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De Montpellier
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Le 31 juillet 1984 meurt Marie Paul Achille Auguste Le Flem
dit Paul Le Flem, à l'âge de 103 ans, né à Radon Orne le 18 mars 1881, compositeur français de style impressioniste et critique musical. Ses compositions vont du genre symphonique quatre symphonies à la sonate en passant par la musique de chambre et les œuvres lyriques. Attaché à la Bretagne, il s'inspire de la langue, des paysages, des légendes et du folklore. Années d'activité 1903-1976 Il reçoit sa formation au Conservatoire de Paris, à la Schola Cantorum. Ses maîtres sont Charles-Marie Widor, Vincent d'Indy, Albert Roussel. Enseignement Schola Cantorum. Ses élèves sont Erik Satie, André Jolivet
En Bref
Le compositeur français Paul Le Flem se situe en marge des courants et du temps. Sa patrie bretonne trouve un large écho dans sa musique, et il a su concilier cette source d'inspiration avec une écriture faisant revivre les principes de base de la musique polyphonique ou du chant grégorien. Paul Le Flem voit le jour à Lézardrieux Côtes-d'Armor. Après des études générales effectuées à Dinan et à Brest, il prépare l'École navale, où il découvre la musique grâce à Joseph Farigoul, chef de musique de la flotte, qui sera son premier professeur d'harmonie. Il vient à Paris où il suit, à partir de 1899, les cours d'harmonie d'Albert Lavignac au Conservatoire tout en menant à bien une licence de littérature et de philosophie à la Sorbonne avec Henri Bergson. Pendant dix-huit mois, il voyage en Russie (1903-1904) avant de s'inscrire à la Schola cantorum (1904), où il travaille le contrepoint avec Albert Roussel — un autre marin —, la composition et la direction d'orchestre avec Vincent d'Indy et le chant grégorien avec Amédée Gastoué. À la Schola, il est le condisciple d'Edgar Varèse. Puis il y est à son tour nommé professeur de contrepoint 1921-1929. Parmi ses élèves figurent Marcel Mihalovici, Roland-Manuel et André Jolivet, qu'il présentera à Varèse, devenu désormais le maître à penser du jeune compositeur. En 1924, Le Flem est nommé chef des chœurs à l'Opéra-Comique, et, l'année suivante, il prend la direction des Chanteurs de Saint-Gervais, succédant à Léon Saint-Réquier 1925-1939. Il se consacre au renouveau du répertoire polyphonique tout en servant utilement la musique de son temps. Parallèlement, il mène une importante carrière de critique à Comœdia 1922-1937, à L'Écho de Paris et au Temps présent. En 1935, il fonde une société de musique moderne, La Spirale. Après la Seconde Guerre mondiale, il vit en Bretagne, à Tréguier ; son histoire est celle de ses œuvres, en retrait par rapport aux modes et aux passions. Il cesse de composer en 1975, car il est atteint de cécité. Son centenaire, en 1981, révèle au monde musical un compositeur effacé, mais fidèle à lui-même dans un parcours artistique d'une étonnante longévité : alors que le jeune compositeur a livré ses premières partitions à l'aube du XXe siècle, il ne cessera d'écrire que soixante-quinze ans plus tard, ayant connu Debussy, d'Indy, la création du Sacre du printemps, l'oppression sérielle des années 1950, la musique électroacoustique et bien d'autres nouveautés auxquelles il s'intéressera avec passion. Son esthétique initiale, solide et sobre, trahit l'influence debussyste et la formation rigoureuse de la Schola. Mais il y intègre rapidement des réminiscences populaires bretonnes tout en pratiquant une écriture marquée par les polyphonistes et Monteverdi. La mer apparaît souvent en filigrane de son œuvre, dont la première réalisation d'une certaine importance, destinée à l'orchestre, s'intitule précisément En mer 1901 ; elle est suivie dix ans plus tard des Voix du large 1911. Ce sont ses œuvres symphoniques qui connaîtront le plus grand succès : notamment ses quatre symphonies — la première 1908 n'est créée par Walter Straram qu'en 1927 avant de faire le tour de l'Europe, la deuxième 1958 est révélée au festival de Besançon, la troisième et la quatrième datent de 1967-1971 et de 1975, respectivement — ainsi que Pour les morts, triptyque 1912, Ronde des fées 1953, La Maudite, légende dramatique pour voix et orchestre 1967-1971, et son œuvre ultime, Trois Préludes pour orchestre 1975. Dans le domaine concertant, il a composé une Fantaisie pour piano et orchestre 1911 et un Konzertstück pour violon 1965. Pour la scène, après les premiers essais que constituent Endrymion et Sémélé 1903 et Aucassin et Nicolette 1908-1909, il met en musique un conte breton, Le Rossignol de Saint-Malo 1938, créé à l'Opéra-Comique en 1942, et compose La Clairière des fées 1944 et La Magicienne de la mer 1947 sur un livret de José Bruyr, qui sera créé à l'Opéra-Comique en 1954. Il tirera de cet ouvrage deux interludes symphoniques. Pour la radio, il a signé des partitions originales comme Les paralytiques volent 1938 ou Macbeth 1950 et, pour le cinéma, Côte de granit rose 1954. Attiré très tôt par les formes réduites, il laisse une Sonate pour violon et piano 1905, un Quintette pour piano et cordes 1908-1909 et des pièces pour piano marquées par la Bretagne : Par landes 1907, Par grèves 1907, Le Vieux Calvaire 1910 et Le Chant des genêts 1910 ; ces deux derniers cahiers furent créés par Blanche Selva en 1911. Pour la voix, il a composé plusieurs cycles de mélodies, dont les Ariettes oubliées Verlaine, 1904, et de nombreux chœurs a cappella ; il a également harmonisé des chants populaires bretons. La diversité de sa musique ainsi que la force qui éclate dans ses ultimes partitions placent Paul Le Flem dans une situation à part au sein de la musique française. Il est un musicien profondément enraciné mais qui a évité de tomber dans le piège du régionalisme excessif, un musicien d'un autre temps qui a su évoluer dans son propre siècle sans cultiver un passéisme stérile. Alain Pâris
Sa vie
Orphelin de père et mère à douze ans, Paul Le Flem vit dans la famille paternelle à Lézardrieux dans le Trégor, où il dit être né bien qu'à l'état civil, il s'agisse de Radon. Issu d'un milieu bretonnant, il reste attaché sa vie durant à cette langue. Destiné à une carrière d'officier, il intègre, en 1895, l'Ecole navale de Brest, mais il est contraint à changer de voie en raison d'une vue trop faible. Il est un brillant élève du lycée de Brest. Il apprend en autodidacte les rudiments de la musique et compose dès l'âge de 15 ans. Joseph Farigoul, chef de la Musique des équipages de la flotte de Brest, après avoir entendu ses petites pièces, qu'il juge prometteuses, l'incite à gagner Paris dès 1899 pour s'inscrire au Conservatoire. Il obtint également une licence de philosophie à la Sorbonne, où il suivit les cours d'Henri Bergson. Il vit néanmoins difficilement en 1901 et cherche à partir de Paris.
La Russie
À partir de septembre 1902, il part à l'instar de Claude Debussy comme précepteur à Moscou, où il apprend le russe et découvre l'univers de l'école nationale russe. Il y découvre aussi la richesse du folklore russe6. Il refuse l’offre de devenir régisseur de plantations de fleurs en Crimée. Il quitte la Russie parce qu’il avait la nostalgie de la France et de la Bretagne.
Retour en France
Dix-huit mois plus tard, il s'inscrivit à la Schola Cantorum, où il étudie avec Vincent d'Indy et Albert Roussel. En 1923, succédant à Roussel, il devient professeur de contrepoint jusqu'en 1939 et a pour élèves Erik Satie et André Jolivet. C'est lui qui présente Jolivet à Edgar Varèse, généralement méprisé alors dans les milieux musicaux, mais répondant au souhait exprimé par son élève après avoir assisté à la première française d'Amériques. Varèse et Le Flem se connaissaient pour avoir suivi ensemble les cours de la Schola Cantorum. De 1905 à 1913, il composa ses premières œuvres importantes et connut alors une période créatrice extrêmement féconde qui s'interrompit avec sa mobilisation durant la Grande Guerre. Il est mobilisé en 1914. Il sert d’abord comme brancardier puis, en mai 1916, est dirigé sur le Camp de Mailly. Parlant le russe, il est affecté au 1er régiment spécial russe commandé par le colonel Nietchvolodof qui lui demanda de former une fanfare. Le 16 avril 1917, l'attaque du fort de Brimont est meurtrière pour le régiment. Le Flem y obtient la croix militaire. Le 20 avril, le régiment est relevé et ramené à l’arrière à Talus-Saint-Pris, puis envoyé au Camp de La Courtine, dans la Creuse, où étaient déjà rassemblés environ 15 000 soldats parmi lesquels des régiments qui s’étaient mutinés. En 1918, il est chargé d’inspecter à la 4e région militaire les Russes répartis en Mayenne8, dans la Sarthe, dans l’Orne et en Eure-et-Loir, et affectés chez des particuliers aux travaux agricoles, dans des entreprises, ou encore employés à des travaux d’utilité publique. II anime de nombreuses émissions radiophoniques et est critique musical de 1906 à 1960.
Le compositeur
De 1921 à 1937, il assura la critique musicale au quotidien Comœdia et reconnut le talent d'Igor Stravinski et de Darius Milhaud. D'une intelligence vive et d'une grande ouverture d'esprit, il défendit toute œuvre ayant retenu son attention, fût-elle éloignée de ses goûts, évitant les querelles d'écoles, de nationalité ou de génération. Il sut cependant toujours payer sans ostentation un tribut à ses origines bretonnes, par exemple en s'inscrivant au mouvement artistique breton des années 1930, les Seiz Breur. Parallèlement, il exerça comme chef de chœur et pédagogue. Chef de chœur puis directeur des Chanteurs de Saint-Gervais jusqu'en 1939, Paul Le Flem cherche à décloisonner musique et aide les nouveaux talents.
Après la Première Guerre mondiale, il attendit 1936 pour se remettre à composer. Son œuvre est marquée par une évidente violence interne, souvent contenue, avec une grande émotion, mais parfois éruptive, comme dans ses dernières symphonies. Cette qualité particulière de la musique de Paul Le Flem est liée aux tragédies familiales qui n'ont cessé de le frapper : Il a perdu ses parents à l'âge de douze ans, ses deux premiers enfants meurent en bas-âge il compose pour eux la belle pièce Pour les morts en 1913, son épouse Jeanne meurt en 1964... Il ne s'arrête de composer qu'en 1976, à l'âge de 95 ans, du fait de sa cécité. Il meurt en 1984 au service de gériatrie de l'hôpital de Tréguier.
Famille
Par sa fille, Jeanne, qui épousa Lennart Green, Paul Le Flem est le grand-père de l'actrice franco-suédoise Marika Green et l'arrière-grand-père de l'actrice française Eva Green.
Son Å“uvre
Les œuvres de Le Flem révèlent l'influence de la musique du xvie siècle, du folklore breton savamment organisé par une rigueur d'écriture enseignée à la Schola Cantorum et aussi, pour leur beauté harmonique, des œuvres de Debussy. Co-créateur de l'Association des compositeurs bretons ACB, il harmonise plusieurs chants populaires bretons et compose sur des poèmes de Max Jacob. Son œuvre la plus emblématique dans ce domaine demeure La Magicienne de la mer, légende lyrique en trois tableaux10.
Œuvres symphoniques et opéras
Fantaisie pour piano et orchestre 1911 Les Voix du Large 1911 Triptyque symphonique 1920-1921, Danses, Pour les morts11, Invocation Le grand jardinier de France 1942, suite symphonique pour un court-métrage de Jean Tedesco La côte de granit rose 1954, suite symphonique pour un film documentaire Concertstück pour violon et orchestre 1964, une œuvre atonale, d'un modernisme surprenant et déroutant Sept préludes pour orchestre 1976 - Le Flem acheva seulement les trois premiers : Calme, Obsession et Emporté. Symphonies 1e Symphonie 1906-1908 2e Symphonie 1956-1958 3e Symphonie 1967-1970 4e Symphonie 1974-1975 pour la scène Aucassin et Nicolette 1909, chantefable pour cinq solistes, chœur et orchestre de chambre, accompagnant à l'origine une représentation d'ombres chinoises, transcrit pour la scène en 1924. La Maudite 1966-1968, jamais représenté Les œuvres de la maturité mirent fin à une période d'inactivité créatrice de près de vingt ans et concernent surtout l'art lyrique. En 1937, il compose son premier opéra. La fête du printemps 1937 Le Rossignol de Saint-Malo 1938, créé à l'Opéra-comique en 1942 d'après une gwerz du Barzaz Breiz La Clairière des Fées 1944, jamais représenté La Magicienne de la mer 1947, créé en 1954 Deux Interludes sont extraits de cet opéra dont la création fut un échec, rares pages instrumentales créées durant cette époque. L'opéra, sur un livret de José Bruyr, fait référence à la légende de la ville d'Ys :
L'appel de Dahut Ys engloutie renaît dans le rêve
Musique de chambre
Sonate pour violon et piano 1905, à la mémoire de mes parents Quintette pour piano et cordes 1905 Concertstück, pour violon et piano Pavane de Mademoiselle, style Louis XIV, pour 2 violons, alto, violoncelle et contrebasse 1899 Heure pesante, quatuor à cordes 1902 Morceau en la mineur pour quatuor à cordes 1903 Soleils couchants pour baryton et piano 1904 Sonate pour piano et violon 1905 Quintette en mi mineur, pour 2 violons, alto, violoncelle et piano 1905, à la mémoire de mes parents Danse désuète pour violon, alto, violoncelle et harpe 1909 Pièce lente pour orgue 1909 Danse désuète pour harpe 1909 Clair de lune sous bois pour harpe 1909 Clair de lune sous bois, version pour flûte, violon, alto, violoncelle et harpe 1952 pour le piano Par Landes 1907 Par Grèves 1910 Vieux Calvaire 1910 Avril 1910 Sept pièces enfantines 1912, que le compositeur orchestrera Pour les Morts 1912-1913 inspiré par La nuit des morts d'Anatole Le Braz, orchestré en 1920 Durant sa vieillesse, Le Flem composa des ouvrages vocaux Morvenn le Gaélique et Hommage à Rameau.
Posté le : 31/07/2016 15:10
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