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De Montpellier
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Le 9 mars 1776 à Chauny près de Noyon naît Marie-Françoise Constance Mayer
La Martinière,
peintre de l'école française qui exposa depuis la Révolution jusqu'à la Restauration, ses maîtres sont Joseph-Benoît Suvée, Jean-Baptiste Greuze et Pierre-Paul Prud'hon, elle aura pour élève Sophie Dupratelle, elle reçoit la médaille d'or lors du salon de 1806. Ses oeuvres les plus connues sont : "L’amour séduit l’innocence" "le plaisir l’entraîne le repentir" suit 1810 Une jeune Naïade voulant éloigner d’elle une troupe d’Amours qui cherchent à la troubler dans sa retraite en 1812 "Le rêve du bonheur" : deux jeunes époux dans une barque avec leur enfant sont conduits sur le fleuve de la vie par l’Amour et la Fortune en 1819. Est-ce sa mélancolie maladive qui l'amena à se trancher la gorge le 26 mai 1821, le fait que Prud'hon refusa toujours le mariage, la conscience que son talent sera toujours méconnu par rapport à celui de son amant, ou la peur d'un futur plus qu’incertain durant cette période mouvementée de l'histoire ? On ne le saura probablement jamais, elle meurt, à 45 ans, à Paris, le 26 mai 1821 à Paris,
Les artistes femmes au début du XIXe siècle
Vers 1800, de plus en plus de femmes participent à la vie artistique française, mues par le désir commun de tenir un rôle en dehors de la sphère familiale et d’échapper au statut restreint voulu par la misogynie des révolutionnaires. Malgré l’action de certaines personnalités politiques tels que le marquis de Condorcet ou Olympe de Gouges, la Révolution ne donne pas de droits civiques substantiels à la femme, et celle-ci n’est encore l’égale des hommes ni devant la loi, ni devant la société. Pourtant, à la fin du XVIIIe siècle, Élisabeth Vigée-Le Brun, Anne Vallayer-Coster, Adélaïde Labille-Guiard en France avaient réussi à entrer dans certaines académies de peinture et avaient acquis une indépendance ainsi qu’une gloire liée à leur nom propre et non à celui de leurs maris – ces trois femmes portent leur nom de jeune fille suivi de leur nom marital. Les artistes du début du XIXe siècle désirent marcher dans leurs pas afin d’exposer au-delà de la sphère privée. Formées pour la plupart par de grands noms du classicisme antiquisant tels David ou Regnault, mais également par d’autres femmes telle Adélaïde Labille-Guiard, qui aime enseigner, elles occupent une place de plus en plus importante jusque dans les années 1820 : Constance Mayer, élève de Pierre Paul Prud’hon, fait partie de ces femmes peintres qui réussissent ainsi à se faire un nom en peinture. Mais la peinture d’histoire, la plus noble, exclusivement réservée aux peintres masculins, leur est encore défendue pour cause de convenance : une femme ne peut pas représenter un nu héroïque. De ce fait, elles sont bien souvent cantonnées aux genres dits mineurs, comme les natures mortes ou les scènes anecdotiques. Le succès de ces genres prisés par les amateurs pourrait en partie expliquer une plus grande visibilité des femmes peintres au début du XIXe siècle.
Constance Mayer, femme pillée.
Alors qu’elle avait quinze ans d’atelier, formée par Joseph-Benoît Suvée et Jean-Baptiste Greuze, ayant régulièrement figuré dans les Salons parisiens depuis 1791, Constance Mayer parut publiquement dans le Salon de peinture de 1808 au titre d’élève de Pierre-Paul Prud’hon comme indiqué dans le livret et continua d'être considérée comme telle par la critique et l'historiographie jusqu'à sa mort en 1821. Pourquoi n'a-t-elle pas cherché à se dégager de ce statut qui le maintenait dans l'ombre de Prud'hon aux yeux de l'opinion ? Les apparences l'en empêchaient. Pour qui savait, elle était en fait moins l’élève appliquée de Pierre-Paul Prud’hon que sa maîtresse, travaillant régulièrement à ses côtés et pour elle-même depuis 1803 et cherchant à sauvegarder les apparences sur la nature de leurs relations en l’appelant publiquement Monsieur et lui, Mademoiselle. Car il était marié et père de famille nombreuse, et on ne plaisantait pas, sous l’Empire, avec les liaisons adultérines affichées. Après la mort de son père, Constance Mayer qui ne pouvait se résoudre à vivre plus longtemps séparée de Prud’hon, vint habiter, d’abord officieusement en 1808 puis officiellement en 1816, dans le même immeuble que son amant, au Collège de la Sorbonne rebaptisé Musée des Arts depuis la Révolution. Cette situation qui pouvait donner prise à la médisance, fut donc masquée par ce titre envahissant d'élève qui, par la suite, a lourdement pesé dans l’évaluation juste de l’œuvre dessinée et peinte de Constance Mayer. On a ainsi accrédité l’idée selon laquelle elle fut moins une artiste douée et travailleuse qu’une dilettante, une inspiratrice, une amoureuse ayant abdiqué tout talent personnel pour se dévouer et se subordonner au maître, qui l’aimait en effet : "Toi seule comble tous mes désirs", lui écrivait-il, s’agit-il de talent, de gloire et de bonheur, je ne vois que toi, je ne sens que toi. Tu es également le but où s’élèvent les rêves brillants de mon imagination, et la source délicieuse et pure où s’étanche la soif toujours renaissante de ma tendresse." Cette grande proximité affective avec Prud'hon, amena certains critiques qui, fidèle à une tradition qui remonte loin dans le temps et se perpétue aujourd'hui, à feindre de voir la main de Prud’hon dans chacune des productions réussies de Constance Mayer. Ainsi Vivant Denon disait déjà d’elle : "Cet artiste féminin, quoiqu’elle ait déjà fait un charmant tableau, tient encore trop de son maître pour qu’on puisse savoir si elle a un talent à elle". Et dans les décennies qui suivirent sa mort, elle fut citée avec condescendance par une historiographie empreinte de misogynie, celle en particulier des Goncourt et de leurs suiveurs. Le meilleur de son œuvre a, par eux, été inexorablement partagé, voire donné à Prud’hon, ainsi que le souligne avec justesse M. Charles Gueulette, qui remarquait en 1879 qu’ "on lui a laissé ce qui, dans leur atelier commun, pouvait passer pour facile ou médiocre". Ce révisionnisme artistique a été et demeure systématique, et on attribue sans hésitation à Prud’hon celles de ses œuvres peintes ou dessinées qu’elle n'a pas signé. Les attributions intempestive des experts marchands et des collectionneurs privés comme le furent les ineffables frères Goncourt, portant sur les dessins et esquisses des œuvres peintes de Constance Mayer ont pratiquement toujours été entérinées par le suivisme intéressé de certains conservateurs de musée, trop heureux de compter dans leurs collections quelques œuvres supplémentaires dites de Prud'hon. On remarque en passant que, concernant les œuvres de Prud’hon, on ne pense jamais un instant pouvoir y déceler l’influence de sa collaboratrice, car au fond, qui peut dire dans quelle mesure celle-ci n’est pas intervenue dans le cours de la réalisation de quelques-uns des chefs d’œuvres incontestés du maître? Quoi qu’il en soit, plusieurs des tableaux allégoriques, des esquisses et surtout des dessins préparatoires dont quelques portraits au pastel de Mayer ont été attribués à Prud’hon ou généreusement partagés avec lui – le contraire n’arrivant jamais ! –, et il est même arrivé que, sur une de ses toiles peintes, la signature autographe de Mayer fût effacée et remplacée par celle de Prud’hon. Le nombre des œuvres de l’élève, prêtés au maître depuis sa mort, est, selon Gueulette, "incalculable" : "Par contre, ajoute-t-il, on attribua à Mademoiselle Mayer toutes les imitations défectueuses, tous les mauvais pastiches de Prud'hon. C’était le moyen d’en trouver le débit, et l’on ne se fit pas faute d’en user, témoin ce marchand auquel je me plaignais dernièrement de ne jamais rencontrer d'œuvres authentiques de cette artiste : "C’est que, me répondit-il ingénument, nous les vendons pour des Prud'hon !" Le flou planant sur quelques-unes des productions de Prud’hon, particulièrement ses dessins, tient au fait qu’il ne les signait pas. Prud’hon le révéla lui même un jour au fils d’un ami : "Ton père signait pour moi les dessins de moi qui lui tombaient dans la main car je n’en ai jamais signé aucun ". Ces petites opérations étaient lucratives car, peu de temps après sa mort en 1823, la cote de Prud’hon s’est envolée donnant lieu à une spéculation effrénée sur ses moindres dessins. C’est ainsi que tous les dessins, toutes les esquisses de Constance Mayer qui étaient restés entre les mains des héritiers et amis de Prud’hon ou qui resurgirent des collections privées devinrent, comme par enchantement, des œuvres de Prud’hon. Il reste que ces signatures apocryphes multipliées, apposées du vivant et après la mort de Prud’hon, sont graves et ont entraîné certains historiens à des affirmations outrées : « Toutes les esquisses et tous les dessins préparatoires que l’on connaît pour des œuvres de Constance Mayer sont de la main de Prud’hon. La jeune femme exécute ensuite la version finale. Cependant, cas singulier, le nom de Prud’hon n’apparaît jamais : c’est toujours elle qui signe les tableaux. Elle acquiert ainsi une place enviée au Salon, avec des œuvres qui doivent presque tout au maître". Cette systématisation niaise, peut-être teintée de mauvaise foi et de calcul, veut faire croire que Constance Mayer aurait cessé de dessiner du jour où elle rencontra Prud’hon ! Et le maître, non content de se consacrer à son œuvre propre, considérable et prenante, aurait en supplément, trouvé du temps pour dessiner tous les croquis des tableaux de Constance Mayer, ses esquisses à l’huile et compositions au pastel, tout en intervenant sur pratiquement toutes ses œuvres peintes. Est-ce imaginable ?
La jeunesse d’une artiste.
Marchande de linge fin de la paroisse de Saint-Germain l’Auxerrois, Marie-Françoise Lenoir, issue d'une famille de la bonne bourgeoisie parisienne, entretenait, au début du règne de Louis XVI, une liaison avec Pierre Mayer, un aristocrate d’origine saxonne naturalisé français, qualifié "résident à Paris de Louis Léopold, prince régnant de Hohenloë de Waldimbourg, Trésorier honoraire de l’illustre ordre Ancienne Noblesse, et intéressé dans les affaires du roi". Il était une sorte de chargé d’affaires du prince Louis Léopold à Paris comme l’était à même époque, le sieur Croisille de Saint-Huberty, auprès du prince Henry de Prusse. La famille Mayer appartenait donc à la bourgeoisie aisée, et Pierre Mayer, déjà marié depuis quelques années avec Marie-Henriette Guénon, en avait eu une fille, Charlotte-Adélaïde-Josèphe future Madame Mangon-Laforest. Mais le divorce n’existait pas encore, et Pierre Mayer dut attendre la mort de cette épouse légitime, dont il s’était apparemment lassé, pour épouser la jolie Mademoiselle Lenoir qu’il chérissait tant. De cette liaison adultérine de plus de quinze ans, qui se régularisa seulement en 1789, était née une fille, déclarée le 9 mars 1774 au registre paroissial de Saint-Martin de Chauny, diocèse de Noyon, sous le nom Marie-Françoise Constance, fille de Pierre La Martinière, bourgeois de Paris, rue Saint-Sulpice, et de dame Marie-Françoise Lenoir. Le jour de leur mariage ils reconnurent devant notaire "cette énonciation fausse et que l’enfant baptisée ledit jour de la manière susnommée est fille du sieur Mayer et de la demoiselle Lenoir qui font cette déclaration pour rendre justice à la vérité et afin d’opérer la légitimation de ladite demoiselle leur fille dont les véritables noms seront par la suite "Marie-Françoise-Constance Mayer La Martinière"". La jeune Constance avait vécu sa prime enfance dans la boutique de sa mère, louée rue de l’Arbre-sec, où, vers 1777, habitait d'ailleurs Madame Croisilles de Saint-Huberty, brillante cantatrice découverte par Gluck et qui commençait sa fulgurante carrière. Pierre Mayer, attendri et attentionné, pourvut largement à l’éducation de sa fille et il la fit admettre dans un couvent parisien où elle demeura probablement jusqu’en 1789. Elle y reçut une éducation distinguée, celle d’une jeune fille de bonne condition. " Mademoiselle Mayer, écrivait un contemporain qui l’avait croisée, avait été élevée avec beaucoup de distinction. On s’en apercevait aisément à ses façons élégantes, à ses tournures de phrases et à certains détails de prononciations qui n’avaient rien de commun. Elle avait la répartie fine et sa conversation était assez spirituelle pour qu’un célèbre diplomate, Talleyrand y trouvât beaucoup de charme. Lorsqu’il venait poser chez Prud’hon, qui a fait plusieurs portraits de lui, il priait instamment l’artiste de retenir Mademoiselle Mayer, se plaignant de la discrétion qui la faisait s’éloigner et qu’il traitait de sauvagerie." Elle rédigeait ses lettres avec une grande correction de forme, elle savait l’anglais, elle conserva toujours sa grammaire anglaise et apprit la musique, si l’on en juge par un portrait d’elle la représentant face à son piano. Mais c’est le dessin qui devait lui plaire par-dessus tout, et elle s’y exerça à la pierre noire et au pastel avant de se mettre à la peinture. Cet art était sa passion et il fut encouragé par sa famille maternelle, les Lenoir, qui comptaient quelques portraitistes distingués. Tout d’abord la cousine par alliance de Constance, Madame Alexandre Lenoir, née Adélaïde Binart, représentée la palette à la main par son amie Geneviève Bouliard qui a également laissé un portrait d’Alexandre Lenoir, le célèbre créateur du Musée des monuments français qui était donc l'oncle de Constance Mayer.
La Révolution et le Directoire
D’un talent prometteur, Constance Mayer qui avait été admise dans l'atelier de Joseph-Benoît Suvée, le célèbre antagoniste de Jacques Louis David, fut invitée à présenter plusieurs de ses œuvres à l’Exposition de la Jeunesse qui ouvrit ses portes du 30 juin au 15 juillet 1791 à l'hôtel Lubert rue de Cléry, dans la vaste salle d’exposition Jean-Baptiste Le Brun, marchand de tableaux, dont l’épouse célèbre, Élisabeth Vigée Le Brun, avait émigré. À cette occasion, les visiteurs admirèrent plusieurs portraits à l’huile proposés par la jeune fille, réalisés en divers formats, certains en miniature. Elle-même rencontra des personnes qu’elle devait retrouver plus tard dans les salons et les ateliers, entretenant avec certains d’entre eux des relations suivies : Drolling, Mallet, Isabey, Jeanne Doucet de Suriny, Louis Boilly, tous promis à un brillant avenir. Elle rencontra peut être aussi Marie-Guillemine Leroux de La Ville, alors fiancée avec le diplomate Pierre-Vincent Benoist, qui comme un oncle de Constance, frère de son père, fut chargé de missions diplomatiques secrètes en Allemagne en mars 1792. Après trois ans années de bonheur conjugal et familial, la mère de Constance mourut soudain le 30 octobre 1793. Pierre Mayer, devenu veuf, ne se remaria pas, demeurant sous le Directoire avec sa fille dans un petit hôtel particulier de la rue Mélée, au n° 65. Il se fit discret sous la Terreur, époque pendant laquelle Joseph-Benoît Suvée, dans l'atelier duquel sa fille Constance avait travaillé, fut arrêté et en grand danger de suivre sur l’échafaud le poète André Chénier, son compagnon de prison et son plus célèbre modèle. En sortant des prisons de la Terreur, Suvée partit en Italie où il avait été missionné à la direction de l’Académie de France à Rome, qu'il installa à la villa Médicis, tandis que l’émouvant portrait d’André Chénier à la veille de son exécution, était exposé au Salon de 1795. Des relations de Suvée avec son élève, de 1789 à 1792, on sait peu de choses sinon que celle-ci paraît avoir été peu influencée par lui, s’essayant à la manière de David qui s’imposait auprès des jeunes artistes, tant pour le fonds que pour la rapidité des touches dans le traitement de la chevelure de son grand autoportrait de 1796 qui reste pourtant essentiellement greuzien. Joseph-Benoît Suvée parti en Italie, Constance Mayer était retournée au début du Directoire dans l’atelier de Jean-Baptiste Greuze, rue de Orties, où les jeunes filles y étaient nombreuses, contrairement à celui de Louis David qui était entouré de garçons. On y voyait Anna Greuze, la fille du maître, et sa filleule, Caroline Tochon, la future Madame Henri de Valory, et d’autres élèves appliquées comme Philiberte Ledoux, la fille de l’architecte célèbre, et également l’épouse talentueuse du sculpteur Chaudet qui s’amusaient à pasticher les œuvres du maître. Toutes ces jeunes filles se firent une spécialité des demi-teintes rosées et des glacis subtils qui donnaient à leurs peintures un aspect un peu porcelainé. Il y avait aussi Mademoiselle Jubot qui se flatta, à la mort de Greuze en 1806, d’avoir attaché à son cercueil une couronne d’immortelles avec ces mots : "Ces fleurs, offertes par la plus reconnaissante de ses élèves, sont l’emblème de sa gloire ". Les relations de Constance Mayer avec Jean-Baptiste Greuze remontaient peut-être avant la Révolution car, lors de la dispersion du fond d’atelier de Prud’hon de 1823, figurait un portrait de Pierre Mayer par Greuze avec l’indication que les deux hommes avaient été amis . La chose n’a rien d’invraisemblable, pas plus que l’existence d’un portrait de fillette exécuté vers 1784 par Greuze, et qui a été garanti par les experts Defer et Laneuville comme étant celui de Constance Mayer âgée de dix ans. On cite également un petit tableau du cabinet de M. Joseph Mayer, L’innocence, par Greuze, qui fut gravé par Walstaff. Quel qu’ait été le modèle de cette Jeune fille aux colombes, et bien que rien ne le prouve, rien ne s’oppose non plus à l’hypothèse selon laquelle Constance Mayer enfant posât pour Greuze. Elle demeura fidèle à Greuze alors même qu'elle avait commencé à travailler avec Pierre-Paul Prud'hon qui était lui-même ami et compatriote bourguignon de Greuze. Le couple attendri et reconnaissant se fit représenter à la mort du peintre en 1805, pieusement recueilli sur la tombe du grand peintre. Un portrait de Constance Mayer vers 1789, conservé à la Snyte collection, à Notre-Dame aux États-Unis, présente une certaine ressemblance, avec la Constance Mayer d'un autoportrait à l’huile de 103 × 90 cm, présenté par elle avec plusieurs autres peintures et miniatures, au Grand salon du musée central des arts, en vendémiaire an IV, sous le titre de La citoyenne Mayer peinte par elle-même, montrant une esquisse du portrait de sa mère. Dans cet autoportrait, elle s’est représentée de face, le visage traité à la manière greuzienne, le teint porcelainé, les yeux très grands couleur bleu acier, les cheveux libres ornés d’un nœud bleu et plat, la bouche vermeille, assise de trois quart en tenue de travail, découvrant sur son chevalet la feuille où elle vient d’esquisser le visage de Madame Mayer née Lenoir. Comme dans presque tous les portraits réalisés par Constance Mayer, le modèle est représenté avec un bras soulevé et l’autre posé, comme une signature qui lui était propre. Sous le cache que soulève la jeune fille, on distingue les traits d’une femme à l’air tourmenté, par la maladie ? âgée d'une quarantaine d’années, vêtue d’une chemise au col large, et les cheveux séparés par une raie médiane. Pour réaliser l'esquisse de cette tête expressive, Constance Mayer s’est sans doute inspiré du portrait de Madame Greuze endormie – vue chez Greuze où elle travaillait. D’abord conservé rue Mélée, le portrait de Constance Mayer suivit celle-ci lorsqu'elle emménagea maison et quartier Sorbonne, no 1, dans un appartement jouxtant celui de Prud'hon. Encore partagée entre le classicisme représenté par ses maîtres Greuze et Suvée, et la modernité incarnée par David qu'elle admirait, Constance Mayer cherchait encore à définir son talent propre et à se dégager d’influences contradictoires. C'est Prud'hon qui lui montra le chemin à suivre. Il est peu douteux qu'elle l'avait rencontré pour la première fois à l'occasion de l'exposition de leurs œuvres respectives lors du Salon de l'an IV soit 1796 et probablement revu dans l'atelier de Greuze qu'il voyait régulièrement. En 1798, Constance Mayer, qui était maintenant âgée de vingt-quatre ans, ne désira plus loger avec son père et elle prit un logement autonome au Palais-Royal, rue de la Loi, rue de de Richelieu no 104, où elle demeura jusqu’en 1801. Libre d’y recevoir qui bon lui semblait elle y revit probablement Prud'hon qui n'était pas encore séparée d'une épouse dépressive et alcoolique. Elle connut alors un ami de Prud’hon, Jean-Baptiste Mallet, qui s’était fait une spécialité des scènes de boudoir peintes à la gouache, dont quelques-unes ont été gravées. Fort lancé, Mallet avait déjà exposé en 1792, en 1793 puis en 1798 où il présenta un tableau représentant un concert hollandais. Cette même année, il réalisait un portrait au pastel de Constance, d’un format de 34 × 26, non localisable aujourd’hui. Comme dans les précédents portraits, en particulier ses auto-portraits, la jeune femme a bien les yeux bleus – et non noirs comme cela a été dit – et ses cheveux forment des boucles. Il y a ainsi une cohérence de physionomie qui tranche avec l’image de la brune de type méditerranéen que ses biographes se sont représentée : Constance est une jeune fille aux cheveux châtains, certes, mais avec des reflets dorés, elle a des yeux gris-bleu prenant une teinte acier selon la lumière, un visage large et rond, et non pas étroit, la bouche petite et le teint clair et rosé. Introduite, depuis son adolescence, dans les milieux de la peinture elle connaissait aussi Jean-Baptiste Huet et Martin Drolling qui l’a lui aussi prise pour modèle d’après le catalogue d’une vente Defer-Dumesnil du 10-12 mai 1900.
Un père et sa fille
En 1803, Constance Mayer logeait depuis un an rue de la Jussienne, au n° 20, et y demeura jusqu’en 1804. Elle voyait régulièrement son père qui prenait un grand intérêt à sa carrière si l’on en juge par la composition d’un auto-portrait en pied où elle s’est représentée grandeur nature, tournée vers son père, lui-même assis et lui désignant de la main droite le buste de Raphaël qu'elle devait prendre pour modèle. Fille aimante et reconnaissante, elle avait représenté l'esquisse du visage de sa mère au Salon de 1796, et cinq and plus tard, celui de ce père qu'elle chérissait. Elle a en fait réalisé plusieurs portraits de son père dont une miniature exposée au Salon de 1796, et un autre portrait en buste, celui-ci à l’huile, qui fut exposé au Salon de 1798. Ce dernier portrait devait figurer au titre des "portraits de famille" dans l’inventaire après décès de Constance Mayer, et il semble avoir réapparu provisoirement en 1889 dans la collection de M. Moreau-Chaslon qui l'a prêté à l’occasion de l’Exposition historique de la Révolution française. Très absorbée par son travail, Constance Mayer avait eu maintes fois l'occasion d'admirer de près des œuvres de Prud'hon qui l'avait sûrement conviée à venir le rejoindre à son atelier. Elle apprit beaucoup à son contact. Au Salon de 1802, elle exposait un très beau tableau titré Une mère et ses enfants au tombeau de leur père et lui rendant hommage. Le fait qu'elle connaissait Prud'hon a autorisé M. Edmond de Goncourt a hasarder, sans autres preuves que sa propre conviction, que celui-ci y avait mis la main. Lorsqu'on l'examine attentivement et si on le compare avec le reste de la production de Constance Mayer, qui est de grande qualité comme ce portrait de chasseur de la collection Aron, on doit admettre que ce tableau, qui figure comme le sien dans son inventaire après décès, lui appartient entièrement. Plus que d'autres, les frères Goncourt dont la misogynie dépasse l'imaginable – on peut s'en convaincre avec leur journal ou ce qu'ils ont écrit sur Madame de Barry et d'autres femmes de la fin du XVIIIe siècle –, ont été les plus acharnés à réviser à la baisse le grand talent de Constance Mayer et à la dépouiller de son art. Il est affligeant de constater avec quelle légèreté les historiographes ou supposés spécialistes de Prud'hon ont validé sans discernement et non sans calculs les errements et interprétations hasardées des frères Goncourt. Deux ans plus tard, en 1804, Constance Mayer, présentait un nouveau tableau en grand format, justement remarqué en son temps, et qui a encore une fois, était donné contre toute évidence au talent de Prud'hon. Il apparaît au livret sous le titre le Mépris des Richesses, ou L’innocence entre l’Amour et la Fortune ou l’Innocence préfère l’Amour à la Richesse, no 319. Les années 1805-1807 sont une époque faste pour Constance Mayer, comblée par son amour pour Prud’hon qui est devenu son amant passionné, comblée aussi par le succès de ses premiers tableaux d’histoire. On commence à parler d'elle comme peintre d'histoire et non plus seulement de portraits. Or à l'époque il y a très peu de femmes à revendiquer comme peintre d'histoire. Sa parenté avec Alexandre Lenoir lui ouvrait grand les portes des salons mondains de la capitale où, paraît-il, elle se sentait mal à l’aise. C’est du moins ce qu’a raconté la fille de Pierre-Paul Prud'hon, personnage particulièrement antipathique, qui s’est efforcée de noircir sa mémoire après sa mort. Elle pourrait ainsi avoir été reçue dans les raouts donnés par Charles-Maurice de Talleyrand, le ministre des Relations extérieures, qu'elle connaissait et Madame Grant ou chez la comtesse Laure Regnaud de Saint-Jean d'Angély, passionnée d'art, qui pouvait se flatter d’avoir lancé des peintres aussi considérables que François Gérard, et, plus tard, Théodore Géricault, et qui avait fait appel à Alexandre Lenoir, oncle de Constance Mayer, pour la conseiller pour l’ameublement gothique de son château aménagé dans l’ancienne abbaye du Val à l'Isle-Adam. Durant ces deux années, la jeune artiste a résidé rue de la Verrerie, n° 24, dans le quartier de l’Hôtel de Ville. C’est de cette époque que l’on peut dater un ravissant auto-portrait en miniature de 5,7x4 3 cm, un genre qu’elle pratiquait non sans habileté depuis ses débuts, en 1791, et qu’elle n’avait pas totalement abandonné. Elle avait exécuté cette œuvre à l’attention de son père qui la fit monter sur sa tabatière, conservant précieusement cet objet jusqu’à son décès accidentel en 1808. Constance devait ensuite l'offrir à Prud’hon qui y fait clairement allusion dans une lettre où il parle tristement de cette image chère à son cœur. Il écrit en effet à son gendre le 27 mars 1822, n’avoir conservé de son amie décédée "qu’un petit portrait en miniature ... cette image précieuse est de sa main. Elle l’avait fait pour son père et, par suite, elle me l’a donné. Vous devez croire, et Émilie doit bien penser que, tant que je vivrai, le gage de son affection ne peut me quitter". Si on doit l’en croire, et personne n’est autorisé à en douter, Prud’hon, de 1821 à 1823, ne posséda donc pas d’autre image de Constance Mayer que cette touchante miniature, les autres représentations de son amie ayant été dévolues à Madame Mangon-Laforest et aux amis ou élèves de Constance Mayer. Sur cette miniature, on reconnaît le visage rond et avenant de l'artiste qui arbore un vêtement de velours noir bordé d’une fourrure de petit gris, tandis que ses cheveux sont ornés d’un ruban cerise ou ponceau. " Démontée et placée dans un cadre rond " avec, selon Edmond de Goncourt, "les figures allégoriques de la Fidélité et de l’Innocence peintes par Prud’hon" la miniature revint par la suite à un fils de Prud’hon qui la vendit comme œuvre de son père. Au Salon de 1806, Constance Mayer présentait à nouveau un grand format, réaffirmant son talent de peintre d'histoire à une époque où la plupart des femmes peintres ne présentaient pratiquement que des portraits. Il s'agit de Vénus et l’Amour endormis caressés et réveillés par les Zéphirs, ou Le sommeil de Vénus. Cette huile sur toile peinte pendant l'année 1805 fut représentée à nouveau au Salon de 1808 et valut une médaille d’encouragement à son auteur. Et cette médaille, quoiqu'en pensent les historiographes de Prud'hon, a été décernée en connaissance de cause à Constance Mayer et non à Prud’hon. Cela n'a pas empêché plus tard sir Richard Wallace, propriétaire du tableau, de faire supprimer la signature de Mayer pour la remplacer par celle de Prud'hon. À l'époque un critique avait boudé le plaisir qu'il peut y avoir à contempler une nudité aimable, au prétexte que c'était une création féminine : "Il ne faut pas qu’un sujet érotique soit traité par une demoiselle, écrivait un chroniqueur du Journal de Paris du 24/10/1808 au sujet du Flambeau de Vénus, il nous semble que cela pèche au moins contre les convenances et contre les mœurs". À la demande de Joséphine de Beauharnais, nouvelle impératrice des Français, à qui l'œuvre avait plu, le tableau fut acquis par la couronne en 1808. C'était en quelque sorte la consécration.
Le regard de Prud’hon
En 1808 et 1809, on trouve Constance Mayer installée rue Saint-Hyacinthe, no 25, peut-être l’actuel n° 10. La mort brutale de son père renversé par une charrette dans une rue étroite, la bouleverse et la déstabilise. L’événement renforce encore sa passion pour Prud'hon qui devient son unique raison de vivre. Maintenant à la tête d’une fortune coquette dont elle peut disposer à sa guise elle décide de la consacrer à son ami très cher et à ses enfants qui font face, depuis des années, à de gros soucis financiers. Dès 1808, certainement en 1810 d’après le livret du Salon de cette année, elle les rejoignit donc à la Sorbonne pour être mieux à même de s’occuper de cette famille qui devint un peu la sienne, malgré l'animosité des enfants de Prud’hon qui voulurent voir en elle une intruse. Ils se montrèrent d’ailleurs injustes et ingrats tant de son vivant qu’après sa mort. L’historien Charles Gueulette, qui a recueilli une foule de témoignages directs – dont celui de la fille de Prud'hon elle-même –, a démontré combien les griefs des rejetons de Prud’hon étaient infondés, et d'ailleurs Prud'hon avait lui-même été contraint, un beau jour, de chasser de l'appartement son fils Jean qui avait gravement manqué de respect à Constance Mayer. Dans tous les témoignages on voit combien celle-ci était demeurée douce patiente et compréhensive pour ces enfants qui n'étaient pas les siens et dont elle s'occupa avec le plus grand soin. Elle fit obtenir une place à l'ainé, veilla à doter l'autre, finança les études de tous, assura le couvert et l'habillement. Elle fut irréprochable.
Portrait de Constance Mayer, par Pierre-Paul Prud'hon
L’amour de Prud’hon pour Constance Mayer, est souvent évoqué à travers un touchant portrait qu’il fit d’elle, dessin du Louvre fréquemment reproduit et admiré, portant une signature apocryphe. Ce dessin aux crayons noir et blanc sur fond ocre, 48x36,5, est certainement idéalisé car la ressemblance avec les autres portraits de Constance Mayer ne saute pas aux yeux. Mais à quelle époque fut donc exécuté ce dessin ? D’après M. Sylvain Laveissière, il date de l’Empire et aurait servi à de modèle à Constance Mayer pour la réalisation de sa miniature, ce qui est tout à fait improbable. La miniature est bien certainement antérieure au dessin qui semble au contraire avoir été inspiré par la miniature et réalisé tardivement, sous la Restauration, comme l’ont avancé certains historiens dont Charles Gueulette, le meilleur biographe de Constance Mayer. Quoi qu’il en soit, l’œuvre fut, paraît-il, abandonnée par Prud’hon après la mort de Constance Mayer, sans doute peu de temps après le drame du 26 mai 1821 à son élève Auguste-Joseph Carrier, peintre en miniature. Vendu puis racheté à nouveau par Carrier, le dessin fut exposé avec une signature apocryphe à l’Exposition des tableaux de l’Ecole française en 1860, puis acquis au prix de 200F par M. Bellanger qui le céda au musée du Louvre en 1887. C’est de ce portrait aux tonalités brunes et noires, fréquemment reproduit, qu’est née la légende d’une Constance Mayer créole, "noiraude malicieuse" , tradition transmise et amplifiée par MM. Clément, Goncourt, Pilon et autres. M. Guiffrey a lui-même imaginé que le portrait d’une jeune fille Portugaise, assurément très typée, était un nouveau portrait de Constance Mayer, malgré les dénégations de l’ancien propriétaire du portrait, le colonel Delaborde. De la miniature dépend apparemment aussi une peinture sur bois formant reliquaire dit Constance Mayer au châle, œuvre de petite dimension, 2,1x1,5, que les collectionneurs du XIXe siècle ont attribué à Pierre-Paul Prud’hon mais qui paraît peu dans sa manière. Elle semble même être un pastiche inspiré par le dessin de Mademoiselle Mayer au spencer, et exécuté postérieurement. Quoique non datée ni signée, elle a, de façon péremptoire, été donnée à Prud’hon par les Goncourt au prétexte que cette œuvre provenait de lacollection Boisfremont – chez qui mourut Prud’hon. Pour consolider leur thèse, ils l’ont fait graver comme œuvre de Prud’hon en 1860.
La notoriété
En 1810, le Salon comptait une nouvelle œuvre de Constance Mayer, un tableau de grand format portant le titre L’amour séduit l’innocence le plaisir l’entraîne le repentir suit, qui montre qu'elle a intégré les leçons de Prud'hon au point que les malententionnés ont voulu croire que Prud'hon était l'auteur de cette œuvre. Cette idée saugrenue, pour ce tableau en particulier, a eu la vie dure puisque, intégré à la vente Prud'hon dans l'atelier duquel il était resté, il a été inventorié comme une de ses œuvres le 4 avril 1823. Encore plus extraordinaire, une note du graveur Roger, en 1840, annexée au revers du dessin du Fogg indique que Constance Mayer a largement participé sic à ce tableau : "le tableau sur toile, fini ? par Prud’hon, fut commencé par Mademoiselle Mayer". Il serait fastidieux d'exposer les innombrables raisons pour lesquelles le tableau présenté comme le sien au Salon de 1810 est bien son œuvre et non celle de Prud'hon. En revanche, on devine les profits générés par la vente d'œuvres de Constance Mayer comme des Prud'hon, surtout les œuvres peintes à l'huile en grand format. Quant aux esquisses et aux dessins, il est vain de vouloir systématiquement y voir la main de Prud'hon. Aussi vain que de voir l'intervention de Constance Mayer dans les œuvres non signées de Prud'hon. En 1812, Constance Mayer présenta un de ses chefs-d'œuvre sous le titre Une jeune Naïade voulant éloigner d’elle une troupe d’Amours qui cherchent à la troubler dans sa retraite. Le tableau fut un des plus remarqués du Salon par son originalité, sa qualité d'exécution et par le fait que son auteur était une femme. Et puis surtout, il donna lieu à une controverse extrêmement révélatrice du poids des mentalités sur la création artistique des femmes dès lors qu'elle est ambitieuse. Rendant compte de cette œuvre, le sieur Le Franc, critique d'art, voulut exprimer un courant de réprobation et jugea qu’il s’agissait en l'espèce d’une "véritable calamité". Dans ses lettres à M. S. Delpech parues dans le Mercure de France du 5 décembre 1812, il écrit: "Une femme doit borner ses prétentions à peindre quelques bouquets de fleurs ou à tracer sur la toile les traits de parents qui lui sont chers. aller plus loin, n’est ce pas se montrer rebelle à la nature ? N’est ce pas violer toutes les lois de la pudeur ?" Et il ajoute : "Je ne voudrais pas qu’on prît tant de soin pour apprendre à une jeune fille en quoi consistent les belles proportions du corps humain, pour l’instruire de la forme et des fonctions de chacun des muscles qui le composent, pour lui faire connaître enfin et le fémur et le sacrum, et tant d’autres belles choses dont l’étude ne me semble rien moins qu’édifiante... Une femme doit borner ses prétentions à peindre quelques bouquets de fleurs ou à tracer sur la toile les traits de parents qui lui sont chers. Aller plus loin, n’est ce pas se montrer rebelle à la nature ? N’est ce pas violer toutes les lois de la pudeur ? » En rupture avec l’esprit du XVIIIe siècle, son commentaire se fait l’écho d’archaïsme réapparus en masse avec les parvenus de la Révolution et fixés sous l’Empire. Marqués par leurs traditions familiales roturières beaucoup des notables et membres de la nouvelle cour avaient en effet, sur les femmes, le regard des Sans culottes de 1793, ceux-là mêmes qui applaudirent à l'exécution d'Olympe de Gouges coupable à leurs yeux d'avoir failli à ses obligations prétendues naturelles. La pudibonderie était devenue la règle en 1810 et par exemple, l’on cria à l’outrage devant les Callipyges grecques de Robert Lefèvre. Il était loin le temps de Louis XVI où les courtisanes et les actrices comme Mesdemoiselles Allard ou Duthé, posaient nues pour les plus grands artistes sans que personne ne songeât à s’en offusquer, quand Madame Vigée-Le Brun découvrait le sein de ses déesses ou que la gravure donnait une visibilité aimable aux liaisons hors mariage et à l’adultère. Le pudibond visiteur de 1812, se sentant conforté par une hypocrisie sociale de circonstance – la respectabilité d’anciens révolutionnaires étant à ce prix –, poursuivait : "De toutes les femmes qui cultivent la peinture, les plus célèbres sont celles qui nous retracent le plus fidèlement la manière des peintres dont elles reçoivent les leçons. Cette imitation est quelquefois si exacte qu’il est facile de s’y tromper… Je ne vous citerai pas pour exemple le tableau de Mademoiselle Mayer représentant une Jeune Naïade qui veut éloigner d’elle une troupe d’Amours. J’y ai bien retrouvé ce dessin vague, cette grâce affectée, cette mollesse de pinceau, ce ton rose et égal partout…, si justement critiqué dans le tableau des amours de Vénus et d’Adonis de M. Prud’hon. Mais sa manière est trop facile à copier pour pouvoir tirer de cette ressemblance aucune preuve à l’appui de mon, opinion." Un autre critique, toujours à propos de cette Naïade entourés de petits amours tout roses et membrés au milieu desquels Constance Mayer se serait comme "égarée" – à en croire les conservateurs hostiles par principe aux femmes auteurs de tableaux d'histoire –, le sieur Boutard reproche à celle-ci d’avoir trop bien assimilé les règles de l’École prud’honienne. Ce faisant, il lui adresse un beau compliment : "L’idée est gracieuse ; mais quelles formes ! quels mouvements ! pour une Naïade, pour des Amours ! et le dessin composé d’angles et de facettes au lieu des méplats, et la couleur du gazon sur lequel ces amours sont culbutés comme des quilles, et le rosé des chairs ! L’aimable auteur, je le sais, est de ceux qui ont un droit sacré à nos égards, à nos hommages ; aussi n’est ce pas de lui que je parle : il s’agit de l’école dont les principes ont égaré son talent, c’est à cette école seule, ce n’est pas à Mademoiselle Mayer que mes critiques s’adressent." Boutard, un autre critique la visait autant que Prud’hon en faisant allusion à l’érotisme de ses productions et notamment sa Naïade : "Les principes de l’école ont égaré son talent", Journal de l’Empire, 1812
Le rêve du bonheur, par Constance Mayer 1819, Musée du Louvre, Paris
Au Salon de 1819, Constance Mayer présentait Le rêve du bonheur, une de ses œuvres les plus remarquables et qui fut en effet remarquée par le roi Louis XVIII qui en fit l'acquisition. Cette composition résumait ses aspirations immenses au bonheur qui, croyait-elle, voulait la fuir. Elle vivait dans l’inquiétude du lendemain et elle était habitée par l’anxiété au point de devenir incapable d'apprécier les moments présents. Sa liaison avec Prud'hon qui lui était précieuse par dessus tout, lui semblait aussi fragile qu'une barque dérivant sur le grand fleuve de la vie, sujet du tableau, ainsi résumé dans le livret du Salon deux jeunes époux dans une barque avec leur enfant sont conduits sur le fleuve de la Vie par l’Amour et la Fortune. Cette œuvre révèle à elle seule, par ses qualités d'exécution, le moelleux de la forme, les tons argentés frais et laiteux, l'immense talent de Constance Mayer qui s'est dégagée de l'influence de son compagnon et explore désormais des zones poétiques voire fantastiques qui annoncent la peinture symboliste. Minée par la dépression, Constance Mayer continuait à faire bonne figure auprès des siens et de ses élèves, mais elle parvenait de mois en moins à masquer ses angoisses. Elle redoutait qu'un déménagement prévisible de Prud'hon de la Sorbonne – où leurs appartements étaient reliés par un escalier – ne l'éloignât définitivement d'elle. Son amant n'était ni veuf ni divorcé et une légitimation de leur liaison était toujours impossible. En outre, les enfants du peintre se comportaient de plus en plus mal envers Constance Mayer. Emilie Prud'hon en particulier qui attendait qu'on la dotât richement. Constance redoutait maintenant de se trouver elle-même en difficulté après avoir consacré toutes ses économies à la carrière de Prud'hon et à l'entretien de la famille de celui-ci. Le capital légué à elle par son père était largement entamé et ces soucis qui s'ajoutaient à d'autres augmentaient ses tourments intérieurs. Le 28 mai 1821, Constance Mayer, épuisée par les nuits sans sommeil et par l'angoisse qui la tenaillait, se suicidait dans sa chambre, se tranchant la gorge avec le rasoir de son amant. Ce drame émut beaucoup à l’époque et quelques années après la mort de Prud’hon, Eugène Devéria proposa une version de la scène du suicide, qui fut publiée en 1831 dans la revue l’Artiste, Lemercier imprimeur, 1831. Cette œuvre a été analysée par Madame Suzanne Hood qui en tire certaines conclusions étranges sur le caractère de Constance Mayer. Encore aujourd’hui, Constance Mayer passe moins pour le peintre qu’elle fut en réalité que pour la première héroïne romantique du XIXe siècle. Or, pour reprendre l’expression de Simone de Beauvoir, cette jeune femme a bien été flouée. Pour des raisons tenant à la spéculation sur les œuvres de Prud’hon, mais aussi par les effets ravageurs d’une historiographie à dominante masculine – et misogyne eu égard aux critères et mentalités d’aujourd’hui –, elle a été maintenue à un statut d’élève du maître, masquant abusivement l’originalité de son œuvre et son propre génie créateur. Brillante collaboratrice de Pierre-Paul Prud’hon certes, elle fut avant tout peintre d’histoire à part entière, quant bien même, pour de mauvaises raisons, son œuvre a été dévaluée au fils du temps, comme cela a été le cas de nombreuses créatrices que l'on a trop tardé à redécouvrir. Voir Colette en littérature qui du signer ses premières oeuvres du nom de son mari pour avoir le droit d'être publiée
Catalogue des tableaux présentés dans les Salons
Exposition, rue de Cléry du 30 juin, jour de la Fête-Dieu, jusqu’au 15 juillet (1791) (...) Mlle Mayer no 34 Quatre tableaux, portraits sur 2 toiles de 10 pouces ; une toile de 12 pouces et un ovale de 2,5 pieds. (Première présentation publique des œuvres de Constance Mayer La Martinière qui confronta son talent à des artistes de la nouvelle génération tels que Marie-Guillemine Leroux de La Ville, Jeanne Doucet de Suriny, Aimée du Vivier, Adèle de Romance (Madame Romany), Mademoiselle Duchosal, Mélanie Le Fèvre, Adélaïde Binart-Lenoir, sa tante par alliance. Avec Messieurs Drolling, Boilly, Huet, Van Daël, Laurent, Landon, etc., Prud’hon ne parut pas à cette exposition). Salon de 1796 (...) La citoyenne Mayer élève de Suvée, demeure chez son père rue Mélée, n° 65 no 319 : Portrait de la citoyenne Mayer présentant une esquisse du portrait de sa mère (collection Mangon-Laforest, collection parisienne) no 320 : Un (ou une ?) jeune élève portant un carton sous le bras no 321 : Un enfant no 322 : Miniatures sous le même numéro dont le père de l’artiste, médaillon et dessus de boîte Salon de 1798 (...) Mlle Mayer... rue Mélée n° 65 no 294 : Portrait d’un enfant no 295 : Portrait d’un enfant tenant un pigeon (peut-être L’oiseau mort, peint sur carton 20x18 5 cm Paris, Drouot, 29/1/1942) no 296 : Portrait du père de l’auteur (Il s’agit probablement du tableau vendu sous le nom de Greuze dans la vente Prud’hon). Salon de 1799 (...) Mlle Mayer... rue de la Loi n° 104 no 220 : Une petite fille en prière no 221 : Une jeune personne surprise par un coup de vent no 222 : Portrait d’enfant no 223 : Une petite fille tenant une colombe, miniature peinte à l’huile Salon de 1800 (...) Mlle Mayer (Œuvres greuziennes) no 261 : Un portrait en pied d’un homme à son bureau, dessin à la manière noire. no 262 : Une jeune femme assise sur un banc, sur fond de paysage, dessin à la pierre noire. no 263 : Une jeune homme représenté en chasseur, mine de plomb et fusain rehaussé de blanc, dessin à la pierre noire (dimensions : 45,1 × 43,9), signé et daté à gauche Constance Mayer 1800. Salon de 1800, no 263. Actuelle collection Aron
Portrait en pied d’un père et de sa fille, par Constance Mayer (1801, Wadsworth Atheneum, USA) Salon de 1801 (...) Mlle Mayer, élève des citoyens Suvée et Greuze, rue de la Loi vis-à -vis du passage Duchesne no 237 : Portrait en pied d’un homme appuyé à son bureau. Ce grand tableau (278 × 217) peut être confondu avec le suivant. no 238 : Portrait en pied d’un père et de sa fille. Il lui indique le buste de Raphaël en l’invitant à prendre pour modèle ce peintre célèbre. Huile sur toile, inventaire Mayer no 239 : Portrait en pied dessiné au pastel d’un homme d’affaires amateur de musique (70 × 50) no 240 : Portrait d’une femme assise dans son appartement, dessin au crayon noir, (60 × 58) Salon de 1802 (...) Mlle Mayer, rue de la Jussienne n° 20 N° ..., Une mère et ses enfants au tombeau de leur père et lui rendant hommage. M. de Goncourt hasarde que Prud’hon y a participé et il donne une date fausse : 1804. Cette œuvre de 1802, comprise dans l’inventaire après décès de Constance Mayer, lui appartenait entièrement. Salon de 1804 (...) Mlle Mayer, rue de la Jussienne, n° 20 no 319 : Le Mépris des Richesses ou L’innocence entre l’amour et la fortune ou l’Innocence préfère l’Amour à la Richesse Toile de grande dimension (243 × 194) signée et datée en bas à gauche Constance Mayer pinxit 1804, achetée par le prince Youssoupov en 1810. Musée de Saint-Pétersbourg. L’esquisse du Mépris des richesses, La tête de l’Amour, et autres études ont été attribuées à Prud’hon. Également une tête d’étude de La Richesse, réalisée au pastel (55 × 40), qui est une étude préparatoire pour le tableau, exposée au salon de 1804. Collection Bruzard. Cette composition fut gravée par Roger, qui en pendant grava L’Amour séduit l’Innocence, le Plaisir l’entraîne, le Repentir suit de 1810.
Vénus et l’amour endormis caressés et réveillés par les Zéphirs, ou le sommeil de Vénus, par Constance Mayer (1806, Collection Wallace, UK) Salon de 1806 (...) Mlle Mayer Constance, élève de M. Prud’hon, rue de la Verrerie, n° 24 no 375 : Vénus et l’amour endormis caressés et réveillés par les Zéphirs, ou le sommeil de Vénus. Cette huile sur toile a été peinte en 1805 et valut une médaille d’encouragement à l’auteur, c’est-à -dire Constance Mayer et non Prud’hon. Elle fut acquise par la Couronne en 1808. Vendue en 1886 sous le titre Psyché enlevée par les Zéphyrs. Vente Laurent Richard ; collection Wallace. no 376 : Portrait en pied de Madame B... mettant ses boucles d’oreille. Ce tableau représentant peut-être Madame de Beaulieu, une amie de l’artiste. Ce tableau de dimension moyenne (42 × 33,5) est jugé d’une facture un peu sèche » par M. La Vaissière, comme le sont les œuvres de l’ancienne élève de Suvée, antérieures à sa rencontre avec Prud'hon. Cela vaut-il alors pour le précédent tableau auquel Prud'hon aurait mis la main ?. Ce tableau a été présenté comme un autoportrait dans la vente de la collection de Madame C. Lelong en 1903. Un dessin dans la collection Herropt, un pastel au Musée du Louvre répètent le sujet du tableau appartenant à M. André Lazard. Un autre dessin de la collection Léon Ferté se rapporte au même motif et Constance Mayer tournant le dos à un grand rideau a la tête penchée dirigée vers la psyché et ajuste de ses deux mains à l’oreille gauche une boucle d’oreille. Œuvre en rapport : Constance Mayer, Étude pour le tableau de Madame B... mettant ses boucles d’oreille, pastel 42 × 33,5, attribué à Prud’hon.Très greuzienvoir le portrait de Madame Baptiste, par Greuze. Analogie avec la toilette lithographiée par Lemercier. no 377 : Portrait de Mme de V... Voairt ? Salon de 1808 (...) Mlle Mayer rue Sainte-Hyacinthe n° 25 no 417 ou 147 : Le Flambeau de Vénus. Cette déesse à son réveil invite toute sa cour à venir puiser des flammes à son flambeau. Cette huile sur toile (99,5 × 148), signée C. Mayer, 1808 est ainsi décrite : Cette déesse (Vénus) à son réveil invite toute sa cour à venir puiser des flammes à son flambeau : les amours accourent en foule autour d’elle ; leurs expressions et leurs attitudes annoncent les différents caractères de la passion qu’ils inspirent. L’œuvre a été analysée par MM. Charles Blanc et Charles Clément. Les titres d’origine ont été changés contre la volonté de leur auteur (Psyché au lieu de Vénus, etc.). Acquis par Joséphine en 1808, collections de la reine Hortense. Salenstein (Suisse) Musée Napoléon d’Arenenberg. Il existe une lettre de Prud’hon dans laquelle il affirme que ce tableau est de Mayer et qu’elle seule y travailla. Salon de 1810 (...) Mlle Mayer, à la Sorbonne no 554 La Mère heureuse, Louvre. Deux études par Constance Mayer signalées par Gueulette, l’une chez Arsène Houssaye, l’autre chez un marchand de la rue Saint-Lazare (p. 529). Vente Coutant Hauguet, 1889. Une esquisse se trouve au musée Jacquemart-André. Lavallé cite une esquisse de son tableau connu sous le nom de La mère heureuse (Dictionnaire des ventes d’art). Gravé par F. Gérard. no 555 La Mère infortunée. Salon 1810, Paris, Louvre. Gravé par F. Gérard. Un exemplaire de la lithographie se trouve à l’École des Beaux-arts. N°… L’amour séduit l’innocence, le plaisir l’entraîne, le repentir suit (97,5 × 81,5). Une note du graveur Roger, en 1840 (annexée au revers du dessin du Fogg) indique que Constance Mayer a largement participé à ce tableau : « le tableau sur toile, fini par Prud’hon, fut commencé par Mlle Mayer » (note originale du graveur Roger citée par Gueulette p. 531). Ancienne collection de la duchesse de Bisaccia. Tableau inventorié le 4 avril 1823, fol. 13 r°v°, puis vente Prud’hon du 13-14 mai 1823. Acquis par Paillet. Puis vente Odiot le 20/02/1847. Voir les ventes Paillet de septembre 1821 et 1823. M. La Veissière suppose que Constance aurait calqué la gravure en vue d’un tableau plus petit qu’elle aurait vendu à Saint, le miniaturiste. Salon de 1812 (...) « Mlle Mayer, à la Sorbonne » no 631 Une jeune Naïade voulant éloigner d’elle une troupe d’Amours qui cherchent à la troubler dans sa retraite (181x141). Inventaire Mayer–Mangon-Laforest (Une jeune Naïade lutinée par des amours). Localisation actuelle : Cluny, Musée d’art et d’archéologie. Portrait de Mme Élise Voiart, par Constance Mayer (1814, Musée de Nancy) Salon de 1814 (...) Mlle Mayer, à la Sorbonne no 681 L’heureuse mère (2e expo) no 682 La mère infortunée (2e expo) no 683 Portrait de Mme Élise Voiart (114 × 92). Ce portrait réalisé en 1811, précédé d'une belle version au pastel, de petite dimension (0,58 × 0,48), a été légué par les descendants du modèle au Musée de Nancy. L’œuvre a depuis été gravée par Marie Edmée et par Louis Benoit (1869). L’état de conservation moyen de cette peinture tient au bitume dont Constance Mayer faisait un ample usage, à l’exemple de Prud’hon. De plus, les pommades particulières qu’elle employait ont parfois accéléré la dégradation des toiles, rendant leur restauration presqu'impossible. no 684 Portrait d’Émilie Prud’hon en élève de la maison royale de Saint-Denis. Chez Madame Quoyeser née E. Prud’hon, morte à Amiens à 94 ans. Vente X..., le 01/06/1928. Dessin pour un portrait en buste de Mademoiselle Émilie Prud’hon, 35x27, vente Boisfremont no 63, 09/04/1870 Portrait d'Amable Tastu, par Constance Mayer (1817, Musée de Metz) Salon de 1817 (...) Mlle Mayer, à la Sorbonne no 565 Madame Dufresne, femme du restaurateur de tableaux. L’étude préalable pour la tête, au pastel, a été donnée à Prud’hon ce qui n’est en rien justifié – ni par le style de cette œuvre ni par les documents –, si ce n’est qu’il a été mis dans le commerce sous le nom de Prud’hon et que cette attribution a été entérinée. L’étude pour la tête de Madame Dufresne est également donné à Prud’hon par S. Laveissière (no 202) alors que, à l’évidence cette œuvre de facture greuzienne est incontestablement de la main de Constance Mayer qui signe le tableau correspondant. Il en est de même pour l’étude de visage du portrait de Madame B… accrochant ses boucles d’oreille, attribué par le Louvre à Prud’hon mais qui est tout à fait dans la manière de Constance Mayer qui signe la version à l’huile de ce portrait. On note d’ailleurs à ce sujet une contradiction de M. La Vassière qui écrit de ce tableau (salon 1806) qu’il est de « facture sèche comme le sont les œuvres de l’ancienne élève de Suvée antérieures à sa rencontre avec Prud’hon » (p. 182). On ne peut dans ce cas soutenir que Prud’hon a mis la main au Sommeil de Vénus présenté la même année. no 566 Portrait de Mme Amable Tastu. Il existe une version au pastel (ancienne collection de Madame Vavin, descendante du modèle) au Musée de Metz. Salon de 1819 (...) Mlle Mayer, à la Sorbonne no 809 Le Rêve du bonheur : deux jeunes époux dans une barque avec leur enfant sont conduits sur le fleuve de la Vie par l’Amour et la Fortune24,25. Huile sur toile (132 × 184) signé Constance Mayer daté 1819. Un de ses plus beaux tableaux. Il date d’une époque où elle a assimilé les leçons de son maître, moelleux de la forme, tons argentés frais et laiteux dont Prud’hon avait le secret. Acquis par Louis XVIII en 1819. Gravure in GBA, 2e période, t. XX, p. 342. La barque de l’amour ? Tableau au Louvre et au palais de Compiègne. Esquisse au Musée de Lille par Prud’hon. Dessin de la femme endormie attribué à Prud’hon à l’École des Beaux arts Portrait de Sophie Fanny Lordon, par Constance Mayer (1820, coll. part.) Salon de 1822 (...) Mlle Mayer no 917 Portrait de Elisa Coudray, future Madame Brouardel âgée de 8 ans, dit d’une jeune fille jouant avec un chat. Vente, 27 mars 1996 (44 × 46). no 918 Portrait de Mme B... no 919 Portrait de Mlle Laure, devenue en 1823 Madame Milne-Edwards no 920 Portrait de Mlle Sophie Lordon (1820). Collection de Madame Ducroquet, sa fille, puis collection de Madame Levasseur. Gravé GBA, 2e période, t. XIX, p. 478. Gravé par Auguste Mongin. Œuvres non présentées aux Salons, classées par ordre alphabétique L’Amour choisissant des petits cœurs, huile sur toile (40x30). Vente Sotheby's à Amsterdam le 03/12/1989, donnée au Cercle de Constance Mayer L’Amour séduit l’Innocence, le Plaisir l’entraîne, le Repentir suit, esquisse à l’huile datée 1810, traditionnellement donnée à Prud’hon. Les études préparatoires de La tête de l’Amour, et de La tête de la Richesse, au pastel (55 × 40), provenant de la collection Bruzard, ont été attribuées à Prud’hon. Voir Salon 1804. L'œuvre a été gravée par Roger qui prétend à tort que le tableau a figuré au Salon de 1810 et il l’attribue (à tort) à Prud’hon en prétendant que « le tableau sur toile fut peint par Prud’hon et seulement commencé (sic) par Mlle Mayer ». Prompts à diminuer le talent de Constance Mayer, les Goncourt ont aussitôt retiré ce tableau de Constance de leur catalogue. L’Amour séduit l’Innocence huile sur toile (46,5 × 36), réplique du précédent, œuvre issue de l’ancienne collection Trégoin et acquise en 1906 par le Musée des Beaux Arts de Rennes. Ange et amours, huile sur panneau de 20x17 passée à la vente Tajan le 22/3/2002 Ange, étude à la craie blache sur papier de 22x29 passée à la vente du 23 novembre 1996 (ein fliegender nackter Engel) L’ange Gabriel de l’annonciation, crayon noir et blanc sur papier bleu, 27x18 cm (ou 24,2x17,7), vers 1810, conservé au Musée des Beaux arts de Dijon (ou Magnin). L’Annonciation à Zacharie, huile sur panneau de 26,5x38. L’archange Gabriel de l’Annonciation, huile sur toile, de 1810, musée Pouchkine en Russie. Tête de l’archange Gabriel toile de 53x45 portant au revers : Mlle Mayer, année 1810, pendant de la vierge de l’Annonciation de Prud’hon, conservée au Musée des Beaux-arts de Moscou. La barque, œuvre non identifiée passée à la vente Rouart, les 9 et 10 décembre 1912 L’élégante, huile sur toile de 130x100 non localisée. L’enfant malade, par Constance Mayer, élève de Greuze selon une inscription sur parchemin logé dans le cadre, non localisé. L’enlèvement de Psyché, réplique du tableau de Prud’hon par Constance Mayer. La version originale de Prud’hon appartenait à la fin du xixe siècle à la comtesse de Sommariva (issu de la vente Laurent-Richard en mai 1878). Gravé à l’eau-forte par Lemaire. (Gueulette, p. 531) L’épave… Étude de nu, crayon (20 × 30), vente du 17/05/1993. La famille malheureuse, ou l’Ouvrier mourant, huile sur toile (115 × 85), figurant dans la succession de Constance Mayer, puis dans la collection de Madame Mangon-Laforest, sœur de l'artiste, puis dans la collection Jacobi. Ce tableau a été présenté à l’Exposition des arts au début du siècle (Catalogue, Paris, 1891, p. 65, no 491). Cette œuvre est ensuite passée à la vente Gentili di Guiseppe le 23-24/04/1941 (no 64) où il fut bien entendu annoncé comme étant une œuvre de Prud’hon, puis à nouveau en vente à Paris Drouot sous le titre Une famille dans la désolation, le 19/03/1943. Repassé en vente sous le nom de Constance Mayer le 07/05/1976 chez Tajan. Dans son catalogue sur le peintre Prud’hon (Prud’hon ou le Rêve du bonheur, Paris, RMN, 1997), M. Sylvain Laveissière rappelle que Prud’hon, apprenant la publication d’une lithographie qui lui attribuait Une famille dans la désolation, écrivit le 6 mai 1822 à François Grille, directeur du journal L’Album, qu’il destinait le prix de ce tableau à élever un monument funéraire sur la tombe de Constance Mayer : « Le sujet qui se présente, affirme-t-il, est de l’invention de Mlle Mayer, mon amie ; il avait été commencé par elle et je l’ai terminé par suite de sa mort funeste et trop imprévue. C’est une fleur à jeter sur sa tombe et à joindre à celles qui composent la couronne de gloire que son pinceau gracieux et distingué lui a mérité ». Famille partant en exil : dessin à la craie passé en vente à Chelsea, en Grande-Bretagne, le 31/10/2001. Une femme et une jeune fille versant des larmes sur une urne funéraire, huile sur toile citée dans l’inventaire de la succession Constance Mayer, prisé pour la somme de 40 francs. Le flambeau de Vénus, esquisse peinte à l’huile sur bois de 21x30, étude préparatoire au tableau de Constance Mayer présenté au salon de 1808. Cette esquisse est passée comme une œuvre de Prud’hon chez le marquis de Maison puis revenue au duc d’Aumale. Musée de Chantilly. L’heureuse famille: œuvre de 97x72 passée à la vente Beaussant Lelievre le 27 avril 2001. Jeune femme au ruban bleu, huile sur panneau de 49x36 attribuée, vente Paris Drouot (Tajan) le 19/2/1999 Jeune femme, œuvre de 38x31, attribuée à Constance Mayer et passée en vente à Goteborg en Suède le 24/11/2001. Jeune fille nue près d’un ruisseau, œuvre de 28,5x20,5 présentée à l’Exposition des femmes peintres du xviiie siècle. En 192 ? La jeune fille peintre, esquisse à l’huile sur panneau, vendue à Paris le 22 octobre 1948 était peut être une préparation de l’autoportrait de 1796. Jeune fille au chapeau de paille dessin à la sanguine passé en vente à Paris le 4 juin 1947. Le Mépris des richesses ou l’Innocence préfère l’amour à la Richesse, dessin conservé à Chantilly. La mère abandonnée ou la mère infortunée Cette esquisse datable de 1811 est en rapport avec le tableau correspondant exposé deux fois et acquis par l’État avec son pendant. Voir le Moniteur universel 1811, p. 26. Vendu chez Christie Londres le 9 juillet 1993. La mère heureuse, esquisse, pendant de la précédente, passée à la vente Laville en 1818. Aujourd’hui au Musée Jacquemart-André. La mère heureuse, dessin vente Drouot du 18 octobre 2007 (passé au carreau 6x8). La mort de Virginie attribué à Prud’hon dans le Catalogue des arts au début du siècle, 1891, p. 65 (n° 490) : peut-être à rapprocher de Le naufrage de Virginie, attribué à Prud’hon (Louvre). Voir aussi plus bas Scène de naufrage. Naiade, huile sur toile, esquisse, 46,5x38, vente du 14 décembre 1992 Naiade lutinée par les Amours, esquisse à l’huile (aussi attribuée à Prud'hon) de 27x22 cm, étude préparatoire au tableau de Constance Mayer exposé en 1812. Ancienne collection de Boisfremont en 1870. Acquis en 1903 (par le Louvre ?) Nature morte with two steins on a draped table: huile sur toile de 68,5x56 cette œuvre est passée en vente le 2/4/1996 chez Sotheby New York, Nymphe et Amours: cette œuvre est passée à la vente Paul Gravier les 3 et 4 mai 1923 puis à la vente du baron E. Leonino le 14 avril 1937. L’oiseau mort: ce petit tableau peint sur carton, de 20x18 5 cm, est passé en vente à Paris Drouot, le 29 janvier 1942 O les jolis petits chiens, dessin collection de M. Bellanger – qui céda le portrait dessiné de Constance Mayer au Louvre -et cité par Gueulette Phrosine et Mélidor : cette toile (28,5x20,5) est une réplique de la composition célèbre de Pierre-Paul Prud’hon. Exposition des femmes peintres du xviiie siècle en 1926, collection Maurice Magnin. Dijon musée Magnin, catal. Magnin b 465. Version par Prud’hon à Bordeaux Portrait de femme assise, pierre noire de 47x37, vente du 19/3/1999 Portrait d’Ange Lucie Scholastique Anceaume, huile sur toile, 1820, 74x60, ventes du 16 juin 2000 puis vente Piasa, le 28 mars 2001. Portrait de femme, pastel de 42x24 acquis autrefois par le Louvre à la La vente Bruzard comme portrait de Constance mayer « les cheveux retombant sur le front, la tête penchée de trois quarts tournée à droite » (Pilon le rapproche du dessin crayon,s noir et blanc avec rehauts de pastel de la col. Gabriel Hanotaux, d’attribution incertaine selon Guiffrey).
Lien http://youtu.be/ltR7KQgXDeU
Posté le : 08/03/2014 23:06
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