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De Montpellier
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Le 4 octobre 1999 meurt Bernard Buffet,
à 71ans à Tourtour dans le Var, né le 10 juillet 1928 à Paris, peintre français expressionniste, composant aussi bien des personnages que des figures, animaux, nus, paysages, intérieurs, natures mortes, fleurs. Aquarelliste, c'est également un peintre de décors de théâtre et un illustrateur. Il est formé à l'école nationale supérieure des beaux-arts, il est distincté comme officier de la Légion d'honneur et officier des Arts et des Lettres.
En bref
Bernard Buffet est né le 10 juillet 1928 à Paris. Sa carrière tient en quelques dates : renvoyé du lycée à quinze ans, en 1943, il suit des cours de dessin avant d'être reçu au concours d'entrée de l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris qu'il quitte deux ans plus tard pour travailler seul. Après plusieurs participations à des salons, sa première exposition personnelle, organisée par Guy Wheelen et présentée à Paris par Pierre Descargues dans une librairie de la rue des Écoles en 1947, le révèle aux yeux des amateurs perspicaces et des collectionneurs clairvoyants. Il reçoit le Prix de la jeune peinture et entre sous contrat dans la galerie du marchand Emmanuel David qui s'associera ensuite avec Maurice Garnier. En 1948, alors qu'il n'a que vingt ans, la presse lui décerne, ex æquo avec Bernard Lorjou, le Prix de la critique. Il est le lauréat, en 1955, d'un référendum organisé par la revue Connaissance des arts pour désigner les dix meilleurs peintres de l'après-guerre. L'année suivante, alors que le monde entier commence à le connaître après des expositions à New York, Bâle, Copenhague..., il participe à la biennale de Venise. À elles seules, ces quelques dates jalonnent le parcours météoritique d'un jeune artiste qui incarne alors le renouveau de la peinture française, à tel point qu'on le désigne souvent comme le nouveau Picasso ! Ce qui ne manque pas de surprendre aujourd'hui tant son style semble, depuis longtemps, sclérosé. Mais ce succès précoce et rapide ne peut se comprendre que dans le contexte des questions qui sont débattues autour de la figuration et de l'abstraction, du réalisme et de l'art engagé. Il ne fait pas de doute que l'hostilité de la critique de grande presse vis-à-vis de l'abstraction favorise l'engouement pour la peinture de Bernard Buffet, héritière des grands réalistes du XIXe siècle, peinture d'autant plus médiatisée qu'elle perpétue le pessimisme de la vision du monde de Francis Gruber récemment disparu, dont elle renouvelle, de manière probante d'ailleurs, le graphisme nerveux et les gradations de gris marquées de lignes noires. Mais la force des œuvres de la période dite misérabiliste 1946-1951 se fige très vite en un maniérisme immédiatement identifiable dont les moyens plastiques ne se renouvellent plus, à l'exception peut-être de l'utilisation de couleurs vives. Si ce que l'on nomme le style Bernard Buffet, compromis entre l'académisme des Salons et les nouvelles tendances de l'art auxquelles les valeurs bourgeoises ne sont pas préparées, lui assure, indépendamment de sa signature également typée, un large succès auprès du public, en revanche sa surproduction, ses expositions annuelles à thème, son incapacité à maîtriser son succès et à contrôler la demande jamais relâchée du marché n'inspirent à la critique qu'un profond mépris auquel l'artiste, par l'intermédiaire des seuls journaux à grands tirages, ne manque pas de riposter en entretenant d'ailleurs la polémique par ses propos acerbes et des formules définitives.
Sa vie
Enfant de Charles et Blanche Buffet, il est élevé dans le 17e arrondissement de Paris au no 29 de la rue des Batignolles où il commence à peindre et dessiner dès l'âge de 10 ans. Renvoyé du Lycée Carnot en 1939, il suit en 1942 les cours du soir de la ville de Paris place des Vosges, où Monsieur Darbefeuille l'initie au dessin. Il remporte le concours d’entrée de l'École nationale supérieure des beaux-arts en décembre 1943 à quinze ans, passant deux ans dans l'atelier du peintre Eugène Narbonne où il est déjà considéré comme très doué. Il s'y lie notamment d'amitié avec les peintres Maurice Boitel et Louis Vuillermoz. En 1945, il part travailler seul dans la chambre de bonne de l’appartement familial. En 1946, il expose son premier tableau, un autoportrait, au Salon des moins de trente ans à la Galerie des beaux-arts. En 1947, il expose L'Homme accoudé au Salon des Indépendants et en décembre a lieu sa première exposition particulière présentée par Pierre Descargues, à la Librairie des impressions d'art, organisée par Guy Weelen et Michel Brient. L'État, par l'intermédiaire de Raymond Cogniat, lui fait son premier achat pour le Musée national d'art moderne de Paris, la peinture Nature morte au poulet. En avril 1948, il présente un tableau, Le Buveur au prix de la jeune peinture organisé à la galerie Drouant-David, 52 rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris. Il n'obtient pas le prix, mais le docteur Maurice Girardin, un collectionneur d'art contemporain qui acquiert dix-sept de ses œuvres entre 1948 et 1953, défend sa peinture avec passion et attire l'attention d'Emmanuel David sur ce jeune peintre. Quelques jours plus tard, Emmanuel David se rend dans l'appartement du 29 de la rue des Batignolles et propose à Bernard Buffet d'entrer dans sa galerie avec un contrat d'exclusivité. Ce contrat a par la suite été partagé avec Maurice Garnier. En juin, à la galerie Saint-Placido à Paris, il obtient le Prix de la critique ex-aequo avec Bernard Lorjou, de vingt ans son aîné. En juillet, une exposition de ses œuvres aura lieu dans cette Galerie. Il expose La Ravaudeuse de filet au Salon d'automne. En 1949 Pierre Descargues publie Bernard Buffet aux Presses littéraires de France. Bernard Buffet épouse Agnès Nanquette, une camarade des Beaux-Arts, dont il divorcera l'année suivante. Un amateur d'art met un pavillon à Garches à sa disposition. Comme loyer, Bernard Buffet lui donne un tableau par trimestre. En 1952 il reçoit le prix Antral.
Rétrospective à la galerie Charpentier
En 1955, il obtient la première place au référendum organisé par la revue Connaissance des arts désignant les dix meilleurs peintres de l'après-guerre. Il peint les maquettes des décors et des costumes pour La Chambre argument de Georges Simenon qui devient son ami. Il achète la propriété de Manimes à Domont, près de Paris, mais la quittera l'année suivante. En 1958, première rétrospective de son œuvre à la galerie Charpentier de Paris. Pierre Bergé publie Bernard Buffet.
Buffet, Pierre Bergé et Annabel
En mai 1958, le peintre Xavier Zevaco lui présente Annabel Schwob à Saint-Tropez, alors qu'il était déjà installé dans le succès. C'est le coup de foudre. Elle avait alors de nombreux amants. Bernard venait de quitter Pierre Bergé, avec lequel il vivait depuis plusieurs années et qui gérait sa carrière. Le 12 décembre 1958, Buffet épouse Annabel Schwob à Ramatuelle. Buffet devait la portraiturer inlassablement. En 1961, l'une de ses expositions s'intitula Trente fois Annabelle Schwob.
Les années 1960
En 1961, il peint un ensemble de tableaux représentant la vie du Christ destinés à décorer la chapelle de Château l'Arc. Dix ans plus tard, à la demande de Monseigneur Pasquale Macchi, secrétaire du Pape Paul VI, Bernard Buffet offrira ces tableaux au musée du Vatican où ils sont exposés dans une salle particulière. En 1964, Maurice Druon publie Bernard Buffet, légendes d'Annabel Buffet, images de Luc Fournol. Bernard Buffet achète La Vallée à Saint-Cast où il travaillera jusqu'en 1970.
Notoriété
À trente ans, en 1958, le peintre Bernard Buffet voit son œuvre consacrée par une rétrospective à la galerie Charpentier, dont le catalogue est préfacé par Claude Roger-Marx. Jusqu'en 1999, l'artiste fournit au moins une centaine de tableaux par an, sans compter les dessins et les estampes. La maladie a pourtant vaincu ce bourreau de travail, qui s'est donné la mort dans sa propriété de Tourtour Var le 4 octobre 1999, laissant derrière lui une production prolifique de quelque 8 000 toiles depuis si longtemps contestée qu'elle oblitère ses débuts fulgurants. Bien que de plus en plus replié sur son monde, il est fait chevalier de la Légion d'honneur en 1971 et est élu à l'Académie des beaux-arts en 1974. En dehors de sa traditionnelle exposition parisienne, et de nombreuses expositions dans le monde, seuls les Japonais lui vouent une admiration fidèle, l'un de ses collectionneurs, Kiichiro Okano, directeur de banque, allant même jusqu'à créer, en 1973, un musée Bernard-Buffet à Surugadaira, au pied du mont Fuji. Mais, depuis 1955, ses sujets – les villes, les visages, les corps, les natures mortes, les paysages... – et ses thèmes successifs – Le Cirque, Les Oiseaux, La Corrida, Les Bateaux, Les Fleurs, etc. – témoignent de sa boulimie de représentation et d'une manière stéréotypée, donnant raison à Dora Vallier qui écrivait en 1958 : Si Bernard Buffet s'y méprend, il ne sera jamais le peintre qu'il aurait pu être. Philippe Bouchet
Honneurs officiels
Élu à l’Académie des beaux-arts le 13 mars au fauteuil de Paul Jouve, Bernard Buffet est alors le plus jeune académicien. En 1978, à la demande de l’administration des postes, Bernard Buffet réalise une maquette pour un timbre de trois francs L’Institut et le Pont des arts. À cette occasion le musée postal à Paris présente une exposition rétrospective de ses œuvres.
Fin de vie
En 1986, Annabel publie D’amour et d’eau fraîche ; la même année sort le livre de Yann Le Pichon Bernard Buffet en deux tomes qui obtient le prix Élie-Faure. En 1989, Alin Avila publie Bernard Buffet. Bernard Buffet, diminué par la maladie de Parkinson, se suicide par asphyxie, le 4 octobre 1999, dans son atelier du Domaine de la Baume près de Tourtour Var, étouffé dans un sac en plastique noir sur la surface duquel son nom était imprimé avec sa calligraphie particulière. Le 20 juin 2007, Vladimir Veličković, qui lui a succédé à l'Académie des beaux-arts, prononce son éloge sous la Coupole. En novembre 2007 paraît le 3e et dernier volume de la monographie de Yann Le Pichon, Bernard Buffet, couvrant la période de 1982 à 1999.
Décorations
Mai 1971 : chevalier de la Légion d’honneur Officier de la Légion d'honneur Officier de l'ordre des Arts et des Lettres
Hommages
À Paris, une rue porte son nom depuis octobre 2013. Bernard Buffet est évoqué dans le 220e des 480 souvenirs cités par Georges Perec, dans son texte Je me souviens.
Expositions
Bernard Buffet a fait de nombreuses expositions particulières à l'étranger, notamment à New York, Chicago, Palm Beach Floride, Montréal, Vancouver, Tokyo, Osaka, Johannesburg, Londres, Amsterdam, Bruxelles, Berlin, Varsovie, Bâle, Zurich, Genève, Rome, Venise, Milan, Madrid.
Musée
Le 25 novembre 1973 est inauguré le musée Bernard Buffet, fondé par Kiichiro Okano 1917-1995, à Higashino, commune de Nagaizumi, préfecture de Shizuoka au Japon. En 1988, l’extension du musée est inaugurée.
Les cendres du peintre ont été dispersées dans le jardin de ce musée.
Rétrospectives
1958 : Galerie Charpentier de Paris 1958 : Institut français de Berlin 1959 : Casino de Knokke-le-Zoute 1961 : Biennale de Paris 1963 : Musée d'art moderne de Kyoto et Tokyo 1969 : Musée Unterlinden de Colmar 1977 : Gemeentemuseum de Wieger Deurne Pays-Bas 1978 : Musée postal de Paris 1985 : Réfectoire des Jacobins de Toulouse 1987 : Musée Odakyu de Tokyo 1991 : Musée Pouchkine de Moscou 1991 : Musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg 1991 : Musée Hyundai de Séoul 1993 : Musée Gustave Courbet d'Ornans 1994 : Documenta-Halle de Kassel 1995 : Musée Odakyu de Tokyo 1996 : Musée des beaux-arts de Kaoshiung Taïwan 2007 : Musée départemental breton, Quimper 2009 : Centre de la Vieille Charité, Marseille 2010 : Galerie Pascale Froessel, Strasbourg. 2012 : Musée d'art moderne de la ville de Paris exposition de la totalité des œuvres de Buffet réunies par le Dr Girardin 2015 : Une symphonie de couleur en plus, musée du Touquet-Paris-Plage
Œuvres diverses Illustrations
Les Chants de Maldoror, de Lautréamont, 1952 Recherche de la Pureté, de Jean Giono, 1953 La Passion du Christ, 1954 La Voix Humaine, de Jean Cocteau, 1957 Les Voyages Fantastiques, de Cyrano de Bergerac, 1958 Saint-Cast, poème de Baudelaire, 1962 Toxique, de Françoise Sagan, 1964 L'Herbier, de Louise de Vilmorin Mon Cirque, 1968 Jeux de Dames, poèmes de Verlaine, Rimbaud, Baudelaire, 1970 L'Enfer, de Dante, 1976 La Révolution Française, 1977 Saint-Tropez, d'Annabel Buffet, 1979 Le Voyage au Japon, d'Annabel Buffet, 1981
Décors
Concours des Jeunes Compagnies, 1948 La Chambre, de Georges Simenon pour les Ballets de Roland Petit, 1955 Le Rendez-Vous manqué, de Françoise Sagan, 1958 Patron, de Marcel Aymé, 1959 Carmen, de Georges Bizet pour l'Opéra de Marseille, 1962 Le Grand Cirque d'Aram Khatchatourian et Istar de Vincent d'Indy, chorégraphie par Serge Lifar, Opéra de Paris, 1967 La Valse, de Maurice Ravel pour l'Opéra-Comique, 1970
Timbres postaux
En 1978, un timbre de trois francs, l'Institut et le Pont des Arts, a été émis par l'Administration des Postes d'après une maquette dessinée par Bemard Buffet. En 1991 un timbre de 25,70 francs, Piste de la Terre Adélie, a été émis par l’administration des Terres australes et antarctiques françaises TAAF d'après une maquette dessinée par Bernard Buffet.
Sculptures
Bernard Buffet a réalisé quatre sculptures en bronze de plus de trois mètres d'envergure. Deux d'entre elles représentent un scarabée, les deux autres un papillon. Deux sculptures sont exposées dans le parc du Musée Bernard Buffet de Surugadaira Japon, les deux autres, initialement dans le square Bernard et Annabel Buffet de Tourtour Var, ont été installées sur la place de l'hôtel de ville, en témoignage de leur présence dans ce village de 1986 à 1999.
Posté le : 03/10/2015 23:33
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