabres, les mutins leur refusant tout arme à feu... Lorsque les 19 "naufragés" et le peu de vivres fournis par les mutins sont embarqués, la chaloupe est débordée et ces hommes sont abandonnés au milieu d'un océan inconnu, à des milliers de kilomètres du premier port civilisé. Les mutins mettent la Bounty sous voiles et disparaissent rapidement à l'horizon.
A partir de ce point, notre récit se scinde en deux parties. Vous pouvez suivre Bligh et les " naufragés " ou accompagner Fletcher et les mutins.
Les " naufragés ", au nombre de 19, sont entassés par les mutins dans la chaloupe de la Bounty. La chaloupe est si lourdement chargée que son franc-bord ne se trouve qu'à quelques centimètres de la surface…
Les 19 hommes emportent deux tonnelets d'eau, quelques provisions ainsi que quatre sabres. Les mutins leur refusent toute arme à feu. Sur la demande de Bligh, Fletcher leur accorde un sextant, un compas et le livre de bord, mais ni montre ni carte. Cependant, grâce à sa prodigieuse mémoire et à ses connaissances, Bligh réussira l'extraordinaire performance de rallier Timor au nord ouest de l'Australie en 43 jours de mer, en ne déplorant la perte que d'un seul homme, tué par des indigènes.
Leur périple peut être découpé en 6 parties :
L'escale mortelle à Tofoa Des conditions inhumaines La progression vers Timor Arrivée à Timor Le procès Bligh, après la Bounty
Escale mortelle à Tofoa
Le soir du 28 avril 1789, Bligh et ses hommes arrivent sur l'île de Tofoa. Ils y passèrent quelques jours à compléter leurs vivres avec les maigres ressources de l'île. Les relations avec les indigènes se dégradant rapidement, le 2 mai ils durent fuir sous les jets de pierres. Un des hommes de la chaloupe, lapidé par les insulaires, sera abandonné, mort, sur la plage. A l'issue de cette expérience Bligh décida de ne plus tenter d'accoster jusqu'à l'arrivée à Timor.
Des conditions inhumaines
Dans ces conditions le rationnement des vivres et de l'eau commença immédiatement : 60 grammes de biscuit et un quart de litre d'eau par jour et par personne. Le pesage des portions était réalisé à l'aide d'une balance bricolée avec des coques de noix de coco. Ils mangèrent, cru et intégralement, un oiseau de mer trop curieux. La pêche demeura infructueuse durant toute la traversée. Le manque de place était tel que Bligh sépara son " équipage " en deux bordées : une moitié des hommes se tenait assis, l'autre moitié pouvait se coucher.
La progression vers Timor
Le 3 mai une terrible tempête s'abattit sur la chaloupe. Les vagues étaient si hautes que la voile était déventée lorsque la chaloupe se trouvait au plus profond du creux. Ils furent obligés de jeter tout le poids inutile, les vêtements, objets… et d'écoper sans cesse afin de soulager la chaloupe qui menaçait perpétuellement de sombrer.
Ils naviguèrent à la voile et à l'aviron durant les 6 semaines de leur traversée. Le 24 mai, après un inventaire des vivres restant, Bligh réduit une fois de plus les rations. Le 26 mai, ils accostent la grande barrière de corail, sur la côte nord-est du continent Australien. Ayant réussi à trouver un passage, ils débarquent prudemment sur une île et font provision d'eau et d'huîtres. Le 3 juin, ils passent le détroit de Torres. L'état de l'équipage est critique. Les hommes éprouvent une perpétuelle envie de dormir. Ayant aperçu des indigènes, Bligh décida de ne pas tenter de débarquement, ils reprirent donc le large sans toucher terre.
Arrivée à Timor
Enfin, le 12 juin l'île de Timor est en vue. Ils accosteront deux jours plus tard à Koepang, établissement hollandais. Ils venaient de parcourir 8 334 km en un mois et demi !
Bligh et ses hommes furent secourus par les autorités locales. Mais quatre hommes décédèrent dans les jours et les semaines qui suivirent, des suites des privations qu'ils venaient de vivre. Deux autres hommes décédèrent lors de leur retour vers l'Angleterre. Depuis Timor, Bligh prévient l'Amirauté et arme un navire pour rentrer le plus rapidement possible en Angleterre.
Le procès
Arrivé en Angleterre, et conformément à la loi, le capitaine Bligh fut traduit devant une cour martiale pour la perte de son bâtiment. Les courriers qu'il avait envoyés de Timor, et le livre qu'il avait écrit, relatant la mutinerie et le périple en chaloupe, lui avaient acquis le tribunal et le public anglais. Ainsi le Gentleman's Magazine déclarait "les malheurs qu'il a endurés lui donnent droit à toutes les récompenses".
L'Amirauté décida d'envoyer une frégate à la recherche des " pirates ". Ce fut la Pandora qui fut choisie, commandée par le capitaine Edwards. Vous pourrez trouver les détails de l'intervention de la Pandora, et de sa fin tragique, sur la page présentant le destin des mutins.
Bligh, après la Bounty
Bligh, réhabilité par l'Amirauté, eut l'occasion de terminer la tâche qui lui fut confiée avec la Bounty : il remit le cap sur Tahiti pour ramener des plants d'arbres à pain dans les colonies. Cette fois-ci le succès fut au rendez-vous, bien que l'arbre à pain ne pu pas être acclimaté en Jamaïque et que les esclaves n'en voulaient pas aux Antilles. Il eut par la suite le commandement de plusieurs navires de guerres. Il fut nommé gouverneur des Nouvelles-Galles, mais fut déposé et emprisonné durant 2 ans par le commandant de la garnison. Libéré, il reçu le grade de contre-amiral en 1811, puis vice-amiral en 1814. Il mourut à Londres en décembre 1817.
Les mutins
Une fois débarrassés de l'intransigeant Bligh, les mutins jettent à la mer les plants d'arbre à pain qu'ils avaient eu tant de mal à récolter, et se mettent à la recherche d'une île éloignée des routes maritimes : Fletcher n'ignore pas que l'Amirauté enverra un navire à la recherche de la Bounty.
Un mois après la mutinerie, le 28 mai ils atteignent l'île de Tubuai Malgré une violente altercation avec les indigènes, une dizaine d'indigènes seront tués Fletcher décide que Tubuai deviendra leur port d'attache : l'île n'est pas connue et aucun signe de passage d'européens n'est relevé.
Le retour à Tahiti
Afin de coloniser Tubuai Fletcher décide de retourner à Tahiti pour s'approvisionner et prendre du bétail. Ainsi le 6 juin ils débarquent à Tahiti. Là, il explique son retour et l'absence d'une partie de l'équipage par la rencontre en mer du capitaine Cook qui est mort depuis longtemps, mais ceci avait été caché par Bligh aux tahitiens afin de profiter de l'aura quasi divine que Cook possédait auprès des indigènes. Le capitaine Cook aurait pris à son bord les plants d'arbre à pain ainsi qu'une partie de l'équipage. Il aurait ensuite chargé Fletcher de récupérer à Tahiti des animaux afin de fonder une colonie anglaise dans le Pacifique sud.
C'est grâce à ce mensonge que le 16 juin la Bounty quitte Tahiti avec à son bord 460 cochons, 50 chèvres, des poulets, un taureau qui mourra durant le voyage, des chats et des chiens, et met le cap sur Tubuai.
Tentative de colonisation de Tubuai
Les relations avec les indigènes de Tubuai sont très fluctuantes : amicales puis hostiles. Néanmoins Fletcher négocie un emplacement afin d'élever un fort, baptisé ironiquement " Fort George ", du nom du Roi d'Angleterre. La construction de ce fortin est débutée le 18 juillet. Malgré les incidents avec les indigènes le fort prend forme : carré de 100 mètres de côté, des murs épais de 6 mètres à la base et de 4 mètres au sommet.
Hélas, les troubles avec les indigènes et la mésentente entre les mutins amenèrent Fletcher à proposer un référendum afin de statuer sur le maintien de leur colonie. Une majorité des hommes choisit de retourner à Tahiti, en laissant le fort quasi achevé.
Deuxième retour à Tahiti -
Le 20 septembre, arrivés sur l'île, les hommes de la Bounty se séparent. Chacun retrouve la famille d'accueil qui fut la sienne durant leur précédent séjour de 6 mois.
Dans la nuit du 21 septembre 1790, les 9 mutins accompagnés de 7 tahitiens et 12 tahitiennes appareillent en secret. Ils ne peuvent pas rester à Tahiti qui sera le premier lieu fouillé par l'Amirauté pour retrouver les traces de la Bounty. Ce petit groupe prend la mer pour trouver un refuge susceptible de les abriter des foudres de la Royal Navy. Les Anglais abandonnés à Tahiti attendent la venue d'un navire de l'Amirauté. Durant les 8 mois de leur présence à Tahiti ils aideront Tinah, le chef local, à asseoir son autorité sur les tribus environnantes.
La Pandora
C'est en mai 1791 que la Pandora aborda l'île de Tahiti. Certains marins de la Bounty, notamment ceux n'ayant pas pris part à la mutinerie, se livrèrent afin de prouver leur bonne foi. Les autres furent tous repris. Tous, sans exception, furent placés dans une cage de 15 mètres carrés, surnommée " la boîte de Pandore ", sans contact avec l'équipage. Ils étaient au nombre de 14
La frégate appareille le 19 mai 1791, et fouille durant 3 mois les îles entre Tahiti et la barrière de corail, à la recherche des mutins.
C'est sur cette barrière de corail, dans le détroit de Torres, qu'une tempête jeta la Pandora le 28 août. Le lendemain, malgré les efforts de l'équipage, le bâtiment ne peut être sauvé. Le capitaine Edwards ordonna l'abandon du navire, mais il refusa de libérer les prisonniers. Au tout dernier moment, alors que la frégate sombrait, le maître d'armes, malgré les ordres de son commandant, remit les clefs aux prisonniers. La plupart purent se détacher, mais quatre d'entre eux n'eurent pas cette chance et périrent noyés, toujours enchaînés.
L'équipage de la Pandora, ainsi que les prisonniers restants, se répartirent dans les 4 embarcations de la frégate, et, suivant en cela les traces de Bligh, rallièrent Timor où ils arrivèrent exténués le 15 septembre.
Le procès des prisonniers
Plus de trois ans après les faits, le 12 septembre 1792, les marins de la Bounty faits prisonniers par le capitaine Edwards sont jugés par une cour martiale à Londres. Ce procès se déroule durant l'absence de Bligh partit pour son second voyage à la recherche de l'arbre à pain. Sur les 10 prisonniers, 4 furent acquittés, 3 graciés par le roi et 3 reconnus coupables de complicité et condamnés à la pendaison.
20 après le procès d'une partie de l'équipage de la Bounty à Londres, le dernier survivant des révoltés de la Bounty est découvert sur l'île de Pitcairn, il s'agit de John Adams (ou Alexander Smith suivant le nom qu'il se donne). Il était accompagné des femmes et des enfants des mutins de la Bounty. De nos jours l'île de Pitcairn est toujours habitée, peuplée de descendants des mutins et de colons attirés par la situation et l'histoire particulière de cette île.
************************** Cette partie de l'histoire de la Bounty n'est connu que grâce au journal personnel d'Adams.
L'installation
Sur une idée de Fletcher, les mutins se mirent à la recherche de l'île de Pitcairn, découverte en 1767, et idéalement éloignée des routes de navigation...et donc de l'amirauté anglaise !
Arrivés sur l'île, ils décidèrent de s'y installer. Après avoir vidé la Bounty, alors qu'ils discutaient pour savoir ce qu'ils allaient faire du navire, Matthew Quintal y mis le feu. La Bounty brûla jusqu'à la ligne de flottaison et se brisa sur les rochers, de nos jours un musée sur l'île de Pitcairn présente les vestiges de la Bounty. Le 23 janvier 1790, les mutins fondirent la première colonie de Pitcairn. Et, bien que les tahitiens aient été réduits en esclavage, les trois premières années de la petite communauté furent paisibles
Mort de la femme de Williams
La mort accidentelle de la femme tahitienne de l'un des mutins marqua le déclenchement d'une période trouble et sanglante sur l'île. Choqué, Williams exigea que l'une des tahitiennes remplace sa femme, sans quoi il quitterait l'île à bord d'un canot. Le talent de Williams comme forgeron et probablement la peur d'être retrouvés, amenèrent les mutins à prendre la femme de l'un des tahitiens pour la donner à Williams… Les tahitiens ne pouvaient en supporter davantage. Ils formèrent un complot pour se venger de leurs despotes.
La vengeance des tahitiens Williams fut abattu le premier. Les tahitiens s'en prirent après à Fletcher qu'ils abattirent également. Puis ce fut le tour de Brown, Martin et Mills. Quintal, McCoy et Adams prirent la fuite et se réfugièrent dans les montagnes. Blessé, Adams se rendit , les tahitiens lui ayant promis la vie sauve. Lui et Young furent enfermés dans une case. A leur tour, les tahitiens se disputèrent les femmes, et au bout d'une semaine les meurtres reprirent. Ils s'entretuèrent, et même les femmes, veuves des marins de la Bounty, assassinèrent les meurtriers de leurs maris.
Les ravages de l'alcool
Du petit groupe initial, il ne restait plus que Adams, McCoy, Quintal, Young, 10 femmes et les enfants. La vie fut paisible durant 5 années. Mais le 20 avril 1798 . le mois d'avril est maudit dans cette histoire…, McCoy parvint à distiller de l'eau de vie grâce à un alambic de sa fabrication.
L'alcool fut la cause de la deuxième vague de malheurs de la colonie. McCoy devint alcoolique, et au cours d'une de ses crises de folie se jeta du haut d'une falaise.
Quintal perdit sa femme peu après. Ce décès le rendit fou et il tenta de tuer Adams et Young. Les 2 hommes se décidèrent à exécuter Quintal afin de permettre à la communauté de retrouver un peu de paix...
La paix retrouvée
Les survivants de ces atrocités instaurèrent une communauté pieuse, priant matin et soir et éduquant religieusement les enfants grâce à la bible de la Bounty. Young décéda peu de temps après d'une crise d'asthme et c'est Adams qui prit la tête de la colonie forte de 14 enfants, la plupart âgés de 7 à 9 ans.
C'est cette petite communauté qui fut découverte en 1808 par le capitaine Folger, commandant le vaisseau américain " Topaz ". "Terre ! Terre !...", du haut du mât la vigie signale à tous les hommes du bord l'imminence d'une escale. Eau, fruits frais, viande, repos et ... tahitiennes ! L'escale est attendue, parfois salvatrice lorsque le navire est resté longtemps en mer et que les provisions, l'eau surtout, viennent à manquer. L'histoire de la Bounty est marquée par deux îles devenues mythiques : Tahiti et Pitcairn. Et sur la première de ces îles se trouve l'un des personnage clé de cette histoire : l'arbre à pain. Ce chapitre se propose de vous présenter ces 3 éléments, ainsi que les 44 membres d'équipage de la Bounty :
L'équipage de la Bounty est composé de 44 hommes, dont un presque aveugle. Sur cette page, les biographies des deux personnages principaux, William Bligh et Christian Fletcher, sont décrites plus précisément. Les autres acteurs de cette extraordinaire histoire sont également mentionnés ici, mais de façon plus succincte. Ils ont été répartis en trois groupes suivant le destin qui a été le leur après la mutinerie : mutins actifs, marins forcés à rester sur la Bounty et marins embarqués sur la chaloupe.
William Bligh
Né en 1754, ou en 1753 selon les sources dans une modeste famille des Cornouailles. Il débuta dans la marine marchande au bas de l'échelle à l'âge de 7 ans. A 16 ans il intégra la Royal Navy avec le grade de maître principal. Il était maître d'équipage lors du dernier voyage de Cook à Tahiti sur la Resolution (1772-1774). Il y reçut son brevet de lieutenant. Après avoir mené des relevés hydrographiques et participé à plusieurs batailles, à 33 ans, au grade de capitaine il reçoit le commandement de la Bounty grâce à l'intervention de Sir Joseph Banks.
Il est considéré par ses pairs comme étant un excellent navigateur. Mais son tempérament irascible, ses manières impérieuses amènent l'équipage de la Bounty à se révolter. Il est abandonné sur une chaloupe avec une partie de ses fidèles. Ce sont ses indéniables qualités de marin qui lui permirent de réaliser l'exploit de parcourir 4 000 milles nautiques sur une chaloupe de 7 mètres avec 18 hommes. Bligh, réhabilité par l'Amirauté, eut l'occasion de terminer la tâche qui lui avait été confiée avec la Bounty. En 1791, il reçut le commandement de la frégate La Providence afin de retourner à Tahiti pour ramener enfin ! des plants d'arbres à pain dans les colonies. Cette fois-ci le succès fut au rendez-vous, bien que l'arbre à pain n'ait pas pu être acclimaté en Jamaïque et que les esclaves n'en voulaient pas aux Antilles, lui préférant la banane. Il eut par la suite le commandement de plusieurs navires de guerres, combattît avec Nelson - dont il reçoit les félicitations - et il fut élu membre de la Royal Society. En 1805 il fut nommé gouverneur des Nouvelles-Galles du sud, Australie, mais fut déposé en 1808 à cause de son caractère et des offenses à ses subordonnés encore ! et emprisonné durant 2 ans par le commandant de la garnison. Libéré, il reçu le grade de contre-amiral en 1811, puis vice-amiral en 1814. Il est mort à Londres le 7 décembre 1817, à l'âge de 63 ans.
Dans de nombreux films et romans Bligh est montré froid, cruel et tyrannique. Mais il ne devait probablement pas l'être plus que les autres capitaines de l'époque. Par contre sa traversée en chaloupe fait de lui un marin hors pair !
Christian Fletcher
Christian Fletcher est probablement né en 1764 en Angleterre. Il avait déjà servi durant de nombreuses années dans la Royal Navy avant de devenir Lieutenant sur la Bounty en 1787. Le matin du 28 avril 1789, à la tête de 25 marins et officiers, il prend le contrôle de la Bounty. Pour échapper à la pendaison, Fletcher et les mutins les plus impliqués dans la mutinerie décident de s'établir sur l'île de Pitcairn, loin de toutes routes maritimes. Sur Pitcairn, Fletcher se mariera à une tahitienne appelée Mauatua.
Il existe plusieurs versions de la mort de Fletcher. D'après Adams, le dernier survivant des mutins sur Pitcairn, Fletcher aurait été tué par les tahitiens installés avec eux sur Pitcairn, au cours d'une révolte sanglante. Une autre version présente Fletcher s'échappant de l'île de Pitcairn et rejoignant secrètement l'Angleterre, où, après avoir visité de la famille, il aurait mystérieusement disparu. Une troisième version le trouve assassiné lors d'un combat pour une femme. Quelques soient les versions relatives à sa mort, son décès peut être daté du début des années 1790.
Les mutins de Pitcairn
Les mutins établis sur l'île de Pitcairn sont au nombre de 8, sans compter Fletcher :
Matthew Quintal - 21 ans, matelot - incendiaire de la Bounty, devenu fou, tué par Adams et Young William McCoy - 25 ans, matelot - introduit l'alcool sur Pitcairn, devenu alcoolique il se jette d'une falaise Isaac Martin - 30 ans, second charpentier - fouetté pour avoir tué un tahitien, tué sur Pitcairn par les tahitiens John Mills - 38 ans, second canonnier - tué sur Pitcairn par les tahitiens Alexander Smith - 20 ans, matelot - John Adams ultime survivant, patriarche de la communauté de Pitcairn John Williams - 26 ans, matelot - forgeron de Pitcairn, tué sur Pitcairn par les tahitiens Edward Young - 21 ans, aspirant - meilleur ami de Fletcher, mort d'asthme sur Pitcairn William Brown - 27 ans, aide botaniste - tué sur Pitcairn par les tahitiens
Les marins restés à Tahiti
Les marins restés à Tahiti sont au nombre de 16, dont 9 mutins et 7 marins loyaux à Bligh. La présentation est répartie en trois groupes : les marins morts à Tahiti, les marins morts lors du naufrage de la Pandora et les hommes jugés à Londres :
James Churchill - 28 ans, maître d'armes - mutin, déserteur à Tahiti, repris et fouetté, tué par Thompson Matthew Thompson - 37 ans, matelot - mutin, violent, tué par les tahitiens Henry Hillbrant - 24 ans, tonnelier - mutin, mort lors du naufrage de la Pandora Richard Skinner - 22 ans, serviteur du second - mutin, mort lors du naufrage de la Pandora George Stewart - 21 ans, aspirant - loyal, mort lors du naufrage de la Pandora John Sumner - 22 ans, matelot - mutin, mort lors du naufrage de la Pandora Michael Byrn - 28 ans, matelot (aveugle) - loyal, acquitté par la cour martiale Joseph Coleman - 36 ans, armurier - loyal, acquitté par la cour martiale Thomas McIntosh - 28 ans, ouvrier charpentier - loyal, acquitté par la cour martiale Charles Norman - 26 ans, second charpentier - loyal, acquitté par la cour martiale Peter Heywood - 15 ans, aspirant - loyal, gracié par le roi James Morrison - 27 ans, second maître d'équipage - loyal, gracié par le roi William Musprat - 27 ans, steward du commandant-mutin, déserteur à Tahiti, repris et fouetté, gracié par le roi Thomas Burkett - 25 ans, second maître canonnier - mutin, condamné à la pendaison Thomas Ellison - 17 ans, matelot - mutin, condamné à la pendaison John Millward - 21 ans, matelot - mutin, déserteur à Tahiti, repris et fouetté, condamné à la pendaison
Les naufragés de la chaloupe
Les hommes embarqués sur la chaloupe sont au nombre de 18, sans compter Bligh. Sept de ces marins ne reverrons jamais l'Angleterre.
William Elphinstone - 36 ans, troisième officier - mort à Timor des suites des privations John Norton - 34 ans, second maître timonier - tué sur Tofoa par les indigènes Peter Linkletter - 30 ans, second maître timonier - mort à Timor des suites des privations Thomas Hall - 38 ans, cuisinier du bord - mort à Timor des suites des privations Robert Lamb - 21 ans, boucher - mort durant le retour vers l'Angleterre des suites des privations Thomas Ledward - ? ans, chirurgien assistant - mort durant le retour vers l'Angleterre lors d'un naufrage David Nelson - ? ans, Botaniste - mort à Timor des suites des privations John Fryer - 33 ans, second - peu apprécié de Bligh, en conflit avec lui sur la chaloupe William Peckover - 40 ans, canonnier chef - servira sur d'autres vaisseaux après son retour William Cole - ? ans, maître d'équipage - à tenté de raisonner Fletcher Thomas Hayward - 20 ans, aspirant - promu lieutenant sur la Pandora pour rechercher les mutins John Hallet - 15 ans, aspirant - promu lieutenant sur la Pandora pour rechercher les mutins Robert Tinkler - 15 ans, aspirant - servira sur d'autres vaisseaux après son retour William Purcill - ? ans, charpentier - servira sur d'autres vaisseaux après son retour Georges Simpson - 27 ans, aide second maître - avait déjà servi avec Bligh Lawrence Labogue - 39 ans, voilier - marin sans histoires John Smith - 36 ans, cuisinier du commandant - continuera à servir Bligh après son retour John Samuel - 26 ans, écrivain - durant la mutinerie récupère les papiers qui sauveront Bligh lors du procès
Morts avant la mutinerie
Deux hommes embarqués sur la Bounty étaient morts avant la mutinerie : Jacques Valentin - 28 ans, matelot - mort de fièvre durant le voyage aller pour Tahiti John Huggan - ? ans, chirurgien - alcoolique, mort à Tahiti durant la récolte des arbres à pain Sir Joseph Banks (1743-1820)
Lors du 1er voyage du capitaine Cook, il dirigea l'équipe de naturalistes attachés à l'Endeavour. A la suite des expéditions et des travaux scientifiques qu'il réalisa, il fut anobli. Il occupa la présidence de la Royal Society, qui est l'équivalent de l'académie des sciences et conserva tout au long de son existence un intérêt prononcé pour les voyages d'exploration. William Bligh était l'ami et le protégé de ce grand savant.
*********************************** Arbre à Pain
L'arbre à pain est un personnage clef de l'histoire de la Bounty. Son nom tahitien est 'Uru, bien plus exotique que son nom scientifique : Artocarpus altilis. Il est également connu sous le nom de Jacquier.
Origine : Le fruit de cet arbre d'origine indo-malaise constituait la base de l'alimentation tahitienne avant l'arrivée des européens. Son fruit était consommé frais ou fermenté.
Utilisation : L'arbre lui même était exploité : sa sève pour piéger les oiseaux ou calfater les pirogues (mélangées à la bourre de coco), l'écorce donnait le tapa (utilisé pour confectionner des étoffes pour les vêtements), son tronc servait pour les pirogues, et ses feuilles pour emballer le poisson. On le trouvait aussi comme constituant de certains médicaments…
Recette : L'uru est cuit sur un feu de bois. Lorsque la peau est noire on ouvre le fruit avec un fendoir, on enlève la partie centrale non comestible. La pulpe farineuse est battue tout en étant maintenue humide pour obtenir une pâte qui, après avoir subi une fermentation de quelques jours, est cuite dans le four tahitien typique (ahima'a), comme du pain. Le fruit est également utilisé comme une patate, en salade.
L'arbre à pain a été introduit dans les Antilles par William Bligh lui même lors de son deuxième voyage. Le fruit atteint sa maturité vers le mois de juillet.
Il existe prés de 40 variétés d'arbre à pain.
Pour la prononciation en Polynésien Le e se prononce é le i se prononce séparemment ex : maire = maÏré Ma'ohi : variété la plus répandue à chair blanche, Maire : petit fruit à la pulpe jaune pâle, Huero : fruit à la peau verte, Rare autia : une des meilleures variétés, autrefois réservée aux chefs, Paea : gros fruit à la pulpe jaune, Puero : peau jaune, chair très appréciée.
William Bligh et l'Uru : un total de 1015 plants d'arbre à pain seront conditionnés et embarqués à bord de la Bounty, 68 seront embarqués dans des petits paniers protecteurs utilisés par les botanistes du XVIIIe.
En 1792, William Bligh revient à Tahiti sur une autre frégate, baptisée " La Providence ". Il vient terminer la mission de la Bounty : collecter des plants d'arbre à pain en vue de leur acclimatation dans les colonies anglaises. La première partie de la mission fut réussie : les plants furent récupérés et amenés en Jamaïque et aux Antilles. Cependant le climat de la Jamaïque ne permit pas d'acclimater les arbres à pain. Quant aux arbres plantés aux Antilles, ils purent s'acclimater, mais les esclaves auxquels ils étaient destinés refusèrent toujours d'en manger : ils n'en appréciaient pas le goût. L'île de Pitcairn qui devait constituer pour les mutins un refuge est devenue leur tombeau... Aujourd'hui de nombreux pitcairniens sont des descendants en ligne directe des révoltés de la Bounty...
Géographie Pitcairn est la principale île d'un groupe de quatre îles d'origine volcanique : Pitcairn 4.6 km2, Henderson 31.1 km2, Ducie 3.8 Km2 plus une lagune de 4.4 km2, et Oeno 5.1 km2. Ces trois dernières îles sont inhabitées. Pitcairn est située à 2 200 km de Tahiti, en plein océan Pacifique sud, à mi-distance entre l'Amérique du sud et l'Australie. Elle est entourée de falaises abruptes de 200 à 300 mètres de hauteur.
Histoire de Pitcairn, par date.
Il y a longtemps (époque indéterminée) l'île était peuplée de polynésiens (vestiges d'art), 1767 = découverte (déserte) par le navigateur britannique Carteret, mal positionnée sur les cartes, 1790 = (23 jan.) débarquement des mutins de la Bounty accompagnés de tahitiens, 1808 = découverte par le baleinier américain Topaz de la petite communauté constituée par les descendants des mutinés, 1829 = mort de John Adams, dernier survivant des révoltés de la Bounty, 1831 = en raison de la surpopulation de l'île, transfert d'une partie des habitants vers Tahiti, 1832 = retour des émigrés sur Pitcairn, 1838 = l'île devient colonie Britannique, 1839 = l'île est rattachée officiellement à la couronne Britannique, 1856 = 2ème vague d'émigration : 194 habitants sont transférés sur l'île de Norfolk, 1858 = retour de 16 émigrants, 1863 = retour de 30 émigrants, 1897 = l'île devient établissement Britannique, 1902 = annexion des îles Henderson, Ducie et Oeno, 1952 = l'île passe sous gouvernement des îles Fidji, 1970 = l'île est placée sous l'autorité d'un gouverneur désigné par le Haut Commandement de Nouvelle-Zélande.
Aujourd'hui l'île de Pitcairn est colonie britannique. Un conseil de 10 membres préside aux destinées de la population. Les pitcairniens ont conservés une partie des lois instituées par John Adams, la répartition des terres est celle établie par C. Fletcher en 1790, les habitants ne paient pas d'impôts. La population de Pitcairn, estimation 1991 = 61 âmes constitue le plus petit groupement humain du monde ayant son propre statut constitutionnel. L'économie de l'île est tournée vers la pêche, les timbres-poste, les fruits et légumes, l'artisanat. L'île importe de la farine, du sucre, des conserves et des tissus. La capitale est Adamstown, la langue est un anglais mélangé de tahitien.
Norfolk
L'île de Norfolk sur laquelle de nombreux Pitcairniens ont émigrés en 1856 est située à 1 900 km au nord est de Sydney, Australie. D'une superficie de 34 km2, elle abrite 2 000 habitants dont beaucoup sont issus des immigrants de Pitcairn. Rattachée à l'Australie en 1914, elle acquiert son autonomie partielle en 1978.
Dans la langue de Shakespeare, "Bounty" signifie générosité... Et l'équipage de ce navire pourrait sans aucun doute témoigner de l'extrême générosité de son commandant concernant les distributions de coups du "chat à neuf queues", autrement dit, le fouet... Mais, si l'histoire de la mutinerie de son équipage est célèbre, peu de personnes connaissent les détails de sa naissance, et notamment que la Bounty n'était pas la Bounty aux premiers jours de son existence...
On peut encore voir des gravures présentant le navire de la Bounty, tel qu'il fut conçu au XVIIIe siècle, mais aussi avec ses deux répliques, construites pour les besoins du cinéma et qui sont toujours à flot de nos jours.
La Bounty : reconstruction, aménagements
La Bethia est une frégate de charge de 250 tonneaux construite en 1783, utilisée comme charbonnier, et rachetée en mai 1787 par la Royal Navy pour la somme de 2600 £. Elle est renommée " HMS Bounty " le 8 juin 1787 les superstitieux ne manqueront pas de noter que le fait de changer le nom d'un navire porte malheur…. Le 16 août William Bligh est nommé commandant de la Bounty.
La Bounty est sortie des chantiers de Deptford le 3 septembre 1787. Cette frégate a vu ses 3 mâts raccourcis et son lest allégé sur les ordres de Bligh afin de pouvoir affronter le cap Horn. Les mensurations de la Bounty sont les suivantes : longueur = 26 m, maître bau = 7,60 m, tirant d'eau = 3,50 m, déplacement = 215 tonnes. La Bounty est donc une petite frégate : en comparaison le navire du capitaine Cook L'Endeavour déplaçait 370 tonnes...
La Bounty est aménagée spécialement pour mener à bien sa mission : les cabines arrières sont remplacées par un faux pont destiné à héberger les plants d'arbre à pain. Le plancher est doublé de plomb afin de permettre l'arrosage des plants sans inonder le bâtiment et équipé de tuyaux permettant de récupérer, pour la recycler, l'eau d'arrosage des arbres à pain
La Bounty : aspect extérieur, couleurs
Un consensus large se dessine pour les couleurs du navire et de plus il est sûr que la coque de la Bounty était doublée de plaque de cuivre.
La Bounty : le voyage
La Bounty embarque pour ce voyage 44 marins. Elle appareille le 23 décembre 1787. Elle luttera contre les éléments déchaînés durant un mois face au cap Horn, du 23 mars 1788 au 21 avril 1788. Elle abandonnera pour finalement passer le cap de Bonne Espérance. Elle relâchera un mois, du 24 mai au 28 juin afin de procéder à quelques réparations et pour ravitailler. Le 26 octobre 1788 marque l'arrivée à Tahiti, qu'elle quitte le 4 avril 1789. Le 29 avril 1789, une mutinerie menée par Christian Fletcher la prive de son commandant abandonné avec 18 de ses fidèles dans la chaloupe. Elle sombrera, vidée et à demi brûlée par les mutins, sur les rochers de l'île de Pitcairn le 23 janvier 1790.
Aujourd'hui un musée sur l'île de Pitcairn abrite quelques restes du navire dont l'ancre est exposée devant le bureau de poste...
Pour les amateurs de vieiux films
http://youtu.be/OSv7dY0yxRI Dans le sillage du Bounty noir et blanc http://youtu.be/MEmZ_A0UTrA les révoltés de la Bounty 1962 avec Marlon Brando http://youtu.be/G8JP59nU4-k le Bounty Mel Gibbons 1984
Posté le : 28/04/2013 12:31
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