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De Montpellier
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Rapport avec la papauté : la condamnation de l'Action française et sa levée
Sous Léon XIII, et en dépit du ralliement de 1893, essentiellement tactique, l'Église catholique continuait de se méfier de la République française, régime né de la Terreur, dont les soutiens travaillaient à l'extirpation de la religion de la sphère sociale et politique14. La doctrine politique de Léon XIII n'excluait pas la monarchie comme forme possible de régime, conformément à la théologie de saint Thomas d'Aquin qui la recommande et sur laquelle s'appuie largement le magistère de l'Église. En 1901, Maurras fut frappé par une encyclique de ce pape suggérant qu'une monarchie pouvait sous certaines conditions correspondre aux exigences de la démocratie chrétienne au sens où ce texte l'entend : une société organisée mais tournée vers Dieu305. Sous Pie X, les relations avec la papauté se développèrent. Louis Dimier fut reçu par le Pape Pie X et ce voyage fut reçu par Maurras et ses amis comme un encouragement exaltant. Pie X s'opposa à ceux qui voulait condamner globalement Maurras à cause de certains écrits témoignant de son agnosticisme et d'une métaphysique non chrétienne. Sous Pie XI, son agnosticisme suscita l'inquiétude d'une part de la hiérarchie catholique et en 1926, le pape Pie XI classa certains écrits de Maurras dans la catégorie des « Livres Interdits » et condamna la lecture du journal L'Action française. Cette condamnation du pape fut un grand choc pour bon nombre de ses partisans, qui comprenaient un nombre considérable de membres du clergé français, et causa un grand préjudice à l'Action française. Elle fut levée cependant par Pie XII en 1939, un an après que Maurras fut élu à l'Académie française. Plusieurs raisons ont été avancées pour expliquer la condamnation de l'Action française par Pie XI puis sa réhabiliation par Pie XII. La pensée de Maurras ayant peu évolué pendant le quart de siècle pendant lequel l'Action française ne fit l'objet d'aucun blâme, des raisons liées au contexte politique et géopolitique ont été mises en avant. En 1921, la République a rétabli les relations diplomatiques avec le Saint-Siège et Pie XI préconise une politique d’apaisement systématique avec l’Allemagne : il approuve les accords de Locarno et l’entrée de l’Allemagne à la SDN, contrairement à Maurras qui les dénonce avec virulence car pouvant contribuer au renforcement et donc aux possibilités de revanche de l'Allemagne. L'Action française entre en opposition avec les objectifs de la diplomatie papale. En plus du contexte, un élément déclencheur provoque l'inquiétude de certains ecclésiastiques face à une influence jugée grandissante : dans une enquête de Louvain, les jeunes catholiques disent être fidèles à la Bible et à Maurras comme s’il était possible de les mettre sur le même plan ; mais une part du haut clergé français, des associations, des ordres religieux quelques-uns des principaux théologiens soutiennent Maurras en dépit des réserves qu’ils témoignent vis-à -vos de certains aspects de sa pensée. Pie XI entend néanmoins balancer l’influence prépondérante détenue au sein de l’Église par l’épiscopat nomme du temps de Pie X et de la réaction antimoderniste et son désir d’avoir les mains libres pour développer des mouvements d’action catholique du type de la JOC et de la JAC est fort. Le Pape chargea alors le cardinal Andrieu de mettre en garde les fidèles contre l'Action française : celui-ci, qui avait chaleureusement remercié Maurras en 1915 pour l'envoi de L'Étang de Berre, qualifié de monument de piété tendre, lui disant qu'il défendait l'Église avec autant de courage que de talent, prétendait désormais percevoir chez lui l'athéisme, l'agnosticisme, l'antichristianisme, un antimoralisme individuel et social ; ces accusations publiées dans La Semaine religieuse d'août 1926 furent perçue comme excessives et Maurras et les siens furent rassurés par les soutiens dont ils bénéficièrent ; cependant, loin d'adopter une attitude soumise et humble, Maurras fit bruyamment savoir que si la soumission à l’autorité romaine doit être totale sur le plan spirituel, si celle-ci intervient dans le domaine politique de manière critiquable, alors la résistance s’impose sur le terrain. Réagissant à une allocution papale mettant indirectement en garde contre l'influence de l'Action française en décembre 1926, conseillés par plusieurs théologiens, les dirigeants catholiques de l’Action française publièrent une déclaration maladroite intitulée Non possumus qui fit d’eux des rebelles alors qu'ils s'y identifiaient aux premiers martyrs chrétiens. La condamnation fut publiée par décret de la Congrégation du Saint-Office tombe le 29 décembre 1926 : elle touchait Le Chemin de Paradis, Anthinéa, Les Amants de Venise, Trois idées politiques, L'Avenir de l'Intelligence, ouvrages présentant un caractère naturaliste au sens métaphysique et dont certains aspects peuvent être qualifiés de philo-païens, ainsi que le quotidien. Appliquée par les évêques et les prêtres, la condamnation fut ressentie comme une blessure, une injustice et un drame par de nombreux croyants y compris au plus haut niveau de l'Église : pour le cardinal Billot, la condamnation fut une heure de la puissance des ténèbres Le 19 décembre 1927, il remit au pape sa pourpre cardinalice et se retire dans un monastère. Paradoxalement, elle ramena à l'Action française plusieurs catholiques comme Georges Bernanos qui dans Comœdia et La Vie catholique en prit la défense Maurras. La condamnation ne condamnait ni le royalisme ni le nationalisme. Bien que de nombreux catholiques firent le choix de rester à l'Action française, la condamnation affaiblit le mouvement. Charles Maurras contesta avoir fait de l'adhésion à tous ses écrits une condition adhésion à l’Action française : jamais son positivisme et son naturalisme, d'ailleurs partiels, n’ont constitué des articles de foi pour les militants. Il ne fondait pas sa doctrine politique sur des conceptions philosophiques morales ou religieuses. On pouvait critiquer tel ou tel point de sa pensée mais non la rejeter en bloc. En 1919, dans la nouvelle version d’Anthinéa, il n’avait pas hésité à supprimer un chapitre entier pour ne pas heurter les catholiques. Il rappela que l'Action française avait contribué à ramener à la foi de nombreux français : dès 1913, Bernard de Vesins avait établi une liste de militants et abonnés entrés dans les ordres, tel André Sortais qui devint abbé général des Cisterciens réformés, afin d'illustrer le fait que le mouvement maurrassien fut une pépinière pour l’église. Sous Pie XII, la condamnation sera levée ; il fut sans doute pris en compte que si Maurras avait été véritablement pleinement païen, sa rébellion eût été plus totale et sa vindicte antichrétienne eût trouvé de quoi se nourrir. Les tractations avaient commencé sous Pie XI qui ne rejeta pas Maurras et qui lui écrira même lorsqu'il fut emprisonné.
Liens avec le carmel de Lisieux
La ppensée de Maurras quant à la religion et sa philosophie ne fut jamais une chose figée et homogène ; ses doutes n'ont pas éteint en lui l'espérance de la foi ; c'est ce que qu'il explique dans une lettre non envoyée au père Doncœur, il expliquera avoir volontairement tu les doutes et tourments liés à la question de la foi et pourquoi il a gardé dans « le tête-à -tête solitaire de sa conscience et de sa pensée » ses doutes, rechutes et angoisses philosophiques et religieuses. Maurras eût eu tout intérêt à se convertir et donc à feindre la conversion ; les gains pour lui ou son mouvement eussent été énormes mais il ne le fit pas et en cela il est l'homme intègre décrit par ses opposants catholiques comme Marc Sangnier316. Comme Maritain le lui prédit, la condamnation fit renaître en lui le désir de retrouver la foi. De fait, nombreux furent ceux qui prièrent pour sa conversion. En 1926, à l’heure de la condamnation, une jeune fille dont Maurras avait connu la mère entra au Carmel de Lisieux en offrant sa vie pour la conversion de Maurras. En 1936, lorsque cette carmélite mourut, en 1936, mère Agnès, sœur aînée de sainte Thérèse de Lisieux et supérieure du Carmel, écrivit une lettre à Maurras pour lui révéler le sens de cette mort et pour lui promettre d’intervenir auprès de Pie XI au sujet de la condamnation ; il s'ensuivra une correspondance suivie. De fait, Pie XI écrivit à Maurras pour lui apporter son soutien quand il fut emprisonné en 1937. Et Maurras lui répondit qu'à sa libération il irait se recueillir à Lisieux sur le tombeau de Celle dont les Sœurs et les Filles m’ont entrouvert un monde de beauté et de charité toujours en fleur, comme le mystique rosier de la petite et grande sainte Thérèse de l’Enfant Jésus Après la seconde guerre mondiale, les liens avec le Carmel de Lisieux se poursuivirent : il correspondit avec sœur Marie-Madelaine de Saint-Jospeh. En 1948, le carmel lui envoie une image de sainte Thérèse avec une prière de Mère Agnès : Ô Thérèse, Illuminez votre pèlerin et sanctifiez le dans la vérité. Le carmel lui envoie également les dix volumes de L’Année liturgique de Dom Guéranger.
Mort
Tombe de Charles Maurras au cimetière de Roquevaire, Bouches-du-Rhône, Provence. Dans ses dernières années, Maurras confia à des prêtres comme l’abbé Van Den Hout, fondateur de La Revue catholique des idées et des faits en Belgique, la souffrance qu’il ressent dans la perte de la foi. Son agnosticisme est un agnosticisme insatisfait. Ceci transparaît dans ses dernières œuvres poétiques où il exprime l'idée que rétiens : la miséricorde de Dieu dépasse sa justice, autrement dit le symbole de la justice divine n’est pas la balance mais le don infini : Chère Âme, croyez-vous aux célestes balances ? Cet instrument d’airain n’est rêvé que d’en bas ; Du très Haut, du très Bon, du Très Beau ne s’élance Que l’or du bien parfait qu’il ne mesure pas. Tous les témoignages attestent que les derniers mois de Maurras ont été marqués par le désir de croire et le 13 novembre 1952, il fait demander l’extrême onction. La question du retour de Maurras a la foi a longtemps constitué le fil directeur de la critique maurrassienne. Ivan Barko, en 1961, trouva plus intéressant d’imaginer un Maurras agnostique que jusqu’à la fin et ne conservant de l'extrême onction que la ritualité. Selon Stéphane Giocanti, une telle interprétation ne tient pas compte de l’extrême probité de l’homme à l’égard d’une foi qu’il mit toute sa vie à vouloir retrouver intacte, ayant la défiance de la moindre simulation. Certains démocrates-chrétiens ont cherché à accréditer la thèse de la conversion inventée rétrospectivement, mais le témoignage et les commentaires de Gustave Thibon, penseur chrétien rigoureux et épris d’absolu atteste la réalité de l'expérience mystique finale de Maurras. Thibon n'a pu faire entrer la moindre complaisance dans le mouvement spirituel qu’il a discerné chez Maurras : Je n'en finirais pas d'évoquer ce que fut pour moi le contact avec Maurras : je l'ai vu deux fois à Tours et je l'entends encore me parler de Dieu et de la vie éternelle avec cette plénitude irréfutable qui jaillit de l'expérience intérieure. J'ai rencontré beaucoup de théologiens dans ma vie : aucun d'eux ne m'a donné, en fait de nourriture spirituelle, le quart de ce que j'ai reçu de cet "athée" ! Toute la différence entre le géographe et l'explorateur Luiqui préfère l’athée qui cherche Dieu au croyant installé dans les apparences de la foi. Maurras parvint à suivre la cérémonie de l'extrême-onction avec attention et il récite le confiteor. Vers 23h30, le 15 novembre, il demanda son chapelet et selon ses proches, ses dernières paroles furent un alexandrin : « Pour la première fois, j’entends quelqu’un venir. Il meurt le matin du 16 novembre 1952. L’abbé Giraud confiera au poète ardéchois Charles Forot sa réaction devant la mort de Maurras : Je revois, très souvent, mon inoubliable entretien avec le grand protégé de la Petite Thérèse. Sa fin chrétienne si édifiante ne m’a point surpris… Je l’attendais avec la plus totale confiance. … Lisieux ne l’oublie pas non plus, et son souvenir est souvent évoqué dans mon courrier par sœur Madeleine de Saint-Joseph, qui fut pour lui, l’ange gardien visible
L’influence de Charles Maurras En France Influence sur les intellectuels français
En tant que penseur, Charles Maurras exerça une très grande influence sur la vie intellectuelle de la France : il fut à l'origine de nombreuses aventures intellectuelles et littéraires. De nombreux auteurs ou hommes politiques ont subi l'influence de Maurras sans nécessairement se réclamer de lui. En 1908, année de la fondation du quotidien L'Action française, les jeunes intellectuels maurrassiens se regroupaient autour de la Revue critique des idées et des livres, qui fut jusqu'en 1914 la grande rivale de la NRF d'André Gide. La revue défendait l'idée d'un « classicisme moderne », s'ouvrait aux théories nouvelles (Henri Bergson, Georges Sorel… et formait une nouvelle génération de critiques et d'historiens. Pendant l'entre-deux-guerres, l'expérience de la Revue Critique se poursuivit dans un grand nombre de revues : Revue universelle, Latinité, Réaction pour l'ordre, La Revue du siècle… Le démocrate-chrétien Jacques Maritain était aussi proche de Maurras avant la condamnation du pape, et critiqua la démocratie dans l'un de ses premiers écrits, Une opinion sur Charles Maurras ou Le Devoir des Catholiques. Chez les psychanalystes, Élisabeth Roudinesco a montré que Maurras a constitué une étape dans la genèse de la pensée de Jacques Lacan : ce dernier rencontra personnellement Maurras et participa à des réunions d’action française ; Lacan trouva chez son aîné un certain héritage positiviste, l’idée que la société se composait plus de familles que d’individus, l’insistance sur la longue durée au détriment de l’événementiel, l’inanité des convulsions révolutionnaires et l’importance primordiale du langage : Partant de Maurras, il arrivait ainsi à Freud, pour rappeler … combien la tradition, malgré les apparences, pouvait favoriser le progrès. Il faut également citer Édouard Pichon, le maître de Françoise Dolto, qui dans les années 1930 fera de la pensée maurrassienne l’axe de son combat pour la constitution d’un freudisme français. Chez les libéraux, Daniel Halévy ou Pierre Lasserre ont subi le pouvoir d'attraction politique et philosophique du Maurrassisme alors qu'a priori leur héritage politique ne les prédisposait pas à être séduit par un penseur contre-révolutionnaire. Dans les milieux littéraires, le climat patriotique de la première guerre mondiale, le prestige de Maurras et la qualité de son quotidien font que Henri Ghéon, Alfred Drouin, Marcel Proust, André Gide, Augustin Cochin, Auguste Rodin, Guillaume Apollinaire lisent tous L'Action française. Anna de Noailles prie Maurras de croire à ses sentiments de profonde admiration. Les années 1920 correspondent à l'apogée littéraire de Maurras avec une force d'attraction dont Jean Paulhan témoigne : Maurras ne nous laisse pas le droit en politique d'être médiocres ou simplement moyens. L'apogée littéraire se traduit par le portrait que publie Albert Thibaudet dan la série « Trente ans de vie française à la NRF, où Les Idées de Charles Maurras précèdent La Vie de Maurice Barrès et Le bergsonisme. Cette monographie est un livre important puisqu'en formulant objections et réserves, il éclaire la partie supérieure de la pensée et de l'œuvre de Maurras, celle qui sort du poids du quotidien et échappe au discours partisan et polémique. Après la première guerre mondiale, il reçoit en abondance des lettres pleines de respect et d'admiration d'Arnold Van Gennep, Gabriel Marcel, René Grousset, Colette, Marguerite Yourcenar, Montherlant, Charles Ferdinand Ramuz, Paul Valéry ; le jeune Malraux à écrire une notice pour la réédition de Mademoiselle Monck et exprime son envie de rencontrer Maurras. Charles Maurras eut une forte influence parmi les étudiants et la jeunesse intellectuelle de l'entre-deux-guerres : quand Jean-Baptiste Biaggi, futur compagnon de De Gaulle accueille Maurras au nom des étudiants en droit de Paris, il a autour de lui Pierre Messmer, Edgar Faure, Edmond Michelet et parmi les Camelots du Roi, on compte François Périer et Michel Déon ; Maurras reçoit Des témoignages d'admiration de Pierre Fresnay et Elvire Popesco et est entouré par les jeunes Raoul Girardet, François Léger, François Sentein, Roland Laudenbach, Philippe Ariès ; Maurras aime s'entourer de jeunes dont il pressent le talent et il prend pour secrétaires particuliers Pierre Gaxotte et Georges Dumézil, l'un le jour l’autre la nuit.
Maurras et De Gaule
Avant la Seconde Guerre mondiale, il semble que Charles de Gaulle, dont le père lisait L'Action française et se qualifiait de monarchiste de regret et qui discuta avec le comte de Paris de la possibilité d'une restauration de la royauté, ait été influencé par l'Action française et que cette dernière l'ait considéré avant la France libre avec sympathie. En 1924, Charles de Gaulle dédicaça La Discorde chez l'Ennemi à Maurras en lui témoignant ses respectueux hommages. Au printemps 1934, sous l'égide du cercle Fustel de Coulanges, une vitrine de l’Action française, Charles de Gaulle prononça une série de conférences à la Sorbonne335. De Gaulle savait qu’il avait dans l’Action française un allié attentif ; le 1er juin 1934, l'Action française consacra un article élogieux à Vers l’armée de métier qui défendait le principe d’une armée professionnelle très compétente et mobile se superposant à l’armée conscrite ; Le Populaire et Léon Blum suspectèrent le danger d’un coup d’État et c’est dans L’Action française que l’ouvrage fit l’objet du seul encadré publicitaire auquel il eut droit. De Gaulle écrira à Hubert de Lagarde, chroniqueur militaire de L'Action française : Monsieur Charles Maurras apporte son puissant concours à l'Armée de métier. Au vrai, il y a longtemps qu'il le fait par le corps de ses doctrines. Voulez-vous me dire s'il a lu mon livre que j'ai eu l'honneur de lui adresser au mois de mai ? Maurras avait découvert de Gaulle en lisant un article de La Revue hebdomadaire et s'était exclamé : Quelle confirmation de nos idées les plus générales sur l'armée! Après la guerre Maurras ignorait si De Gaulle avait écrit sous pseudonyme dans l'Action française. En 1940, la nomination au grade de général de Charles de Gaulle provoqua la jubilation de Charles Maurras dans L'Action française des 1er et 3 juin 1940 ; Maurras y qualifia de Gaulle de pénétrant philosophe militaire et affirmait avoir voulu rester discret à son endroit pour ne pas le gêner notamment : Sa thèse nous paraissait suffisamment contraire à la bêtise démocratique pour ne pas ajouter à ces tares intrinsèques, la tare intrinsèque de notre appui. Mieux valait ne pas compromettre quelqu'un que, déjà , ses idées compromettaient toutes seules. Paul Reynaud, qui rencontra en captivité en Allemagne la sœur du général de Gaulle, Marie-Agnès Caillau, affirme que selon elle le chef de la France libre serait resté maurrassien jusqu'aux accords de Munich, soit seulement un an avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale : Très franche, intelligente et bonne, elle nous raconte que Charles était monarchiste, qu'il défendait Maurras contre son frère Pierre jusqu'à en avoir les larmes aux yeux dans une discussion. Mais au moment de Munich, il a désapprouvé entièrement l'attitude de Maurras. Christian Pineau dira à André Gillois que le général avait reconnu devant lui qu’il avait été inscrit à l’Action française et qu’il s’était rallié à la République pour ne pas aller contre le sentiment des Français. De Gaulle dit à Claude Guy qu'il n'aimait pas la révolution française : À entendre les républicains, la France a commencé à retentir en 1789 ! Incroyable dérision : c'est au contraire depuis 1789 que nous n'avons cessé de décliner. Il confia également à Alain Peyrefitte son peu d'enthousiasme pour la république : Je n'aime pas la république pour la république. Mais comme les Français y sont attachés, j'ai toujours pensé qu'il n'y avait pas d'autre choix. Il lui confia également en 1962, alors qu'il annonçait une initiative pour assurer la continuité de l'État, qu'un roi pourrait être utile à la France : Ce qu'il faudrait à la France, c'est un roi. Charles de Gaulle dira à plusieurs témoins à propos de Charles Maurras : Maurras est un homme qui est devenu fou à force d'avoir raison.De fait, selon Claude Mauriac, chef du secrétariat particulier du général de Gaulle à la Libération, ce dernier porta une très grande attention au sort du théoricien du nationalisme intégral ; il interviendra ainsi pour que Maurras ne passe pas devant la cour de justice de Lyon en septembre 1944, mais devant la Haute Cour, réputée plus indulgente346. Le 13 mai 1958, Jean-Baptiste Biaggi fit remarquer à de Gaulle que d’autres et lui-même devaient leur nationalisme à Charles Maurras, ce dont le général convint, regrettant que Maurras l'ait critiqué : Aussi bien, je n’ai jamais rien dit contre lui. Que ne m’a-t-il imité ! Charles Maurras en voudra toujours à de Gaulle d'avoir rompu avec Pétain.
À l'étranger
Maurras et l'Action française ont exercé une influence sur différents penseurs se réclamant d'un nationalisme se voulant contre-révolutionnaire et chrétien dans le monde. En Grande-Bretagne, Charles Maurras fut suivi et admiré par des écrivains et philosophes et a plusieurs correspondants britanniques, universitaires ou directeurs de revue ; en 1917, il a été sollicité par Huntley Carter du New Age et de The Egoist. Plusieurs de ses poèmes furent traduits et publiés en Grande-Bretagne où Maurras a de nombreux lecteurs parmi les High Church de l'anglicanisme et les milieux conservateurs. On compte parmi ses lecteurs T.S. Eliot ou T.E. Hulme. Eliot trouva les raisons de son antifascisme chez Maurras : son antilibéralisme est traditionaliste, au bénéfice d’une certaine idée de la monarchie et de la hiérarchie. Music within me, qui reprend en traduction les pièces principales de La Musique intérieure paraîtra en 1946, sous la houlette du comte G.W.V. Potcoki de Montalk, directeur et fondateur de la The Right Review. La condamnation de 1926 eut ainsi des effets jusqu'en Grande-Bretagne où elle détourna du catholicisme des partisans de la High Church, déçus par le juridisme romain : la conversion de T.S. Eliot à l’anglicanisme, l’éloignement du catholicisme de personnalité comme Ambrose Bebb sont liés à cet événement. Eliot inséra une citation en Français de L’Avenir de l’intelligence dans son poème Coriolan qu’il tenait pour un maître livre pour sa satyre des honneurs officieles. Au Mexique, Jesús Guiza y Acevedo, surnommé « le petit Maurras », et l'historien Carlos Pereyra es. En Espagne, il existe un mouvement proche de l'Action française Cultura Española et sa revue Acción Española. Au Pérou, le marquis de Montealegre de Aulestia a été influencé par Maurras. Ce grand penseur réactionnaire péruvien, admiratif de sa doctrine monarchique, le rencontre en 1913. En Argentine, le militaire argentin Juan Carlos OnganÃa, tout comme Alejandro AgustÃn Lanusse, avaient participé aux Cursillos de la Cristiandad, ainsi que les Dominicains Antonio Imbert Barrera es et Elias Wessin y Wessin es, opposants militaires à la restauration de la Constitution de 1963. Au Portugal, António de Oliveira Salazar qui gouverna le pays de 1932 à 1968 admirait Maurras même s'il n'était pas monarchiste et il fit par de ses condoléances à sa mort en 1952.
Vie personnelle Caractère
Pour Stéphane Giocanti, l’image d’un Maurras froid et austère est un contre-sens ; il a au contraire un caractère sanguin et contrasté : à la fois tendre et violent, contemplatif et actif, patient et impatient, tantôt inflexible et obstiné, tantôt bon et généreux ; sachant à l'occasion reconnaître ses torts, pardonner et s’effacer devant les autres, il est tour à tour exaspérant et charmant : « Il peut s’entêter, se raidir, entrer dans des colères, devenir une teigne, quitte à le regretter ensuite comme Bossuet. Il a la frénésie de la discussion et de la dialectique car il a la passion de la vérité, de l’ordre, de l’unité. Il a l’intransigeance et la fierté d’un homme de la fin du dix-neuvième siècle qui ne revient pas sur sa parole et réserve ses doutes pour lui-même. Il s’engage radicalement et est prêt à mourir pour la Cause d’autant qu’il engage les autres dans son périple. Généreux vis-à -vis de ses amis d’une fidélité en amitié, il peut être un amant passionné, un charmeur blaguant, diseur de vers et buveur de bon vin. Très sensible aux femmes, il s’affirme bon causeur caustique, pétillant et aimant la complicité des dames élégantes. Il suscita des attachement très forts et reçut d’innombrables marques de fidélité et d’admiration : ainsi, avant de gagner l’horizon polaire avec l’explorateur Roald Amundsen, deux pilotes survolant la maison de leur maître lâchèrent sur le jardin une pluie de pétales de roses, message de fidélité placé sous le signe de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Pierre Gaxotte écrivit à son propos : Maurras était en pleine force, insensible à la fatigue, aux incommodités, aux menaces, aux dangers. On était pris d'abord par son regard, où rayonnaient l'intelligence, l'autorité, l'énergie le courage, la bienveillance, une attention extrême et parfois la gaieté. Mais on était conquis aussi par sa jeunesse, son ardeur, son alacrité. Charles Maurras qui aimait la simplicité et avait le sens de la pauvreté, gagnait volontairement moins que le plus petit ouvrier qualifié de son journal ; après 1940, il versa ses droits d'auteur à une œuvre de prisonniers.
Famille
Le 22 novembre 1925, lors d’une réunion organisée par l'Action française en réaction à la victoire du Cartel des Gauches à Luna Park où trente mille personne se rendent, Charles Maurras a la préscience de la mort de son frère. Il apprend le lendemain la mort au Tonkin du médecin et chirurgien Joseph Maurras, qui donnait une chronique médicale à L'Action française très suivie par la profession. Il télégraphie à sa belle sœur Henriette qu’il adopte son neveu Jaques et ses nièces Hélène et Jeanne ; il logera son neveu avec sa mère avenue Mozart et leur trouvera un précepteur, l’abbé Rupert ; Jacques sera bachelier au lycée Janson-de-Sailly, diplômé de l’École libre des sciences politiques, licencié en droit. Maurras était également le parrain de François Daudet, un des fils de Léon Daudet.
Relations avec les femmes
Charles Maurras eut une vie sentimentale riche et intense. Il eut de nombreuses relations féminines qui se terminèrent par des ruptures en douceur : son air parfois triste conjugué à l’ardeur de son regard pouvaient plaire. Dans les années 1890, Maurras a dû affronter la séparation de la belle Valentine de Saint-Pons, puis il a été l'amant de la bouillonnante Mme Paul Souday qu'il continua de fréquenter amicalement après leur séparation. Il tomba ensuite amoureux de la comtesse de la Salle-Beaufort, la nièce de Gustave Janicot, qui travaillait avec lui à La Gazette de France et qu'il connaissait depuis 1892 : la jeune femme, mariée et mère de plusieurs enfants, cultivée et touchée par cet amour ardent, ne voulut pas tout abandonner pour lui, ce qui lui donnera des envies de suicide360. Maurras ne rompait jamais avec les femmes : il correspondit avec la comtesse jusqu'en 1930. En 1910 et jusqu'à son mariage, Pierre Chardon alias Mme Jules Stefani, née Rachel Legras fut l'amante de Maurras qui lui confia la publication de son Dictionnaire politique et critique, encyclopédie touchant tous les domaines auxquels Maurras toucha : politique littérature, histoire, sociologie philosophie. En 1925, l’objet de ses sentiments amoureux fut Alice Gannat, intendant au collège des jeunes filles de la Légion d’honneur mais celle-ci ne consentit qu'à une relation amicale. En 1928, il se lia avec la princesse Yvonne Rospigliosi, baronne de Villenfagne de Sorinnes marié au prince Ferdandino Carlo Rospiglios ; celle-ci habita chez Maurras rue de Verneuil et ils connurent des amours tempétueuses. Sa dernière amie fut Mme de Dreux-Brézé, qui s'installa dans un logement tout près de sa prison et avec laquelle il eut une correspondance suivie après la Seconde Guerre mondiale. Il eut également une liaison avec Mme Espinasse-Mongenet. De façon générale, Charles Maurras aimait les femmes et cela se traduisit par des prises de position politiques : en 1910, il salua l'entrée des femmes dans le cycle des études supérieures : Représentez-vous ce que les 2 500 étudiantes de Paris nous annoncent d'artistes, de lettrées, d'avocats, de doctoresses et tout ce qu'elles vont faire d'imitatrices, étudiantes de demain, parmi les fillettes qui sautent à la corde ou préparent leur première communion? Favorable au droit de vote des femmes, il rappelait que les femmes avaient voté sous Louis XVI dans les paroisses. Touchée par les pages que lui consacra Maurras, la poétesse saphique Renée Vivien compara Maurras à un Archange
Å’uvres
1889 : Théodore Aubanel 1891 : Jean Moréas 1894 : Le Chemin du Paradis, mythes et fabliaux [lire en ligne sur archive.org le texte de l'édition remani 1896-1899 : Le Voyage d'Athènes (Lettres des Jeux olympiques, GF-Flammarion, prés. Axel Tisserand, 2004 ( 1898 : L'Idée de la décentralisation 1899 : Dictateur et Roi 1899 : Trois idées politiques – Chateaubriand, Michelet, Sainte-Beuve 1900 : Enquête sur la monarchie 1901 : Anthinéa – d'Athènes à Florence 1902 : Les Amants de Venise, George Sand et Musset (éd. Flammarion, 1992) 1905 : L'Avenir de l'intelligence 1906 : Le Dilemme de Marc Sangnier 1910 : Kiel et Tanger 1910 : Les idées royalistes 1910 : * (et Henri Dutrait-Crozon, Si le coup de force est possible, Paris, Nouvelle librairie nationale, 1910. Repris dans Charles Maurras, Enquête sur la monarchie, Paris, Nouvelle librairie nationale, 1924; 1928 et 1937, Paris, Fayard; édition Kontre Kulture 2012. 1912 : La Politique religieuse (repris dans La démocratie religieuse, Nouvelles Éditions Latines, prés. Jean Madiran, 2008, contient aussi Le Dilemme de Marc Sangnier et L'Action française et la religion catholique 1914 : L'Action française et la religion catholique 1915 : L'Étang de Berre [lire en ligne sur archive.org] 1916 : Quand les Français ne s'aimaient 1916-1918 : Les Conditions de la victoire, 4 volumes 1917 : Le Pape, la guerre et la paix 1920 : Le Conseil de Dante 1922 : Inscriptions 1923 : Les Nuits d'épreuve (tiré à 1 200 exemplaires, particulièrement rare) 1923 : Poètes 1924 : L'Allée des philosophes 1925 : La Musique intérieure 1925 : Barbarie et poésie 1926 : La Bonne mort, conte, ill. par Paul Devaux 1926 : La Sagesse de Mistral (tiré à 530 exemplaires) 1927 : Lorsque Hugo eut les cent ans 1927 : La République de Martigues(tiré à 1 000 exemplaires) 1928 : Le Prince des nuées 1928 : Un débat sur le romantisme 1928 : Vers un art intellectuel 1928 : L'Anglais qui a connu la France 1929 : Corps glorieux ou Vertu de la perfection 1929 : Promenade italienne 1929 : Napoléon pour ou contre la France 1930 : De Démos à César 1930 : Corse et Provence 1930 : Quatre nuits de Provence 1931 : Triptyque de Paul Bourget 1931 : Le Quadrilatère 1931 : Au signe de Flore 1932 : Heures immortelles 1932-1933 : Dictionnaire politique et critique, 5 volumes 1935 : Prologue d'un essai sur la critique 1937 : Quatre poèmes d'Eurydice 1937 : L'Amitié de Platon 1937 : Jacques Bainville et Paul Bourget 1937 : Les vergers sur la mer 1937 : Jeanne d'Arc, Louis XIV, Napoléon 1937 : Devant l'Allemagne éternelle 1937 : Mes idées politiques 1937 : La Dentelle du Rempart 1940 : Pages africaines 1941 : Sans la muraille des cyprès 1941 : Mistral 1941 : La Seule France 1942 : De la colère à la justice 1943 : Pour un réveil français 1943 : Vers l'Espagne de Franco 1944 : Poésie et vérité 1944 : Paysages mistraliens 1944 : Le Pain et le Vin 1945 : Au-devant de la nuit 1945 : L'Allemagne et nous 1947 : Les Deux Justices ou Notre J'accuse 1948 : L'ordre et le désordre (L'Herne, Carnets, 2007, précédé de L'Avenir du nationalisme français 1948 : Réflexions sur la Révolution de 1789 1948 : Maurice Barrès 1948 : Une promotion de Judas 1948 : Réponse à André Gide 1949 : Au Grand Juge de France 1949 : Le Cintre de Riom 1950 : Mon jardin qui s'est souvenu 1951 : Tragi-comédie de ma surdité 1951 : Vérité, justice, patrie (avec Maurice Pujo) 1952 : À mes vieux oliviers 1952 : La Balance intérieure 1952 : Le Beau Jeu des reviviscences 1952 : Le Bienheureux Pie X, sauveur de la France 1953 : Pascal puni (posthume) 1958 : Lettres de prison (1944-1952) (posthume) 1966 : Lettres passe-murailles, correspondance échangée avec Xavier Vallat (1950-1952) (posthume) 2007 : Dieu et le Roi – Correspondance entre Charles Maurras et l'abbé Penon (1883-1928), présentée par Axel Tisserand, Privat, coll. « Histoire », Paris, novembre 2007, 750 p. (ISBN 978-2-7089-6881-3) 2008 : L’ordre et le désordre, préface de François L'Yvonnet, coll. Carnets, L’Herne, Paris. 2010 : Soliloque du prisonnier, préface de François L'Yvonnet, coll. Carnets, L’Herne, Paris. 2011 : La bonne mort, préface de Boris Cyrulnik et présentation de Nicole Maurras, coll. Carnets, L’Herne, Paris. Charles Maurras, majoral du Félibrige, a publié une grande partie de son œuvre en provençal utilisant la graphie mistralienne.
Liens
http://youtu.be/D6yuoDqtG90 Sur les traces de Charles maurras http://youtu.be/zc-gJ-R1HDA L'action Française de Charles Maurras 1 http://youtu.be/1dzOy0tHd7c L'action française Charles Maurras 2 http://youtu.be/9uvxXgm2TWs Duel à l'apaé en tre Paul de Cassagnac et Charles Maurras http://youtu.be/kKPgD9pSvL8 L'action française http://youtu.be/FbUak_IiUP4 Entretien avec Charles Maurras
Posté le : 20/04/2014 00:50
Edité par Loriane sur 20-04-2014 17:21:54 Edité par Loriane sur 20-04-2014 17:23:06
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