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De Montpellier
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Le 27 décembre 1950 à New York meurt Max Beckmann
à 66 ans, né le 12 février 1884 à Leipzig, peintre et dessinateur, sculpteur, dessinateur en bâtiment, graveur, écrivain allemand. Il est formé à l' école des beaux-arts de Weimar, dans le mouvement expressionnisme, Nouvelle Objectivité. Il reçoit pour distinction le prix de peinture Biennale de Venise. Ses Œuvres les plus réputées sont : Autoportrait en smoking, Autoportrait au foulard rouge, Le Départ
En bref
En organisant une superbe exposition consacrée à Max Beckmann 1884-1950 au Centre Georges-Pompidou 10 septembre 2002-6 janvier 2003, la France rendait pour la première fois hommage à un peintre allemand qui, avant de rompre définitivement avec l'Europe en 1945, avait éprouvé une forte attirance pour Paris au point d'y louer un atelier en 1929. Ce qu'il s'était vu reprocher par l'École des arts décoratifs de Francfort où il était à la tête de l'atelier de maîtrise depuis 1925. Les éditions de l'École nationale supérieure des beaux-arts E.N.S.B.A. ont pris à cette occasion l'heureuse initiative de publier les Écrits 2002 de Max Beckmann dans une traduction malheureusement bâclée. L'exposition, d'une belle simplicité, a fait découvrir la cohérence extrêmement forte d'une conception de la peinture qui refuse d'abandonner l'idée d'une transcendance, sans pour autant venir abonder dans le sens de ceux qui défendent le retour à la figure au nom d'un humanisme convenu ou par goût de la belle ouvrage d'antan. Beckmann pensait que la peinture était par excellence le moyen d'établir un passage entre l'œuvre sensible et l'idée : en ce sens il est pleinement platonicien ; que ce monde intermédiaire, où l'échange entre l'absolu et le concret est possible, peut réunir les hommes parce qu'il propose un monde d'images accessibles à tous et donc à ceux pour qui Dieu est une figure trop abstraite : en ce sens il est pleinement romantique. Il éprouvait d'ailleurs du mépris pour l'art abstrait et pour l'art décoratif, dont relevaient selon lui les papiers peints de Gauguin, les étoffes de Matisse ou encore les échiquiers de Picasso, véritables incitations à la paresse de l'âme, que Beckmann retrouvait aussi dans les trois grands maux de notre époque : la voiture, la photographie et le cinéma, qui nous transportent et coupent ainsi toute velléité de nous transporter nous-mêmes vers le spirituel. Les nombreux autoportraits de Beckmann, et l'exposition en présentait plusieurs, nous montrent un homme abrupt, au visage austère, comme ce célèbre Autoportrait en smoking 1927, et pourtant les témoignages que nous possédons révèlent un homme très chaleureux avec ses interlocuteurs. On peut reprocher à l'exposition son sous-titre ; il est tout à fait impropre, en effet, de dire que Beckmann est Un peintre dans l'histoire. La Première Guerre mondiale l'a certes plongé dans une grave dépression à laquelle il ne s'est arraché que par le dessin, mais il est le contraire d'un peintre dans l'histoire, car les spectacles auxquels il assiste sont intemporels, éternels, comme ces hommes à demi-nus, le corps couvert de sang attendant qu'on leur mette des bandages blancs... De nouvelles images de la flagellation du Christ ». Beckmann n'a jamais voulu convertir ce qu'il a vu en images de propagande, il ne fera jamais de politique et préféra la politique de l'art, en militant dans les associations d'artistes comme la Sécession. Cet homme, qui admirait des penseurs ou des écrivains proches du romantisme les écrits de Schopenhauer ou le Titan de Jean Paul, son œuvre préférée, s'engagea pourtant dans les rangs de la Nouvelle Objectivité. Mais il ne s'agissait pas de « faitalisme », pour reprendre le terme de Nietzsche, d'approbation inconditionnelle de ce qui est, comme chez le photographe Albert Renger-Patzsch Die Welt ist schön, Le Monde est beau ; rien n'est plus étranger à Beckmann que cette attitude de soumission au fait. On sait qu'il appréciait Wilhelm Leibl 1844-1900, le peintre réaliste bavarois, mais l'objectivité transcendantale à laquelle il aspirait, et dont il trouvait des exemples chez Cézanne, Van Gogh ou chez son cher Douanier Rousseau, se confondait pour lui avec la possibilité de recouvrer un grand style universel ; sans exclure des images qui ne prétendaient à aucun écho dans la réalité comme ce Voyage sur le poisson 1934, Staatgalerie, Stuttgart, où on aurait tort de voir dans le poisson un symbole analogue à celui de l'âme chez les Celtes, ou de Jésus-Christ pour les chrétiens. Pour Beckmann, le symbole ou l'allégorie ne sont symbole ou allégorie de rien, ils visent une plénitude, un monde d'images où l'œil qui voit et l'objet regardé se confondent comme dans le très énigmatique Rêve de Paris Colette, tour Eiffel 1931, collection particulière. S'il est quelque chose qui rend particulièrement attachante la figure de Max Beckmann, c'est qu'il a su, malgré sa chienne de vie, pour reprendre ses propres mots – vie presque toujours précaire et désargentée, vie exposée à la menace de la confiscation et de la destruction de son œuvre, vie accablée par les maux physiques –, rester fidèle à la vie et à son sens spirituel. Jean-François Poirier
Sa vie
Max Beckmann naît à Leipzig en 1884. Il connaîtra personnellement les grandes tragédies qui, dans cette première moitié du xxe siècle, bouleverseront l’Europe et le monde. Après sa formation à l'école des beaux-arts de Weimar, où il rencontre sa première épouse Minna Tube, Max Beckmann s'installe en 1907 à Berlin, où il organise des expositions de ses œuvres. Pendant la Première Guerre mondiale, il sert à Wervicq-Sud près du front belge, en tant qu'infirmier. En 1914-1915, il peint des fresques dans la piscine en plein air de la commune, alors utilisée par l'armée impériale allemande1. Il est démobilisé en 1915 en raison d'une dépression nerveuse. Son art change alors de style pour devenir plus critique et moral. À partir des années 1920, le peintre séjourne à plusieurs reprises à Baden-Baden, ville d'eau et de jeux du sud de l'Allemagne. Max quitte Minna Tube en 1925, pour épouser Mathilde 1904-1986. Sa seconde épouse Mathilde, surnommée Quappi, est la fille du peintre Friedrich August von Kaulbach. Jusqu'en avril 1933, il enseigne à Francfort, avant d'être déchu de son poste. Fatigué, dépressif, il est alors très inquiet de la montée du nazisme, comme le montrent les lettres qu'il écrit à son épouse à cette époque. Il s'installe à Berlin, où il peint des vues de la Forêt-Noire au climat oppressant, aux arbres déracinés et aux chemins qui se perdent. Au lendemain du discours d'Adolf Hitler sur l'art, il est classé parmi les « peintres dégénérés » et il doit quitter l'Allemagne avec son épouse pour partir en exil à Amsterdam, où il connaît la précarité et la solitude, et sera pris dans l'étau national-socialiste après l'invasion des Pays-Bas par la Wehrmacht. Ce n'est qu'après la fin de la guerre qu'il rejoint définitivement les États-Unis, en 1947, pour enseigner à Washington et à Brooklyn. Beckmann décède à New York en 1950, l'année même où la Biennale de Venise lui décerne son premier prix de peinture. L'œuvre de Max Beckmann occupe une place exceptionnelle dans l'art du XXe siècle. Dans un contexte largement dominé par le développement de l'abstraction, il est resté tout au long de sa carrière un fervent partisan de la figuration. Témoin privilégié d'une époque qui aura connu le désastre de deux guerres mondiales, Beckmann n'a jamais cessé de vouloir représenter la condition humaine universelle, thème central de son œuvre, tout en rendant compte du présent historique. Les rapports qu'il entretient avec la tradition picturale européenne, comme avec les avant-gardes de son époque, sont complexes. Figure isolée au sein de l'histoire de l'art moderne, la réception de son œuvre ne fut pas aisée et son interprétation longtemps problématique, notamment en raison d'un style jugé parfois agressif et dérangeant, et d'une iconographie combinant différents registres dans un syncrétisme personnel déroutant. Le regard qu'il pose, dans ses représentations d'un monde en plein bouleversement, sur l'existence humaine et sur la nature conflictuelle de l'être humain, demeure cependant, aujourd'hui encore, d'une intensité inégalée.
Formation et affirmation de soi
Né le 12 février 1884 à Leipzig, Max Beckmann montre très tôt une forte personnalité, ainsi qu'une vocation précoce. Il entre à l'âge de seize ans à l'École des beaux-arts de Weimar où il reçoit, sous le professorat de Carl Frithjof Smith, une solide formation classique. Il s'intéresse alors à la peinture moderne récente, à l'œuvre de Munch, de Cézanne, de Van Gogh et des impressionnistes. En 1903, il séjourne à Paris. Opposé au formalisme des imitateurs de l'impressionnisme, il lui préfère un art qui donne directement accès à ce qu'il y a d'atroce, de vulgaire, de grandiose, d'ordinaire, de banal et de grotesque dans la vie. Un art qui puisse nous être toujours immédiatement présent dans ce que la vie a de plus réel. Durant son séjour en France, il se rend à Colmar où il voit le retable d'Issenheim peint par Matthias Grünewald qui aura une profonde influence sur son œuvre, en particulier après 1916. Invité à participer en 1906 à une exposition de la Sécession berlinoise, il adhère brièvement à ce courant de peintres rassemblés autour de Max Liebermann et Lovis Corinth et obtient en 1910 une bourse pour Florence, prix d'honneur pour ses Jeunes Hommes au bord de la mer 1905, Kunstsammlung Schloßmuseum, Weimar. Dans la violente polémique qui l'oppose en 1912 à Franz Marc au sujet de la représentation de l'espace et de la plasticité en peinture, Beckmann défend ce qu'il considère être les « deux principes fondamentaux des arts plastiques ». Hostile à la nouvelle conception picturale qui insiste sur le caractère plan de l'image, qui relève selon lui davantage des arts décoratifs, il revendique, dans l'article « Réflexions sur l'actualité et la non-actualité de l'art », la modernité de sa recherche d'une nouvelle forme de peinture figurative.
Le choc de la Première Guerre mondiale
Engagé comme volontaire dans les services sanitaires de l'armée allemande, il connaît dès 1915 une profonde dépression physique et psychique. La guerre provoque une rupture radicale dans son existence et dans sa création ; son langage pictural en sort profondément modifié. L'Obus Sprengel Museum, Hanovre, une pointe-sèche de 1915, est significatif de ce tournant : la composition est éclatée, les traits brisés se heurtent et s'arrêtent brutalement. Dans Le Christ et la femme adultère 1917, Saint Louis Art Museum et La Descente de croix 1917, Museum of Modern Art, New York, il recourt aux thèmes religieux pour évoquer le conflit. Mais c'est avec La Nuit 1918, Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, représentant une scène de persécution politique, que s'affirme véritablement son nouveau style, synthèse originale qui puise aussi bien aux sources de l'art gothique allemand, de l'art renaissant italien que de l'art moderne français. Il y exprime dans un réalisme symbolique, et au moyen d'un contraste de couleurs blafardes et criardes, la brutalité et la cruauté de la guerre. La distorsion de l'espace, l'aspect grotesque des personnages, la théâtralité de la mise en scène, tout rappelle l'importance dans son œuvre de l'ironie, nécessaire pour exorciser l'horreur. Alors que l'Allemagne semble sortir de la crise et cherche un difficile équilibre dans le régime républicain de Weimar, Beckmann devient un peintre renommé. Il épouse en 1925 Mathilde von Kaulbach, surnommée Quappi, qui l'introduit dans un milieu aristocratique et mondain. Il est nommé, la même année, directeur de la Städelschule de Francfort. Sa peinture trouve un certain apaisement. Dans Autoportrait en smoking 1927, Harvard University Museums, Cambridge, un des nombreux autoportraits qu'il aura exécutés tout au long de sa vie et qui constituent l'épine dorsale de son œuvre, il apparaît sûr de lui ; une main posée au-dessus de la hanche, l'autre tenant une cigarette. En lui permettant de se représenter dans les costumes les plus divers et d'assumer les attitudes les plus variées, l'autoportrait est le moyen privilégié par l'artiste pour interroger non pas tant sa propre personne et son destin individuel que sa condition d'être humain. Ce regard impitoyable et infatigable qu'il pose sur son existence apparaît aussi dans son journal. D'autres peintures de cette époque reflètent sa fascination pour la théâtralité – implicite ou non – qui est le propre de la vie, comme Le Portrait de l'acteur russe, Zeretelli 1927, Harvard University Art Museums, Cambridge. En 1928, à l'occasion d'une importante rétrospective de l'œuvre de Beckmann à Mannheim, Julius Meier-Graefe, célèbre critique d'art, dira de lui : Nous avons encore une fois un maître parmi nous. Il parvient en même temps à une certaine reconnaissance internationale.
Le tournant mythologique et l'exil
Le Départ 1932-1935, Museum of Modern Art, New York, premier d'une série de triptyques, marque l'apparition des motifs mythologiques dans son œuvre. Dans un contexte général de regain d'intérêt pour la pensée mythique, Beckmann puise dans la mythologie les éléments d'une représentation à la fois symbolique et actuelle de la torture et de l'exil. Artiste cultivé, lecteur de Shopenhauer et de Jean Paul, Beckmann revendique sa filiation avec les romantiques allemands et s'intéresse au mysticisme et à la théosophie, alors en vogue. Contraint à la démission, il quitte son poste de directeur de la Städelschule en 1933 et s'installe à Berlin. Hostile aux nouvelles orientations politiques, il tente néanmoins de préserver autant que possible sa carrière prestigieuse, grâce aux soutiens dont il bénéficie dans les milieux culturels et aristocratiques. En 1937, des tableaux de Beckmann provenant pour la plupart des collections de musées allemands sont présentés à l'exposition sur l'« art dégénéré » organisée par les nazis. Le peintre quitte alors l'Allemagne et s'installe à Amsterdam. Il y restera dix ans, faute de pouvoir obtenir un visa pour les États-Unis. Après la guerre, Beckmann émigre aux États-Unis et enseigne un temps à l'École d'art de l'université de Washington à Saint Louis, où il occupe le poste laissé vacant par Philip Guston, puis à la Brooklyn Museum Art School. Il travaille toujours aussi intensément ; ses coloris deviennent plus variés et éclatants, les formes, plus séduisantes, se simplifient. Ses dernières œuvres représentent les paysages, les gratte-ciel, et la population de sa nouvelle terre d'accueil. Il meurt à New York le 27 décembre 1950, emporté par une crise cardiaque alors qu'il se rendait à l'exposition American Painting Today, où était présentée une de ses dernières peintures, l'Autoportrait au veston bleu 1950, The Saint-Louis Art Museum. Aurelia Elis
Son Å“uvre
Max Beckmann a développé son parcours en dehors des groupes ou des mouvements artistiques restés célèbres dans l'histoire de l'art du début du siècle. Par le biais du dessin, de la gravure, de la lithographie, l’œuvre de Max Beckmann rend compte de chacun des drames du monde, sans que pour autant le peintre en soit un illustrateur ou une sorte de reporter. Son œuvre reflète une approche du monde considéré comme une scène de théâtre où se joue la pièce qu'est la vie humaine avec des hommes qui sont des acteurs masqués ou des acrobates. le récit, nul mieux que lui n’a montré la crise sociale et morale de l’Allemagne des années 1920 ou dénoncé la monstruosité du nazisme. Et cela justement parce que, refusant l’engagement direct de l’artiste, lui fixant une mission plus haute, Beckmann, dans sa peinture des événements historiques, atteint une dimension universelle et intemporelle. Klaus Gallwitz, directeur du Musée Frieder Burda et spécialiste de Max Beckmann, parle au sujet des tableaux d'avant-guerre de peinture subversive qui lui a permis de mûrir ses tableaux futurs. Ses premières œuvres ont une teinte plutôt naturaliste. Après la guerre, son style devient plus personnel et offre ses caractéristiques si connues : visages émaciés, contours marqués.
Ses Å“uvres
La Nuit Die Nacht 1918-1919 Danse à Baden-Baden 1923, caricature d'une société en crise - tableau appartenant à la Nouvelle Pinacothèque de Munich Le Rêve de Monte-Carlo commencé en 1939, terminé en 1943 Le Parc de Baden-Baden La Riviera Voiture d'artistes, ce tableau témoigne de l'exil subi par l'artiste, avec ces personnages réfugiés autour de leur directeur, peint alors que la Wehrmacht s'apprête à envahir les Pays-Bas. Le Départ Hölle der Vögel L'Enfer des oiseaux Les Accusés 1916 Beckmann et sa femme en exil, cet autoportrait montre un couple digne uni dans l'adversité. Les Joueurs de rugby Déclaration de guerre 1914 Autoportrait au foulard rouge 1917 Der Eiserne Steg La passerelle de fer 1922
Posté le : 23/12/2015 21:13
Edité par Loriane sur 27-12-2015 21:31:15 Edité par Loriane sur 27-12-2015 21:32:37
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