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Le père Lachaise
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LE 20 JANVIER 1709 DÉCÈDE LE PÈRE LACHAISE


Le 2 Janvier 1604, le père Cotton, est placé auprès de Henri IV, il fut le premier qui changea ce titre pour celui de confesseur du roi. Après l'assassinat du roi par Ravaillac, la compagnie de Jésus est indirectement mise en cause, le père Cotton reste en place mais sont influence décline et il est écarté de la cour en 1617, le père Ferrier un autre Jésuite lui succédera et depuis cette époque la conscience de nos souverains sembla dévolue à la compagnie de Jésus. Le père La Chaise, petit-neveu du père Cotton, à la mort du père Ferrier prendra la suite, en 1675 il est appelé et il reçoit tous les suffrages ; il vivait à cent lieues de la cour et se distinguait dans l’enseignement.
Le 20 Janvier 1709 décède le père Lachaise.
.


Selon la retranscription de son acte de baptême, François de LA CHAIZE est né le 18 août 1624 à "9 heures du soir" à Saint Martin la Sauveté (42) il décède à Paris le 20 janvier 1709

Il est le fils de Georges d'Aix, seigneur de La ChaiZe, et de Renée de Rochefort, il était, par son ascendance maternelle, petit-neveu du Père Coton, confesseur d'Henri IV. Il enseigna au Collège de la Trinité.
Son père George d'Aix, seigneur de La Chaize, porte le titre de seigneur de la Chaize, et il est chevalier de l'ordre de St Michel suite à de grands faits d'armes. Sa mère Renée de Rochefort fut très pieuse.
Il est issu de la noblesse, il est le deuxième fils d’une lignée de douze enfants, et comme le veut la coutume de cette époque, il devra laisser l'héritage à son aîné et rentrer dans les ordres.
Il est éduqué par les jésuites dès son plus jeune âge. A l'âge de dix ans ans on l’envoie au collège de Roanne fondé par ses grands-oncles maternels. en 1649 il est accepté comme novice dans la Compagnie de Jésus, il est envoyé à Lyon pour y étudier les lettres, la philosophie et les mathématiques.
Après ses études de théologie, il fut en envoyé à Rhodez pendant un an pour préparer ses derniers voeux
Ensuite, il devient professeur de théologie dans ce même collège de la Trinité tenu par des Jésuites, l'actuel lycée Ampère, il est envoyé en mission à Grenoble.
Il commença à enseigner la théologie et fut rapidement nommé recteur de la maison des Jésuites de Grenoble.
Il deviendra à ce moment directeur de sa congrégation. La Chaize s'y révèle excellent gestionnaire, il développe la bibliothèque et resserre la discipline.
Il a aussi la passion du collectionneur et sera un numismate réputé, spécialiste des monnaies antiques, il fonde à ce propos le médaillier du collège de Lyon tout en enrichissant sa collection personnelle qu’il lègue plus tard à la Maison Professe des Jésuites à Paris.
De retour à Lyon après ses épreuves de noviciat il étudiera les belles-lettres auprès de son oncle, le Père d'Aix et y enseignera la philosophie. Sa méthode d'enseignement fut tellement appréciée, qu'il commença à avoir du succès.
Il dirigera la congrégation de Grenoble avant de revenir à Lyon où l’Archevêque Camille de Villeroy le prend sous sa protection, il est rappelé à la demande de l'archevêque de Lyon qui en fait son conseiller et pousse à sa nomination comme recteur du Collège.
En effet son protecteur, Camille de Villeroy qui ne supportait pas son départ, obtint son retour auprès du père d' Aix en écrivant au Général de la Compagnie et François d'Aix de La Chaize fut aussitôt nommé Père Provincial.
L'archevêque de Lyon, Camille de Villeroy qui avait été nommé par Louis XIV pour administrer le diocèse et le gouvernement du Lyonnais était une personnalité très influente et donc avec l'appui de son frère le maréchal de Villeroy, il n'hésita pas à la mort du Père Ferrier, confesseur du roi, à nommer, François De la Chaize devenu à sa demande Père Provincial, successeur du confesseur disparu.
Un des frères du Père de La Chaize était l'écuyer de l'archevêque de Lyon. Plus tard, grâce à son frère François d'Aix de La Chaize, il devint également capitaine de la Porte du Roi.
Louis XIV apprécia le Père de La Chaize dès leur première entrevue.
En 1675 le voici confesseur du roi et Louis XIV le chargea aussitôt de la feuille des bénéfices comme le fut son prédécesseur, le Père Ferrier.

En 1675, il a cinquante et un an et le voilà confesseur et conseiller spirituel du roi Soleil, Louis XIV – tâche aussi prestigieuse que redoutable
En 1677, Le Père de La Chaize fut chargé par Louis XIV de la haute direction des missions dans les provinces pour convertir les hérétiques.
François d'Aix de La Chaize accompagna souvent le Roi dans ses expéditions militaires, allant même dans les tranchées avec lui.
Il occupe cette fonction, aussi prestigieuse que délicate, pendant 34 ans jusqu’à son décès en 1709.
La domination du nouveau directeur dura trente-quatre ans.

C’est un grand honneur pour le Père La Chaise mais aussi une redoutable responsabilité que de confesser ce souverain qui fait la guerre au pape et en prend à son aise avec les lois sacrées de la morale.

Sa distinction naturelle, tempérée par de la modestie et son extrême politesse sans apprêt, produisent à la Cour du roi, une excellente impression et son visage ouvert plaît à Louis XIV.
Au lit de mort il disait à Louis XIV. Ne prenez jamais de confesseur jésuite ; ne me faites pas de question, je n’y répondrais pas. De nos jours, tout le monde y répondrait pour lui. Malheureusement le roi ne suivit pas ce conseil salutaire ; il prit le père Letellier.
Autant celui-ci fut impitoyable et cruel, autant le père La Chaise fut souple, adroit, insinuant.
On lui reconnaît en effet, une influence modératrice sur le souverain dans sa lutte contre le jansénisme et il se fait aussi l’intermédiaire des nombreux seigneurs qui souhaitent approcher le roi.
Il eut à gérer des situation complexes et des relations humaines délicates, telles celles qui opposent madame de Montespan la maîtresse en titre très aimée et madame de Maintenon l'amie qui élève ces enfants et à qui il voue une grande admiration, et une grande confiance.
Il arbitre les oppositions entre le jansénisme et le molinisme, entre Fénelon et Bossuet, dans vingt autres situations non moins embarrassantes, le père La Chaise ne songea qu’à garder sa place, et la feuille des bénéfices, qui en dépendait ; ménageant tous les partis, il déplut à tous, et cependant ne fut renversé par aucun.
Le Père de La Chaise tempère également l’action de Louis XIV mais il ne pourra pas empêcher la "Révocation de l’Edit de Nantes" en octobre 1685. Il est même accusé, à tort, d'avoir conseillé cette révocation de l'édit de Nantes, et de recommander des mesures très dures contre les protestants (une fausse lettre de lui au Père Petre, le confesseur de Jacques II d'Angleterre, circulait abondamment)
C’est aussi le Père La Chaise qui aurait célébrait le mariage entre Louis XIV et madame de Maintenon.
Cependant il voit que sa tâche fut rude, dans un temps où le Monarque est envoûté par les charmes de Madame de Montespan.
Il est souvent accusé d'avoir fermé les yeux sur la relation du roi avec Madame de Montespan.
En réalité, il semble qu'il ait utilisé toute son influence pour au contraire convaincre le roi de mettre un terme à sa relation avec la Montespan.

Au moment où le Père de La Chaize fut nommé confesseur du Roi, la favorite de Louis XIV, la marquise de Montespan était à son apogée. Il prit son parti de ne pas offusquer le roi en le sermonnant mais en gardant un habile silence tout en glissant opportunément son désaccord. Ce qui eut plus d'impacts que les blâmes de son prédécesseur. Madame de Montespan comprit très vite la tactique du confesseur.
Elle le méprisa aussitôt mais ne réussit pas à le discréditer.
Il va donc tout d'abord cohabité avec la Montespan, puis entre le père Lachaize et la Montespan, la relation se tend.
"La Chaize de commodité" ! (synonyme de WC) Tel est le surnom explicite sinon élégant, que la fameuse marquise de Montespan donne au père de La Chaize (ou de La Chaise, on a le choix), confesseur de son royal amant... le roi Louis XIV.
Il est vrai que l'habile père jésuite a trouvé la combine pour éviter les incidents qui déplaisent : la liaison est officielle et, pour ne pas avoir à refuser l'absolution à son royal pénitent quand ce dernier fait ses Pâques, La Chaize est, chaque année, sujet à ce que cette mauvaise langue de Saint-Simon appelle dans ses Mémoires des "maladies de politique"
Ainsi donc, le jésuite François de La Chaise s’est opposé de façon souterraine à la liaison de Louis XIV avec la marquise de Montespan, et il parvint finalement, avec l'aide de Madame de Maintenon, à briser la relation entre elle et le souverain.
Il eut de bons alliés dont Bossuet et Madame de Maintenon, la gouvernante des enfants du Roi et de la marquise de Montespan. Ensemble, ils se liguèrent contre Madame de Montespan tout en essayant de réorienter le Roi vers la Reine, Marie-Thérèse d'Autriche.
En 1683, la reine tomba malade à son retour d'Alsace et de Bourgogne. Mourante, elle reçut la dernière communion du Père de La Chaize.
Après la mort de la reine Marie-Thérèse (1683), il conseilla au roi de se marier avec Madame de Maintenon,
celle-ci était très pieuse et le Père de La Chaize l'appréciait entre autre pour cette qualité et ne l'assimilait pas à une favorite comme Madame de Montespan. Elle était, pour lui, digne d'être au côté du Roi. Pour légitimer le nouveau couple, il aurait adhéré rapidement à l'idée d'un mariage morganatique qui resterait secret.
Vers la fin de l'année 1685, le mariage secret de Louis XIV et de Madame de Maintenon fut célébré par l'archevêque de Paris dans un oratoire particulier du château de Versailles, en présence du Père de La Chaize qui fit la messe.
A dater de ce moment le roi et toute la Cour de Versailles ont subi un grand changement, dû à l'influence de madame de Maintenon.
Cependant, le monarque accepte la franchise de son confesseur qui a l'art de traverser le siècle sans entrer en disgrâce. Un jour que le roi lui reproche d’être trop bon, le père jésuite répond :
"Ce n’est pas moi qui suis trop bon, c’est vous qui êtes trop dur !"

Si le père Lachaise rencontra des difficultés infinies à bien gérer les affaires spirituelles du souverain, en revanche il réussit très bien à régler les affaires pécuniaires de sa famille.
En effet, grâce à sa puissante influence, et à sa situation financière confortable, la famille de La Chaise prospère considérablement dans la seconde moitié du 17e siècle.
Ainsi en 1677, celle-ci achète la Seigneurie de Souternon et la châtellenie de Saint-Germain-Laval.
Mais ces fortunes rapidement acquises ne dureront guère car au début du 18e siècle, les biens de la famille La Chaise sont adjugés par un arrêt de la Sénéchaussée de Roanne.

Le père La Chaise n’habite pas Versailles mais il s’y rend chaque semaine en carrosse. Il réside dans la maison des Jésuites près de l’église Saint Paul à Paris, conformément à la règle des jésuites ayant une fonction officielle. Une des règles de l’ordre des Jésuites interdit strictement l’accès du domaine à quiconque après minuit sonné.
Louis XIV désirant son confesseur disponible nuit et jour, le fait installer dans une propriété distincte de la maison des Jésuites
Une nuit, Louis XIV torturé par un terrible cas de conscience, envoie un courrier pour amener en urgence son confesseur auprès de lui. Mais le messager royal dépêché à la maison des Jésuites frappe en vain à la porte et doit repartir sans le confesseur.
Pour éviter que ne se reproduise un aussi cuisant dépit, le souverain fait installer le Père La Chaise sur un terrain à part de la propriété de campagne des Jésuites.
En 1626, les Jésuites de la rue St-Antoine acquièrent la propriété d'un riche négociant. Celle-ci était alors un lieu planté de vignes, située sur l'une des sept collines de Paris.
Cette colline était autrefois appelée Champ-l'Évêque car elle appartenait au Moyen Âge à l'évêque de Paris, prit au XIIe siècle le nom de Mont-aux-Vignes, pour les cultures que l'on y réalisait alors. En 1430, un riche commerçant du nom de Régnault de Wandonne acheta le domaine afin d'y faire construire une maison cossue : une folie. C'est l'origine du nom de l'actuelle rue de la Folie-Regnault dans le 11e arrondissement.
Deux siècles plus tard, les Jésuites acquièrent le terrain pour en faire un lieu de repos et de convalescence. La maison accueille quelques heures le jeune roi Louis XIV venu assister sur ces hauteurs à des combats lors de la Fronde. Cet événement donnera au lieu le nom de Mont-Louis.
C'est là qu'en 1652, Louis XIV assiste aux combats de la Fronde. Louis XIV vient s'y reposer et contribue, grâce aux libéralités duroi, à l'embellissement et à l'agrandissement du domaine auquel son nom reste attaché. Plus tard, le père François d'Aix de la Chaise y fait bâtir une maison très confortable agrémentée d’un magnifique jardin avec arbres exotiques et pièces d’eau.
Cet endroit devient le rendez-vous des courtisans du roi et le Comte de La Chaise, frère de François, y donne souvent des fêtes qui contribuent à embellir le domaine.
Ainsi, malgré lui, la résidence du Père La Chaise devient un haut lieu où se trament et se dénouent les intrigues de la Cour royale
Bien qu'il fut aussi suspecté d'être à l'origine des violences exercées contre l’évêque de Pamiers, Saint-Simon et les philosophes du XVIIIe siècle ne traitent pas le père La Chaise avec trop de rigueur.
Le chancelier d’Aguesseau dans ses œuvres dit de lui : "Le père La Chaise, dont le règne a été le plus long, était un bon gentilhomme qui aimait à vivre en paix et à y laisser vivre les autres ; capable d’amitié, de reconnaissance, et bienfaisant même autant que les préjuges de son corps pouvaient le lui permettre."
Il apparaît fréquemment dans les mémoires des grands adversaires des jésuites, comme chez Saint-Simon (Mémoires, IV), Voltaire (Siècle de Louis XIV), qui soulignent pourtant sa grande humanité. Il était en correspondance avec Edward Coleman au sujet des moyens d'améliorer la condition des catholiques en Angleterre.
Saint-Simon dit de lui : il était un homme d’un bon caractère, juste, droit, sensé, sage, doux et modéré, fort ennemi de la délation, de la violence et de ses éclats.
S'il sert le monarque dans ses relations tumultueuses avec la papauté et avec les Jésuites, le bon père n'oublie pas pour autant sa famille. Frères, neveux, nièces, bénéficient des faveurs royales... ce qui lui vaut les critiques du théologien Fénelon, lequel écrit à Louis XIV :
"Vous êtes seul en France, Sire, à ignorer qu'il ne sait rien, que son esprit est court et grossier... c'est un aveugle qui en conduit un autre". N'empêche, le monarque s'est habitué et le garde près de lui jusqu'à sa mort, en janvier 1709. Même quand il est à l'extrême fin, il se fait "apporter le cadavre"...selon l'inévitable Saint-Simon.

En 1686, le roi tomba gravement malade. Son confesseur fit parti des intimes qui eurent connaissance de sa maladie.
Le 18 novembre 1686, le Père de La Chaize confessa le Roi juste avant la douloureuse et éprouvante opération de sa fistule. L'opération n'eut pas le succès escompté.
Louis XIV dut subir trois nouvelles opérations. Pendant la lente convalescence du Roi, son confesseur resta auprès de lui, le rassurant. Il fut touché de sa bienveillance et lui donna sa totale confiance.
Il obtint juste après, la charge entière de la direction des affaires ecclésiastiques. Auparavant, il la partageait avec l'archevêque de Paris.
Durant son ministère et sa montée en pouvoir, il s'attira la haine et la jalousie.
De nombreux pamphlets et couplets satyriques furent écrits. Il réussit de nombreuses fois à déjouer de puissantes cabales qui avaient pour but de le destituer.
A cette époque madame de Maintenon créa la fondation de Saint Cyr.
Le Père de La Chaize, Jean Racine et Nicolas Boileau (les meilleurs amis du confesseur) apportèrent leurs corrections aux constitutions de la communauté.
En 1692, lors de la campagne de Belgique, le père accompagna Louis XIV. Il fut à ses côtés pendant la prise de Namur. Là, il fut endeuillé par le décès de l'un de ses petits neveux qui fut tué durant la bataille.
À partir de 1695, le Père de La Chaize reçu la charge de présenter au Roi les nominations pour l'admission à Saint Cyr.
Suite à des divergences d'opinions sur la dévotion, le jansénisme, entre le Père de La Chaize et Madame de Maintenon, un éloignement se fit entre eux.
Elle souhaitait que le Roi pratique la piété comme elle et influait pour que le Père de La Chaize amène le Roi sur cette voie. Le confesseur du Roi s'y refusa. Et elle devint alors une opposante latente.
En plus contrairement, elle se rapprocha du cardinal de Noailles.
En 1695, à la mort de l'archevêque de Paris, M. de Harlay, elle fit nommer Louis-Antoine de Noailles, évêque de Châlons, à sa place sans prévenir le Père de la Chaize qui était en charge de présenter au Roi les nominations.
À partir de cette époque, il dut partager avec Louis-Antoine de Noailles sa charge de présenter au Roi la feuille pour la distribution des bénéfices ainsi que les nominations des prélats.
Vers 1704, il songea à la retraite, mais le Roi refusa.
Devenu âgé, le père Jésuite demande plusieurs fois à son pénitent Louis XIV la permission de se retirer. Mais le souverain n’y consent qu’en 1709, très peu de temps avant la mort de son confesseur qui est remplacé par un autre jésuite le père Le Tellier.
Le 20 janvier 1709, François d'Aix de La Chaize mourut à cinq heures et demie du matin dans la maison-professe de Saint Louis des Jésuites de la rue Saint-Antoine, à l'âge de 85 ans. Il fut inhumé dans les caveaux de la chapelle de la rue Saint-Antoine, aujourd'hui l'église Saint-Paul-Saint-Louis.

Plus tard, après l’expulsion des Jésuites, le domaine dédié au Père La Chaise passa entre les mains de plusieurs propriétaires. Le frère du Père La Chaise fit par la suite agrandir le domaine, avant de devoir le céder afin de payer une dette. D’abord abandonnés, les jardins furent ensuite achetés par le Préfet de la Seine au XVIIIe siècle.






CRÉATION DU CIMETIÈRE DU PÈRE LACHAISE



"Le cimetière du Père Lachaise... ou la poudre aux yeux des morts. Comme dit Balzac,"c’est une infâme comédie ! C’est encore tout Paris avec ses rues, ses enseignes, ses industries, ses hôtels ; mais vu par le verre dégrossissant de la lorgnette, un Paris microscopique, réduit aux petites dimensions des ombres, des larves, des morts, un genre humain qui n’a plus de grand que sa vanité".
Nicolas Will (Le Père Lachaise,Petit Guide de la mort suave)





Près de 100 ans après la mort du confesseur ce lieu devient un merveilleux éden romantique où sont inhumées de nombreuses célébrités.
Puis, après avoir été revendu, le domaine est cédé en 1803 à la Ville de Paris qui la transformera en une superbe nécropole.
Au XIXe siècle, sous l’impulsion du Consul Napoléon Bonaparte, plusieurs nouveaux cimetières furent créés afin de palier le manque de sépultures intra-muros . En 1803, c’est le Préfet qui en est propriétaire jusqu’à ce que la Ville de Paris l’achète en 1804.
Plusieurs cimetières sont crées dans ce qui était alors l'extérieur de Paris, hors des limites des murs de l'époque : au nord, le cimetière de Montmartre, au centre le cimetière de Passy, celui de Montparnasse, au sud, le cimetière de l'Est que les parisiens nommeront le cimetière du père Lachaise.
Le cimetière du Père-Lachaise est le plus grand cimetière dans Paris intra-muros, c'est un lieu célébre dans le monde. Il se situe dans le XXe arrondissement.
Il fallut attendre le début de l'empire pour que le premier Préfet de la Seine, Frochot, parvienne à mettre en place une nouvelle politique d'inhumation. Le décret du 12 Juin 1804 institue la création des grands cimetières alors extra-muros :

Le cimetière du Père Lachaise est la nécropole la plus prestigieuse et la plus visitée de Paris. D'une surface de 44 hectares, elle totalise 70 000 concessions environ. C'est aujourd'hui le plus grand des espaces verts paysagers de la capitale.

Sa conception est confiée, en 1803, à Alexandre Théodore Brongniart architecte néo-classique. Celui-ci est inspecteur général en chef de la deuxième section des travaux publics du département de la Seine et de la ville de Paris. Brongniart dessinera le plan initial : Il conçoit alors un nouveau type de cimetière mêlant parc à l'anglaise et lieu de recueillement.
Tous les styles de l'art funéraire sont représentés : tombe gothique, caveau haussmannien, mausolée à l'antique ou simple pierre tombale.
Brongniart définira les grands axes, les sections et proposera l'édification de divers monuments funéraires dont en fait, aucun ne sera réalisé. Malgré tout son projet de la sépulture de la famille Greffuhle, au style néo-gothique épuré sera édifiée. La chapelle et le portail principal sont, eux, l'oeuvre de l'architecte néoclassique Etienne-Hippolyte Godde.
Après son ouverture, le Père-Lachaise sera réaménagé à plusieurs reprises, il va connaître des agrandissements, il a connu cinq agrandissements : en 1824, 1829, 1832, 1842 et 1850.
Sa superficie passera ainsi de 17 hectares 58 ares à 43 hectares 93 ares pour 70 000 tombes, 5 300 arbres, une centaine de matous sauvages et nourris par de bonnes âmes qui hantent silencieusement les allées de ce grand parc secret et mystérieux, on y trouve aussi une très grande quantité d'oiseaux qui souligne l'ambiance de paix du lieu.
Le cimetière de l'est recevra rapidement le nom de cimetière du père Lachaise, en hommage à son ancien propriétaire.

Le 21 mai 1804, le cimetière fut officiellement ouvert par une première inhumation ; Le premier "occupant" de ce nouveau lieu fut une petite fille de cinq ans.
Pourtant, le succès ne fut pas immédiat, lorsque le cimetière ouvre ses portes les Parisiens se montrent réticents à se faire enterrer loin de leur paroisse, hors de Paris et sur une hauteur de surcroît, dans un cimetière qui n'appartient pas à une église et qui n'est donc pas sanctifié..
En effet, onze ans plus tard, en 1815, on ne compta même pas 2 000 tombes sur 17 hectares, au point que les responsables imaginent une opération publicitaire d'envergure.
Le transfert de quelques honorables morts de l'élite parisienne incita enfin les habitants à y choisir leur dernière demeure : En 1817, les corps supposés être ceux de La Fontaine et de Molière sont rapatriés au Père-Lachaise , ainsi que ceux d'Héloïse et d'Abélard, afin d'inciter les parisiens à venir reposer auprès d'eux. Le succès fut immédiat !
Dès lors, les chiffres s'envolent. En 1830, 33 000 tombes sont dénombrées. Il faut songer à accroître le terrain. Entre 1824 et 1850, six agrandissements successifs permettent au Père-Lachaise d'atteindre sa surface actuelle, soit 44 hectares. Aujourd'hui le cimetière totalise 70 000 concessions environ.

Un million de personnes y ont été inhumées à ce jour et plus de deux millions de visiteurs s'y rendent chaque année.
Aujourd'hui Un véhicule aménagé pour transporter les personnes à mobilité réduite assure des navettes. Pour pouvoir utiliser ce service, l'usager doit se signaler auprès de l'agent d'accueil de permanence, à l'entrée principale du cimetière.



Le père Lachaise champs de guerre.

La Commune :


Lors de la Commune de Paris, en mai 1871, le Père-Lachaise fut le théâtre d'une véritable guerre civile, en raison de sa localisation stratégique sur la colline. Les Fédérés installèrent leur artillerie en plein cœur du cimetière, mais furent rapidement encerclés par les Versaillais de Thiers d'un côté et les prussiens de l'autre. Les 147 survivants furent fusillés le 28 mai 1871 devant le mur qui prit ensuite le nom de mur des Fédérés, au sud du cimetière.



Personnages célèbres enterrés au Père Lachaise :


Le cimetière du Père Lachaise est le quatrième lieu le plus visité de Paris. Il faut dire qu’il y a du beau monde : du Maréchal Ney à Oscar Wilde, en passant par Colette, Frédéric Chopin, Edith Piaf, Marcel Proust, Georges Haussmann, Ludovico Visconti, J.Dominique Ingres, Victor Hugo, Sarah Bernhardt, Delacroix, Balzac, Amedeo Modigliani… Excusez du peu. Vous pourrez même circuler entre les tombes…
Mais la pierre tombale qui attire de loin le plus de visiteurs est celle de Jim Morrison, le leader des Doors. Décédé à Paris le 3 juillet 1971, il fut enterré à la va vite 4 jours plus tard. Sa famille, fâchée depuis plusieurs années avec le chanteur, ne voulut pas payer les frais de rapatriements. Un défilé incessant de fans perturbe la tranquillité des lieux.
Au fil des chemins verdoyants, vous croiserez les sépultures d’hommes et femmes célèbres reposant au sein du cimetière.

En voici quelques noms parmi beaucoup d'autres :
Honoré de Balzac,
Guillaume Apollinaire,
Colette,
Jean-François Champollion,
Jean de La Fontaine,
Molière,
Yves Montand,
Simone Signoret,
Jim Morrison,
Alfred de Musset,
Edith Piaf,
Camille Pissarro,
Oscar Wilde.
Allan Kardec
Adolphe Thiers
Maréchal Ney -
Louis Blanc
Alphonse Daudet
Gérard de Nerval -
Proust -
Frédéric Chopin -
Bizet
Héloise et Abélard -
Haussmann -
Ferdinand de Lesseps
Richard Wallace -
Nadar -
Sarah Bernardt -
Gilbert Bécaud

Styles architecturaux :
Empire, Gothique, 1900, Neo classique, Second empire, Neo byzantin, Eclectique, Monumental, Napoléon III, Neo baroque



Le cimetière du père Lachaise dans la culture :


Tombe de Balzac
Au cinéma


1980 : Au Bon Beurre (téléfilm) d’Édouard Molinaro (cimetière dans lequel les Poissonard, profiteurs de guerre, acquièrent pour un million de francs, un prestigieux caveau)
1986 : Au Père-Lachaise, court métrage, réalisé par Pierre-Marie Goulet et Jean-Daniel Pollet
1991 : The Doors, de Oliver Stone (Tombe de Jim Morrison)
2002 : Les Tombales, court-métrage de Christophe Barratier
2006 : Paris, je t'aime, segment 20e arrondissement
2008 : Syndrome, court-métrage de Yannick Delhaye
2012 : Holy motors, de Leos Carax

Dans la littérature


1833 : Honoré de Balzac, Ferragus : description du cimetière
1834 : Honoré de Balzac, Le Père Goriot : cimetière où le Père Goriot est enterré
1862 : Victor Hugo, Les Misérables : cimetière où Jean Valjean est enterré
1869 : Gustave Flaubert, L'Éducation sentimentale : description du cimetière
1955 : Antoine Blondin, L'Humeur vagabonde : un jeune provincial, perdu dans ce " labyrinthe ", dialogue avec un gardien du cimetière
1994 : Bernard Werber, Les Thanatonautes : le cimetière est le principal lieu de rendez-vous des deux protagonistes, Michael Pinson et Raoul Razorbak, au début de l'histoire.
Dans les jeux vidéo
2009 : The Saboteur, jeu vidéo de Pandemic Studios pour Electronic Arts.



Le columbarium-crématorium et les personnalités incinérées au père Lachaise :

Ce n'est qu'à la fin du siècle, en 1894, que débutèrent les travaux du columbarium et du crématorium, conçus en 1886 par Jean Camille Formigé.
L'ensemble crématorium-columbarium se compose d'une chapelle de style néo-byzantin et de quatre ailes.
Le toit est composé d'un vaste dôme de briques et de grès, de trois petites demi-coupoles et de deux cheminées. Dans les années 1920, le dôme principal est décoré de vitraux de Carl Mauméjean.
Le columbarium définitif se compose de quatre niveaux : deux en sous-sols et deux à l'extérieur et peut contenir 40 800 cases.
Le crématorium est le premier construit en France.
La première crémation a lieu le 30 janvier 1889, un peu plus d'un an après la loi du 15 novembre 1887 qui proclame la liberté des funérailles et autorise la crémation.
Le recours à la crémation demeure peu répandu jusqu'à la fin du xxe siècle.
Essentiellement le fait de francs-maçons, anticléricaux et libre-penseurs (Charles Ange Laisant, André Lorulot), le recours à la crémation progressa suite à la levée de l'interdiction par l'église catholique en 1963.
À partir des années 1980, les malades du sida privilégient la crémation (Jean-Paul Aron, Guy Hocquenghem, Cyril Collard, Pascal de Duve, Cleews Vellay, Jean-Luc Lagarce).
De 49 crémations en 1889, le crématorium réalise environ 5000 crémations au début du XXIe siècle.
En 2012, la crémation représente 45% des obsèques à Paris.
Dans le columbarium se trouvent de nombreuses célébrités dont le metteur en scène Max Ophüls, l'humoriste Pierre Dac et le cénotaphe de Maria Callas



Père Lachaise patrimoine


Conservation du patrimoine


La "partie romantique" du cimetière, soit environ la moitié de la superficie totale, constitue un site classé par arrêté du 17 décembre 196220.
Le site classé regroupe les divisions 4 à 34, 36 à 39, 47 à 58, 65 à 71, 73 à 75 et une partie de la division 761.
Plusieurs éléments du patrimoine funéraire du cimetière ont été inscrits ou classés aux monuments historiques entre 1983 et 2008 :
Les monuments construits avant 1900 qui se trouvent dans les divisions 1 à 58, 65 à 71 et 91 sont inscrits par arrêté du 21 mars 1983.
Le nombre de monuments funéraires inscrits aux monuments historiques est estimé à 30 000.
Le portail d'entrée, la chapelle, le Mur des Fédérés, le monument aux morts de Bartolomé, le monument funéraire d'Héloïse et Abélard, le monument funéraire de Molière, le monument funéraire de La Fontaine, le monument de Montanier dit Dellile, et le monument funéraire de Landry sont classés par arrêté du 14 novembre 1983.
Le monument funéraire de Cartellier-Heim est classé par arrêté du 25 janvier 1990.
Le colombarium et le crématorium sont inscrits par arrêté du 17 janvier 1995.
Le monument funéraire d'Oscar Wilde est classé par arrêté du 10 mars 199525, après avoir été inscrit par arrêté du 27 septembre 1991.
Le monument funéraire de Georges Guët est classé par arrêté du 18 septembre 1995, après avoir été inscrit par arrêté du 9 septembre 1994.
Le monument funéraire de Frédéric Chopin est classé par arrêté du 1er avril 2008.

D'illustres sculpteurs et architectes feront de ce lieu un véritable musée dès le XIXe siècle : parmi eux, Guimard, Garnier, Visconti, Paillard ou Barris. La chapelle ainsi que le portail principal d'alors (boulevard de Ménilmontant) furent conçus par l'architecte néoclassique Étienne-Hippolyte Godde en 1823 et 1825. David d'Angers créa la plupart des monuments du "Quartier des Maréchaux d'Empire"



Les sépultures incontournables


Certaines tombes sont recouvertes de graffitis, de fleurs ou autres objets plus ou moins étranges.
En général, les touristes se pressent autour de ces lieux de mémoires à la gloire de leur occupant.
L'une des tombes les plus frappantes est celle du poète Oscar Wilde.
Bien qu'homosexuel, le dandy avait du succès auprès des femmes et il semble toujours en avoir.
Des milliers de marques de rouge à lèvre le prouvent. Embrasser cette tombe est devenu une tradition.
A ne pas manquer non plus, la tombe d'Edith Piaf et celle de Jim Morrison. Le chanteur des Doors, mort en 1971 est toujours l'objet d'un véritable culte.
Les gardiens du Père Lachaise ont été obligés d'installer des barrières de sécurité autour de la tombe. Ils avaient trouvé à plusieurs reprises des jeunes couples se livrant à des activités bien peu catholiques sur la tombe.
Le Sud-Ouest du cimetière est dédié à des grands évènements historiques.
Se succèdent les tombes de résistants dont Jean Baptiste Clément, l'auteur de la chanson Le Temps des Cerises et de figures communistes comme Marcel Thorez.
Enfin, dans le même secteur, on trouve de nombreux monuments à la mémoire des morts des camps de concentration.
Enfin, saviez vous que tous les habitants du cimetière ne sont pas morts ? On croise des chats un peu partout en train de courir ou de dormir entre les tombes. Et, oh surprise... Ils sont tous noirs... Un frisson parcourt le bas du dos, un chat noir porte malheur, l'effet est-il décuplé dans un cimetière
Il fait partie des sites touristiques réputés de la capitale.



Le père Lachaise historique :


Mur des fédérés
En 1899 le Monument aux morts d'Albert Bartholomé acheté par la Ville de Paris au salon du Petit-Champ-de-Mars en 1895 est installé au Cimetière du Père-Lachaise.
Outre les tombes, le cimetière abrite des monuments dédiés à une personnalité ou à un groupe de personnes.
Monuments aux combattants étrangers morts pour la France durant la Grande Guerre :
Monument aux arméniens morts pour la France ;
Monument aux belges morts pour la France ;
Monument aux grecs morts pour la France ;
Monument aux italiens morts pour la France ;
Monument aux soviétiques morts pour la France ;
Monument aux tchécoslovaques morts pour la France.
Monuments à la mémoire des déportés victimes des camps de concentration et d'extermination :
Auschwitz-Birkenau (1949) ;
Neuengamme (1949) ;
Ravensbrück (1955) ;
Mauthausen (1958) ;
Buchenwald-Dora (1964) ;
Oranienburg-Sachsenhausen (1970) ;
Dachau (1985) ;
Flossenbürg (1988) ;
Buna-Monowitz (1993) ;
Bergen-Belsen (1994) ;
Natzwiller-Struthof (2004) ;
Convoi 73 (2006) ;
Monument aux Espagnols morts pour la liberté (1969).
Monuments en hommage aux victimes de catastrophes aériennes :
une stèle en hommage aux 170 victimes du DC10 d'UTA ;
mémorial à la mémoire des 148 victimes du vol 604 Flash Airlines inauguré le 3 janvier 2007 ;
une stèle érigée le 1er juin 2010 en hommage aux 228 victimes du vol 447 Air France (division 88).
Monument aux personnels des Hôpitaux de Paris victimes du devoir ;
Monument aux victimes de juin 1848 (division 6) ;
Monument à la mémoire des Gardes Nationaux de la Seine tués au combat de Buzenval le 19 janvier 1871 (division 72) ;
Monument à la mémoire des soldats morts pendant le siège de Paris de 1870-1871 (division 64) ;
Monument à la mémoire des défenseurs de Belfort (division 54) ;
Monument aux victimes non reconnues de l'incendie du Bazar de la Charité (division 92, 1899)
Monument funéraire aux victimes non identifiées de l'incendie de l'Opéra Comique
Monument aux travailleurs municipaux de la Ville de Paris (1906) ;
Plaque apposée sur le mur des fédérés en 1907 (division 76) ;
Imre Nagy, premier secrétaire du Parti communiste de Hongrie en 1956 ; monument érigé par la Ligue hongroise des Droits de l'Homme en 1988, à l'occasion du 30e anniversaire de son exécution ;
Stèle en hommage aux victimes de l'OAS (division 88)



Manifestations


Du fait des nombreuses personnalités enterrées là et de la charge symbolique du lieu, le cimetière du Père-Lachaise a été et est encore le lieu de manifestations et de commémorations, concernant en particulier la Commune de Paris.
Ces commémorations sont principalement le fait des partis socialistes et communistes et des francs-maçons du Grand Orient de France.
Après la Seconde Guerre mondiale, s'y ajoutent les commémorations des victimes du nazisme, les monuments aux morts des camps de concentration et d'extermination se trouvant à proximité du mur des Fédérés



Le père Lachaise et la religion :



Religion


Le décret du 23 prairial de l'an XII (1804) de Napoléon Ier fixe les questions relatives à l'organisation des cimetières et des funérailles.
Les communes ont l'obligation de créer un cimetière spécialement affecté à chaque culte ou d'affecter à chaque culte une partie du cimetière. La loi du 14 novembre 1881 abroge cet article 15 du décret du 23 prairial de l'an XII, ce qui conduit à l'interdiction des carrés confessionnels.
Au Père-Lachaise, des carrés confessionnels dédiés aux juifs et musulmans ont existés.
La loi de séparation de l'Église et de l'État du 9 décembre 1905 n'a pas d'impact sur le cimetière du Père-Lachaise puisque les emblèmes religieux demeurent autorisés sur les monuments funéraires.
Chapelle
À l'emplacement de la maison du Père La Chaise, Brongniart a prévu une immense pyramide dédiée aux cérémonies de tous les cultes chrétiens. Ce monument n'a finalement pas été retenu et la construction de la chapelle est confiée à l'architecte de la ville de Paris Étienne-Hippolyte Godde.
La construction débute en 1820, financée par la ville et un lègue de 40 000 Francs de la veuve du docteur Bosquillon.
La chapelle dédiée au culte catholique est consacrée en 1834 et dépend de la paroisse Saint-Germain de Charonne.


Enclos juif


Paris comptait sept carrés juifs.
Le carré juif du Père-Lachaise ouvre le 18 février 1810 dans la division 7. Clôturé par un mur, le cimetière israélite comportait une salle de purification et un pavillon pour le gardien10. L'enclos était fermé à clef.
De 1865 à 1882, la division 87 servira également d'enclos juif. Après l'interdiction des carrés confessionnels en 1881, les murs des enclos juifs sont détruits et les juifs sont enterrés dans la 96e division.
Parmi les nombreuses personnes enterrées au XIXe siècle, les guides de l'époque signalent Rachel Félix, tragédienne, David Sintzheim, premier grand rabbin de France, la famille Rothschild, Roblès, Singer, Fould.


Enclos musulman


Enterrement dans l'enclos musulman de Séliman-ben-Saïd, lieutenant indigène au 2e régiment de tirailleurs algériens en garnison à Paris.
La création d'un enclos musulman est autorisée par une délibération du conseil municipal du 17 juin 1853 et d'un arrêté préfectoral du 29 novembre 1856 qui prévoit "un enclos spécial pratiqué dans les dépendances du cimetière de l’Est pour l’inhumation des personnes décédées à Paris professant la religion mahométane".
La 85e division est assignée au culte musulman.
Cette partie plate et rectiligne fait partie des terrains acquis lors de la dernière extension du cimetière en 1850.
Délimité par une clôture en planches, l'enclos mesure 3 260 m2.
En mai 1855 débutent les travaux de construction de la mosquée d'après les plans dressés par Marie-Gabriel Jolivet, architecte de la troisième section des travaux de la Ville de Paris.
Le monument est composé d'une salle d'attente, d'un lavatorium, destiné à la purification des musulmans, et d'un dépôt pour les accessoires du culte. L'appareil polychrome est constitué de pierres de taille blanches et de grès rouge des Vosges disposées successivement en bandes horizontales.
L'enclos musulman ouvre le 1er janvier 1857, ce qui en fait le premier cimetière musulman en France.
Entre 1856 et 1870, l'enclos ne comptera que 44 inhumations : 6 concessions à perpétuités, 7 temporaires, 31 fosses gratuites. L'enclos est rétréci à plusieurs reprises.
Le 1er mars 1871, une partie inutilisée de l'enclos est affecté au culte israélite qui était à l'étroit dans la division 87 qui était dédiée aux juifs de 1865 à 1882.
La loi du 14 novembre 1881 interdit les carrés confessionnels. La clôture de l'enclos musulman est retirée, contrairement à la haie végétale plantée en 1873 qui est conservée.
L'enclos est à nouveau rétréci en 1883.
En dépit de la loi de 1881, la mosquée est conservée. Mais la Turquie, à qui incombent les travaux, ne l'entretient pas. Une reconstruction est envisagée avant que la Première Guerre mondiale annule le projet. Alliée de l'Allemagne, la Turquie est dorénavant un pays ennemi de la France. La mosquée est détruite en 1914. Le projet de la reconstruire est définitivement abandonné en 1923 en raison d'un projet de construction de ce qui deviendra la Grande Mosquée de Paris.



La mort inspire


"Érotomanes, obsédés, courtisanes, couples légitimes ou non... on trouve de tout au Père-Lachaise !" Bertrand Beyern, voix de stentor et veste de lin crème, se tient au seuil du cimetière, devant une trentaine de paires d'yeux brillants et d'oreilles attentives. Ce lundi après-midi, celui qui se définit comme un nécrosophe, un spécialiste des cimetières, organise l'une des visites guidées dont il a le secret. Un parcours original, dont les commentaires "ne se hurlent pas dans la rue", et pour cause... il s'agit d'un safari érotique à travers tombes.

À première vue, l'idée choque. À la seconde, aussi. Pourtant, on aurait tort de s'arrêter à l'incongruité du thème, les visites de Bertrand Beyern étant l'objet de recherches très poussées. Établir un itinéraire et recueillir des informations lui prend généralement plus d'un an. "J'en ai tellement en préparation que certaines visites seront programmées à titre posthume", s'amuse ce grand gaillard aux yeux clairs. Tirant de son attaché-case noir un peu rétro un recueil de poèmes, il se lance dans les premières "nécropolissoneries" avec le texte osé d'un poète grec décédé il y a tout juste neuf ans. "C'est la France qui se lèche tôt", conclut-il devant son public hilare.
Mais ce ne sont là que des préliminaires.

Amants pour l'éternité


Entraînant ses visiteurs dans les allées pavées du Père-Lachaise, Bertrand Beyern s'arrête entre les pierres tombales, égrenant dans sa marche les anecdotes croustillantes et les précisions de rigueur. Partant de la statue d'une danseuse étoile des ballets de Monte-Carlo, il arrive sur la sépulture de Marie Laurencin. Celle qui peignait les jeunes filles sages se montrait bien plus délurée avec son amant, Guillaume Apollinaire, enterré dans une autre section sous une stèle aux allures phalliques, menhir dressé sous le soleil.

Ils ne sont pas les seuls à s'être retrouvés ensemble dans ce cimetière après avoir partagé le même lit. À l'ombre d'un bouleau, on retrouve Simone Signoret et Yves Montant, unis jusque sous leur dalle. Dans la section romantique du cimetière, Marcel Mouloudji repose non loin de sa femme Lola, enterrée quelques mètres plus loin avec... son jeune amant. Il faut dire que son chanteur de mari, qui avait signé des textes licencieux avant d'enflammer les hit-parades en 1952 avec Comme un p'tit coquelicot, collectionnait les maîtresses et avait fini par l'abandonner.

Du cimetière au théâtre


Il est bien là, l'érotisme du Père-Lachaise : dans les relations qu'entretenaient ces morts du temps de leur vivant, dans les notices biographiques des défunts, que Bertrand Beyern a étudiées en détail. "Les cimetières ont un potentiel romanesque énorme", explique-t-il en conseillant de s'attarder sur les tombes des personnalités peu connues. Ainsi, celle de Gaston Habrekorn, directeur du Bataclan et du Divan japonais à la Belle Époque. Chansonnier à ses heures perdues, il avait l'art du titre percutant (J'ai bu de ta salive, Ta croupe) et fut le premier à faire danser les filles avec des collants chair, lorsque la nudité sur scène était encore proscrite. "L'illusion, paraît-il, était presque parfaite." Quelques décennies plus tard, alors que la capitale s'adonne à toutes les folies au lendemain de la Première Guerre mondiale, c'est Oscar Dufresne qui affole le Tout-Paris. Le directeur du music-hall Le Palace préférait, en effet, la compagnie des matelots à celle des danseuses, ce qui lui valut le délicat surnom de "Pomplemousse".

Bertrand Beyern a une attention pour chacun, photographie introuvable sur Internet ou enregistrement d'une chanson grivoise à écouter sur un lecteur de cassette grésillant.
Le Père-Lachaise, le nécrosophe y a passé toute son enfance, apprenant à compter sur les tombes et révisant l'histoire grâce aux épitaphes. C'est après plusieurs passages dans des jeux télévisés que les gens, impressionnés par ses connaissances, lui suggèrent d'organiser des visites. Conscient que sa passion peut choquer, Bertrand Beyern regrette que les cimetières soient vus comme des lieux morbides dans l'imaginaire collectif. "Le cimetière, c'est comme du théâtre. Pour peu que l'endroit soit beau et que l'on ne soit pas en deuil, tout est mis en scène." Et son public, composé de quelques touristes mais aussi d'habitués, se prend au jeu, prêt à "tout voir et tout entendre". Même les dames d'un certain âge n'hésitent pas à poser des questions sur les positions préférées d'Alice Ozi, "l'une des grandes horizontales du Paris romantique", qui avait jeté son dévolu sur le fils de Victor Hugo, non sans avoir d'abord essayé (et réussi) avec le père.

Fétichisme funéraire


Érotisme des sculptures également. C'est ainsi que Victor Noir, illustre inconnu de son vivant, a acquis une célébrité posthume avec l'érection de sa statue funéraire. Mort tragiquement dans un duel, le jeune homme est représenté fort bien pourvu par Dame Nature sur son caveau, ce qui a entraîné une vague de fétichisme sans précédent. Pour lutter contre la stérilité ou ranimer sa virilité, visiteuses et visiteurs procèdent à de savants attouchements dont le bronze garde la trace, faisant de Victor Noir la braguette la plus lustrée du vingtième arrondissement.

La sulfureuse réputation du Père-Lachaise n'est, en effet, pas imputable seulement à ses éternels résidents, mais aussi à ses visiteurs. Outre la statue de Victor Noir, celle d'une certaine Suzy Latron, chaussée d'escarpins, reçoit la visite d' habitués, fétichistes des talons hauts". Et, bien entendu, "ils viennent sans leur femme". Certaines allées sont connues pour être des lieux de rencontres homosexuelles, quelque part entre la sépulture de Cambacérès, qui a dépénalisé la sodomie, et Guillaume Cullerier, inventeur du préservatif moderne.
Des rencontres qui se soldent parfois par plus d'affinités dans les petites chapelles aux portes rouillées.

Plus de trois heures pour exhumer des histoires exaltées, et il resterait encore beaucoup de choses à dire. Bertrand Beyern ne s'en lasse pas. Le lendemain, il embarquera un autre groupe de curieux sur une nouvelle thématique beaucoup moins subversive : les tombes célèbres. Puis ce sera un parcours autour de l'humour noir. "On n'en a jamais fini avec Le Père-Lachaise !"



Le père Lachaise pratique :


Le cimetière se visite, il est facilement accessible par le métro.
Le cimetière est géré par le service des cimetières de la Ville de Paris, rattaché depuis 1986 à la direction des parcs, jardins et espaces verts . Le service des cimetières assure les missions d'accueil, renseignements des usagers et de surveillance, de fossoyage et d'inhumation, ainsi que de la valorisation du patrimoine architectural et végétal.
La durée de concession est de 10, 30 ou 50 ans ainsi que perpétuelle. Les tarifs sont les mêmes dans tous les cimetières parisiens intra muros. En 2012, une concession perpétuelle de 2 mètres carrés coûte 13 430 €, pour une cinquantenaire, 4 004 € euros, pour une trentenaire, 2 560 €, pour une décennale, 755 €. Pour une case au columbarium, il faut compter 1 725 € pour 50 ans et 1 105 € pour 30 ans et 365 € pour une concession temporaire de 10 ans.
Pour être enterré au cimetière du Père-Lachaise, il faut être domicilié à Paris, être décédé à Paris ou être placé dans un caveau existant. Cependant le cimetière est plein depuis les années 1950. Les reprises des concessions anciennes abandonnées permettent de récupérer plusieurs centaines de concessions par an dans les cimetières intra muros.



Particularités du site :


Corneilles noires posées sur une croix
Avec ses 44 hectares, la première nécropole intra muros de Paris est aussi l'un des plus importants espaces verts. On y dénombre 5 300 arbres, soit un arbre pour treize sépultures. On y trouve essentiellement des érables, des frênes, des marronniers, des thuyas ainsi que des acacias, hêtres, noyers, platanes, robiniers, sophoras, tilleuls29. Au total, 400 espèces végétales ont été recensées.
Le cimetière contient deux arbres remarquables situés dans la 77e division. Le premier est un érable de Montpellier (Acer monspessulanum L.) remarquable en raison de son âge. Planté en 1883, il mesure 12 mètres de haut et 2,25 mètres de circonférence. Le second est un marronnier d'Inde (Aesculus hippocastanum L.) remarquable en raison de son âge et de sa circonférence. Planté en 1880, il mesure 22 mètres de haut et 3,45 mètres de circonférence.
Le développement parfois excessif et non contrôlé de la végétation est critiqué. Le monument aux morts de Bartholomé est masqué partiellement par les arbres et l'humidité accélère la détérioration du monument.
La faune du Père-Lachaise est composée d'une quarantaine d'espèces d'oiseaux, dont des corneilles, des chouettes hulottes, des faucons crécerelles, des éperviers, des mésanges, des grimpereaux, des sittelles, des moineaux, des gobe-mouche gris et des rouge-queue à front blanc. On observe également des chats, des lézards, des chauve-souris, des pipistrelles communes, des fouines, des hérissons et des écureuils roux. Un essaim d'abeilles avait même trouvé refuge dans la tête en bronze de la statue de Casimir Perier. 264 espèces de coléoptères et une centaine de papillons ont été recensés.



Quelques records :


La première personne inhumée Selon les registres du cimetière, une fillette de cinq ans, Adélaïde Paillard de Villeneuve, inhumée en 1804 dans l’actuelle 42ème division, serait la première personne inhumée au cimetière.
La tombe la plus ancienne Dans l’actuelle 60ème division, on peut voir la plus ancienne pierre tombale : celle de Reine Févez.
Les défunts les plus anciens Contemporains du XIIème siècle, Héloïse et Abélard sont à l’évidence les défunts les plus anciens du cimetière. Ils y furent transférés en 1817 dans le but de promouvoir la notoriété du Père-Lachaise. Citons également Molière et La Fontaine dont les restes (hypothétiques) furent amenés à la même époque.
La première chapelle La chapelle de la famille Greffulhe édifiée en 1815 dans l’actuelle 43ème division.
La première sculpture La stèle cénotaphe du dragon Antoine de Guillaume-Lagrange (1782-1807), dans l’actuelle 29ème division.
La première statue La pleureuse en marbre de la sépulture du négociant Pierre Gareau (+1815), dans la 10ème division.
la plus haute sépulture Le « phare » de Félix de Beaujour, qui culmine à 20m de hauteur, dans la 43ème division, est à l’évidence le plus haut monument du cimetière. On peut l’apercevoir du haut de la Tour Eiffel.
la plus monumentale Le mausolée de la famille Demidoff-Strogonoff, dans la 19ème division, suivi de près par la tombe d’Adolphe Thiers, dans la 55ème division.
La plus fleurie En dehors de la Toussaint, la tombe la plus fleurie est sans doute celle d’Allan Kardec, dans la 44ème division.
La plus visitée Difficile à dire. Cela se joue entre Allan Kardec, Jim Morrison, Edith Piaf et Frédéric Chopin.




A regarder :

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http://www.dailymotion.com/video/x507 ... haise_people#.UPsgtrRmK0w
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Posté le : 20/01/2013 15:35
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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